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Résumé Le Provencal

du 18 janvier 1960

 

NOUVELLE DEFAITE POUR LES HOMMES DE TROUPEL QUI NE CONNAITRONT PAS LA DIVISION NATIONALE LA SAISON PROCHAINE

L'O.M. A RATE LE "NUL" A L'ULIME SECONDE

après avoir été dominé par un C.A. PARIS (1-2)

meilleur technicien et plus courageux

(De notre correspondant parisien : Marcel SERRE-SUBE)

Quelques hommes courageux se sont risqués à venir. Piste municipale de Vincennes, assister à la rencontre C.A.P. - O.M. Quelques-uns ont entraîné leur femme dans cette aventure.

Il fait très froid, malgré le soleil qui brille. Le terrain est recouvert de neige sur la totalité mais s'avèrera très jouable et à peine un peu glissant en seconde mi-temps.

Dans l'équipe marseillaise, Durand joue ailier droit, alors que Braizat est ailier gauche et Tillon avant-centre, avec comme inters Oliver à droite et Aygoui à gauche.

La défense se compose de Corazza, Ramon, et Sbroglia. Les demi-ailes du jour sont Echman et Peri.

Au C.A.P., les deux inters : Bamana et Lamelgnères, ont permuté.

C'est Tillon qui donne le premier coup de pied d'une partie s'avérant très importante pour l'avenir de l'O.M.

Pendant quelques minutes, les Marseillais vont faire illusion grâce à une bonne volonté indéniable. Mais très rapidement les faiblesses de l'équipe apparaissent : Tillon et Braizat ne sont pas dans la course, alors qu'en défense seul Molla joue net.

Dès la 1ère minute, Aygoui a pourtant eu l'occasion d'ouvrir le score. Ce sont ensuite deux tirs d'Oliver hors l'encadrement des buts, les Parisiens font preuves de vivacité et la défense joue avec assurance (Aloni, Poirot et Pivois en particulier).

A la 6ème minute, le premier corner de la partie est concédé par Sbroglia sur descente d'Hartmann.

Durand en solitaire

Les premières illusions concernant l'O.M. s'envoient plus vite que la neige ne fond. Durand se démêle à son aile, mais son travail reste improductif par la faute de ses coéquipiers : exemple le centre qu'il dirige sur Braizat démarqué à 10 mètres des buts. Mais le dit Braizat cherche "son pied" avec une lenteur que l'on peut qualifier de sage, et le ballon n'attend pas ce temps de réflexion.

C'est au contraire Samana qui déclenche un dangereux tir qui évite Corazza - et les poteaux- de bien peu.

Tirs non concluants d'Oliver

Un mouvement Aygoui - Oliver amène ce dernier à proximité de Pivois qui stoppe bien le tir du capitaine marseillais.

L'O.M. s'éteind, s'effiloche petit à petit, cédant à l'usure et à la rapidité de Capiste entreprenants. C'est ainsi que Corazza bloque difficilement un shoot de Lameignères.

Après un quart d'heure de ballon, rien d'essentiel ne s'est passé sinon un arrêt en deux temps de Pivois sur l'initiative d'Oliver.

C'est ensuite Corazza, bien incertain, qui manque de peu d'être surpris sur un tir de l'ailier gauche Ballestros.

Les Marseillais jouent étriqués chacun semble s'ingénier sottement à porter une balle qui ne demande, pourtant, qu'à courir.

Eschman k.o.

A la 19ème, un malheur bien opportun s'abat de l'O.M.

Eschman, au centre du terrain a passé la balle à Aygoui lorsqu'il glisse et tombe lourdement sur la tempe droite.

Il reste étendu sur la neige, on le transporte sur la touche, puis aux vestiaires à l'aide d'un brancard. Il réintégrera le jeu dix minute plus temps, sans avoir retrouvé l'intégralité de ses facultés. Eschman jouera en somnambule jusqu'à la fin du match où on le transportera à l'hôpital Saint Antoine pour le soumettre au verdict de la radio.

