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Résumé Le Provencal

du 08 septembre 1958

 

L'O.M. joue à dix (FISCHBACH blessé) pendant 80 minutes

et s'incline normalement à STRASBOURG (1-3)

STRASBOURG (De notre envoyé spécial, par téléphone) - Il fait lourd à la Meinau lorsque M. Mourat appelle les deux équipes sur le terrain. Il a même plu, de cette puis faite de larges gouttes peu propices à rafraîchir l'atmosphère.

À l'O.M., Tillon joue ailier droit, Oliver avant-centre et Eschman inter gauche.

Vous devinez donc que l'ailier gauche s'appelle Farmanian et l'inter droit Amalfi.

Exactement ce que personne n'attendait !

Le onze alsacien s'aligne comme annoncé.

Bon départ et premier but de Strasbourg.

C'est Strasbourg qui donne le coup d'envoi et, dès les premières minutes, Fischbach intervient dans les pieds de Grochulski. C'est une action volontaire et collective de l'attaque alsacienne. Elle sera suivie de quelques autres dont une se révéla payante à la 8me minute.

Sur centre de Brezniak la balle va de Rivarel à Kominek qui loupe en même temps que Molla.

Fischbach, sorti de ses filets, n'arrive pas à contrôler la balle et Grochulski ouvre le score.

C'est dommage, car la minute d'avant, sur une action Tillon Eschman Farmanian, ce dernier avait décoché un terrible shoot au ras du montant situé à droite de Visioli.

FISCHBACH, blessé, sort

Puis survint, dès la 9me minute l'accident de FISCHBACH.

Un contact trop rude avec Grochulski et le gardien reste étendu tandis que l'ailier sort en boitillant mais il rentrera peu de temps après.

Célestin Oliver va remplacer Fischbach.

Il s'en tire avec brio parfois, avec, en tout cas, toujours une bonne volonté évidente.

L'O.M., repart. On note surtout les actions rapides de Farmanian, souvent sollicité par Amalfi et Eschmann.

À la 22me minute, Visioli ne trouve son salut que dans un plongeon in extremis et, en la circonstance, l'ancien Aixois est en droit d'estimer que les événements ne lui ont pas précisément été défavorables.

TIVOLI aggrave la marque

Le match n'est pas beau. Oliver, gardien de fortune continue à se conduire comme un expert en la matière.

Qu'a-t-il à craindre, en fait ?

Diminué autant qu'on peut-être lorsqu'on perd, en cours de match, un goal titulaire, l'O.M. lance tout de même à l'assaut de Visioli : Leonetti, Marcel, Molla et une même Alauzun !

Il obtient des corners : cinq en tout, et à intervalles assez rapprochés. Mais Visioli refuse de s'incliner et c'est au contraire Oliver qui concède le second but marseillais, un bus très peu classique, si l'on songe qu'à la 44me minute, M. Mourat siffle un arrêt irrégulier de Gransart, juste en dehors de la limite.

Kominek tire doucement le coup franc vers Tivoli, placé à un mètre sur sa gauche. L'ancien Marseillais expédie la balle par-dessus le mur des défenseurs au maillot blanc et porte la marque à 2 à 0 sans que Célestin Oliver, puisse tenter la moindre parade.

C'est évidemment une belle marge de sécurité pour une équipe qui joue devant son public, face à un adversaire diminué de surcroît dans ses forces vives.

Autant dire qu'au repos, on ne donne pas cher des chances de l'O.M.

Des corners encore...

L'équipe au maillot blanc rentre, toujours amputée de Fischbach.

Elle a deux buts à son passif et on voudrait ne pas la sentir résignée à son sort.

Croit-elle vraiment en elle lorsque, aux 46me, 52me, 53me, 55me et 61me minutes, elle obtient des corners à la moyenne d'un toutes les trois minutes ?

Sur l'un d'eux, Visioli, auteur de la faute, est pourtant particulièrement maladroit. Mais les offensives des hommes de Zaraya sont trop teintées d'individualisme pour avoir le maximum de chances d'aboutir.

Strasbourg a énormément moins de mérite que l'O.M., car, au complet, il ne fait rien pour éclaircir le débat.

