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Résumé Le Provencal

du 10 décembre 1956

  

LES MARSEILLAIS FONT FEU DES QUATRE FERS DANS LE MATCH "DE LA RESURRECTION", QUI SE TERMINE DANS UNE AMBIANCE SUD-AMERICAINE

L'O.M. triomphe "au sprint " du onze Lyonnais (3-2)

Dans une fin de match passionnante et acharnée

Nous n'étions plus habitués à ces fins de match ou la passion le dispute à l'acharnement. Ils étaient déjà trois ou quatre dont le pourcentage d'invalidité était bien réel quand Lyon et l'O.M. se retrouvèrent tous deux avec deux points à leur actif. C'est alors, que près de vingt mille personnes retrouvèrent, avec des battements de coeur accélérés, l'équipe dont la combativité avait été autrefois la marque. Oui, c'est bien vrai, les belles aventures de Reims, de Paris, de Toulouse se confirmaient dans le ce dernier quart d'heure, ou toute qualité technique était peut-être absente mais qui n'en constituait pas moins la preuve de la résurrection olympienne.

Ils avançaient vers les buts lyonnais avec frénésie, la rage au coeur d'avoir été trompés, à leur sens, par une erreur d'arbitrage. Ce second but Lyonnais qui, avant de mourir dans la cage, sous la poussée de Schultz, avait connu des tribulations en marge de la légalité, n'était visiblement pas au goût des joueurs marseillais et de leur public. Cet acharnement à vaincre à tout prix se transformait peu à peu en affolement quand Roger Scotti, avec un calme presque insolent en la circonstance, renvoya la balle que Solakian n'avait pu contrôler qu'imparfaitement. Elle pénétra dans un accueillant coin de but... et Solakian n'y était plus.

C'est alors que la colère populaire tomba. C'était presque une délivrance pour ce public reconquis, qui avait tout pardonné à ses joueurs et qui entendait, hier le voir triompher logiquement.

Scotti et Andersson

A la vérité, ce succès est fort justement mérité. L'O.M. ne fit pas emploi de sa formule "hérisson" et joua avec une certaine constance aussi bien en attaque qu'en défense. Mais ne disons pas que ce fut un grand match. Plus simplement un match mieux joué que les autres - ceux du Stade-Vélodrome - et qui constitue déjà un progrès.

On pourra toutefois noter un sens offensif plus prononcé parmi les avants, au centre desquels Gunnar Andersson est en passe de retrouver une bonne partie de son prestige. Indiscutablement Gunnar a réarmé ses bouts de pied et pour ne rien gâter, il "joue" maintenant avec plus de malice. Le retour d'Andersson au premier plan et peut-être imminent. C'est une bonne chose pour l'O.M. qui se doit de le favoriser.

Mais comment, une fois encore de ne pas souligner l'extraordinaire rendement de Scotti. Hier, tout comme Andersson d'ailleurs, il était, partout. Lui, inter, se présenta deux fois dans la zone franche d'attaque. La première fois se fut pour donner à Andersson se but sinon "tout fait", du moins bien préparé et la seconde pour mettre un terme aux inquiétudes de ses coéquipiers. Avec ça, il étouffa une foule d'attaques lyonnaises que Ninel, Lerond, Antonio et Knayer s'efforcèrent de construire sans relâche.

Lyon produisit un jeu assez agréable et direct ; Schultz, puissant attaquant, abusa du dribble et précipita ainsi la défaite des siens.

Mais que le très honorable M. Fauquemberghe, l'arbitre de ce match, à interdire aux cardiaques ait pour Roger Scotti une pensée reconnaissante. Son but libéra beaucoup d'angoisses, avons-nous écrit plus haut, mais évita aussi au directeur de jeu les reproches d'un public qui a cinq minutes de la fin était difficilement apaisable.

N'avions-nous pas assisté à ce match de la "résurrection" dans une ambiance sud américaine ?

On sait ce que cela veut dire.

Lucien D'APO

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Quatre buts en neuf minutes

...et une victoire justement acquise

Les Marseillais ont revêtu des maillots bleus pour affronter les Lyonnais.

Les équipes se présentent telles qu'elles avaient été annoncées.

Le vent, qui s'était manifesté durant le match de lever de rideau, a disparu. La température est plutôt fraîche.

Andersson se distingue

et Mercurio marque

La partie débute et Novak doit solliciter Solakian dès la première minute. Le public n'apprécie pas et le montre.

À la 4e minute, Scotti sert Andersson. Le ballon s'envole. Mais il frappe le poteau tandis que la foule hurle.

Lyon domine le plus souvent et on note un tir de Fatton (6') puis un autre de Schultz (7') un plongeon de Domingo dans les pieds de Kermali (16') et deux shoots de Schultz (17' et 18') pour un seul essai de Curyl (14').

À la 19e minute, Andersson laisse Lerond sur place, attire Solakian mais ne peut conclure.

Après un bolide de Schultz, repoussé par le poteau (20') à la 28e minute, sur une ouverture de Scotti, Andersson tente sa chance, Lerond contre cette tentative, la balle prend de la hauteur, Mercurio la reprend de la tête et ouvre la marque :

O.M. : 1 - Lyon : 0.

Cossou égalisé

A la reprise, Kermali, alerté par Fatton, égalise, et M. Fauquemberghe a signalé une faute.

Les visiteurs dominent toujours. Le jeu devient heurté et Marcel, puis Mercurio sont touchés, ainsi que Lerond qui laissera ses camarades à dix, à la 71e minute.

À la 76e, Schultz, au terme d'un excellent travail préparatoire, sert Kermali. Dernier possesseur de la balle, Cossou s'en débarrasse superbement au profit de la cage marseillaise :

O.M. : 1 - Lyon : 1.

