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Résumé Le Provencal

du 08 février 1965

 

L'O.M., sans avoir démérité

Normalement battu à BOULOGNE (2-0)

Robinet expulsé à la 73e minute

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

BOULOGNE (par téléphone) - Symphonie en "G mineur" aujourd'hui à Boulogne, temps gris, terrain gras. L'O.M. qui est descendu à l'hôtel de la Paix, nous a paru parfaitement décontracté. Loin de ses bases et loin des premiers au classement, il n'a rien à craindre et tout à espérer. Excellent état d'esprit avant une rencontre.

À l'opposé, l'U.S. de Boulogne redoute les sifflets et les sarcasmes de son public. Ne vient-elle pas de perdre à Béziers. De plus son classement, encore favorable, ne lui permet aucun relâchement.

Donc, alors que les deux équipes se préparent dans leurs vestiaires, c'est plutôt du côté boulonnais que l'on avait tendance à se faire et des idées noires.

Notre vieil ami Cheuva nous a d'ailleurs dit : "C'est un match qu'il nous faut absolument gagner".

Que va-t-il résulter de tout cela ? Nous allons le savoir très bientôt puisque l'O.M., Escale en tête, vient de se présenter au centre du terrain.

11' minute, Hess marque

Pas de temps mort. En entre dès la première minute dans le vif du sujet, Schultz que Cassar laisse jouer, remonte balle au pied la moitié du terrain et sert Hess qui, presque à bout portant, tire au-dessus.

Réponse du berger à la bergère

Robinet, en regain de forme semble-t-il centre. Joseph est seul devant le but boulonnais, fait une tête et rate la cage d'assez peu.

Pour un oui ou pour un non, nous pouvions compter deux buts alors que l'on joue depuis deux minutes à peine.

Suit une bonne période de l'O.M. Joseph se démène, Baulu centre adroitement sur la tête de Robinet, bien placé, le tout avec seul résultat un corner.

Puis Boulogne repart à l'attaque et, à la onzième minute, après un essai raté de Zapeta, le même joueur passa défense marseillaise en combinaison avec Hess et ce dernier ne laisse aucune chance à Escale.

BOULOGNE 1 - O.M. 0

21' minute, Zapeta à son tour...

Ce but semble énerver Joseph qui part tel un bulldozer, bouscule un joueur, en bouscule deux... et finalement obtient un coup franc indirect en se faisant faucher au sol par le troisième.

Coup franc tiré en tandem par Baulu et Cassar sans aucun résultat.

La rencontre très vivante et de grande qualité.

On remarque surtout Schultz maître du jeu et meilleur joueur au centre du terrain.

Sous son impulsion Boulogne conduit quelques belles attaques et, à la vingt et unième minute, Hess est arrêté d'une façon douteuse dans la surface de réparation.

Penalty ? Non, fait l'arbitre d'un seul bras, car il est manchot.

Mais la défense de l'O.M. ayant marqué un temps d'arrêt, Zapeta s'empare du ballon et marque.

BOULOGNE 2 - O.M. 0

Bon exploit d'Escale

La deuxième partie de cette mi-temps a été surtout illustrée par l'exploit d'Escale.

Sur un tir de Zapeta, un vrai "tir canon", de 10 mètres à peine, le gardien marseillais admirablement placé, se détend et dévie le ballon en corner.

Le public applaudit à la fois le tireur et le gardien.

Pendant cette deuxième période de cette première mi-temps Boulogne a généralement dominé. L'O.M. ne se manifesta en attaque que par un centre de Baulu, spectaculairement intercepté par Moine.

Le jeu et surtout bon et le public, ravi, encourage son équipe qui, il faut bien l'écrire, joue avec un brin certain.

Bref, 2 à 0 à la mi-temps.

Deux occasions ratées pour l'O.M.

Après que Montagne ait failli marquer par surprise, au bénéfice d'un centre raté dès la première seconde de la reprise, l'O.M. conduit aussitôt après une très bonne attaque. Markiewicz dernier servi sur la gauche, centre intelligemment en retrait juste sur le pied de Joseph. Celui-ci tire. But ? Non, Bolton, in extremis, dégage en corner sur sa ligne.

Et voici Schultz qui s'en va comme s'il avait de nouveau 20 ans. Un dribble, deux dribbles, tous deux en profondeur, une passe à Hess qui la lui rend aussitôt... et sans le pied de Lopez, c'était un but à peu près inévitable.

Nouvelle occasion ratée pour l'O.M. à la 65e minute. Cassar seul devant Moine, veut lober son adversaire et lui met le ballon dans les mains.

Robinet expulsé

Le jeu maintenant à baisser d'un ton. Boulogne paraît se contenter de la victoire et l'O.M. ne la lui conteste que mollement.

Ce calme de quelques dizaines de minutes présageait-t-il la tempête ? On pourrait le croire, quand soudain éclate aux quatre coins du stade des commencements de bagarres assez mal réprimées par l'arbitre.

Les torts sont partagés, les motifs futiles, mais le public, ne voyant et ne considérant que les fautes de l'adversaire, se met à siffler l'O.M.

Les esprits provisoirement calmés, Gassert passe sur la gauche, lobe Escale, mais le poteau d'abord et Barellas ensuite dévie le but.

