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Résumé Le Provencal

du 28 octobre 1948

Première victoire de l'O.M.

mais laborieuse ô combien !

BOULOGNE s'incline (2-1)

Il faut de tout pour faire un O.M. enfin victorieux !

Même un succès sur Boulogne tellement laborieux, tellement tiré par les cheveux, que les derniers, les plus farouches supporters de l'ex-glorieux club - ils semblent être environ 4.000 - ne savaient pas, à la fin, s'il devait en rire ou en pleurer, applaudir ou siffler.

M. Gascard lui-même, dont l'amour pour le maillot blanc ne fait aucun doute, nous disait dans le couloir des vestiaires :

"On peut voir mieux, mais certainement pas pire".

Le mauvais tournant du match

Tout le mal à commencer à la 60me minute.

L'O.M. menait alors par 2 à 0, s'endormait sur ses lauriers : tandis que Boulogne paraissait se contenter de son insuccès.

On jouait au pas, de part et d'autre, la balle allait d'un pied boulonnais à un pied marseillais, au hasard des passes mal ajustées... Bref, le temps devenait long pour les infortunés spectateurs.

C'est alors que notre voisin nous dit :

"Il faudrait un but de l'O.M. pour relancer la partie".

Grabowski doit avoir des antennes, car aussitôt il se saisit du ballon et trompa Escale avec une facilité dérisoire.

2 à 1 en faveur de l'O.M. toujours, mais il restait encore une trentaine de minutes à jouer.

Quel football !

Ce que l'on vit, pendant cette dernière demi-heure, ne fut plus qu'une parodie du football.

Le mieux que l'on puisse supposer et que les Olympiens, voyant ce dernier et tant attendu succès sur le point de leur échapper, s'affolèrent complètement.

Tant et si bien s'affolèrent que la plus noire des "pagailles" ne tarda pas à régner dans le camp marseillais.

Tout le monde devint défenseur, y compris le puissant Joseph, contraint de remplacer Boucher touché à la jambe.

Fort heureusement pour l'O.M., Boulogne dominant à outrance, confondit vitesse et précipitation, tir au but et coup de pied à la lune.

Quel football !

Enfin, la maladresse des uns aidant la désorganisation des autres, la hargne marseillaises faisant pendant à la fougue aveugle des Boulonnais, tout se termina au mieux des intérêts des poulains du Docteur Luciani.

L'O.M. compte une victoire et n'est plus lanterne rouge.

Que demande le peuple !

Si tant est qu'il demande quelque chose.

Une assez bonne première mi-temps

Ayant commencé par le plus mauvais, il nous sera agréable de finir par le meilleur.

Le meilleur, c'est-à-dire la première mi-temps au cours de laquelle l'O.M., sans atteindre les sommets, n'en joua pas moins de façon assez agréable et efficace.

Deux à zéro, à la pause, on n'avait pas vu ça depuis longtemps. D'autant que le deuxième but de l'O.M. (tête de Peretti, sur passe de Keller) était de bonne facture.

Durant cette première période, le travail de Milazzo et surtout de Makowski, au centre du terrain, contribua à donner une certaine assise à l'équipe.

Ce n'était, bien sûr, que du football de Deuxième division, mais nous n'en sommes pas à demander l'impossible.

Si l'O.M. avait pu continuer à suivre ce train fort honorable jusqu'au bout, il est certain que le public se fut retiré satisfait.

N'accablons personne !

L'effondrement de la deuxième mi-temps a pour cause essentielle le repli de Milazzo, sans doute fatigué, et la nette baisse de régime de Makowski. Ce dernier ayant un terrain beaucoup trop grand à couvrir.

Ajoutez-y la blessure de Boucher, l'évidente petite forme de Keller, le peu de sûreté d'une défense renouvelée et vous comprendrez mieux la carence olympienne en fin de rencontre.

Dans l'intérêt de cette équipe, donc nous persistons à croire contre vents et marées, qu'elle peut mieux faire, nous éliminerons les habituels commentaires sur les joueurs.

À quoi bon fâcher les uns, qui n'en peuvent mais, et attribuer au "pifomètre", des lauriers à peine mérités aux autres !

Nous garderons nos opinions pour la prochaine fois, qui ne peut être que meilleure.

Du moins le souhaitons-nous...

À l'attention des arbitres de touche

Des Boulonnais on a surtout retenu le beau maillot emprunté à Nice.

C'est d'ailleurs la seule ressemblance existant entre cette honorable équipe de Deuxième division et l'O.G.C.N.

Un dernier mot sur les arbitres de touche qui nous ont paru avoir du hors-jeu une conception dépassant les rigueurs du règlement.

C'est au moment du départ du ballon - rappelons-le une fois encore - que doit être appréciée la position des partenaires du passeur.

Sinon emprise les joueurs rapides de l'avantage de leur vitesse.

Maurice FABREGUETTES

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Boucher : "Ce qu'il fallait d'abord... c'était gagner !"

Dans les vestiaires marseillais, les visages étaient plus détendus que d'habitude.

Le président Luciani nous dit avec le sourire : "Applaudissons à cette première victoire ! La blessure de Boucher a désorganisé notre système de défense ! Certains joueurs ont besoin de parfaire leur condition physique".

L'entraîneur Jean Robin nous a confié : "La 2me mi-temps fut pénible pour notre équipe car l'attaque s'est avérée incapable de garder la balle !"

Poujol faisait ses débuts en équipe première. "Je suis fatigué car ça va terriblement vite !"

Escale constatée : "Nous avons commis des fautes, c'est compréhensible, nous courons tellement après cette victoire !"

Joseph était ravi. "Quatre buts en trois matches, mais j'ai reçu un coup à la cheville !"

Boucher remarquait : "Ce qu'il fallait avant tout, c'est la victoire ! Mais moi j'ai une talonnade !"

J.P. Dogliani nous annonça : "J'espère être guéri pour vendredi, je crois que le match de Nancy s'est fait ressentir !"

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CHEUVA : "Nous méritions mieux en deuxième mi-temps"

Dans le camp boulonnais, le coach André Cheuva abordait une mine sereine.

"Nous méritions mieux en seconde mi-temps ! L'arbitre a gâché le jeu, il a sifflé trop souvent !"

Raspotnik constatait : "L'arbitre a sifflé la fin une minute avant le terme du temps réglementaire".

Grabowski était plutôt mécontent : "Chaque équipe a eu sa mi-temps ! L'arbitre n'a pas été fameux ! Milazzo m'a accroché à plusieurs reprises".

Turci déclarait de façon péremptoire : L'équipe marseillaise n'est pas terrible ! On comprend son classement en la voyant jouer ! Je suis persuadé que cette équipe ne peut pas vaincre à l'extérieur !"

 

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