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La colère de Robert Domergue

RENNES-OM 20 novembre 1966. Après une défaite qu'il met sur le compte de ses joueurs qui ne comprennent pas ses consignes, l'entraîneur olympien s'énerve (trop) dans les vestiaires et devant la presse pour témoin.

 

La lecture des journaux de cet automne 1966 ne laisse pas d'étonner : non seulement les journalistes sont autorisés à pénétrer dans les vestiaires, mais en plus, Maurice Fabreguettes, l'envoyé spécial du Provencal assiste, en direct, à l'analyse (comme on parlait français, personne n'employait le terme barbare de "débriefing") de l'entraîneur de l'OM, Robert Domergue, devant ses joueurs, dans les entrailles du Parc des sports de la route de Lorient;

En ce dimanche après midi de novembre, on a pu entendre l'OM perdre à Rennes en écoutant au transistor, "Sport et musique" sur France Inter, le terme multiplex n'étant pas encore inventé. Et à la fin, l'envoyé spécial du Provencal est donc dans le saint des saints et ce qu'il rapporte est encore plus étonnant aujourd'hui : l'entraîneur de l'OM critique très vivement ses joueurs

"Je commence en avoir assez ! C'est comme si je prêchais dans le désert. Je me donne un mal fou sur le terrain, je vois des joueurs se comportant comme s'ils jouaient ensemble pour la première fois de leur vie. Nous ne gagnerons jamais un match si nous ne jouons pas collectivement. Chacun fait son petit numéro sans penser à ses voisins et je trouve étonnant que des pros n'arrivent pas à assurer régulièrement une passe à 2,50 m. Vous commencez à me faire du tort."

Fiawoo bouc émissaire

On entend même le technicien s'en prendre à un de ses joueurs et ont que Franck Fiawoo, attaquant togolais décédé en 2008, "dans son coin, la tête baissée sur ses jambes, cherche visiblement un trou pour se terrer".

 

Domergue attaque son réquisitoire : "Il y en a chez nous qui se prennent pour de grandes vedettes par ce qu'ils ont marqué quelques petit buts heureux. Franck, je jour ou tu as mis trois buts contre Nîmes, ce fut une très grande catastrophe. A quoi sert-il de faire monter des joueurs de l'arrière si tu ne les vois pas ? Si, jouant seul, tu étais assez fort pour dribbler vingt cinq adversaire et marquer, je dirais bravo. Mais ce n'est pas le cas. Tu as des partenaires et tu agis comme s'ils n'existaient pas !"

Il est bon que, tirant sans doute sur sa pipe comme d'habitude, Maurice Fabreguettes ait su apporter plus de mesure dans son article, rappelant que si Fiawoo a fait un mauvais match, nous pensons injuste de lui faire porter le poids de la défaite. Nous ne trouvons pas que l'OM ait fait plus mal qu'il ne le fait habituellement".

Une ligne controversée

Au vrai, la responsabilité de l'entraîneur est elle même engagée dans ses choix tactiques. Il a amenée de Valenciennes la "défense en ligne", qui crée des brèches dans son dos face aux équipes alignes et qui est, en l'occurrence, plombée par de nombreuses défaillances techniques. "Je ne crois pas que la ligne jouée par l'OM soit une tactique d'avenir, elles est trop basée sur la défense, les arrières ne participant pas à la construction. Je pense que Robert Domergue a imposé cette tactique à son équipe pour limiter les dégâts, estime pour sa part Jean Prouff, l'entraîneur du Stade Rennais, qui n'use pas non plus de langue de bois.

Les deux buts rennais ont d'ailleurs été marqués par des joueurs lancés, perforant la ligne olympienne. Sur le premier, l'arrière latéral Lavaud a profité d'une mésentente entre Djorkaeff et Escale et sur le deuxième, c'est une passe précise de Rossignol dans la foulée de Darchen qui a envoyé l'attaquant breton seul devant Escale, lequel avait déjà sauvé son équipe plusieurs fois, devant Rodighiero notamment.

L'OM qui allait réduire l'écart par Buron, bien lancé par Hodoul, aurait pu finir par égaliser, mais aussi encaisser plus de buts. Cette ligne allait causer bien des problèmes et provoquer quelques roustes mémorables. Le président Marcel Leclerc, qui disait encore "comprendre" la colère de son entraîneur, finirait pas se lasser deux ans plus tard et remettre Mario Zatelli aux commandes de l'OM.

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

 

 

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