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Résumé Le Provencal

du 14 avril 1957

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Résumé Le Provencal

du 15 avril 1957

  

Le R.C. PARIS, équipe complète, l'emporte sur l'O.M.

qui ne lui opposa que de pâles individualités

Le Racing Club de Paris nous a offert hier, au Stade Vélodrome un spectacle de qualité.

Tous les hauts faits du match (à commencer par les trois buts marqués par Grillet (30e minute) Pillard (32e minute) puis enfin le même Pillard (85e minute), vinrent du Racing, de ses arrières, de ses demis - ailes, et ses inters, de ses avants de pointe.

Merci au Racing Club de Paris d'avoir comblé.

Il est possible que les "Pingouins" de Gusti Jordan aient caracolé à cause de l'infériorité manifeste leurs opposants mais si nous connaissons beaucoup d'équipe qui, le coeur aidant, savent S'ELEVER au niveau d'un rival réputé supérieur, rares sont celles qui, bien que nettement mieux armées ne TOMBENT pas dans les pièges involontaires tendus par le bégayant opposant.

L'O.M. tel qu'il est !

Il nous faut bien prendre l'O.M. tel qu'il est mais il nous faut aussi dire à quel point il nous a déçu devant le Racing qu'il avait nettement battu à l'aller, au Parc des Princes.

Nous n'avons pas retrouvé l'équipe qui, au dehors, fait l'admiration de ses hôtes mêmes !

Nous avons eu peine à croire que du tandem des demis-ailes Scotti-Molla à celui des inters Jensen-Marcel il y ait eu un fossé, un creux, un trou, un espace libre si grands, si vastes, si désespérant vides de porteurs du maillot blanc.

Nous avons eu peine à le croire et pourtant nous l'avons vu !

C'est le carré central Bollini-Ugorenko - Guillot-Dalla Chiesa qui, digne successeur du quatuor Banide - Delfour - Kennedy - Veinante à dicter sa volonté.

Voilà pourquoi l'O.M. a pris trois buts et en aurait sans doute encaissé d'autres si Domingo avait parfois accompli des prodiges.

Il nous faut prendre l'O.M. tel qu'il est soit, mais regrettons qu'en face du Racing il se soit trouvé dans un jour néfaste... et qu'il n'est pas compris la nécessité de faire "quelque chose" pour redresser une situation qui se dessina (favorable pour l'équipe parisienne) aux 30e et 32e minutes, mais ne fut jamais catastrophique.

Trois hommes seuls...

Consciemment ou non, l'O.M. remit son sort entre les mains (et les pieds) de trois hommes : Marcel, Domingo, Gunnar Johansson et Roger Scotti.

Le premier fut quelque peu médusé par le but de Grillet qui ne réussira peut-être jamais plus de sa vie de footballer le shoot plongeant qui ouvrit la marque.

Le grand mérite du goal olympien fut par la suite d'être obligé de lutter pour limiter le score, sans le moindre espoir d'une matinée glorieuse.

Croyez-nous sur parole, il n'est pas gai pour un portier de jouer au football dans de telles conditions !

Johansson peut-être moins "facile" qu'à l'ordinaire, fut souvent dans l'obligation de faire flèche de tout bois. Ceci explique cela !

Roger Scotti enfin, à parfois la malchance de s'appeler Roger Scotti.

Nous avons vu des hommes au maillot blanc rechercher leur numéro 4 pour lui transmettre une balle qui semblait leur brûler les pieds !

On ne bat pas le Racing Club de Paris avec des joueurs qui ont peur de prendre leurs responsabilités peut-être (sûrement même) parce que leur condition physique n'est pas excellente et qu'elle devrait l'être.

Le Racing : un ensemble

Il est certain que Gransart a souffert devant Sénac autant que devant le meilleur ailier gauche qui se puisse concevoir.

Et pourtant, Sénac n'a rien d'un ailier.

Long et dégingandé, il ne nous a pas donne l'impression d'avoir le "jump" d'un Rahis ou d'un Rustichelli, mais Senac fait partie d'un ensemble.

Nous voulons bien croire Stan Curyl lorsqu'il nous dit : "Quand cela veut aller, le Racing est une équipe irrésistible mais quand rien ne sourit c'est celle de la débandade..."

Une vérité est... vraie pour la majorité de nos équipes professionnelles.

Encore une fois contentons-nous de juger le Racing des dernières vingt-quatre heures.

Ses assises étaient (et se confirmèrent) solides surtout par le très clairvoyant arrière central Sosa et par Marche auquel Rustichelli eut le tort de livrer un duel particulier, une sorte de "match dans le match" qui tourna le plus souvent à l'avantage du capitaine tricolore.

Nous avons dit ce que nous pensions du carré central qui trouva matière à construire dans le champ libre lui fut offert au milieu du terrain.

Il n'était donc pas possible dans ces conditions que l'attaque qui se résume dans le football moderne à trois principaux marqueurs de buts, ne fasse pas feu de des... douze crampons de chacun d'eux.

