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Résumé Le Provencal

du 19 octobre 1959

 

L'O.M. A DEUX LONGUEURS DE NANCY

AIX A "JOUE LE JEU" MAIS N'A PU RESISTER

A L'O.M. QUI GAGNE FACILEMENT (2-0)

Célestin OLIVER claqué à la 70e minute

(Le match vu par Louis DUPIC )

Personne ne pourra reprocher aux garçons de Germain Reynier et de Nicolitch de n'avoir pas joué avec loyauté ! C'est l'impression principale qui se dégage de ce derby provençal, premier du nom, et que l'O.M. enleva en vingt minutes de jeu.

Certes Aix fut dominé et joua à quatre arrières. Mais ce fut bien plus en conséquence de la supériorité de l'O.M. que procédant d'une tactique préconçue.

Une révélation : Manouélian

Les premières escarmouches mirent en évidence un petit bonhomme trapu, brun, mais maniant la balle avec une habilité très grande pour un garçon de son âge : David Manouelian, qui mena la vie dure à Bruneton tant que Aix garda ces chances intactes.

Après un heading de Durand et un tir sur le coté du filet de Celestin Oliver, Manouelian traversa, comme en se jouant, la défense marseillaise et donna la balle à Hesse bien démarqué à son aile gauche. Ce dernier déclencha sans contrôle un bon tir brossé qui trouva Peri à la parade.

Sous l'impulsion de Manouelian, Sergent et bravo, Aix jouait agréablement donnant une plaisante réplique à l'O.M. et tout cela promettait une excellente rencontre.

L'O.M. marqué à deux reprises

Célestin Oliver allait ruiner les espérances aixoises. Tout d'abord à la 10eme minute. Il plaça un tir du gauche que Cluzel freina, d'abord, puis réussit à contrôler.

Cinq minutes plus tard, Leonetti, servi par Ramon, trouva Oliver démarqué au point de penalty. Il sembla bien que la balle tendue, allait échapper au capitaine marseillais.

Mais dans une détente de tout son être, en extension complète, il réussit à la frapper du gauche et à l'expédier en haut et à gauche hors de portée de Cluzel.

Après ce premier but, l'O.M. continua à mener les opérations tambour battant. Tillon, de près, tâta d'abord une frappe facile du gauche.

Peu après Aygoui, consécutivement à un beau travail de Durand et d'Oliver continué par un relais de Tillon, tira fort sous la transversale mais Cluzel dévia en corner.

A la 30me minute, second but de l'O.M.

Une passe au millimètre de Durand vers Leonetti au centre, une intervention ratée de Sergent et un tir du gauche de Jean-Louis qui alla se loger dans le coin à la droite de Cluzel.

Le match était joué...

Jusqu'au repos, la rencontre devait rester plaisante, deux coups francs d'Oliver aux 26me et 29me minutes mettant Cluzel à rude épreuve.

Pour Aix, c'est Hesse qui rata d'un cheveu une belle ouverture, de Bravo après une demi-heure e jeu, puis expédia un bon tir en coin que Peri arrêta bien en plongeant.

En trois minutes, l'O.M. rata trois fois la cage aixoise par Aygoui, Oliver, lancé par Leonetti, puis par Francis Peri au terme d'une montée offensive.

Une seconde mi-temps insipide

La seconde partie de match fut bien loin de valoir la première. On vit les deux formations multiplier les passes à l'adversaire, les balles en l'air et les mauvaises inspirations.

A ce jeu, Aix devait se montrer bien pâle.

La défense commença à jouer non pas brutalement mais irrégulièrement. Cela donna à Célestin Oliver l'occasion de tirer magistralement plusieurs coups francs.

L'un à la 54me minute, tiré en force, permit à Cluzel de s'envoler littéralement pour aller cueillir la balle. Deux autres tirs de Leonetti, puis d'Aygoui sur coup franc, frôlèrent les montants.

