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Résumé Le Provencal

du 30 mars 1964

L'O.M., comme à la parade, brillant

vainqueur à BOULOGNE (4-1)

Deux buts de PERETTI, un de KELLER

Et un de PORQUET contre son camp

(De notre envoyé spécial : Maurice FABREGUETTES)

BOULOGNE - Brouillard, crachin, vent glacial venu du large voisin avec les flots, c'est "Pâques au charbon" que nous subissons aujourd'hui à Boulogne, alors que l'O.M. fait son entrée sur une pelouse grasse, très jouable.

L'équipe se présente en rond au centre du terrain, est celle annoncée par les journaux. Moulon porte le brassard de capitaine ; Boucher est sur la touche avec Jean Robin, M. Martinelli et le remplaçant officiel, Markiewicz.

14 minutes : KELLER marque

15e minute : ZAPATA égalise

Exception faite d'un tir de Delaporte, assez difficilement arrêté par Escale à la première minute, on aurait pu baptiser ce premier quart d'heure "round d'observation"... si, à la 14me minute, alors qu'on ne s'y attendait pas, Keller, d'un tir à ras de terre, donné de la ligne des 18 mètres très exactement, n'avait trompé Payen.

1 à 0 pour l'O.M.

Mais en venait à peine de réengager que Sapeta reprenait de volée une balle mal renvoyée par la défense de Marseille et égalisait d'aussi belle façon.

1 à 1 donc, alors que les deux équipes ont joué, jusqu'à présent, de façon sensiblement égale, la partie étant au demeurant de bonne qualité.

Un certain équilibre

Le deuxième quart d'heure ressemble assez exactement au premier, les buts en moins.

Boulogne domine très légèrement, mais l'O.M. lui donne une forme une fort bonne réplique, se montrant d'ailleurs tout aussi dangereux que son adversaire. Mais, il faut bien l'écrire, si de part et d'autre on assiste à d'assez belles choses au centre du terrain, les deux gardiens ne sont pas tellement menacés.

Cependant, aux environs de la demi-heure, Sejnera arrête in extremis le bouillant Delaporte qui se préparait à tirer à bout portant.

34me minute : Tête et but de Peretti

Mais, encore une fois, c'est au moment ou l'on s'y attendait le moins que l'O.M. allait trouver la faille dans la défense de Boulogne.

Sur centre de Bernard de la droite, qui paraissait anodin au départ, et un coup de tête de Peretti qui trompe Payen trop avancé.

2 à 1 pour l'O.M.

Un silence de mort accueille ce but d'excellente facture dans sa réalisation - le centre et la tête de Peretti - mais sur lequel le gardien boulonnais n'est pas exempt de faute.

2 à 1 à la mi-temps.

Ce but produit sur les Boulonnais l'effet d'un coup de frein. L'O.M. en profite pour dominer, en cette fin de mi-temps, Bernard menant le jeu de manière impériale au centre du terrain.

À la 42me minute, une admirable passe de Bernard trouve Peretti absolument démarqué à dix mètres à peine de la cage de Boulogne. On croit au but, mais le tir de l'avant-centre de l'O.M. va frapper l'extérieur des filets.

Et c'est la mi-temps au moment précis où Joseph se préparait à reprendre le ballon de la tête sur le corner tiré par Dogliani.

52me minute : But de PORQUET

contre son camp.

Dès la reprise Keller, en net regain de forme aujourd'hui, fonce, surprend Bolton et n'est arrêté que par l'arbitre pour une faute invisible à l'oeil nu. Mais l'on n'a pas tout vu. À la 52me minute, Dogliani, qui joue de moins en moins à l'aile est de plus en plus au centre, fort bien d'ailleurs, amorce un long dribble. Tellement long qui perd la balle au profit de Porquet. Mais le ballon glisse sur le pied de l'arrière boulonnais et, à la surprise générale, entre à toute petite vitesse dans la cage vide, car abandonné par l'infortuné Payen.

3 à 1 pour l'O.M.

La partie est-elle finie ? Sauf coup de théâtre on peut le croire, car le moral de Boulogne est de plus en plus bas. L'O.M. prenant d'ailleurs le "match au pied" si l'on ose dire, avec une autorité accrue et joue un ton nettement au-dessus de son adversaire.