Là-dessus, Bolton est victime d'un très mauvais procédé de la part de Robinet. Hurlements, rassemblement et expulsion méritée du néo-marseillais (73e minute).

Rebravo Escale

Ces divers incidents ont gâché considérablement l'attrait de la rencontre. Le football n'est cependant pas totalement absent, grâce surtout à Schultz et à Escale. Un tir aussi tendu que puissant du premier, de 30 bons mètres, est arrêté superbement par le second.

Et puis, et puis on arrive au petit train au coup de sifflet final, et une nouvelle défaite de l'O.M. : 2 à 0.

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Erny SCHULTZ a dominé la rencontre

de sa présence et de sa technique

BOULOGNE - La victoire de Boulogne est de celles qui ne se discutent pas. Boulogne possède une équipe dans son ensemble supérieure à la Marseillaise. Le classement d'ailleurs en fait foi.

Le grand homme de la rencontre a été l'ex-Toulousain et Nancéen Erny Schultz, ce qui a donné à Mario Zatelli des regrets supplémentaires.

Jouant au centre du terrain, Schultz dirigea son équipe de pied de maître, surtout en première mi-temps, et certains de ses exploits techniques rappelèrent que ce joueur avait eu, il n'y a pas si longtemps, la classe internationale.

Avec lui, on remarqua plus particulièrement Hess encore un ex-Nancéen, Zapetta, très puissant, cette force de la nature qu'est l'arrière Kuba, encore inexpérimenté et le gardien Moine qui n'a rien perdu de ses qualités.

Boulogne qui avaient à se faire pardonner sa récente défaite à Béziers à prouver que son équipe avait un rôle à jouer dans le sprint final pour se préparer en Deuxième division pour la montée et pour les barrages.

L'O.M. n'a pas fait un mauvais match et ne fut jamais nettement dominé par son adversaire. Mais dans cette infortunée équipe, qui fait le complexe de la défaite, il y a toujours un petit rien qui cloche en attaque et en défense, de ces petits riens qui transforment victoire possible en défaite.

C'est d'ailleurs en première mi-temps que tout se joua et durant cette période, l'O.M. eut presque autant d'occasions de conclure que Boulogne, mais il les rata toutes.

Le meilleur olympien aura été une fois encore Escale qui, cette saison, s'est montré l'égal des meilleurs gardiens français par sa classe et sa régularité.

On accordera également la mention bien au petit Sejnera en très bonne forme et à Lopez qui, lui, gagne chaque dimanche en assurance.

Au centre du terrain Roig travailla beaucoup et parfois avec bonheur, encore qu'il est pris quelques risques inutiles en défense.

Tassone, quoique toujours un peu impulsif, a fait également un assez bon match, ainsi que le consciencieux Markiewicz.

Par contre, Cassar visiblement fatigué, regarda trop jouer ses camarades et Baulu se dispersa un peu trop, sans très grand résultat.

Joseph se battit à son ordinaire avec, cependant un trop grand aveuglement, et Robinet, après cinq minutes prometteuses, s'éteignit complètement jusqu'au moment où il se fit expulser pour avoir donné à Bolton, un coup de pied idiot et visible de 50 mètres à l'oeil nu.

Barellas enfin, fut un match honnête et courageux.

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ZATELLI : "Nous ratons

trop d'occasions"

BOULOGNE - Mario Zatelli, maintenant habitué à la défaite, ne crie même plus après les rencontres.

Que voulez-vous nous dit-il, nous ratons trop d'occasions de buts et nous en procurons à l'adversaire. Ainsi, c'est incroyable. Aujourd'hui, principalement en première mi-temps, notre équipe n'avait pas mal jouer du tout comme dimanche dernier contre Metz, et voyez le résultat deux bons matches, deux défaites. Ah, si on m'avait écouté en début de saison et si on avait engagé Erny Schultz.

Markiewicz de son côté, se plaignait du trop de bavardage sur le terrain : "C'est incroyable, nous dit-il maintenant on se croirait à la Chambre des députés. Chaque fois que j'ai le ballon il y a au moins trois partenaires qui me crient "A moi, passe le", ou autre chose. Nous parlons beaucoup trop et nous ne jouons pas assez".

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André Cheuva : "Nous avons

mérité notre victoire"

André Cheuva, l'ancien grand technicien du milieu d'avant-guerre, était dans les vestiaires de Boulogne, souriant et décontracté. Il nous a dit : "Nous avons mérité de gagner. Notre équipe a très bien joué en première mi-temps. L'O.M. pour sa part a fait un bon match. Je ne comprends pas que cette équipe soit aussi mal placée. Toutefois, en seconde mi-temps, certains de mes joueurs se sont un peu trop énervés et je déplore que Robinet ait donné à Bolton un coup de pied dans les jambes, alors que ce dernier était à terre et avait perdu le ballon depuis déjà quelques secondes.

Erny Schultz, meilleur joueur du match, se plaignait également des coups donnés au cours de ces rencontres entre camarades professionnels.

Un journaliste toulonnais lui ayant fait remarquer que tout le monde en faisait autant, ainsi bien les Boulonnais que les Marseillais, il se contenta de hausser les épaules.

 

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