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Dewilder, deux buts en blanc

OM-LILLE Novembre 1984, doublé inattendu pour ce jeune milieu aujourd'hui devenu hôtelier

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La Fiancée du Pirate. Face à cet hôtel trois étoiles de Villefranche-sur-Mer, très bien côté sur des sites comme Booking ou tripadvisor, on est bien loin d'un OM-Lille au stade Vélodrome. Plus encore de celui du 13 novembre 1984, qui s'était joué devant un peu plus de 9 000 spectateurs. N point commun pourtant : le propriétaire de l'hôtel ; grand, blond, souriant et ancien footballeur professionnel, comptant plus de 350 matches au compteur, entre 1983 et 1995. Eric Dewilder, héros de cet OM-Lille rien moins qu'inoubliable, sinon pour son principal protagoniste et ses buts.

"J'étais prêté par Lens, j'arrivais de Limoges où j'avais fait une bonne saison en D2, nous avions fini 4e derrière l'OM, Lyon et Nice et le président Carrieu me voulait, mais il n'avait pas consulté Roland Gransart, l'entraîneur qui m'avait donc dit que je ne jouerai pas, ce qui n'était pas terrible comme accueil. Il protégeait ses minots avec qui il était monté et avec qui je m'entendais bien malgré la concurrence, des gars sympas, comme De Bono, Francini, Anigo, Pascal, Di Meco, Levy. C'était la première saison en D1, j'étais en porte-en-faux et je n'ai commencé à jouer qu'à l'automne, à l'arrivée de Pierre Cahuzac. Ce n'était pas le grand OM, mais il y avait Bracci, Zanon, Zénier, nous avions fini en milieu de tableau...

Mi-novembre, donc, après trois titularisations et trois défaites, à Auxerre, face à Nancy et à Metz, Eric et Rubio, le milieu olympien contre Lille (où le jeune Rudi Garcia va entrer en fin de match).

 

Un magnifique lob

"Le match n'était pas terrible, mais j'étais monté sur un corner renvoyé par la défense lilloise et j'étais resté à traîner, le ballon est revenu vers le rond central où l'un de nos défenseurs m'a vu, m'a alerté à la limite du hors jeu et, à 35 mètres du but, j'ai vu le gardien de Lille, Charly Mottet, non Jean-Pierre, Charly, c'était le cycliste, qui n'était pas très grand et qui arrivait vers moi ; j'ai tout de suite décidé de le lober et là j'ai eu l'impression que le ballon n'allait jamais redescendre, jusqu'au moment où il est entré, sous la transversale. Un but plutôt sympa. Le deuxième est moins glamour, sur un corner encore, je m'engage au premier poteau et je la dévie, à quelques mètres des buts. Pas un but d'anthologie. Mais sur le premier, k'ai fait le geste exact, un vrai geste technique."

Un doublé, une victoire, et le lendemain, "Deux buts en blanc", sous la plume d'Alain Pécheral dans le Provençal dit espérer faire désormais un peu moins de passes à l'adversaire, avec beaucoup d'humilité face à cette gloire inattendue. "Je m'en souviens. J'ai toujours été vaillant, je me chopais souvent avec luis Fernandez, mais j'y perdais un peu de lucidité ; j'ai progressé au fil de ma carrière pour mettre une trentaine de buts dans ma carrière de milieu défensif. Je me souviens bien de vous, de nombreux journalistes, comme Alain Pecheral, André de Rocca qui me taillait souvent dans le Provençal, Jean Moggi au Méridional, Pape Diouf à la Marseillaise et je crois qu'il y avait eu un titre disant : un grand blanc dans la nuit noire, à la suite de ce match".

 

Un Hôtel au soleil

Ce n'était pas un titre mais la légende de la photo ci-dessus. Sacrée mémoire tout de même, trente ans après, de la part d'Eric toujours aussi sympa et désormais hôtelier. "J'ai d'abord travaillé un peu pour Canal plus, à la pige et pour une boite de com' où j'emmenais des gens au stade de France, à Roland Garros, au rugby, puis j'ai passé mes diplômes et je suis devenu directeur sportif à Rouen, monté de CFA en Ligue 2, qui, aussitôt a refait le chemin inverse. J'en suis parti et ma femme m'a dit "ca fait quinze ans que tu es dans le foot, on déménage tous les ans, où tous les six mois, on va retrouver dans un bled pourri, il faut se poser". Nous sommes allés à Sanary où s'était retiré mon père (ndlr Robert, ancien joueur puis entraîneur), j'avais suivi une formation dans l'hôtellerie, nous avons cherché un hôtel sur la Côte, pour suivre l'exemple d'Eric Pean ou Philippe Chanlot, nous en avons visité quarante entre Toulon et Menton et ma femme est tombée amoureuse de celui-là.

Voila comment, à 50ans, l'ancien grand blond dans la nuit noire est devenu hôtelier. Si vous passez par "La Fiancée du Pirate", branchez le sur le foot : il n'est plus dans le milieu, mais il adore encore en parler...

Mario Albano

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Lien vers la rencontre >>>

Fiche joueur Eric Dewilder >>>

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