Cluzel montra encore son savoir faire en déviant du bout des doigts deux balles de Durand, excellent.

Celestin Oliver claqué

En somme un match sans histoire en raison de la trop nette supériorité d'ensemble des Marseillais et du fair-play des visiteurs.

Après la dure rencontre de Béziers, il aurait constitué une bonne affaire pour l'O.M. sans le claquage de Célestin Oliver, contracté lors de son tir victorieux en extension et qu'il aggrava à la 70me minute.

Jusqu'à la fin il devait boiter bas...

C'est peut-être pourquoi la blessure de son capitaine, dont on connaît le rôle prépondérant, sera pour l'O.M. l'évènement dominant du jour.

Le jeune Manouelian ratera en fin de partie une occasion de marquer, mais il hésitera et enverra la balle vers Hesse qui ne pourra l'utiliser.

Teymeyre déclenchera deux tirs qui trouvèrent Peri, très sur, à la parade.

De toute façon, pour Aix, il était trop tard.

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Le seul tort des Aixois :

"Vouloir trop bien jouer

(Les commentaire de Maurice FABREGUETTES )

Après Béziers-O.M., O.M.-Aix, après la Bourrasque, la mer calme.

Tellement bien calmée qu'en fin de rencontre joueurs et spectateurs faillirent s'endormir.

Ce premier derby des Bouches du Rhône avait été, semble t-il, piqué par une mouche tsé-tsé.

Pourtant, on ne saurait incriminer les joueurs qui, les uns et les autres, parurent pavés, comme l'enfer, de bonnes intentions.

Mais nous savons déjà que les bonnes intentions ne suffisent pas pour faire un bon match.

Marseille

trop manifestement supérieur

Le début de la rencontre avait cependant été plaisant et animé à la fois.

Sous la baguette de Bravo, Aix, combinait gentiment au centre du terrain, Sergent se multipliait avec assez de bonheur... et le public commençait à adopter le jeune Manoualian, dit "Manou" fraîchement sorti des rangs du club Ardziv.

Ardziv voulant dire "Aiglon" en Français, nous a t-on certifié, on se plaisait déjà à remarquer l'habilité et la vélocité de l'aiglon d'origine arménienne.

Malheureusement pour l'intérêt de la partie, ce ne fut qu'un feu de paille et, trop vite au gré des spectateurs, la supériorité marseillaise se manifesta de façon écrasante dans tous les domaines.

Oliver marqua un premier but, Leonetti un second, tous deux au bénéfice d'un marquage très largue... et ce fut à peu très tout.

Ne se sentant pas menacés, les joueurs olympiens tombèrent inconsciemment dans la facilité. Je te passe la balle, je te la repasse, talonnade par ci, feinte par là... tant et si bien que l'excellent Cluzel n'eut pas à se surpasser pour mettre un frein à ce qui aurait pu être une avalanche.

Nous ne critiquerons pas les hommes de Troupel, car il est assez exceptionnel, dans ce dur championnat-marathon, de pouvoir profiter d'un dimanche de vacances.

Il est seulement regrettable que ce dimanche de vacances se soit finalement traduit par l'indisponibilité d'Oliver.

Trop compliqué

le jeu des Aixois

Nous ne nous attendions pas, il faut l'avouer, à voir jouer l'A.S. Aix de cette façon, sympathique, aimable, mais totalement inefficace.

En fait, les Aixois commirent l'erreur de vouloir trop bien jouer.

A ce train là, ils seront nos favoris pour le challenge du "fair-play", mais ils ne gagneront qu'un minimum de points de la rencontre.

Il nous semble, pourtant que leur équipe vaut beaucoup mieux que ce jeu mièvre, sans allant et sans consistance.

Cluzet est un des bons gardiens de deuxième division ; Johansson a encore de joli reste ; Sergent, malgré sa petite taille a de l'abattage ; Teysseire s'il restait en pointe, pourrait être dangereux, et Hesse a produit une impression favorable.