L'intérêt de la partie qui s'était quelque peu atténué au fil des minutes, connaît un regain inattendu.

Les visiteurs se prennent soudain à espérer.

Trois minutes après l'exploit de Cossou, Scotti adresse une balle "en or" à Andersson. Une reprise de volée, c'est le but qui traduit la volonté des "bleus" de garder l'avantage :

O.M. : 2 - Lyon : 1.

Jouant mieux à dix qu'à onze les "soyeux" multiplient leurs attaques et à la 82e minute, Fatton, à terre, réussit à pousser le ballon vers Schultz.

Domingo, à bout portant est battu alors que les spectateurs - qui ont vu une faute - (main de Fatton) manifestent :

O.M. : 2 - Lyon : 2.

Scotti signe la victoire

La fin du match est palpitante. Le jeu devient haché, confus, viril.

Mais les Méridionaux ne désarment pas.

À la 85e minute ils recevront leur récompense par Scotti : Palluch a shooté un coup franc sur lequel Solakian ne peut que repousser... devant Roger.

Une reprise effectuée en décontraction :

O.M. : 3 - Lyon : 2.

L'O.M. a bel et bien gagné.

Et si Antonio puis Cossou attaque encore, le score restera inchangé.

Georges LEOST

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Les Marseillais à l'image d'ANDERSSON

C'est en luttant avec acharnement que les Marseillais ont réussi à vaincre les Lyonnais.

Rien d'étonnant, donc, à ce que les "battants" se soient illustrés. Et ceci plus spécialement avec l'égalisation (à 1-1) de Cossou.

Dans les buts phocéens, Domingo fut battu de près à deux reprises. Il eut par ailleurs d'excellentes parades.

Devant lui, Gransart finit beaucoup mieux qu'il n'avait débuté alors que Palluch se montra égal à lui-même.

Chez les demis, Marcel apporta sa contribution à l'oeuvre commune. On décèle chez lui un souci certain de ne pas prendre trop de risques (son genou lui impose la prudence) mais Jean-Jacques n'en reste pas moins précieux.

Johansson se heurta au meilleur Lyonnais il faut en tenir compte pour juger Gunnar.

Motta travailla sans relâche, souvent avec efficacité, mais dans son style habituel.

En attaque, Durand démarra à toute allure. Puis il subit la loi d'un Novak décidé, bien placé et... plus grand.

Scotti ? "Pensa" les attaques, mis de l'ordre et à paracheva son oeuvre par un but splendide tout le sang-froid.

Andersson est incontestablement en condition ascendante. Le point qu'il inscrit est de ceux dont on se souvient.

Mercurio plaça un heading judicieux et se dépensa généreusement.

Curyl le manqua de compétition. Il fallait s'y attendre. Mais il nous donna quelques échantillons de sa valeur.

Dans le camp adverse, Schultz abattit un labeur titanesque. Fatton - plus direct - remua énormément. Mouynet (en première mi-temps), Knayer, Ninel et Antonio se mirent également en vedette, sans oublier Cossou, au but admirable.

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"Aujourd'hui ce fut un festival Scotti"

Les olympiens une fois n'est pas coutume ont regagné leurs vestiaires sous les applaudissements nourris des spectateurs du Stade Vélodrome.

Et ces applaudissements d'ailleurs étaient bien mérités. Car les Marseillais avaient joué ce match contre Lyon avec un coeur admirable.

Jean Robin, le coach du onze encore sous le coup de l'émotion que lui avait procuré cette palpitante fin de partie, était enfin joyeux et détendu.

"J'espère que la confrontation a plu au public", nous déclara-t-il en guise de préambule.

Puis il ajouta :

"Ce match fut très ouvert et j'ai souvent eu peur de voir nos adversaires égaliser de nouveaux.

"Quoi qu'il en soit, nous ne méritions de gagné".

Andersson, toujours le premier rhabillé, s'apprêter à quitter les vestiaires, lorsque nous l'accrochâmes au vol.

"Ça été dur (sic) nous dit Gunnar, mais l'essentiel c'est d'avoir battu Lyon et ensuite reconquis nos fidèles".

Roger Scotti l'homme qui permit à l'O.M. de couper Lyon sur le poteau, savourait une gauloise.

Souriant, maître de lui, l'inter droit olympien fit la critique du match en ces termes :

"Notre première mi-temps a été quelconque. En seconde nous nous sommes bien repris et je suis heureux que nous ayons enfin enlevé une rencontre sur notre pelouse car il y a longtemps que cela ne nous était pas arrivé".

Mais ce fut encore Constantino qui eut le mot de la fin. En effet, il entra dans les vestiaires la mine satisfaite, s'approchant de Scotti et lui dit d'un ton sincère et admiratif :

"Aujourd'hui tu as fait un véritable festival."

Les Lyonnais muets et mécontents

Dans les vestiaires adverses, il fallait monter patte blanche pour franchir la porte.

Et lorsque nous réussîmes à pénétrer dans le coin des Lyonnais, ce fut pour trouver des bouches closes.

L'amertume de la défaite, on le comprend, ne rendait pas prolixe les dirigeants, l'entraîneur et les joueurs de la cité des Gones.

Troupel, le coach du onze refusa tout d'abord de faire la moindre déclaration.

Puis, se ravisant, il laissa tomber :

"Je ne m'explique pas pourquoi l'arbitre a refusé notre premier but, marqué par Kermafi ? Il était parfaitement valable portant."

En entendant ces paroles, le brun ailier droit renchérit :

"Ce n'est pas vrai je n'ai pas contrôlé la balle de la main avant de battre Domingo pas plus que je ne l'ai bousculé."

Nous laissons bien entendu entière responsabilité de cette affirmation à son auteur.

 

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