L'ombre de Cisowski

n'effleura personne

Senac, le remplaçant, ne manqua pas mais Pillard chargé lui de faire oublier Cisowski y parvint en battant à deux reprises Marcel Domingo.

Autant dire que l'ombre de Cisowski n'effleura personne autour de la verte pelouse du boulevard Michelet.

Nous comprenons très bien en voyant opérer des équipes comme celle vêtue de ciel et blanc à quel point le football peut laisser espérer de grands résultats lorsqu'on part du principe que la balle va plus vite que les hommes.

Le Racing a rappelé à l'O.M. une vérité première... qui a rapporté deux points au professeur !

Jean PEYRACHE

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GRILLET (1) et PILLARD (2), auteurs des 3 buts du Racing

auxquels aucun olympien ne sut répondre

La nuance n'est pas celle d'OM-Saint-Étienne lorsque l'arbitre italien M. Campanati (qui sera directeur de jeu remarquable) par... sa discrétion siffle le coup d'envoi.

C'est Pillard qui, vent dans le nez, met en jeu.

Les premières minutes se sont faites que d'escarmouches. Les deux équipes ne se livrent pas encore à fond, mais si (2me) Andersson est stoppé par un très net hors-jeu, on apprécie déjà (3me) un joli renversement d'attaque de Guillot sur Senac.

À la 7me minute, Andersson se signale par un obstiné travail sur l'aile gauche.

Déjà on sent que Rustichelli livre une lutte d'homme à homme à Roger Marche aussi déterminé que son jeune opposant, mais le Racing va, dans un peu plus d'un quart d'heure répond par de belles actions d'éclat "collectives" au jeu fait de courses solitaires et peu inspirées des Marseillais.

Deux fois Grillet se présente seul devant Domingo (15me et 17me) et la deuxième fois le gardien olympien est obligé de se jeter au devant de l'ailier parisien, puis c'est Scotti (20me) qui met un point final à une offensive Guillot, Pillard, Grillet.

Un blocage Domingo sur tir de Senac (22me) deux tirs au-dessus de Ugorenko (25me) puis de Senac (26me) et, à la 28me minute, Dellaciecca oblige Domingo à un difficile plongeon. La balle sort en corner : le premier... une sorte d'avertissement !

Deux buts en deux minutes

La 30me minute va voir cet avertissement confirmé de manière payante pour le Racing.

Ugorenko sert Grillet qui déborde sur l'aile et se rabattant vers les buts olympiens échappe à Mesas et à Molla et place un tir plongeant qui surprend Domingo.

Le Racing mène par un but à zéro mais... pas pour longtemps.

On remet en jeu et, déjà Pillard oblige Domingo a plongé (31me), puis (32me) Dellaciecca lance le même Pillard qui fonce vers en position exacte de l'avant-centre qu'il est et de vingt mètres bas Domingo sur sa gauche d'un tir à mi-hauteur.

Le plongeon du grand Marcel a été inopérant et le Racing mène par 2 buts à 0.

Déjà le souvenir de Lens effleure les esprits.

L'O.M. flotte. À la 39me minute, Gransart laisse à Senac une balle juste sur la ligne médiane. Le Racingman profite pour lancer Guillot qui a pris sa place, file sur l'aile gauche, se rabat et son shoot "brossé" trouve la transversale.

Nouveau tir de Guillot (42me) que Domingo repousse et l'O.M. va par Andersson (43me) qui raté de justesse un centre shoot de la gauche, puis par Jensen qui oblige (44me) Taillandier à plonger donner à ses supporters un vague espoir de redressement.

Le handicap était trop lourd

La deuxième mi-temps aurait pu être plus attrayante si l'O.M. avait réussi dès l'entrée à réduire l'écart.

Ce serait le thème général des conversations d'après match.

C'est ce que le spectateur qui en veut pour son argent suscite dès la remise en jeu effectuée cette fois par Andersson.

À un essai infructueux de Pillard (50me), Rustichelli répond par une volontaire percée et un centre court à ras de terre (52me) que Curyl mais au-dessus.

Nous notons ensuite deux corners : l'un pour le Racing (58me), sur une passe mal inspirée de Gransart à Domingo : l'autre (60me) pour l'O.M.

Léger réveil de Scotti...

Le Racing fait la loi et Dallaciecca oblige Domingo à lui concéder un nouveau corner (62me) mais Roger Scotti secouent la torpeur de ses camarades (65me), en effectuant une spectaculaire montée terminée par un shoot sans résultat puis en trouvant le mur parisien sur un coup franc accordé à Andersson alors que l'avant-centre avait le champ libre.

Le coup de grâce de PILLARD

Le mur trouvé, Taillandier se trouvait là pour parer aisément puis Rustichelli se fait copieusement siffler (70me) parce qu'il a élevé le cuir très haut dans le ciel.

Le match languit. Entre deux corners obtenus (71me et son 74me) sans résultat par le Racing. Rustichelli échappe à Marche (75me) trop avancé et va jusqu'à portée de Taillandier qui lui planche dans les pieds.

C'est pourtant Pillard qui a le dernier mot à la (85me minute, lorsque, lorsque, hésitant d'une balle centrer par Grillet et qui a fait quelques voyages au devant de Domingo, il la loge pour la troisième et dernière fois dans les filets marseillais.

