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Résumé Le Provencal

du 06 février 1956

  

Vingt mille spectateurs stupéfiés par Jean-Jacques MARCEL et ANDERSSON

ont vu les Marseillais imposer leur loi

L'O.M. ELIMINE NETTEMENT LE R.C. STRASBOURG (2-0)

après un match intelligemment conduit

(LUCIEN D'APO vous raconte le match)

CASABLANCA (par câble spécial) - Avant que ne commence ce match O.M. - Strasbourg une véritable fête pour le football marocain, ils étaient quelque vingt milles spectateurs à battre des mains au rythme de la musique des haut-parleurs.

On eut dit une grandiose danse du pays qui apportait en quelque sorte la note folklorique de la manifestation des Européens pour la plupart dans la grande tribune de construction hardie de ce Stade Marcel Cerdan. En face, sur les gradins en terre battue des populaires, les djellabahs aux couleurs vives se déplaçaient sans ordre. Par contre, quand le match commença, cette foule bigarrée, hurlante de couleur, pris la forme d'une vague qui se portait de droite à gauche et vice versa, selon les fluctuations du jeu.

Pour tous, il s'agissait bien d'une fête et dès les premières mesures, la foule adressait ses premières marques de sympathie à l'O.M. N'y a-t-il pas entre l'O.M. et le Maroc ces liens qui ont noms Ben Barek, Salem, Bouchaib, Chicha, c'est-à-dire des hommes qui connurent d'inoubliables heures de gloire sous le maillot blanc ? Le soleil inondait la moitié du stade quand les gens commencent à se ranger sagement, mais il y a du vent, un vent assez fort. À la "Marseillaise" succède l'hymne chérifien, puis tout à coup un alsacien brandit un large drapeau aux couleurs du R.C.S. Il n'a pas le temps de concentrer l'attention sur lui, qu'aussitôt cinq, six, dix oriflammes portant les inscriptions "O.M." jaillissent des tribunes. Le ton est donné, la bataille peut commencer.

Rustichelli n'attend pas

Dès le coup d'envoi, les deux équipes cherchent à imposer leur volonté. L'O.M. a plus de réussite dans cette entreprise. C'est Rustichelli qui adresse le premier shoot qui rencontre la barre transversale sur son passage.

Peu après, Hertrich s'avance devant Poncet qui lui plonge dans les pieds. L'autorité des marseillais se précise.

Andersson marque

Il y a cinq minutes que l'on joue. Rustichelli dans une condition exceptionnelle, sème la panique dans le camp alsacien. La défense qui se concentre sur lui laisse la zone qu'occupe Andersson dangereusement dégarnis. Si bien que Rustichelli parvenant à traverser tout un paquet de joueurs, feinte à la perfection et sert pareillement Andersson dans le trou. Ce dernier ne se presse pas, il attend la sortie du goal Barthelmebs et au premier réflexe défensive de ce dernier, il tire dans le coin gauche. Un but remarquablement bien placé et sur lequel fond un tonnerre d'applaudissements.

O.M. : 1 ; Strasbourg : 0.

Strasbourg se reprend quelque peu, par Skiba surtout, puis un moment calme au cours duquel les deux équipes, un peu essoufflées par leur départ rapide, essaie de retrouver leur vivacité du début. Hertrich met un terme à cette trêve en plaçant un shoot de biais fort dangereux, mais que Poncet stoppe, tout comme il stoppera deux tirs de Stojaspal et une nouvelle tentative d'Hertrich. Mais la verve de l'ailier alsacien semble ne pas convenir à Gransart qui annihile toutes les velléités de son vis-à-vis. Dès lors, Hertrich sera bien surveillée.

Strasbourg maintenant, prend le contrôle des opérations. Les avants s'installent face aux buts marseillais. Un long moment les hommes de Rolhion doivent faire face aux charges furieuses de leurs adversaires (15 à 25 minutes). Puis à grands coups de pied le trio défensif de l'O.M. finit par dégager son camp.

Quelques frissons à la 29e minute quand, sur un tir de Stojaspal, Poncet laisse échapper la balle puis il la rattrape sur la ligne... Ouf !

Et Chicha ?

