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Premier coaching gagnant

BORDEAUX-OM : 25 août 1967 : 2e journée de championnat où le douzième homme est autorisé. Hubert Guéniche marque le but de la victoire un quart d'heure après son entrée au Parc Lescure

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Le coaching est tellement entré dans les moeurs que les plus jeunes ne se rendent pas compte que le football s'est longtemps joué à onze seulement. Aujourd'hui, les entraîneurs peuvent élaborer une stratégie de remplacements en cours de jeu, pour injecter du sang frais et parfois changer de système. Mais jusqu'en 1967, même un blessé n'était pas remplacé et s'il tenait encore debout, il finissait parfois en statue, sur le bord de touche, en simple appui. En août de cette année-là, le championnat de France a connu son premier douzième homme. À la faveur d'un OM-Nantes, nous avions évoqué le tout premier remplacement olympien, Laurent Robuschi par Hubert Guéniche. Mais une semaine plus tard, à Bordeaux, l'appel au N.12 allait être décisif. Encore forcé par une blessure et pas un choix tactique de l'entraîneur olympien, Robert Domergue.

À la mailloche

Blessure inévitable d'ailleurs, car ce match pudiquement qualifié de "grande bataille", fut une boucherie, laquelle, arbitrée de nos jours, aurait provoqué plusieurs cartons rouges. Le choix des deux entraîneurs d'adopter un marquage individuel devait générer beaucoup de duels on ne peut plus musclés, comme le déplorait l'entraîneur de l'OM après le match : "Ce fut beaucoup trop dur. C'est un miracle qu'il n'y ait pas eu davantage de blessés." Dans les colonnes du "Provençal", Maurice Fabreguettes avait traité cela avec son humour habituel.

 

"Les spectateurs bordelais, élevés dans la tradition d'Ovalie, paraissent encore plus friands que les Marseillais de ce type de spectacle à la chaleur communicative. C'est d'ailleurs un supporter bordelais qui cria : 'Il faudrait en tuer un pour qu'il y ait un temps mort.' Pendant ce temps, Masse et Couécou piétinaient allègrement Escale. Joseph ayant évité puis subi sans tomber trois crocs consécutifs de Péri et Desrumeaux expédia l'un de ses adversaires au tapis d'une manchette, avant de foncer balle au pied vers Montès. Passons sur les petits riens, poussées dans le dos, maillot accroché au passage et autres bagatelles. C'est alors que Péri réussit un véritable exploit 'catcho-footballistique'. Il plongea et de ses deux jambes tendues vers l'avant, il exécuta un véritable plaquage sur l'infortuné Joseph."

Six Tricolores de la coupe du monde

Ajoutons qu'aucun coup franc ne fut sifflé à la faveur de cette action par l'arbitre, M. Mouton... Bref, en deux coups de pied arrêtés, le score avait évolué. Sur un corner, en début de match, Jules Zvunka avait effectué une reprise de la tête, prolongée dans les buts par Laurent Robuschi, transféré de Bordeaux à Marseille quelques semaines auparavant et qui devait confier à un ami, après le match : "Il a fallu que je quitte les Girondins pour me rendre compte à quel point ils bastonnaient."

 

 

À vingt minutes de la fin, après un but refusé pour hors-jeu à Didier Couécou (futur Olympien des jours de gloire) et une grosse mêlée digne du rugby, le Franco-Uruguayen Hector De Bourgoing avait égalisé sur un coup franc direct. Deux Bordelais qui avaient participé à la coupe du monde avec l'équipe de France un an auparavant, avec les Marseillais Robuschi, Djorkaeff, Artélésa et Bonnel. C'est alors qu'arriva la blessure de trop. Tandis que "Dédé" Tassone était à terre d'un côté du terrain, Jean-Pierre Destrumelle y était de l'autre et c'est le milieu olympien qui sortit, remplacé par le douzième homme attitré, l'ailier gauche Hubert Guéniche. Bingo !

N.12 mascotte

"Ce Guéniche doit être un porte-bonheur, écrivait encore Maurice Fabreguettes, car aussitôt après son entrée, une attaque se développe, Joseph sert Robuschi qui évite Baudet et centre au deuxième poteau où Guéniche surgit pour marquer." Voilà comment venait de s'effectuer le premier coaching gagnant, avec le premier but marqué par un douzième olympien. Guéniche allait d'ailleurs peu à peu gagner sa place et rester titulaire jusqu'à la finale de la coupe de France gagné en juin 1969 par l'OM... contre Bordeaux. Par la suite, il a joué au Red Star et même les anciens de l'OM ont perdu sa trace.

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

Fiche joueur Hubert Gueniche >>>

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