OM1899.com

_________________________________________________________

 

Ce Salif était diabolique

RENNES-OM 11 février 1973 : dans un grand jour, Keita trompe deux fois Jean-Paul Escale, le gardien "breton". Skoblar complète le succès d'une équipe qui se relance dans la course au titre

---------------------------------------

 

La saison 1972-73 fut celle du reflux à l'OM, après l'apogée du doublé de juin 1972. Le départ du président Marcel Leclerc à l'été, les arrivées de Marius Trésor et Salif Keita à l'automne, immenses joueurs mais entrant en concurrence avec Bernard Bosquier et Roger Magnusson, la mise à l'écart estivale de Mario Zatelli au profit de l'entraîneur allemand Kurt Linder, jugé trop dur et à son tour remercié début mars, tout cela a perturbé un exercice voyant l'OM perdre son titre et sa coupe.

Début février, tous les espoirs sont pourtant encore permis et, comme le dit le président René Gallian, l'OM se replace dans la course au titre, à quatre points de Nice, trois de Nantes, futur champion, à égalité avec Nîmes. Cela grâce à un beau succès à Rennes signé du duo Skoblar-Keita.

"Je me doutais bien que le duo ne pourrait pas fonctionner sur la durée, parce que le Malien venait un peu marcher sur les plates-bandes de Josip et mon 'Yougo', je le connaissais, il était ombrageux", rappelle Jean-Paul Escale, alors gardien "breton", ce qui ne devait pas être facile pour lui.

Escale après six mois de rééducation

Escale reprend : "En fait, ça a été plus facile pour moi d'affronter l'OM avec Rennes qu'avec Ajaccio, parce qu'en Corse, c'était arrivé dès la deuxième journée, après onze ans passés dans les buts du club de ma ville.

En Bretagne, c'est venu plus tard. Je suis arrivé là-bas avec le genou sous le bras. On m'avait opéré du ménisque et le professeur s'était loupé, j'ai mis six mois à revenir (à 35 ans, ndlr). J'ai rejoué après la trêve contre Nantes, puis contre l'OM. C'était donc beaucoup moins un crève-coeur. Et puis, il faut dire qu'en face, ils ne faisaient pas de cadeau."

"Au bout d'un quart d'heure, Jean-Paul Escale n'avait pas encore touché le ballon mais il était allé le chercher deux fois au fond de ses filets", écrivait Louis Dupic dans Le Provençal. Un crochet court de Keita suivi d'un bolide du gauche à ras de terre, puis un une-deux entre l'Africain et le Yougoslave (passe lobée du premier pour le second qui dribble son ami Escale et signe le 2-0) : c'était parti fort.

On ne devinait jamais ce qu'ils allaient faire

"Ces deux-là, c'était un tel danger, tu ne pouvais jamais deviner ce qu'ils allaient faire, soupire Jean-Paul Escale, heureux retraité à Robion. Josip, il n'avait pas besoin d'armer, un ballon à vingt centimètres de son pied, le droit ou le gauche, c'était pareil, il était capable de lui filer une gifle, de n'importe quelle surface, inter', exter', cou-de-pied, et il partait comme un missile. Disons que seul face au gardien, ce n'était pas Ocampos...

 

"Salif était différent, explique encore Escale, c'était une liane et sa souplesse lui permettait de masquer ses intentions et de frapper au dernier moment du côté où tu ne l'attendais pas. Je me souviens surtout des buts qu'il m'a plantés quand il était chez les Verts et moi à l'OM. Ceux de Rennes, je ne les revois pas avec précision, mais quel bonhomme !"

Un Keita qui allait se révéler décisif en seconde période, après la réduction de l'écart par les Rennais et un nouveau coup d'accélérateur dans le jeu marseillais apporté par le merveilleux technicien qu'était Daniel Leclercq pour contrer un milieu rennais de haute tenue, avec Betta, Garcia et Kéruzoré.

Le grand blond serait à l'origine du troisième but, signé encore Keita, se présentant de nouveau seul devant Escale, abandonné par une défense jouant à plat et ne pouvant pas contrer Salif, malgré une sortie courageuse dans ses pieds, comme on le voit à la Une du Provençal du lendemain.

"J'ai un peu hésité à me servir de mon pied droit, mais tout va bien, ma blessure est guérie", confiait Keita après le match. Personne ne l'avait vu diminué ce jour-là...

Mario Albano

--------------------------------

Lien vers la rencontre >>>

Salif Keita >>>

 

 

 

 

.

.

.

.

Retour
Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.