Premier but pour M'Bark

Entre temps, à la 22ème minute, à la suite d'un corner concédé par Ramon et tiré par Balesteros, M'Bark, démarqué, réussit un but sans provoquer la moindre réaction de Corazza, figé sur sa ligne tel un bonhomme de neige.

L'O.M. démantelé, lutte avec courage, mais sans aucun brio.

Durand, encore lui, secoue la défense parisienne mais Tillon et Braizat jouent à la figuration que l'on ne saurait même pas qualifier d'intelligente...

Et de deux...

Ballesteros, véloce et adroit, perce, déborde Ramon, passe à Bamana et trompe Corazza spectateur passif.

Nous en sommes alors à la 37e minute. Bamana est à son tour blessé. Un corner contre le C.A.P. corner mal exploité par les maillots blancs, clôt cette première mi-temps.

Une formalité

En seconde mi-temps, le jeu se poursuivra inconsistant du coté de l'O.M., rapide de la part du C.A.P.

Eschman joue en position d'ailier, n'ayant pas encore récupéré. De nombreux corners sont sifflés contre l'O.M. Tillon, d'une lenteur désespérante, n'utilise pas une occasion fournie par Peri. A la 52ème, Aygoui va même jusqu'à tirer un corner dehors.

D'ailleurs, Tillon, Braizat et Aygoui vont accumuler les erreurs jusqu'à la fin. Les réflexions ironiques des spectateurs, seules, réchauffent l'atmosphère assez insipide.

A noter seulement un tir appuyé d'Oliver, à la 69ème minute, que Pivois met en corner, corner sans résultat comme de bien entendu. Puis M'Bark est bien prêt d'ajouter un 3ème but.

Une tête de Tillon, l'O.M. frisse ensuite la sanction du penalty.

Corazza arrête un penalty

Ce penalty sera partie remise puisque, à la 83ème minute, Sbroglia fauchant Hartmann, l'arbitre M. Bois, montre le point fatidique. C'est M'Barek qui tire ce penalty qui est - oh ! surprise - repoussé par Corazza, bien incertain jusqu'alors.

Puis Oliver marque

A la dernière minute, Dollin commet une faute sur Aygoui. C'est le coup franc à une vingtaine de mètres des buts parisiens. Oliver, le spécialiste de la chose, marque le but pour l'O.M. A l'ultime seconde, le même Oliver, recevant un centre de Durand, effectue une reprise volée qui manque de peu l'égalisation, passant légèrement au-dessus de la transversale. Disons que ce second but aurait été par trop flatteur pour l'O.M., qui restera un an de plus en seconde division.

Aujourd'hui, l'O.M. a prouvé au public parisien qu'il ne méritait pas la Division Nationale.

C'est la seule conclusion que l'on puisse tirer de ce match.

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Le temps et le décors sibérien

n'ont pas gêné les... noirs du C.A.P.

(De notre envoyé spécial : André HATCHONDO)

Pas plus les spectateurs que nous, n'avons été victimes d'un mirage.

Sur le terrain de la "Cipale" enneigé, les joueurs à la peau brune - ils étaient quatre dans les rangs du C.A.P. : Ballesteros, Banana, M'Barek et Dollin - ont couru comme des lapins, et ce n'est pas seulement le contrôle entre la couleur et la blancheur immaculée de la neige qui les a mis en exergue.

Quand les trois premiers nommés, trop atouts de l'attaque capiste, détalaient, un frisson nous parcourait l'échine, s'ajoutant ainsi à celui que le froid nous dédia tout au long de ce match.

Match sans histoire ou les meilleurs, les plus combatifs ont gagné. Les sombres dimanches décidément se suivent et se ressemblent pour l'O.M.

La blessure d'Eschmann et le reste

Aux difficultés que connut, Ramon pour contenir les assauts de Ballesteros et Sbroglia pour tenir en respect le véloce Hartmann - à preuve le fauchage qui coûta un penalty miraculeusement sauvé par Corazza - s'ajoutèrent le jeu monocorde et improductif de Tillon et Braizat, la blessure d'Eschmann transformé en "somnambule" errant comme une âme en peine, le repli à la suite de ce coup dur de Celestin Oliver en défense, défenseur obligé de se porter en avant pour palier la carence de ses coéquipiers, sauf celle de Durand, excellent, de tout en bout.

