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Résumé Le Provencal

du 12 novembre 1958

 

SURPRISE A JEAN BOUIN

NIMES ET l'O.M. dos à dos (1-1)

Peri étincelant... les Marseillais furent

Des interlocuteurs très valables

(Le film du match par Jacques PONS)

NIMES (Par fil spécial) - Il faudrait sans doute remonter assez loin en arrière dans l'histoire des rencontres Nîmes-O.M., pour retrouver un derby aussi vivant, aussi coloré, aussi attrayant que celui qui s'est déroulé hier après-midi au stade Jean Bouin, en présence de 11.000 spectateurs.

Ce fut en effet une bonne rencontre de championnat, peut-être même la meilleure jouée à Nîmes cette saison, et l'intérêt du débat ne devait pas s'atténuer jusqu'à l'ultime minute de jeu.

Sur le vu du classement, on pouvait s'attendre à un cavalier seul des Gardois.

Or, à la surprise générale, l'O.M. n'a nullement joué en lanterne rouge, et il fut un interlocuteur parfaitement valable pour les "Crocodiles".

Ces derniers n'étaient pourtant pas dans un mauvais jour et bon nombre d'équipes auraient succombé en seconde mi-temps devant les assauts incessants d'une attaque nîmoise entreprenante à souhait.

Que la formation marseillaise dispute ses prochaines rencontres avec autorité et l'état d'esprit qui l'animaient hier, et bientôt elle remontera au classement.

Comme tout derby qui se respecte, le match débuta à toute allure et ce furent les Marseillais qui furent les premiers à se montrer dangereux. Ce fut cependant Akesbi qui mit à son actif le premier tir valable sur lequel Péri détourna en corner (13me minute). Cependant, à la 16me minute, sur contre-attaque marseillaise, Jean-Jacques Marcel, qui avait momentanément abandonné son poste d'arrière central et se trouvait en position d'ailier droit, décocha un violent tir croisé qui passa de peu à côté des buts de Rozak.

GRANSART et PERI en vedette

Le danger nîmois se précisa à la 23me minute lorsque sur action de Rahis, Péri lâcha la balle alors qu'Akeski se trouvait à proximité : un cafouillage se produisit, mais Gransart intervint avec à-propos et dégagea son camp. Puis Péri intervient en plongeant dans les pieds de Rahis qui, avait été lancé par Akesbi (24me minute) et détourna en corner un dangereux centre tir de Bettache (30me minute).

A la 35me minute, sur coup franc en faveur de Nîmes et reprise de Salaber, Péri dévia le ballon en corner dans des conditions difficiles. Enfin, à la 41me minute, sur centre de Salaber et tête de Bandera, le jeune Péri fut une nouvelle fois à la parade.

Le repos survint alors que Nîmes avait obtenu cinq corners contre un, mais le score était de 0 à 0.

Penalty pour l'O.M. - OLIVER marque

Dès la reprise, les Nîmois partirent à l'attaque et, sur cafouillage, Péri s'empara du ballon dans les pieds d'Akesbi (46me minute).

Nîmes dominait mais, pourtant, à la 54me minute, un coup de théâtre inattendu allait permettre à l'O.M. de prendre l'avantage. En effet, sur un dégagement de la défense marseillaise, Touré s'empara du ballon et s'avança dans le camp nîmois. Bettache le rattrapa alors qu'il venait de pénétrer dans la surface de réparation et le poussa dans le dos, lui faisant ainsi perdre équilibre. Après avoir hésité et jeté un coup d'oeil vers son juge de touche, M. Bondon accorda un penalty à l'O.M.

Cette fois, Oliver ne manqua pas son tir et, impitoyable pour son ex-coéquipier sedanais Rozak, il transforma imparablement le penalty.

Forcing niçois et AKESBI égalise

Les Nîmois n'accusèrent pas le coup et ils repartirent aussitôt à l'attaque.

À la 57me minute, sur centre de Skiba et reprise de la tête de Rahis, Péri se trouva fort bien placé pour stopper une balle difficile. Puis Skiba lança Akesbi, qui tenta sa chance des 18 mètres et tira en force.

Cette fois, ce fut le poteau qui sauva Péri.

Cependant, à force de tenter leur chance, les "Crocodiles" allaient tout de même finir par arriver à leurs fins.

En effet, à la 67e minute, Skiba passa à Barlaguet, qui dévia sur Akesbi et ce dernier obtient une égalisation largement méritée.

On pensa alors que, continuant sur leur lancée, les Nîmois allaient prendre l'avantage.

À la 70me minute, Barlaguet lança Salaber dans d'excellentes conditions, mais l'ailier droit nîmois manqua son tir.

Cependant, les Marseillais étaient loin de faire figure de parents pauvres et à la 79me minute, sur contre-attaque de Tillon, Rozak repoussa le ballon de façon assez heureuse.