Bravo ESCALE

Mieux encore PERETTI

Les choses vont d'ailleurs se précipiter. À la 62me minute, une bonne attaque de Boulogne se termine par un tir de Sapeta dans le paquet de joueurs formés devant le but de Marseille. Grazowski va reprendre et marquer, sans doute, quand Escale lui plonge dans les pieds et contrôle le ballon.

Sur le renvoi, Peretti, de 20 ou 25 mètres d'en coin, tire et marque malgré un plongeon de Payen.

O.M. 4 - Boulogne 1

Le tir était très joli, très tendu, mais le gardien boulonnais pas très bien placé. Sur ces entrefaites, Joseph paraissant souffrir de son claquage va se faire soigner sur la touche. Bernard, traînant lui aussi la jambe, ne joue plus qu'à présent qu'à neuf joueurs valides.

Boulogne en profite pour repartir à l'attaque, ce qui permet à Escale de réussir un arrêt très net sur un tir de Sapeta.

Mais la partie est bien terminée, et ce ne sont pas deux charges irrégulières, l'une de Sapeta l'autre de Besnier, sur Escale qui changeront quelque chose.

L'O.M. fait courir la balle et réussit à conserver son avantage jusqu'au bout, sans trop savoir à forcer son talent.

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Le succès de l'O.M. à BOULOGNE

victoire méritée de toute une équipe

ayant retrouvé la joie de jouer

BOULOGNE - Il y avait dans les tribunes glacées du stade de Boulogne, un supporter de l'O.M., un seul. Cet excellent homme en voyage à Paris, n'avait pas hésité à faire un peu plus de 500 kilomètres aller-retour pour encourager son équipe.

À la fin de la rencontre il nous disait :

"C'est tout de même agréable quand on est marseillais, de voir l'O.M. gagner aussi facilement. Ici, sur ce terrain gras et sous ce ciel presque britannique".

Le fait est que l'O.M. après avoir disputé un véritable match clair et animé en première mi-temps, put se permettre de terminer au pas, se contentant de faire circuler le ballon, très exactement comme Nantes l'avait fait devant Nice, huit jours plus tôt, au Stade-Vélodrome.

Tactique de circonstance, Joseph, Bernard et Keller souffrant, plus ou moins d'un claquage ou de coup.

Et c'est ainsi, comme à la parade, sous les applaudissements du public boulonais cruellement déçu par les siens, que devait se terminer cette rencontre qui avait empêché Jean Robin de dormir toute la nuit de samedi à dimanche.

Une victoire méritée

Il est bien certain que la mauvaise partie du gardien Payen à favoriser ce succès est permis à l'O.M. de se montrer sous un jour d'autant plus favorable que son adversaire été démoralisé.

Le plus curieux est que ce même Payen avait été, huit jours plus tôt, le héros de la rencontre Aix - Boulogne.

Il faut croire que ce sympathique jeune homme a les nerfs excessivement fragiles, et que le premier but qu'il encaissa du pied droit de Keller, lui a fait perdre en partie le contrôle de ses actions.

Mais la contre-performance de Payen, que nous ne saurions dissimuler, sous peine de manquer de la plus élémentaire objectivité, n'enlève pas grand-chose au net succès de l'O.M.

En toute chose, il y a la manière ; or, celle des joueurs marseillais fut indiscutablement bonne. Sur ce point, tous les avis concordent, et c'est même le calme Cheuva, entraîneur de Boulogne qui nous disait, à la fin de la rencontre :

"Certes notre gardien a été mauvais, mais la victoire de l'O.M. n'en est pas moins méritée, car elle a été celle d'un jeu collectif et bien supérieur".

Du haut des tribunes d'ailleurs, nous avions pu noter, dès la première mi-temps, alors que rien n'était encore joué, combien les Marseillais manoeuvraient avec une grande aisance, les différentes lignes de l'équipe s'imbriquant harmonieusement, ce qui n'avait pas été le cas, quinze jours plus tôt à Montpellier.

Savoir oser

Sous l'impulsion de Bernard, plus "maître à jouer" que jamais et bien soutenu par ses partenaires, l'O.M. faisait fronts à l'offensive boulonaise et répliquait par des attaques le plus souvent bien conduites.

On remarquait principalement le net retour en forme de Keller et de Moulon et la bonne rentrée de Leonetti. Ce qui fait que même dès ce moment, alors pourtant que l'U.S. Boulogne paraissait animée par un désir de victoire, nous avions l'impression que l'O.M. de toute façon obtiendrait un bon résultat.

Certes les événements jouèrent-ils en faveur des Marseillais, mais il est juste de dire qu'ils ont tout fait pour mettre la chance de leur côté.