Le voilà. Le marocain sur lequel vingt mille paires d'yeux se sont posés, commence à se signaler. Ses percées sont très spectaculaires. Il attaque avec

Autour d'Andersson maintenant de lancer Chicha. Shoot juste au-dessus.

L'O.M. a repris l'initiative du combat et se complait maintenant à jouer avec des goûts d'artiste. La foule applaudit. Les pavillons de l'O.M. flottent de plus en plus haut. Celui du R.C. Strasbourg est enfoui sous les banquettes. Le stade se dresse quand Rustichelli réussit à franchir toute une série de joueurs au centre du terrain avant de lancer Andersson qui manque son shoot.

Et voici Rustichelli à terre (42e minute). L'ailier marseillais doit être transporté sur la touche, il hurle de douleur.

Entorse. Une entorse assez grave. Dès lors, Rustichelli qui avait affirmé une forme remarquable, ne sera plus d'aucune utilité. Il restera néanmoins sur le terrain. Jusque là, il avait été époustouflant.

C'est la mi-temps. L'O.M. a conservé son avantage d'un but à zéro.

En profit de la mi-temps pour présenter les équipes au résident général M. Dubois. Le représentant du gouvernement, grand sportif, se passionne pour la rencontre. Les présentations terminées, on revient à l'explication balle au pied. L'O.M. aborde donc cette seconde partie du match avec dix joueurs et un éclopé.

Aussitôt Strasbourg se porte à l'offensive par Dreyer et Bruat qui appuyent les entreprises de leurs avants. Stojaspal essaie de son mieux de se défaire de Mesas mais en vain. Non seulement le jeune olympien interdit toute action ou presque de la vedette autrichienne, mais de plus, il utilise remarquablement les balles qu'il subtilise à son célèbre rival. Stojaspal n'en revient pas. Néanmoins il réussit tout à fait fortuitement à placer un tir à bout portant, que Poncet repousse magnifiquement du poing, et c'est Mesas qui dégagent (48e minute).

Maintenant les Olympiens dansent littéralement devant la cage alsacienne. Ils sentent leur adversaire au bord du gouffre.

Le coup décisif n'est pas loin. Il vient sous la forme d'un coup franc que J.J. Marcel tire de 20 mètres en deçà de la ligne médiane en regardant les buts de Strasbourg. Le coup franc qui arrive à Chicha démarqué, et admirablement exploité par l'inter olympien, qui ouvre en direction de la gauche sur Andersson tout seul. Wendling, malheur pour lui, a laissé le goal guetter sans surveillance. Andersson ne s'émeut pas. Une fois encore. Il ajuste posément sa balle et tire dans le coin droit, celui où ne se trouve pas Barthelmebs.

Comme par hasard c'est le deuxième but, d'une nouvelle salve de bravo et de cris viennent ponctuer (50e minute).

Chicha, Chicha ! ! !

Maintenant c'est le quart d'heure de Chicha qui commence, on le voit partout, il lance Gunnar, sert Palluch qui vient de temps à autre devant, dribble, feinte et réussit quelques excellentes opérations à travers toutes les lignes alsaciennes. Il n'en fallait pas davantage pour que les Marocains de la pelouse hurlent leurs encouragements à leur diable de joueurs. Hélas, il manquera deux occasions splendides. Weindleing fauchera ensuite Andersson en position de tir (60e). Le coup franc ne donnera rien et de nouveau Chicha jaillit hors d'un paquet et seul s'avance vers Barthelmebs. Tout le monde croit au but, lui surtout mais son dribble est trop long (65e). Cela ne l'empêche pas de continuer son festival avec Andersson, tous les deux s'en donnent à coeur joie.

On note même un heading d'Andersson que seul la barre transversale empêche de transformer en but (68e).

Le réveil de Strasbourg

Les Strasbourgeois réussissent à modérer les ardeurs des Marseillais. Les voilà qui captent la balle et entreprennent une longue série d'offensives que Poncet, ses arrières, la chance et les barres rendent nulles.

À la 72e minute Skiba s'échappe à l'aile, peut se redresser, et tire dans sa foulée. La balle frappe l'horizontale, revient en jeu. Hertrich reprend de toutes ses forces et la balle se détourne sur un Olympien. Skiba à genoux implore la Madone.