À la 80me minute, sur centre de Oualiken et reprise de la tête de Rahis, Péri sauva in extremis sur la ligne même de but.

Une nouvelle attaque de Tillon (83me minute) fut stoppée irrégulièrement par Bettache à la limite des 18 mètres et l'arbitre accorda un coup franc.

Enfin, à la 88me minute, Akesbi eut la balle du match au bout du pied grâce à une feinte admirable qui trompa J.J. Marcel.

L'avant-centre nîmois tira si fort et si bien que s'il avait marqué on aurait dit que le "but était imparable". Mais un nouveau exploit de Péri - sans doute même son plus bel exploit du match - permit à l'O.M. de conserver le point pour lequel il s'était vaillamment battu.

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AU COURS D'UN DERBY VIVANT ET BIEN JOUE

L'O.M. NE FIT JAMAIS FIGURE DE LANTERNE ROUGE

(Les commentaires de Maurice FABREGUETTES)

NIMES (Par fil spécial) - A deux de la fin, Akesbi cueillit littéralement la balle du pied droit l'amena au sol.

Une feinte du corps à droite, suivie d'une sorte de passe de manteau vers la gauche, et le tir partit sec, inattendu vers le coin de la cage de l'O.M.

But !

Non, Péri venait de se détendre et de saisir la balle au vol, évitant ainsi à son équipe une défaite inévitable.

Cette séquence brutale, fait de deux exploits consécutifs, fut en somme le coup de chapeau des deux meilleurs joueurs de la rencontre aux spectateurs.

Le duel PERI - AKESBI

Car, ce brillant échange de balle ne fut pas le seul de la partie.

Déjà la 14me minute, le premier tir de la rencontre, oeuvre d'Akesbi, avait été remarquablement dévié en corner par Péri, et si Akesbi tira deux fois sur le poteau, Péri eut de multiples occasions à manifester sa classe et son audace.

Mais ce duel, s'il pimentait le derby sudiste, ne fut pas toute la rencontre.

Ou sera tout d'abord surpris que l'O.M. ait obtenu le match nul, sur le terrain précisément où on lui accordait le mois de chance.

Pour les spectateurs de la rencontre, ce ne fut qu'une demi-surprise.

Sans doute, le Nîmes-Olympique démontra-t-il une plus grande maturité technique et une meilleure assise, mais l'O.M. au bénéfice d'un excellent départ, ne fit jamais figure de lanterne rouge irrémédiablement condamnée.

Un excellent départ de l'O.M.

Dès le coup d'envoi, en effet, on vit les Marseillais se porter résolument à l'attaque.

Tant que Célestin Oliver, dans un rôle d'inter en retrait put conduire le bal avec l'aide d'Eschman, l'O.M. développa plusieurs offensives collectives de qualité.

Les deux meilleures se situent aux environs de la 20me minute. Par deux fois, les attaquants blancs mirent la défense de Nîmes hors de position par des séries de relais de balle.

Mais on se rendit compte du véritable mal dont souffre l'O.M. l'absence de tireur.

Car il est remarquable que le seul tir valable ayant terminé la première de ces combinaisons ait été l'oeuvre de Marcel, monté pour une fois à l'attaque.

Par la suite, Célestin Oliver ne put soutenir la cadence initiale, il est vrai très vive, et l'O.M. fut le plus souvent réduit à la défensive.

Mais cette excellente première demi-heure nous a montré un O.M. qui, peut-être pour sa première fois de la saison, a fait figure d'équipe capable de jouer un rôle intéressant dans le championnat.

Un derby vivant

On aurait tort de croire, en effet, que la performance de l'O.M. est due à un mauvais match des Nîmois.

Sans atteindre les sommets -et nous dirons tout à l'heure pourquoi - Nîmes a produit une bonne impression, tant par sa puissance d'ensemble que par la tenue de son équipe au centre du terrain.

De l'avis des spectateurs nîmois d'ailleurs, ce derby sudiste vivant et parfois bien joué a constitué une des meilleures rencontres de la saison.

Constatation réconfortante pour l'O.M. qui doit puiser dans ce demi-succès des raisons d'espérer.

Le Nîmes Olympique

pêcha par les ailes

Si le défaut de l'O.M. est l'inefficacité de ses attaquants de pointe pour les actions, si l'on excepte celle de Touré, manquant de spontanéité, de vitesse d'exécution si l'on préfère, le Nîmes Olympique souffrit de la carence relative de ses ailes.

Pour des raisons diverses, Salaber et Rahis ne furent pas eux-mêmes.

Le premier se perdit dans le détail et le second se rappela que très épisodiquement l'ailier de classe international que nous avons connu la saison dernière.

Tant et si bien que le soin de conclure revint aux seuls Akesbi.

Or, un joueur si fort soit-il ne peut suffire à tout, et Akesbi eut beau multiplier les exploits, la défense marseillaise, menacée en son seul centre, put se regrouper à temps et parer au plus pressé.