Le but de MARCEL...

Jean-Jacques Marcel, lui, fait renaître l'espoir au coeur des quelques supporters de son équipe qui se trouvent dans les tribunes. À la 79me minute, sur un service de Tillon, il parvient enfin à secouer les filets strasbourgeois, 2 à 1.

...Un court instant d'espoir

L'O.M. va-t-il remonter son temps handicap ?

Non car, dès la remise en jeu, Kominek échappe à la surveillance de Molla et vient fusiller Oliver de très près.

Un effet frappant la transversale, de Tillon, un autre très tendu, mais de justesse au-dessus, d'Amalfi, sur service de Leonetti veulent continuer à prouver la réalité marseillaise.

Mais Rivarel se charge, à la 88e minute, de rappeler que la réalité strasbourgeoise est tout aussi évidente. Son tir victorieux ne lui vaut pas pour autant d'obtenir le 4me but, car M. Mourat avait sifflé hors-jeu.

Ce sera la dernière action digne d'être noté au cours d'un match, qui n'en connut guère que l'on put qualifier de grande envergure.

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L'accident de FISCHBACH influença

Strasbourgeois et Marseillais

STRASBOURG - Le match Strasbourg - O.M. comptant pour la cinquième journée officielle nous a laissé sur votre faim. C'est bien le moins que l'on puisse dire.

Nous y avons vu une équipe strasbourgeoise appliquer, mais jouant sans éclat, une équipe strasbourgeoise comme nous nous attendions à la voir, parce qu'on ne nous l'avait pas annoncé comme un foudre de guerre.

Nous y avons retrouvé équipe marseillaise qui, très rapidement eu la malchance de perdre son gardien de but, blessé dans un choc avec l'ailier gauche alsacien Grochulski.

Le match eut, en somme, une durée normale de dix minutes.

Pendant les 80 autres, il fut très évident que Strasbourg (qui menait 1 à 0 au moment de l'incident) joua avec ce complexe souvent inconscient mais néanmoins réel que l'adversaire est devenu trop faible pour qu'on s'acharne à l'écraser. Et il fut encore plus évident que l'O.M. toujours présent physiquement sur le stade de la Meinau avait l'esprit tourné vers l'hôpital civil de Strasbourg ou l'infortuné Fischbach venait d'être transporter.

Voilà le match placé sur le plan moral.

Il nous est impossible de trouver une autre explication à la partie toute moyenne fournie par les 21 acteurs qui évoluèrent jusqu'au coup de sifflet final.

TIVOLI voulait sa revanche

Grochulski marque le premier but strasbourgeois et Kominek le troisième, mais Roger Tivoli qui s'assura le second est, en quelque sorte, celui qui fit la décision, nous dit sa joie d'avoir convaincu d'avoir vaincu ceux qui n'ont pas voulu de lui. Il regrettait, au coup de sifflet final que la victoire de son Racing d'adoption ait été entachée de l'incident qui provoqua le départ de Fischbach mais il nous dit :

"J'ai trouvé ma voie comme demi-aile et croyez-moi si j'ai une dent contre O.M., c'est parce que je n'ai jamais pu comprendre pourquoi, après un match moyen contre Reims, qui n'était pour moi qu'un match de rentrée après mon retour d'Algérie on ne m'avait pas offert l'occasion de me racheter.

"Ici j'habite à la Meinau même et nous formons une équipe de copains. C'est tout ce que je demande...".

L'O.M., une équipe

qui se cherche

Il faudrait écrire que l'O.M. se cherche toujours. Car cette affirmation a déjà été avancée depuis le début de saison.

On ne discute pas la valeur propre de Jean-Jacques Marcel et nous ne serons pas sûrement pas loin de la vérité en estimant que Jean-Jacques Marcel fut le meilleur homme sur le terrain.

Nous avons grande envie de soutenir que Célestin Oliver lui, fut à peine inférieure lorsqu'il joua gardien de but.

