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Résumé Le Provencal

du 09 septembre 1962

 

L'O.M. s'incline de justesse à REIMS

grâce à la solidité de sa défense (0-1)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Jacques PONS)

REIMS - Après la bonne performance, lyonnaise, après la consécration du Parc des Princes, L'O.M. vient chercher, ce soir, le sacre de Reims.

C'est là, bien entendu, un périlleux honneur, mais les "minots" de Penverne ne nous ont pas paru tellement impressionnés tout à l'heure dans le couloir des vestiaires du stade Delaune tandis qu'ils s'échauffaient.

Quant aux chevronnés comme Rial, Knayer, Stopyra ils en ont vu bien d'autres.

Pour Hector Rial, tout de blanc vêtu, comme à l'époque ou il opérait dans le onze prestigieux du Real Madrid, c'est en quelque sorte un pèlerinage qu'il fait aujourd'hui en venant affronter dans son fief le Stade de Reims, adversaire traditionnel des Madrilènes en coupe d'Europe.

Il y a environ 12.000 spectateurs lorsque M. Poncin siffle le coup d'envoi. La soirée est relativement douce et le terrain en parfait état.

Précisons que Kopa, dont la présence était incertaine, tient finalement son poste et le public champenois a accueilli la nouvelle avec joie lorsque le speaker du stade l'a annoncé.

Dès le coup d'envoi, les Rémois encouragés par le public semblent beaucoup plus vifs et entreprenants que nous les avions vus dimanche dernier à Montpellier.

Cependant le premier tir dangereux de la rencontre et à l'actif de Viaene qui permet à Colonna d'effectuer une intervention spectaculaire.

Bien sûr, Reims a l'initiative, mais les Marseillais ne font pas mauvaise figure et tour à tour Viaene puis Bruneton se mettent en évidence. Puis (20me minute) alors qu'aucun tir réellement dangereux n'a été déclenché jusqu'ici, une magnifique percée de Dogliani permet à l'O.M. obtenir un corner.

À la 21me minute, une attaque rémoise conduite en tandem par Dubaele et Akesbi paraît dangereuse mais finalement Moreira intercepte.

Akesbi ouvre le score

Cependant, une minute après, à la suite d'un corner en faveur de Reims, la défense marseillaise ne se dégage pas suffisamment vite et Sparza récupère le ballon. L'ailier champenois s'en va sur la gauche et il centre en retrait à ras de terre vers Akesbi qui a suivi et qui se trouve absolument seul. Akesbi pousse le ballon dans le but et il ouvre le score en dépit d'une intervention désespérée de Moreira.

À la 25me minute, on croit que Reims va obtenir un second but lorsque Sparza, lancé par Kopa à la limite du hors-jeu, s'en va seul. Les défenseurs marseillais commettent l'erreur de s'arrêter car l'arbitre n'a pas sifflé, mais Moreira plonge résolument dans les pieds de Sparza et il sauve son camp in extremis.

Puis (26me minute) sur action dangereuse d'Akesbi, Moreira sauve encore.

Maintenant la machine rémoise tourne rond et les défenseurs marseillais sont souvent aux abois.

Encore Moreira

A la 33me minute, Sparza part sur la gauche, comme il l'avait fait lors du but rémois et il centre en retrait, exactement dans les mêmes conditions. Dubaele est à la réception et le second but champenois paraît inévitable lorsque Moreira plonge et sauve son camp grâce à un admirable réflexe. Les Marseillais se reprennent d'ailleurs et maintenant ils font jeu égal avec des Rémois. Ces derniers n'arrivent pas à franchir la ligne médiane avec autant d'aisance qu'auparavant et les contre-attaques marseillaises deviennent un peu plus dangereuses.

Cependant la mi-temps va arriver sans changement. Reims mène par 1 but à 0 et c'est logique contenue de la physionomie de cette première mi-temps.

Le début de la seconde mi-temps est assez terne car la défense neutralise systématiquement toutes les actions offensives.

Cependant à la 52me minute, Kopa lance admirablement Sparza et ce dernier s'en va seul. Va-t-il marquer le second but rémois ? On le pense, mais il tire nettement à côté.

Décidément, la cuvée rémoise 1962 n'est pas aussi bonne que celle des meilleures années du glorieux club champenois et, tout compte fait, l'O.M. sans faire un match exceptionnel, s'en tire plus qu'honorablement.

Oh ! bien sûr, le style marseillais n'est pas particulièrement spectaculaire, mais avec Reims il ne faut pas chercher à jouer au plus malin, et tandis qu'ils n'ont qu'un seul but de retard les hommes de Penverne peuvent toujours nourrir l'espoir de remonter leur handicap.

A la 60me minute, sur attaque en tandem conduite par Akesbi et Dubaele, Siatka vient gêner ses coéquipiers, et Moreira en profite pour intervenir.

Cependant, à la 65me minute, une magnifique attaque marseillaise se termine par un tir de Viaene que Kaelbel dévie de l'épaule.

Colonna arrête difficilement tandis que les Marseillais réclament en vain penalty qui ne paraît d'ailleurs pas s'imposer, la faute de Kaelbel étant involontaire apparemment.

La 73me minute, Siatka, qui s'est intégré à l'attaque rémoise se démarque habilement et reçoit le ballon de Kopa alors qu'il se trouve seul devant Moreira. Ce dernier sort résolument et parvient à contrer le tir de Siatka en concédant un corner.