En perdant provisoirement ses ailes, le Nîmes Olympique a perdu aussi une grande partie de sa puissance offensive très provisoirement aussi.

Deux joueurs de la classe de Salaber et de Rahis ne peuvent être condamnés sur un seul mauvais match.

Pour terminer, ajoutant que l'arbitre M. Bondon se donne beaucoup de mal pour un résultat assez médiocre.

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Kader FIROUD

"La grâce que je souhaite

à l'O.M. : des victoires"

Le Gardon a repris son cours paisible.

Sur ses rivages, des arbres jonchent le sol comme d'immenses cadavres sur le champ de bataille. Le pays commence à sortir de sa torpeur.

Seul le majestueux aqueduc romain, le Pont du Gard, nargue, de toute sa hauteur, la nature, et semble se moquer éperdument de ses brusques accès de colère.

Nîmois et Marseillais avait choisi ce décor, tranquille et tourmenté à la fois pour se préparer moralement au traditionnel match de derby.

Nous rendîmes, aux premiers nommés, une visite de courtoisie avant le match. Avec une sagesse orientais, Kader Firoud nous disait : "Pauvres Marseillais ! Je les plains de tout mon coeur ! Je suis persuadé qu'ils sont capables de mieux faire. Vous savez, je prendrais volontiers quatre de leurs éléments ! Je souhaite qu'ils demeurent en Division Nationale. Pour nous, une saison sans ce duel correspondrait à un plat sans sel..."

Puis, avec un réalisme de circonstances : "Nous visons la deuxième place. Nous mettons tout en oeuvre pour nous assurer, aujourd'hui, deux points précieux..."

Entraîneur nîmois fut tout étonné d'apprendre que les Olympiens étaient dans les parages. Il ignorait que ses adversaires avaient choisi l'Hôtel du Moulin comme retraite. Autrement dit, les deux formations ont vécu la veille d'armes côte à côte.

"Je regrette de ne pas leur avoir serré la main lundi !" ajouta le coach, alors que nous arpentions le jardin de la rustique demeure.

Un car passa bruyamment à cet instant. Des bras s'élevèrent en guise de salut. Les Marseillais partaient pour le stade.

Après la rencontre, Kader Firoud regrettait que la victoire échappât à son "onze". Toujours fair-play il tint à rendre hommage aux "visiteurs" : "L'O.M. m'a conquis tout au long de la première mi-temps. Les hommes n'ont jamais aussi bien joué. Que les Marseillais s'accrochent autant dans l'avenir ! Le succès sourira. C'est la grâce que je leur souhaite..."

André HATCHONDO

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Echos des vestiaires

L'atmosphère était extrêmement calme dans les vestiaires aussi bien chez les Nîmois que chez les Marseillais, après la rencontre.

C'est que, après s'être vaillamment et ardemment battu sur le terrain pendant 90 minutes pour obtenir le gain du match, les 22 acteurs de ce beau derby ne conservaient ni amertume, ni regret.

Les Nîmois eux-mêmes n'étaient pas tellement déçus d'avoir perdu un point sur leur terrain.

C'est ainsi que Kader Firoud nous déclara :

"Je suis satisfait parce que mon équipe a fait un bon match, mais aussi parce que la rencontre a été intéressante de bout en bout...

"Nous avons en effet, le devoir de penser au public.

" Or aujourd'hui, le spectacle a été bon et c'est avant tout ce qui importe. Certes, nous pouvions gagner, car nous avons eu beaucoup plus occasions que nos adversaires, mais je suis néanmoins satisfait du résultat d'autant plus que l'O.M. vaut beaucoup mieux que ne l'indique son classement actuel.

"Je suis persuadé que si la formation marseillaise continue à jouer comme elle l'a fait contre nous, elle ne restera pas longtemps derrière."

Même son de cloche chez le président Chiariny :

"Ce fut un beau match que nous pouvions sans doute gagner, mais l'O.M. m'a surpris en bien et ce fut un adversaire redoutable.

"S'il continue ainsi, le club marseillais ne descendra pas".

Bien entendu, la satisfaction était générale chez les Marseillais, non seulement en raison du point obtenu sur terrain adverse, mais surtout par suite de l'excellent comportement d'ensemble de l'équipe.

Jean-Jacques Marcel, capitaine du onze phocéen nous déclara : "Bien entendu, je suis content, car nous avons joué avec coeur et autorité de bout en bout.

"J'ai maintenant la conviction que nous sommes sur la bonne voie et que ce premier point pris sur terrain adverse, sera suivi de beaucoup d'autres".

M. Bicais était du même avis que J.J. Marcel, mais il ajouta :

"Nîmes était très fort et très redoutable. Notre résultat est donc d'autant plus méritoire et probant"

 

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(Collection : fonds Collignon)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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