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Résumé Le Provencal

du 20 octobre 1958

 

L'O.M. perd devant ANGERS le match des occasions perdues (2-3)

Les visiteurs l'emportent

Grâce à une technique supérieure

Il n'y a plus d'applaudimètre au Stade Vélodrome... Jadis le volume des cris à l'annonce de chaque nom par le haut-parleur pouvait donner pleinement une idée de la cote d'amour de chacun... Rien de pareil maintenant. C'est l'indifférence la plus morne.

Il n'empêche que l'apparition des Angevins en blanc fut accueillie avec la plus grande sympathie alors que celle des Marseillais en rouge pour l'occasion fut saluée par une bordée de sifflets...

Dès le début de la rencontre nous étions dans le vif du sujet. Dereuddre reprenait trop mollement le renvoi par la défense locale d'un tir de Rousseau. Puis Couronne, bien placé, l'imitait avec un travail excellent de Bruey.

Un but classique de Chicha

Les visiteurs avaient eu grand tort de ne pas profiter de ces deux occasions car à la 8me minute, Jean-Jacques Marcel lançait en profondeur Chicha qui, en position d'avant-centre, crochetait du pied droit avant de placer un bon tir du gauche qui battait Fragassi. Le score était ouvert.

Peu après, le même Marcel rééditait son exploit, avec Eschman cette fois-ci, mais l'intérieur helvétique ratait d'un rien cette ouverture. Angers répliquait par Bruey qui évitait plusieurs maillots rouges et donnait la balle à Dereuddre, seul devant Péri. Mais il ratait son contrôle.

Angers réplique par Wognin

A la 13me minute, Zaetta, ailier gauche visiteurs, voyait ses tirs repoussés par Gransart puis Péri, mais Wognin accourait à longues enjambées et mettait les deux équipes à égalité.

Eschman rata de peu l'occasion de redonner l'avantage à l'O.M., mais ayant pris Kowalski de vitesse, il tira bien au-dessus.

Fragassi fut encore aidé par la chance lorsqu'il rata du pied un centre de Touré pour recevoir le heading de Vescovali... dans les bras.

Puis prend l'avantage

A la 32me minute, un loupé d'Alauzun força Péri à culbuter Wognin qu'Alauzun fut contraint de faucher peu après.

Mais à la 38me minute, une mésentente de toute la défense marseillaise laissa à Dereuddre une balle qu'il s'empressa d'envoyer dans le coin supérieur gauche des filets de Péri.

Angers menait 2 à 1.

Un geste inélégant de Molla

Dès la remise en jeu, Zaetta suivait une ouverture intelligente de Couronne, prenait Molla de vitesse et ce dernier le descendait par derrière aussi sûrement qu'avec un gourdin.

Le coup franc ne donna rien et l'on arriva au repos. L'O.M. entra aux vestiaires sous les huées.

Les Angevins se détachent

Les premières minutes de la seconde mi-temps devaient être à l'avantage des visiteurs qui ratèrent le k.o. irrémédiable

Hnatow puis Couronne, profitant d'un trou énorme au centre de la défense marseillaise ne parvenaient pas à battre Péri.

Couronne mettait ensuite de peu à côté la reprise d'une excellente ouverture de Hnatow.

À la 9me minute, Dereuddre lançait Wognin sur la droite. Dans un style admirable, le jeune noir se rabattait, dribblait Péri et obtenait le troisième but angevin.

Ensuite et peut-être un peu trop tôt, les visiteurs acceptèrent la domination de l'O.M.

Forcing des marseillais...

Menés 3 à 1, les Olympiens se ruèrent à l'assaut du but angevin, amenés le plus souvent par Marcel et Hédiart dans les centres-tirs mirent fort souvent en danger l'excellent Fragassi.

Touré rata le coche au 21me et 30me minutes, sur un centre mal renvoyé de Vescovali puis à l'issue d'une situation confuse devant la cage angevine qui le vit marché sur le ballon.

...et but de Touré

Le jeune avant centre marseillais devait néanmoins obtenir le dernier but de la partie sur une excellente ouverture de Marcel. Sbroglia glissa au départ et ne put le remonter. Il restait 14 minutes à jouer... Toute l'équipe marseillaise joua son va-tout mais en abusant des balles hautes renvoyées inlassablement par Sbroglia, Fragassi, Hnatow.

Dans l'intervalle, Zaetta avait échappé à Gransart, mais tiré sur la transversale de son mauvais pied, le droit.

Toutes les offensives désespérées des Marseillais devaient échouer et la partie se terminait sur la victoire angevine.

Louis DUPIC

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BRUEY et WOGNIN : De vrais joueurs !

Une fois encore, le courage n'a pas suffi aux joueurs marseillais pour vaincre une équipe bien supérieure en technique et en clairvoyance, sinon très forte.

Les Angevins mal classés cette saison, n'ont pas paru inférieurs à ce qu'ils étaient la saison dernière. Comparativement, l'O.M. est bien à la place qu'il occupe, hélas, puisque nettement moins forts qu'une formation qui le précédait de fort peu... jusqu'alors.

D'ailleurs cette saison, tout se déroule pour l'O.M. avec une logique implacable.

Un garçon comme Marcel ne peut être partout. S'il appuie l'attaque, on ne peut lui demander d'être un policeman. L'O.M. n'est pas l'équipe de France, Jean-Jacques doit en faire l'amère expérience.

