OM1899.com

_________________________________________________________

 

Chris Waddle "aime le spectacle"

OM-PSG 28 octobre 1989 : Une fois bien installé dans sa maison, en famille et sur l'aile droite de l'OM, le N.8 olympien se lance dans des fantaisies et marque un but inoubliable après un lob et une talonnade lors d'un OM-PSG resté dans les annales

---------------------------------------

 

ur la photo de son profil Whatsapp, Chris Waddle a toujours 30 ans. Mèche blonde, maillot bleu, numéro 8, il est olympien.

"C'est une belle période de ma vie, je n'en garde que de bons souvenirs, je n'oublierai jamais. Quand tu regardes l'équipe de l'OM dans laquelle j'ai joué, il n'y avait que des internationaux, des "top players", une équipe exceptionnelle. Nous aurions pu faire encore plus mais nous avions, à l'évidence l'une des meilleures équipes d'Europe, donc une des meilleures équipes au monde", rappelle-t-il au téléphone depuis Sheffield. Il joue toujours au foot, le samedi matin, avec des vétérans, quand son emploi du temps de consultant vedette sur les ondes de la BBC le lui permet. En juin, il était censé couvrir son sixième Euro (en plus de celui qu'il a joué en 1988), soit autant que les coupes du monde commentées pour le service public britannique depuis 1998 (pour deux jouées en 1986 et 1990). Partie remise.

L'OM est toujours dans son coeur et la réciproque est vraie. Cet Anglais atypique a marqué une génération et il est entré dans l'histoire du club, mais aussi du football français qu'il a illuminé de ses fantaisies. "C'était incroyable ! Parfois, à l'extérieur, j'entendais le public qui sifflait mes partenaires, qui étaient pourtant des internationaux français et moi, j'étais applaudi, encouragé, j'avais du mal à comprendre et envie de leur dire : "Hey, ce sont des joueurs de votre équipe nationale, moi je suis anglais ! Mais il est vrai aussi que nous étions admirés, applaudis en arrivant dans la plupart des stades en France. L'OM de mon époque était aimé partout."

La présence d'un artiste tel que Chris n'était pas étrangère à cette popularité, inconcevable dans son pays. "En Angleterre, aucune équipe n'est applaudie par les supporters adverses et d'ailleurs, je ne me suis jamais permis chez moi toutes les fantaisies que je faisais en France."

Mais chez Chris, pas de secret, seule une profession de foi : "J'aime le spectacle. Je n'ai jamais cherché à humilier un adversaire en lui faisant un petit pont, c'était à la fois pour la beauté du geste et l'efficacité. Je me suis inspiré de Paul Gascoigne avec qui j'avais eu la chance de beaucoup jouer."

Tout cela nous ramène au geste originel, la talonnade contre PSG à l'automne 1989, qui a véritablement lancé sa carrière française après trois mois d'adaptation. "J'étais arrivé hors de forme, alors que les autres s'étaient préparés en altitude. J'ai souffert du dépaysement, de la canicule.

 

Ma femme était rentrée en Angleterre parce que la vie à l'hôtel était trop pénible avec le bébé et j'avais emménagé chez Jean-Pierre Papin, qui m'apprenait le français et qui, pour me donner le moral, me mentait quand on me critiquait dans les journaux en me racontant qu'on pensait que j'étais sur la bonne voie."

Et puis, en octobre, le déclic. Sportif et humain. "À l'évidence, on voulait que je sois un numéro 10. Moi, je n'ai jamais évolué ainsi, ma meilleure position, c'est côté droit. En Angleterre, j'avais déjà joué avant-centre ou ailier gauche, mais j'étais toujours mieux à droite. Numéro 10, je voulais bien essayer, mais j'avais peur de me retrouver coincé au coeur du jeu. Même si tu touches beaucoup le ballon. Pour ce rôle, je pense qu'il faut être déjà expérimenté, penser pour l'équipe. Moi, je me voyais plus dribbler, revenir vers l'axe, ou déborder, mais à partir de ce côté.