Les Alsaciens attaquent, Stojaspal, Muller, Haan, Hertrich, frappent au but, mais il y a toujours Poncet à la parade ou le dégagement inattendu d'un Marseillais.

Il reste trois minutes à jouer quand une tête à bout portant de Skiba prend irrémédiablement, semble-t-il, le chemin des filets, mais Poncet c'est détendu. Son saut, véritable spectacle, lui permet d'arracher la balle aux filets.

Un bel exploit ovationné.

Deux à zéro, on s'en tiendra là. Mais pour les titulaires du maillot blanc, l'affront de la Meinau est essuyé et leur retour aux vestiaires est évidemment plus gai qu'il y a quinze jours.

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Malgré le sursaut sympathique de STRASBOURG

dans le dernier quart d'heure, l'Ol. de MARSEILLE

a bien mérité son succès

(TONY TEMPESTI vous raconte le match)

CASABLANCA (par câble spécial) - "Le principal nous disait sans amertume M. Scheurer, après le match, c'est que le public marocain se soit retiré satisfait de la belle partie que nous lui avons fournie".

Effectivement ce fut une bien bonne partie et avant de la commenter, il convient de féliciter l'Olympique de Marseille, brillant vainqueur et son valeureux rival.

Et à réception de la tactique défensive et compréhensive adoptée par les Marseillais, s'appliquant à sauvegarder ce beau capital de deux buts, à un quart d'heure de la fin, nous trouvâmes de part et d'autre beaucoup d'application à pratiquer un jeu large, spectaculaire, un jeu bien fait pour gagner les faveurs d'un public chaud et surtout connaisseur.

Un vent assez fort n'était pourtant pas fait pour arranger les choses. L'Olympique de Marseille qui avait à subir le premier ses rigueurs s'en accommoda beaucoup mieux que le R. C. Strasbourg, puisqu'il arriva au repos avec un but d'avance marqué de façon irrésistible par l'astucieux Andersson. Les choses allaient déjà bien pour lui et personne ne s'étonna donc de cet avantage qui marquait bien la supériorité technique d'une équipe plus complète dans son ensemble, plus coordonnée dans ses lignes, d'une équipe possédant surtout un solide défenseur sur un adversaire jouant bien au football, mais trop statique et surtout désorganisé par l'absence de son chef d'orchestre Raymond Kaelbel. Car il faut bien le dire le demi centre strasbourgeois manqua beaucoup dans la formation alsacienne qui, si elle joua de malchance en fin de match, (si l'on peut appeler ses maladresses malchance), aurait pu tout aussi se voir rendre la monnaie du fameux 5 à 0 infligé aux marseillais à la Meinau, puisque Rustichelli, le meilleur homme sur le terrain en première mi-temps s'était foulé la cheville, juste avant le coup de sifflet annonçant la mi-temps, ne revint sur le terrain que pour jouer le rôle de figurant.

Réduit ainsi pratiquement à dix, les phocéens toujours par Andersson n'en avaient pas moins augmenté leur actif des hommes d'un nouveau but et affirmé une supériorité qui aurait pu se traduire de façon plus désastreuse pour les hommes d'hesseirer, si Andersson et Chicha, un Chicha que l'air du pays avait sans doute survolté n'avaient chacun raté d'un cheveu de but.

La meilleure équipe, celle qui avait le match, s'est révélé avec les honneurs de ce stade Marcel Cerdan, où elle s'était sentie comme chez elle, tant le public s'était montré chic et chaleureux pour elle sans pour cela faire mauvaise contenance à l'adversaire malheureux.

Une ligne d'avants

en verve.

Dégager du souci moral que pouvait représenter la présence de Kaelbel sur le terrain, les avants marseillais notamment Andersson, on fait feu de tout bois.

L'attaque phocéenne marqua deux buts elle aurait du en marqués trois fois plus avec un peu plus de réussite. Mais il faut reconnaître que le travail remarquable dont elle nous gratifia pendant une bonne demi-heure, en seconde mi-temps lui fut une utilement préparer, amalgamé par les solides et efficaces lignes que représentent demi et arrières marseillais.