Pour ne citer que les meilleurs Aixois, dont Bravo est l'indiscutable meneur de jeu, encore qu'il ait le tort de vouloir faire pratiquer à ses partenaires un football qui les dépasse.

Quant à Manouelian, qui promet beaucoup, il lui faudra éliminer de son jeu pas mal de complications et de dribbles inutiles.

Mais, d'une manière plus générale, il est indispensable que les Aixois retournent aux sources de la simplicité.

Il n'y a pas qu'Oliver

On ne s'étendra pas longuement aujourd'hui, sur les mérites respectifs des joueurs de l'O.M.

Ces appréciations seraient faussées par la faiblesse de l'opposition qui, en particulier, rendit d'une extrême facilité la tâche des défenseurs et des demis.

Dans le domaine de l'offensive, on constata, une fois de plus, que les avants marseillais avaient la fâcheuse tendance de se décharger de la responsabilité du tir sur le seul Oliver.

Pourtant l'ex-Sedanais n'est pas le seul à savoir tirer. N'est ce pas Léonetti ?

Aigouy, tant à l'aile gauche, ou il répugne d'ailleurs de jouer, qu'à l'inter, est beaucoup mieux qu'un remplaçant.

Durand, enfin, se montra en progrès très nets dans la préparation du but... Il ne lui reste plus qu'à oser ; tot comme Tillon, qui se laissa facilement enfermer par Johansson.

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LES VOISINS

DE PALIER

INTENSITE, combativité, empoignade sont des mots que vous ne trouverez dans le compte rendu de ce premier derby O.M.-Aix. Il ne pouvait en être autrement pour ce match de "voisin de palier". Des liens de parenté, en somme. Or, en football, ces liens de parenté vous interdisent de mordre dans le pain de la bataille avec la voracité souhaitée. Frappées d'une mutuelle sympathie, les deux équipes ne pouvaient nous offrir en définitive qu'une explication pleine de bonhomie, agréable certes, mais sans les hauts et le bas dont sont friands les spectateurs dominicaux.

Nulle inquiétude donc chez les uns et les autres, un match raisonnable, de bon ton, sans éclat et sans bruit, durant sa première partie. Par la suite un football dont nous dirons pour le moins qu'il manquait de saveur.

Sur le jeu, il y a cependant quelques constatations à faire. Dans cette rencontre sans violence. Ramon, par exemple, s'est montré à son avantage. On le sait bon joueur, mais peu enclin à supporter sans faiblir les rudesses de la compétition habituelle. Sans combat de près, Ramon a donc pu faire valoir des qualités techniques indiscutables. Mais hélas, le championnat n'est pas fait que de matches "à l'eau de rose". Un bon point donc, après sa sortie ratée de Nantes.

Une autre satisfaction avec Durand, bien inspiré, adroit, subtil, en un mot excellent. Il ne manque plus au fils de celui qui attaquait si crânement que ... cette qualité paternelle. Albert Durand, déçu à la fin de la saison dernière, prêt à abandonner la profession de footballeur, retrouve peu à peu tous les atouts qu'il avait dispersés au vent du découragement.

A trois reprises, il a signé hier des initiatives de réelle qualité. Il est certain qu'autour de lui la confiance grandit.

A Aix, d'abord et surtout Cluzel. Ensuite Bravo, un chef d'orchestre qui dirige un ouvrage difficile sars le minimum nécessaire de solistes. Et enfin Manouelian, un surplus de force, un lutteur qui finira beaucoup plus loin que l'A.S. Aixoise.

Cette A.S. Aixoise dont nous dirons pour terminer qu'il plairait à tous de la voir suivre une carrière plus heureuse.

Parce qu'elle est provençale, certes ! Mais aussi pour rassurer le saint homme du football qui, à sa tête depuis toujours affronte un combat inégal. La foi, il est vrai, n'a jamais abandonné Germain Reynier.

 

 

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