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PILLARD a impressionné

l'excellent arbitre M. CAMPANATI

Dans le cadre des accords conclus entre la Fédération Italienne et Française de Fotball, l'arbitrage du match O.M. - Racing avait été confié au referee transalpin M. Campanati.

Le directeur du jeu se montra tellement à son avantage qu'au coup de sifflet final, il regagna les vestiaires, sous les applaudissements unanimes du public marseillais.

Très satisfait de cette ovation et aussi de la correction des deux équipes, il nous déclara après le match par le truchement de l'arbitre Remorini :

"Cette partie a été extrêmement correcte. Cela va faciliter la tâche. J'ai surtout remarqué dans le onze du Racing, numéro neuf (Pillard).

"C'est un très grand joueur et je me demande maintenant quelle doit être la force de Cisowski, titulaire du poste d'avant-centre.

"Quoi qu'il en soit, je tire un large coup de chapeau à Pillard (nous lui avons entre-temps révélé son nom), car il l'a largement mérité".

- Pouvez-vous établir un parallèle entre le calcio italien et le football français ?

"Il est difficile de répondre à une telle question. À mon avis, pourtant, je pense que des équipes comme Milan ou la Fiorentina, sont légèrement supérieurs à celle du Racing".

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SOSA a enchanté JORDAN

Guisti Jordan, L'entraîneur du Racing, était satisfait après le match et ne cachait pas.

Après nous avoir confié sa joie il nous parla en termes chaleureux de Sosa.

"Il a opéré comme un véritable professeur (sic). Son aisance, sa classe, son intelligence, son sens du jeu, lui ont permis de briller d'un vif éclat. Il a fait à mon avis, l'un de ses meilleures parties de la saison, la meilleure peut-être".

Nous ignorons de quelle façon le grand Argentin se comporte les autres dimanches.

Hier en tout cas, il a été irréprochable. Si on n'en est pas convaincu d'ailleurs, il n'y a qu'à demander à Andersson ce qu'il pense de son adversaire direct.

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DOMINGO (désabusé)

"Le Racing a joué en véritable équipe nous pas !"

Le silence, un silence gêné, régnait dans les vestiaires marseillais aussitôt après la fin du match O.M. - Racing.

Assis pour la plupart, les joueurs marseillais reprenaient à grand-peine leurs esprits.

Tous restaient muets car ils avaient pris conscience de leur infériorité.

Au milieu d'eux, marchant de long en large M. Zaraya.

L'animateur de la section Pro fumait nerveusement. A notre approche il eut un sourire légèrement désabusé et nous déclara assez amèrement :

"Nous venons d'assister au plus mauvais match de la saison de l'O.M. Heureusement que Domingo était là est un peu là. Sans lui il est certain que nous aurions pris un carton..."

Robin semblait partager totalement ce point de vue :

"Nous étions dans un off day comme disent nos amis Anglais. Le Racing à une fort belle équipe. Néanmoins je persiste à croire que si tous mes joueurs avaient opéré avec le même courage que Domingo, le score aurait été moins lourd.

L'unanimité ou presque s'étant faite sur le portier Marseillais, il ne nous restait plus, dans ces conditions, qu'à prendre son avis.

Le sémillant Marcel, qui est, on le sait, un gagneur, était courroucé. En guise de préambule d'ailleurs, il nous avoua :

"C'est un véritable désastre ce 3 à 0 sur notre terrain".

Puis enchaînant, il ajouta :

"Le Racing a joué en véritable équipe. Nous pas. Ils ont tiré aux buts chaque fois que l'occasion se présentait. Nous pas".

"Ils se sont infiltrés dans notre défense comme dans u boulevard ! Leur succès est donc tout à fait normal.

Le Racing satisfait

Lorsque nous pénétrâmes dans les vestiaires du Racing, les joueurs de M. Delaye étaient en train de chanter en choeur, une chanson qui aurait fait rougir un corps de garde.

Nous les laissâmes terminer, bien entendu.

Dès la fin de ce concert improvisé, Grillet nous déclara :

"Notre victoire a été facile. À Paris, lors du match aller, le béton marseillais nous avait surpris. Aujourd'hui en ne fermant pas le jeu, nos adversaires nous ont permis d'obtenir un résultat logique".

L'Orangeois, en verve décidément poursuivit :

"Et puis, vous avez vu mon camarade Pillard ? Quel beau joueur n'est-ce pas ? Pour ma part, je le considère presque comme égal de Cisowski.

En entendant ces dernières paroles, entraîneur du Justi Jordan se retourna et répliqua :

" Pas si vite, Pillard, certes, possède des grandes qualités, mais il n'est pas encore prêt à détrôner "Ciso".

Ceci fut dit sur un ton tout à fait neutre. Ce qui laisse à penser que le coach des "Pingouins" ne veut surtout pas que ses boys aient la tête démesurément enflée aussitôt qu'ils font un match sortant de l'ordinaire.

Sage méthode que certains auraient intérêt à appliquer.

M. GOIRAND

 

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