Tout ceci tient peut-être un peu du miracle, mais Moreira a tout de même beaucoup de mérite.

Le match devient heurté et Dubaele est fauchée à la limite de la surface de réparation à la 75me minute. Le coup-franc provoque une situation dangereuse dont la défense marseillaise se tire finement avec autorité. Maintenant l'O.M. est nettement dominé, mais rien ne passe, car les défenseurs maillot blancs font preuve de beaucoup d'autorité.

À la 79me, Siatka tire fort, mais tandis que le public crie : "Il y est !", le ballon sort de peu à côté.

Pourtant, à la 80me minute, l'O.M. contre-attaque et obtient un corner. Sur ce corner, Dogliani récupère le ballon et tente sa chance. Colonna doit dégager du poing et concède un second corner.

Malgré quelques vives réactions marseillaises au cours des ultimes minutes, le score ne changera pas.

Finalement l'O.M. tombe pavillon haut et ne s'incline que par 1 à 0 sur le terrain des champions de France.

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Le pot de terre

et le pot de fer

(D'un de nos envoyés spéciaux : Jacques PONS)

REIMS - Le combat de l'O.M. contre Reims fut celui du pot de terre contre le pot de fer. D'un côté, une équipe rémoise profitant de sa supériorité d'ensemble indéniable pour mener assaut sur assaut, exerçant sur sa rivale une pression de tous les instants qui auraient pu se traduire de façon plus éloquente si des garçons comme Dubaele et Sauvage, notamment, n'avait pas été des ersatz des grands attaquants rémois du passé... En face d'une formation marseillaise n'arrivant que rarement à acheminer la balle dans la ligne de but adverse, et, de par cette carence ne pouvant compter pour marquer des buts, que sur un pourcentage de réussite maximum.

À subir sans cesse la domination adverse, il aurait bien fallu un autre miracle pour que la défense au maillot blanc de s'incline pas.

Ce qui devait arriver arriva à la 22me minute, et à dater de cet instant-là, il n'y eut plus grand monde parmi les 10 ou 12.000 spectateurs rassemblés au stade Delaune pour croire en les chances marseillaises.

Oh ! Bien sûr, Reims ne menant que par un petit but d'écart demeurait à la merci d'une unique réussite provençal... d'un tir comme celui que Viaene décocha de 20 m. en début de match et que Colonna eut toutes les peines du monde à arrêter.

Mais, au fur et à mesure que le temps passait, les chances marseillaises s'amenuisaient, bien que la défense fasse toujours front avec crânerie.

À l'autre bout du terrain, l'attaque est restée muette et n'arrivait que rarement à franchir la ligne médiane où l'attendaient Kaelbel et ses camarades.

Tous ces efforts nous paraissaient singulièrement décousus, trop décomposés, trop fragmentés pour qu'il ait une chance d'aboutir.

Les avants marseillais recevaient dans leur propre camp une balle que leurs camarades de la défense avaient déjà beaucoup de mal à ravir à Kopa, Akesbi ou Sparza. Il nous paraissait presque impossible que l'un ou plusieurs d'entre eux puisse mener à bien un raid de 50 ou 60 mètres en terrain accidenté, ô combien !

Mais nous étions quelques-uns à espérer tout de même, dispersés dans les tribunes, attendant que Reims se lasse de dominer et laisse enfin apparaître le défaut de sa cuirasse.

Comment s'étaient comportés les joueurs marseillais ?

Le jeu s'étant porté sur l'aile droite, Viaene avait donné quelque espoir alors que Sansonetti était mal servi. Stopyra étroitement surveillé par Kaelbel, et Dogliani hors du circuit.

Derrière, Bruneton, toujours en super-forme, travaillait pour deux, Rial, son partenaire du milieu du terrain, alternant les prouesses techniques et les passages à vide.

Moreira n'avait rien à se reprocher et était même excellent comme les quatre arrières sans cesse sur la brèche, mais jamais en déroute.

Côté rémois Akesbi et Kopa en attaque opéraient un ton au-dessus de leurs camarades. Quoique Sparza, rapide et très remuant, ait été souvent dangereux par ses courses folles à travers le terrain, dont l'une devait amener l'unique but de la rencontre, et une autre peu après, une nouvelle situation critique pour l'O.M.

La défense champenoise n'avait pas eu à forcer son talent pour contre les assauts spasmodiques des avants marseillais. Mais il ne faut pas croire que la défense visiteuse ait été ridiculisée par l'attaque des champions de France, loin s'en faut !

On s'achemina ainsi vers une petite victoire rémoise sans que les Marseillais inférieurs dans l'ensemble, aient démérité et sans que les plus forts aient fait une éclatante démonstration de leur valeur.

Sans doute, avec une chance au-dessus de la moyenne, pour ne pas dire insolente, l'O.M. pouvait-il repartir avec le nul ? Mais son amertume ne pouvait être de longue durée puisque n'ayant jamais eu en main les atouts nécessaires au gain du match.

Et, bien sûr, au moment de tresser les couronnes, nous ne pourrons, les décerner qu'aux défenseurs : Moreira, Tassone, Moulon, Knayer et Alauzun, et surtout Bruneton, mais on sait qu'il en faut un peu plus pour pouvoir espérer battre Reims à domicile.

  

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