Pourquoi l'O.M. fut-il battu par Angers ? Tout simplement parce qu'il était inférieur dans toutes les lignes et nous nous demandons bien, Marcel excepté, quel joueur marseillais les Angevins daigneraient incorporer dans leur formation.

Amusez-vous à ce petit jeu, chers lecteurs et vous verrez !

Les locaux pourront rétorquer qu'ils ont eu assez d'occasions pour doubler leur capital de but... Nous sommes bien d'accord. Mais rappelons-nous les véritables "cadeaux" faits à la défense marseillaise par Dereuddre et Couronne par exemple...

Zaetta à lui seul aurait pu obtenir deux buts de plus. À ce petit jeu là non plus on ne s'arrête jamais.

L'O.M. a perdu parce que les Angevins ont pratiqué un jeu collectif de très loin supérieure au sein, étayé par une technique beaucoup plus sûre qui rend les passes précises et les tirs dangereux.

L'O.M. n'a pas dans son attaque un leader comme Bruey à qui il est impossible de prendre la balle, un félin comme Wognin qui fait ce qu'il veut avec un ballon et qui court plus vite que quiconque.

Un joueur aussi clairvoyant que Couronne, un travailleur comme Dereuddre, et le remplaçant Zaetta serait très vite le meilleur avant marseillais.

Péri et sans reproche. Ses interventions sauvèrent même l'O.M. d'un score plus lourd. Gransart fut ô surprises... souvent pris de vitesse par Zaetta Molla et Alauzun ne surent jamais comment aborder Bruey et Wognin.

Quant à Marcel et Oliver pour des raisons différentes, ils laissèrent les coudées franches à Dereuddre et Couronne qui s'en donnèrent à coeur joie.

L'attaque valut plus par son courage que par l'harmonie de ses actions.

Les ailiers Vescovali (en pointe) qui donna du mal à Camoin et Hédiart (en retrait) furent les plus dangereux par leurs centres qui jetèrent souvent l'affolement devant le but angevin.

Chicha marqua un très joli but, mais ne fut pas plus constant que par le passé.

Touré fut mis dans des conditions de jeu qui ne lui conviennent pas du tout. Ce n'est pas à lui de créer les occasions il est là pour courir foncer dans un espace dégarni. Il prouva en marquant le second but.

Enfin Eschman ne réussit jamais à faire quelque chose de net, de tranchants. Un mystère de plus à ajouter au mystère Tillon ou mystère Oliver.

Nous avons beaucoup de sympathie pour Jean Molla. Nous serons d'autant plus à l'aise pour lui dire que nous n'avons pas apprécié son fauchage dangereux de Zaetta. Il aurait été suffisamment puni par les huées d'une foule amie.

Terminons en mentionnant les meilleures dispositions d'Hédiart qui ne fit pas que de grandes choses, mais beaucoup de choses utiles. Dont acte.

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Le réquisitoire de Louis Maurer

Maurice Blondel, l'entraîneur du S.C.O. Angers :

"Lorsque nous menions par 3 à 1 nous aurions pu confortablement augmenter notre avance tant l'O.M. nageait...".

Camion : "Cette année, ce sera plus dur encore que l'an dernier... (le Marseillais d'Angers faisait allusion au sauvetage éventuel du onze au maillot blanc qui, hier, était rouge... comme la lanterne !).

Fragassi : "L'avant-centre marseillais m'a fait de royaux cadeaux !".

Voilà ce qu'on entendait dans le vestiaire des visiteurs qui se réjouissaient d'autant plus d'avoir gagné que Sedan et Lyon avaient fait comme eux.

À côté, tout n'était qu'indifférence et lorsque entraîneur Louis Maurer nous tendit la main, un sourire errait même sur ses lèvres.

Nous lui en fîmes la remarque et il nous répondit :

"Faudrait-il que je me suicide ? Regardez les joueurs. Est-ce que cette nouvelle défaite à l'air de les toucher ? Il est vrai que MM. Zaraya et Maurer auront encore bon dos.

"Vous parlez tactique ? Quand on dit aux meilleurs de nos éléments de jouer comme ils le désirent au centre du terrain, mais de maintenir la balle à terre à l'approche des buts parce que seul Touré est apte à la discuter de la tête, ils n'en font rien.

"Aujourd'hui nous avions des ailiers mais pas d'avant-centre. Demain autre chose n'ira pas parce que personne n'y met du sien. On m'a dit et je vais finir par le croire, que les joueurs sont payés pour perdre...

"Ou alors, à commencer par les internationaux, ils sont absolument inconscients. Savez-vous que dimanche dernier ils ne s'étaient pas aperçus que leurs adversaires lensois avaient adopté une tactique du béton ?

"Savez vous que certains d'entre eux ignorent que, sur corner, l'adversaire doit se trouver à 9 h 15 du ballon ? Jamais, en arrivant ici je n'aurais cru avoir à leur apprendre cela !

"Lorsqu'ils sont au "cert", une simple promenade (je ne parle pas du footing) leur fait pousser de lourds grognements.

"Malgré la défaite, je ne regrette pas la mise sur la touche de Leonette et je vais même plus loin : il faudrait mettre tout le monde sur la touche et continuer avec les amateurs !".

Voilà les paroles de Louis Maurer. Elles constituent un véritable réquisitoire.

N'est-il pas temps de mettre chacun en face de ses responsabilités ?

Hier on a eu un peu plus l'impression que l'O.M. se mourait.

Jean PEYRACHE

  

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