Score logique

Mais Célestin ne pouvait être à la fois au four et au moulin... ce qui explique peut-être qu'il ait raté à la dernière fraction de seconde, une reprise de volée et l'égalisation.

En toute honnêteté, et en tenant compte des circonstances atténuantes, l'O.M. ne méritait pas le match nul.

Le C.A.P. dont personne n'ignore qu'il est une "réserve" où le Racing aguerrit ses joueurs ou leur offre le moyen d'occuper les dimanches suivant le cas, a donné une leçon aux Olympiens, leçons que nous devons écrire au pluriel ; de courage, de technique, d'humilité.

Voila encore un leitmotiv qui revient sous notre plume avec une régularité très inquiétante pour les protégés de M. Zaraya.

Tandis que les joueurs au maillot rouge, sûrs d'être protégés à l'arrière par un rempart inexpugnable - le goal Pivois arrêta quelques violents tirs d'Oliver surtout - n'avaient qu'un objectif, les buts marseillais, et parvenaient à proximité de Corazza assez facilement, l'O.M. eut toutes les peines du monde à organiser ses offensives.

Aygoui passage

Répétons, pour inquiéter Pivois, il fallait d'autres éléments que Tillon ou que Braizat. Et la ligne d'attaque, boiteuse en raison même du manque de qualité de ces deux hommes, fut, par surcroît handicapée par la mauvaise performance ! "Aygoui que l'on a vu opérer au poste d'intérieur avec plus de bonheur en d'autres temps.

Non, hélas, trois fois hélas ; nous n'avons pas été victimes d'un mirage : sur une pelouse froide des noirs ont fait fi de la température sibérienne et n'ont pas ménagé leurs efforts. C'est justice que la victoire leur ait souri

A.H.

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ESCHMANN en observation à l'Hôpital de la Pitié

Lorsque à la 19ème minute, Eschmann tomba lourdement sur le sol et resta collé à la neige, une panique s'empara de l'équipe olympienne et de la légion des fidèles, supporters parisiens de l'O.M.

Les soigneurs de Lucien Troupel comprirent sur le champ que la blessure de l'Olympien était inhabituelle. Pris à bras de corps, remis sur ses pieds, Eschmann, livide et inconscient ne tenait plus sur ses jambes.

On l'emporta hors des limites du terrain de jeu. On le coucha à même le lit moelleux de la neige en attendant le brancard. Quelques secondes après les soigneurs s'affairaient autour de lui, aux vestiaires. Sels, boissons chaudes, respiration artificielle... Le joueur retrouva ses jambes mais pas tellement ses esprits.

Dix minutes après cet accident, il revenait sur le terrain, l'oeil hagard et les jambes mais pas tellement ses esprits.

Ont eut l'impression que, peut à peut, Eschmann, balle au pied se comportait normalement.

Ses camarades nous ont assuré, après la rencontre, qu'il n'en fut rien. Eschmann était suivant la propre expression de ses coéquipiers, dans le "cirage".

Après le match, aux vestiaires, le docteur de service conseilla à MM. Zaraya et Troupel de soumettre la tête de l'infortuné olympien à un examen radiographique.

Norbert Eschmann a donc été conduit à l'hôpital de la Pitié.

Les internes de service ont décidé de l'hospitaliser. Non pas que son état soit alarmant, mais, en de tels cas, K.O. double évanouissement, on soumet le patient à plusieurs tests médicaux, en particulier à celui de l'electro-encephalogramme. Le joueur ne passera ces examens que ce matin. Leur résultat ne sera connu que mardi. On pense que le blessé et son mentor Lucien Troupel qui ne le quitte pas d'une semelle, seront de retour à Marseille dans la soirée de mardi.

A.H.

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