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Résumé Le Provencal

du 07 juin 1957

  

LA DEFENSE DU ONZE MARSEILLAIS IMPOSE LE TIR A DISTANCE AUX AVANTS LENSOIS, PUIS SON ATTAQUE SE DECHAINE IRRESISTIBLEMENT

L'O.M. enlève la finale de la Coupe Drago (3-1)

après un excellent match d'ensemble

et une très bonne performance

de LEONETTI et DOMINGO

(De notre envoyé spécial : Lucien D'APO)

PARIS (par fil spécial) - Cette fois la finale de la Coupe Drago a fait faillite. Jusqu'ici l'épreuve de consolation des "désolés" de la compétition reine avait fait quelque bruit à chaque fin de saison. On allait à la finale de la coupe réplique avec assiduité. Mais hier soir on ne se bousculait pas dans les tribunes du Parc des Princes. Quelques milliers de personnes, sans plus, et des applaudissements trop timides pour répandre quelque chaleur.

Le "onze" marseillais s'aligne dans la compétition dans la formation prévue, c'est-à-dire que Leonetti occupera le poste d'inter droit, Marcel jouant inter gauche.

Le jour n'est pas tombé quand M. Devillers, l'arbitre libère les deux équipes.

Les premières phases donnent de l'humeur aux hommes de Robin, qui obtiennent un corner, sans résultat d'ailleurs. La balle blanche vole dans le ciel du Parc avec une certaine nonchalance, semble-t-il. Ces premières mesures montrent un football plus précis chez les Nordistes, au centre desquels Louis organise avec beaucoup de minutie. Enfin, voici une première occasion offerte au public de s'exprimer bruyamment. On applaudit, en effet, un tir magnifique de Ziemczak, de 25 mètres, qui oblige Domingo à repousser la balle en plongeant. Dans la minute qui suit, c'est Andersson qui provoque des regrets, en se faisant subtiliser la balle in extremis, alors que le ballon était fort bien placé sur son chausson.

La manière Lensoise est tout de même plus solides, plus nuancée. L'attaque olympienne se cherche. On note cependant une très belle percée au centre de Rustichelli, mal finie par la faute de... Louis. Peu après Wisniesky réussi un excellent heading, à la suite d'une touche que Domingo cueille avec une superbe élégance.

Domingo a d'ailleurs son emploi du temps bien rempli. Il souffle toutefois un moment quand Curyl réussit une excellente descente le long de la touche, mais son centre est repoussé par Kowal.

Mais voici à la 15me minute, une splendide attaque de Leonetti que Rustichelli complique d'une reprise excellente. Coup de pied au centre, Andersson, lancé, reprend en pleine foulée et fouette la balle avec une telle vigueur que Sovinski, le gardien lensois, perd son équilibre en l'arrêtant dans une position contestable.

Andersson et ses coéquipiers réclament le but. Sowinski à arrêter le cuir à l'intérieur de la cage, assure-t-il. On le refuse néanmoins et c'est Jonsson qui d'un shoot particulièrement sec trouve Domingo une fois de plus à la parade. Puis Andersson, servi en excellente position, voit son tir dévié par le poteau droit.

Le match a changé de caractère, au terme de ce premier quart d'heure. Les contacts entre joueurs sont plus rudes, sans être répréhensible. Le jeu pratiqué et d'une qualité déjà acceptable, mais le score reste vierge. La pelouse du Parc est maintenant sous le feu des projecteurs.

Des tirs des avants nordistes se multiplient et leur imprécision prend une inquiétante régularité pour eux, s'entend, car du côté marseillais, si les tentatives sont beaucoup moins nombreuses, elles n'en sont pas moins mieux dirigées. Et Jean-Jacques Marcel qui, jusqu'à là, s'était montré très réservé, trop même, fait des apparitions hautement spectaculaires. Entre autres, un solo de dribbles, mal payés, puis une intervention directe, vive que Sowinski stoppe in extremis. Pour illustrer cette application apportée dans les tirs au but, Rustichelli de 20 mètres, adresse à Sowinski un shoot d'une rare pureté. Là encore, c'est la barre qui sauve le portier Lensois.

Nouvelle fugue de Curyl ; par miracle, c'est le moins que l'on puisse dire, Fiori détourne du bout du pied le centre qu'Andersson s'apprêtait à utiliser, fort bien placé qu'il était.