Prenons un seul exemple : le premier but de Peretti - le deuxième de l'O.M. - a pour cause une erreur de sortie de Payen. Mais encore faut-il que le centre de Bernard trouva Peretti démarqué, et que ce dernier réussit un joli coup de tête de bonne facture.

On n'a rien sans rien ; ce n'est que trop évident.

Bernard, Escale, Keller

et Moulon

Dans cette équipe de l'O.M. qui parut avoir retrouvé sa forme collective et le plaisir de jouer qui semblait perdu à Montpellier, le joueur le plus précieux a été une fois de plus Bernard, véritable plaque tournante de l'équipe. Avec lui, nous citerons Escale, qui, s'il ne fut pas bombardé, eut cependant à faire face avec bonheur à quelques situations très critiques.

Moulon, devenu capitaine, et voulant sans doute faire honneur à ses galons, assura les arrières de son équipe, avec une sûreté qu'on ne lui connaissait plus depuis bientôt un an.

Leonetti, qui s'améliore à au fil des minutes, doit être également crédité d'un très bon match.

Keller, toujours à la pointe du combat et auteur d'un premier but qui fut peut-être décisif, semble avoir retrouvé tous ses moyens. On ne peut que s'en réjouir.

Des réservistes qui valaient

les titulaires

Les autres ont tous fait ce que l'on pouvait attendre d'eux.

Peretti eut le grand mérite d'oser et de réussir.

Dogliani, ailier d'abord, inter ensuite, joua avec son habituelle finesse et Bordere à un poste particulièrement ingrat, fit un travail inlassable autant qu'utile.

Tassone et Sejnera complétèrent bien la défense, et Joseph gelé d'abord, claqué ensuite, fut pour ces deux raisons, le plus timide de l'équipe.

Une équipe répétons-le, qui joua à Boulogne l'un de ses bons matches, bien que privée de quelques titulaires, ce qui prouve que l'on doit faire confiant aux remplaçants.

Pas si mal pour l'O.M. !

Bien qu'un peu désaxé par la partie déficiente de son gardien, l'U.S. de Boulogne n'a pas produit une mauvaise impression. Ses précédents succès peuvent s'expliquer par la valeur de Tasic, son demi offensif, et surtout celle de son arrière gauche Turci et de son buteur Sapeta, entre autres.

Il ne faudrait pas que cette lourde défaite fasse commettre l'erreur, aux futurs adversaires des Boulognais de les sous-estimer.

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Jean ROBIN : "Nous avons bien joué"

BOULOGNE - La joie bien entendue, régnait dans les vestiaires de Marseille après la rencontre.

Interviewé par un poste de radio, Jean Robin déclaré :

"Notre victoire est très logique, car c'est nous qui avons fait le meilleur jeu. Je suis très content de tous mes joueurs qui ont fait ce que l'on pouvait attendre d'eux, et même mieux encore."

Le capitaine Boucher, dont la cheville paraît presque guérie, éclater de joie : "Ils ont fait un très bon match, nous dit-il, je n'ai jamais été inquiet pour eux. Pour moi, c'est toute l'équipe qui a bien joué et mérité sa victoire".

Entre-temps on prenait des nouvelles des blessés :

"Joseph souffre d'un claquage ; Bernard des adducteurs et Keller de quelques coups de pied qui ne semblent au demeurant pas tellement graves.

Enfin, M. Martinelli, le sympathique accompagnateur, nous a confié :

"Vous avez souffert du froid dans les tribunes, moi pas. Sur le banc de la touche la bonne partie de nos joueurs nous a tous réchauffés. Cette victoire ne voudra certainement quelques milliers de spectateurs supplémentaires dimanche prochain, car nous recevons Toulon au stade vélodrome.

"Dommage que Sochaux ait gagné à Béziers. Mais ce 4 à 1 améliore grandement notre goal-average.

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Cheuva : "Bien l'O.M. !"

"Sans doute, nous a dit Cheuva, l'entraîneur de Boulogne, notre gardien a-t-il péché par excès de nervosité ; mais il n'en reste pas moins que l'O.M. m'a plu. J'ai toujours aimé, au cours de ma carrière, les équipes qui jouaient un football collectif et c'est toujours agréable d'applaudir à leur victoire. Sur ce que j'ai vu aujourd'hui, l'O.M. devrait au moins disputer les barrages."

Acceptons-en l'augure

 

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