Continuons en supposant que si le même Célestin Oliver avait toujours tenu sa place en attaque (un poste de faux avant-centre assurément), Norbert Eschman eut sans doute connu une réussite approchant celle qui le favorisa à Genève contre ses anciens coéquipiers du Servette

Parfois, l'équipe au maillot blanc laissa percer des possibilités.

Par Farmanian par exemple, qui persista longtemps dans des raids-surprises. Par Eschman qui de l'aveu même de Brezniak et de Tivoli, est difficile à marquer.

Par Amalfi, dont toutefois le génie voudrait être mis au service d'une équipe qui tourne rond, ou qui n'a pas les yeux braqués sur elle comme c'est le cas de celle de l'O.M.

Avouons que Tillon nous a déçus et reconnaissons, puisque nous venons de terminer l'examen de la division offensive, que très tôt ce compartiment fut amputé d'une unité marquante.

La défense décontractée

Le plus curieux de l'histoire c'est que l'O.M., tôt handicapé par la blessure de Fischbach, opéra par ses lignes d'arrière en pleine décontraction.

C'est une nouvelle preuve qu'il est souvent facile de défendre... même en jouant à dix !

Le cas Oliver mis à part, Alauzun se confirme arrière de bonne valeur est contre-attaque souvent en première mi-temps.

On trouva aussi Leonetti et Marcel parmi les autres composants d'un sextuor défensif qui voulait renverser la vapeur, et Marcel inscrivit le seul but marseillais.

Mais, pour reprendre une opinion de Pepi Humpal, il y a des éléments à l'Olympique de Marseille.

Il est impossible qu'un jour, cela ne donne pas des résultats positifs.

Souhaitons que ce jour là soit proche...

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"Nous pouvions vaincre" estiment les Olympiens

STRASBOURG - Le vestiaire des Olympiens marseillais ne reflétait évidemment pas la joie de vivre après le match qui leur avait valu la double déconvenue de perdre deux points et leur gardien de but.

M. Zaraya se lamenter :

"Jamais nous ne pourrons terminer à onze. Et pourtant, je vous assure qu'aujourd'hui les joueurs voulaient prouver qu'ils n'avaient pas gagné à Genève par le simple fait du hasard."

Jean-Jacques Marcel était catégorique : "même à dix, même à neuf, nous aurions du gagné de Strasbourg était à notre portée ; nous avons toujours attaqué".

Pour Célestin Oliver, pas de problème de gardien du gardien de but : "Je suis apte à jouer toujours de la sorte", affirme-t-il.

Il n'en est pas moins vrai que l'ancien Sedanais a été acquis pour marquer des buts et non pas pour les parer. Attendons-nous donc à l'entrée de Claude Tonda chez les professionnels marseillais.

Nous rapportons d'autre part les propos de Roger Tivoli. Comment ne pourraient-ils pas être teintes de reproches pour ses anciens dirigeants ?

Plus calme peut-être (bien que précisons-le, Roger Tivoli n'est jamais élevé le ton), Pépi Humpal s'étonnait : "Je ne pensais pas qu'après cinq matches de Championnat, l'O.M. en serait encore à ses tâtonnements. Je regrette l'accident survenu à Fischbach mais je crois que tout de même nous aurions gagné car c'est la deuxième fois que nous jouons chez nous. Or c'est chez nous qu'il nous faudra assurer le maintien. Cela les joueurs du Racing le savent..."

Le réalisme n'a pas abandonné celui qui, à Béziers, fit de la bonne besogne, et qui est presque revenu à regret à Strasbourg car le public y est difficile.

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FISCHBACH :

arrachement d'un ligament

de la colonne vertébrale

STRASBOURG - En plongeant au devant de l'ailier gauche strasbourgeois Grochulski, Camille Fischbach heurta violemment de la tête son robuste opposant, lancé à toute allure.

Transporté à l'hôpital civil de Strasbourg, le goal de l'O.M. a été admis au service de la chirurgie A.

Il ne nous a pas été possible de le voir, mais les internes de service nous ont dit que, fort probablement, Fischbach ne souffrait que de l'arrachement d'un ligament de la colonne vertébrale. Il subira aujourd'hui divers examens de laboratoire et son immobilisation à Strasbourg attendra probablement une semaine.

 

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