Successivement, l'O.M. a deux superbes occasions provoquées par la taille de Rustichelli et d'un renversement d'attaque d'Andersson mais la défense se replie lestement.

Dans le Parc, enfin, le public s'est pris au jeu, il fallait bien donner un peu de couleur à cette finale. Des gradins, les coups de sifflet et les salles applaudissements tombent à une cadence plus logique. Domingo qui, dans ce soir parisien, semble retrouver la détente de ses vingt ans, et jusqu'ici le héros de la fête.

Et c'est la mi-temps.

Dès la reprise, sur un long dégagement de Gransart qui trouve Andersson tout seul, l'avant-centre marseillais n'hésite pas une seconde pour tenter le but, mais Sowinki cueille la balle à mi-hauteur.

Par contre, artillerie Lensoise continue à diriger ses boulets dans les nuages... saufs en cette première occasion qui se situe à la 50me minute alors que Théo trouve devant lui une balle inerte.

Il frappe et c'est la barre qui vient aider Domingo, mais de manière à ne rien devoir à l'O.M., Lens rate encore un cheveu un but dont on dirait pour employer un cliché habituel, qu'il est tout fait. La barre sauve encore Domingo qui ne pouvait rien faire de plus.

LEONETTI marque

La rencontre devient houleuse. Un peu d'affolement des deux côtés. Mais voici qu'Andersson qui remet au centre un service de Curyl. Plus exactement il feinte la reprise et laisse courir la balle vers Leonetti. Inébranlable, le jeune inter marseillais conserve le ballon en dribblant remarquablement toute la défense nordiste aux abois. Mais rien n'y peut et Leonetti qui est parvenu seul devant Sowinski le bat irrésistiblement d'un shoot de près (55me minute).

L'O.M. mène donc par un but à zéro, et c'est pourtant Lens qui, en quelque sorte, a conduit le jeu jusqu'ici.

Histoire de confirmer le point acquis grâce à la verve de Leonetti, les Marseillais se ruent encore à l'attaque et Lens doit essuyer deux offensives fort bien conçues de Curyl, qui frôle le but d'un rien, et ensuite d'Andersson.

Lens veut se dégager de cette emprise, mais il y a un certain Scotti, qui dribble, bloque, arrêtent tout avec l'autorité et un calme qui déconcerte les avants du Nord. Le "onze" olympien est maintenant maître de la situation.

Curyl marque de la tête

Les offensives marseillaises se déclenchent à un rythme soutenu. À la 64me minute, un départ en ligne, pourrait-on écrire, de toute la ligne d'avants permet à Andersson de centrer au cordeau se porte sur Leonetti face aux buts, mais c'est à Curyl que la balle arrive. L'ailier marseillais reprend de la tête et fait pénétrer la balle sous les filets alors Fiori la dégage. Mais il est trop tard. Le but est tout à fait valable.

L'Olympique de Marseille mène donc par 2 buts à 0.

Dès lors il va suffire aux marseillais de protéger et de garantir cette avance. Ils le font avec élégance, sans fermer le jeu, sans pratiquer l'anti-jeu. Mieux, ils continuent à attaquer par Andersson, Curyl, Leonetti et Rustichelli. À dix minutes de la fin, Marcel, néanmoins, se replie pour parer à toute surprise.

Mais la fête n'est pas terminée. Scotti, un moment, a quitté ses arrières et vient, balle au pied, démontrer ce qu'est l'ouverture de grand style sur l'aile. C'est Andersson qui est à la place. Il hérite, évidemment d'un service en or... Calmement, il centre d'assez loin, la balle passe, haute, devant les buts. Leonetti, qui est à la réception, se jette fulgurant sur cette balle et la reprend dans la foulée, 3me but pour Marseille (83me minute).

Enfin, Lens arrive à tromper Domingo. Il faut, pour cela, un shoot à ras de terre excessivement violent de Théo (85me minute), consécutif à un centre de Wisnieski, repris de très près par l'auteur du but.

Lens essaie de se son mieux de jouer ses dernières chances. Mais Palluch, Johansson, Gransart s'opposent avec la dernière énergie aux actions nordistes.

Et rien ne sera changé. Les Marseillais qui - une fois n'est pas coutume - bénéficient de la cote d'amour, reçoivent la Coupe Drago sous les ovations de la foule.

Les équipes ont joué dans la formation suivante :

Lens : Sowinski, Fiori, Hassouna, Zlemczak, Kowal, Louis, Wisnieski, Boury, Stievenard, Theo, Jonsson.

