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Un quart d'heure terrible

BORDEAUX-OM 11 avril 1987 : l'accueil indigne réservé à Alain Giresse et l'expérience des Girondins sont déterminants selon Jean-François Domergue face à un rival pour le titre encore un peu tendre.

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A printemps 1987, jouer le titre était déjà une forme d'exploit pour l'OM, qui avait flirté avec la zone rouge la saison précédente. L'arrivée de Bernard Tapie à la tête du club, avec Michel Hidalgo et Gérard Banide, avait accéléré le mouvement. L'enthousiasme fou du public pour ce nouveau OM avec Forster, Papin, Giresse et Domergue avait grandi au fil de la saison avec l'affirmation d'un OM capable de titiller les Girondins et d'atteindre la 31e journée en position de prétendant au titre.

Malheureusement, comme l'écrivait André De Rocca dans le Provencal du 12 avril, "l'OM a perdu le match qu'il ne lui était pas indispensable de gagner. On regrettera qu'il l'ait perdu avant même d'avoir le temps d'y entrer". Un but de Fargeon à la 8e, un autre de Girard à la 12e et c'était joué...

"Nous avons été surpris, dépassés, parce que ça fait 2-0 au bout d'un quart d'heure. Les girondins étaient surmotivés, rappelle Jean-François Domergue, Bordelais d'origine et olympien cette année là. Quand on revoit avec le recul, c'était le jour et la nuit, j'ai du me faire marcher dessus deux ou trois fois."

Le contexte était tel que, pour Bordeaux, il fallait absolument écraser la contestation. Avec un entraîneur tel qu'Aimé Jacquet, des joueurs comme Jean Tigana, Patrick Battiston, René Girard, Dominique Dropsy, José Touré, Alain Roche, les frères Vujovic, plus Jean-Marc Ferreri et Philippe Vercruysse sur le banc, le talent était partout. Mais il y avait aussi l'expérience.

"Une expérience collective indéniable, souligne encore Domergue. Ils avaient été doubles champions de France, il y avait une étiquette de jeu, une forme d'efficacité, l'habitude des grands rendez-vous. Et Bordeaux-OM, ça sentait la poudre, à l'image de la confrontation entre les présidents." Le duel Bez-Tapie n'était pas encore à son paroxysme. Cette année là, la cible avait été Alain Giresse qui avait quitté son club de toujours ou il n'était plus désiré, pour l'OM ou il vivait une seconde jeunesse. Dans le programme qu match distribué au Parc Lescure, on trouvait le dessin d'un joueur de l'OM portant le numéro huit, allongé sur un brancard avec une jambe brisée. Drôle d'humour.

"Le retour de 'Gigi' a été catastrophique, évoque Jean-François Domergue. Bordeaux est entré dans le match de manière très agressive, à l'image du marquage individuel de Rohr sur 'Gigi', avec des coups systématiques à chaque ballon touché ; ce match a été la guerre. Dès le tunnel, on a vu, on a senti quelque chose. On pouvait à peine leur dire bonjour, alors qu'il y avait pour certains d'entre nous, d es relations d'amitié. Il y avait un coup franc toutes les vingt, trente secondes, c'était très chaud. Dès qu'il y avait une faute, ça discutait, et c'était des coups, des coups. Nous avons été pris dans ce piège là. Nous avons été battus dans les duels. C'était l'époque."

Déjà privé de Papin, Sliskovic et Genghini, avec Passi et Laurey qui revenaient de blessures, l'OM était affaibli. Et dès la 25e minute, le match allait se jouer à dix contre dix après la double expulsion de Rohr et Diallo, qui, n'avait toujours pas digéré le traitement du défenseur allemand, un an plus tôt en finale de la coupe. Un dernier but, petit chef-d'oeuvre technique de Touré, allait donner de plus amples proportions à la leçon. Même si l'OM allait encore lutter mais terminer deuxième et perdre la finale de la coupe, de nouveau face aux Girondins, le bénéfice viendrait plus tard.

"Ce genre de match, ça fait toujours grandir, estime Jean-François Domergue. Surtout dans l'optique de la coupe d'Europe. L'année d'après, contre Leipzig, puis Split, c'était très chaud, il y avait des turbulences. L'expérience, même négative avait servi..." 

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