"J'étais donc avec Gérard Gili et Jean-Pierre Bernes et le coach m'a montré le tableau et m'a dit : 'Où veux-tu jouer ?' J'ai pris le marqueur et j'ai indiqué le côté droit. Il m'a montré l'axe, et m'a redemandé : 'Tu es sûr, tu ne veux pas jouer là ?' ; 'Non, à droite'. Gérard a dit : 'OK, si c'est là que tu te sens le mieux, tu vas jouer là'."

"Purement instinctif"

En 1992, un rencontre avait été organisée entre les deux artistes de l'aile droite olympienne, Chris Waddle et Roger Magnusson.

En 1992, un rencontre avait été organisée entre les deux artistes de l'aile droite olympienne, Chris Waddle et Roger Magnusson.Photo Richard Colinet

L'entraîneur olympien nous avait indiqué à l'époque : "C'est un meneur de jeu, mais côté droit". Et comme pour toutes ces décisions, l'entraîneur marseillais allait faire preuve d'intelligence et d'à-propos.

Autre changement décisif pour Chris : son installation. "Tout est parti de cette semaine-là. Nous avons emménagé dans notre maison à Aix le lundi, et on affrontait le PSG le vendredi. J'étais très heureux d'être enfin chez moi avec ma femme et ma fille. Je n'étais plus à l'hôtel, je n'avais plus besoin de demander aux uns et aux autres pour aller ici ou là. Nous démarrions enfin notre nouvelle vie en disant : 'on ferme le portail, on ferme les portes et on est chez nous.' Avec ma femme, ce lundi, quand on a emménagé, on s'est dit: 'Voilà, c'est là, ma carrière à l'OM commence vraiment maintenant. Si ça ne marche pas, on rentrera au pays en fin de saison, mais là, je vais vraiment pouvoir me concentrer sur le football'".

 

Une concentration qui nous mène à OM-PSG. Au bout de 35 minutes, l'OM bénéficie d'un corner, repoussé par la défense parisienne et récupéré par Éric Di Meco qui adresse un centre lifté du gauche. "En démarrant ce match contre Paris, non seulement, j'étais bien physiquement après avoir travaillé depuis mon arrivée à Marseille, mais en plus, je sentais que quelque chose commençait. Alors, j'ai mis un but particulier pour marquer ce nouveau départ. Et j'ai senti immédiatement que l'atmosphère changeait ; j'avais besoin de ça pour être libéré et en faire plus. Tout est parti de là. J'ai juste marqué. Quand tu joues au football, c'est ce que tu cherches."

Juste marqué, c'est un peu court. L'enchaînement contrôle aérien, lob, talonnade est inoubliable..."Un court instant, je me suis demandé si je n'étais pas hors-jeu, mais j'ai toujours appris à agir d'abord et à voir après si l'arbitre siffle. J'ai donc anticipé la sortie de Joël Bats en voyant qu'il montait vers moi après une hésitation. Je l'ai lobé et j'ai poussé le ballon dedans en ratant presque ma talonnade. C'était purement instinctif." Malgré quelques protestations parisiennes, le but sera accordé et après une égalisation de Zlatko Vujovic, Enzo Francescoli donnera la victoire à l'OM d'une magnifique tête plongeante. Pourtant, c'est de cette talonnade de Chris qu'on se souvient.

"C'est vrai, si j'avais marqué différemment, on n'en parlerait pas trente ans plus tard. Mais je le répète, ce n'était pas pour me moquer des joueurs de Paris, que je respectais. À l'OM, j'ai souvent été habité d'une immense confiance, mais pas encore à cette époque-là. Je faisais des feintes, quand je ratais un ballon, je me moquais de moi-même en imitant des oreilles d'âne. Serait-ce possible aujourd'hui ? Je ne sais pas, avec les réseaux sociaux, on tombe vite dans la critique méchante. Si Neymar réussissait un tel geste contre l'OM, on dirait qu'il est arrogant, qu'il cherche à rabaisser les autres. Mais je crois qu'il aime le spectacle, comme moi j'aimais le spectacle. Si le foot est populaire, ça vient de ça..."

Mario Albano

--------------------------------

Lien vers la rencontre >>>

Fiche joueur Chris Waddle >>>

-----------------------------

 

 

.

.

.

.

Retour
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.