Marseille : Domingo, Gransart, Palluch, Molla, Johansson, Scotti, Rustichelli, Leonetti, Andersson, Marcel et Curyl

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DOMINGO préserva magistralement

une victoire signée LEONETTI

PARIS (par fil spécial) - L'Olympique de Marseille a donc très intelligemment joué et gagné cette finale de la Coupe Drago. Une finale dont on pouvait dire qu'elle se déroulera en deux actes bien distincts. Durant la première période, l'O.M. mis à profit une tactique qui s'avéra finalement payante. Il s'agissait de contenir l'attaque Lensoise et de lui imposer une zone de tir assez éloigné des buts. Lens, très actif durant cette première mi-temps, s'effrita en quelque sorte dans des courses vaines toutes terminées par des shoots de 20 ou 25 mètres.

Domingo qui, de surcroît, était dans une forme extraordinaire, n'eut donc une tâche simplifiée pour essuyer sans dégâts la canonnade adverse.

Il convient cependant de souligner les trois arrêts - de près ceux là - que le goal marseillais réalisa dans une détente et avec une sûreté déconcertante.

Le deuxième acte - les deux équipes étaient à égalité à la mi-temps : 0 à 0 - vit l'O.M. récolter les fruits de sa tactique du début.

Lens, nous l'avons dit s'était effrités. Le "onze" marseillais entreprit alors une série de charges d'autant plus efficaces qu'elles étaient construites par toute la ligne d'avants. Placés en fausse position, demis et arrières nordistes ne trouvèrent que d'imparfaites répliques aux assauts olympiens.

Ils ne purent rien contre l'entreprise victorieuse de Leonetti et moins encore contre le heading vainqueur de Curyl. Le troisième but de Leonetti ne fut que le coup final - le descabello, si vous voulez - qui ne faisait que confirmer une situation acquise dès le premier but du jeune inter marseillais.

Domingo et Leonetti ont donc été les héros de cette finale jouée dans un Parc des Princes à moitié vide (recette 3.294.950 fr.)

Mais, avec que, il convient de souligner la solide partie de Roger Scotti - en défense - et de Curyl qui fit, à l'aile, de très bonnes choses par moment.

Rustichelli eut des déboulés qui plurent au public parisien.

À un degré moindre, Molla, Palluch, Gransart et Johansson s'évertuèrent à protéger leur territoire, avec efficacité d'ailleurs.

Andersson et Marcel jouèrent selon leur forme du jour, avec des bas mais aussi des hauts. Marcel eut d'ailleurs deux interventions de très grande classe mal payées finalement.

À Lens, Louis bien meilleur en attaque qu'en défense, Boury, Zymzack et Kowal se montrèrent les meilleurs mais, tout en ayant conduit le jeu, Lens n'a pas su profiter de ces initiatives, au contraire des marseillais qui jouèrent, si l'on peut s'exprimer ainsi à 100 pour 100.

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C'est quand même une Coupe !

Pas de difficultés pour obtenir des déclarations dans le vestiaire des marseillais. Il y a là des supporters, des dirigeants, des journalistes et Gunnar Andersson à la recherche de ses souliers.

"On me les a volés", clame l'avant-centre, qui s'appuie négligemment sur la coupe pour réfléchir.

Le vestiaire est en révolution pour cette paire de chaussures. Il faut les trouver, on les cherche. Enfin elles étaient là ! On peut parler football maintenant.

C'est Domingo qui commence :

- C'est quand même une coupe. Je crois que nous avons fait un bon match.

- Vous, en particulier.

Le grand Marcel se contente alors de sourire modestement.

Scotti ne s'est jamais inquiété :

"Nous avons fait ce qu'il fallait faire. Nous les avons obligés à shooter de loin... et pour battre Domingo de 20 m, hier..."

Rustichelli, dont l'un des tirs s'est écrasé sur la barre, n'est pas du tout mécontent :

"Nous voilà gagnants d'une coupe. C'est déjà quelque chose !"

Même satisfaction chez Gransart, Palluch et Johansson qui ne cachent pas, par ailleurs, leur satisfaction de voir la saison officielle s'achever.

Quant à Leonetti, il rougit devant le tir croisé des questions que lui posent tous les journalistes.

"Je suis content, je suis content".

C'est tout ce qu'il peut dire.

 

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