Dans l'ensemble ce fut donc un beau succès collectif.

Rustichelli le jongleur

Il n'est pas douteux que si l'O.M. jouait toujours aussi énergiquement que Stade de Casablanca, il ne décevrait pas souvent.

D'un point de vue individuel et en commençant dans l'ordre les choses, par cette attaque qui nous a agréablement surpris nous signons surtout l'excellente impression fournie par Rustichelli, tout le temps qui resta valide sur le terrain.

Jonglant littéralement avec l'arrière alsacien Schweitzer, le petit ailier marseillais se mal de façon permanente la panique dans la défense adverse. C'est sur l'un de ses déboulés irrésistibles qu'Andersson ouvrit non moins irrésistiblement la marque.

Sa présence illusoire (ce n'était plus qu'un figurant) après la blessure qui contraria quelque peu le rendement de la ligne après le repos, fut en quelques sortes une veine pour les Strasbourgeois délivrés le danger permanent qu'il constituait. Bien qu'ayant joué principalement 45 minutes "Rusti" mérite d'être cité parmi les meilleurs hommes du match. Avec lui il faut citer naturellement, les bombardiers Gunnar.

Johansson opéra, hier, avec toute la quiétude possible, déconcertant à tout coup son garde du corps Wendling, demi centre de circonstances, qui ne savait plus ou l'attraper. Andersson évoluant entre tantôt centre, tantôt à gauche, exploita à souhait toutes les occasions provoquées par les partenaires et notamment par ce Chicha magnifique d'inspiration hier, qui, après l'avant Rustichelli, fut pour l'avant-centre marseillais le plus sûr partenaire.

Chicha non plus n'eut pas à se plaindre de Gunnar qui, en dehors de ses exploits personnels, s'appliqua avec une virtuosité généreuse à mettre en valeur le jeune inter marocain.

Jean-Jacques Marcel justifia lui aussi cette confiance parce qu'il respecta vigoureusement les consignes qui lui étaient dévolues : celles d'inter opérant en retrait et qui étaient celle d'un pourvoyeur pour les avants de pointe, en même temps que celle d'un quatrième demi appelé à soulager ses camarades de la ligne médiane.

Devant lui, Andersson bénéficia ainsi, de bonnes balles de sa part et Scotti trouva derrière, un précieux partenaire pour museler le dangereux Muller.

De Palluch, nous dirons qu'il fut un utile cinquième homme. On ne peut évidemment trop demander à un arrière qu'on transforme en ailier ; sa présence à gauche de l'attaque fut en tout cas des plus payantes et elle valut plutôt par le souci de tous les instants qu'elle créa à l'arrière l'alsacien Hauss. Palluch avait surtout pour mission de venir renforcer la défense le cas échéant ce qu'il fit avec autorité lorsque le moment fut venu c'est-à-dire dans le dernier quart d'heure de jeu.

Mesas a muselé

Stojaspal...

Passant au rôle joué par le la ligne médiane nous dirons tout de suite que Mesas en fut l'élément le plus en vue.

Le solide "Mimi" qu'on a coutume de considérer comme un remplaçant patenté de l'équipe à tout simplement muselée le prestigieux Stojaspal et de quelle façon.

Le fameux international autrichien n'en est pas encore revenu.

Bien que souffrant de la cuisse droite, Roger Scotti a tiré son épingle du jeu comme l'a fait Johansson. Solidement encadrés par Gransart et Molla, intraitable, défenseur sur lesquels Hertrich et Skiba effritèrent leur bonne volonté. Molla parce qu'il avait affaire à Skiba le plus dangereux attaquant strasbourgeois, ressorti peut-être plus que Gransart, mais le blond arrière droit abattit lui aussi une solide besogne.

Enfin Poncet réalisa un grand match, il sauva notamment avec sang-froid deux situations qui paraissaient désespérées. Le keeper marseillais avaient hier, tout dans son jeu. Le coup d'oeil, la détente et inspiration. Lui aussi a bien contribué pour faire échec aux Strasbourgeois et pour valoir à son équipe une belle qualification.

Retrouverons-nous pour les huitièmes de finale un O.M. aussi éloquent ? nous le souhaitons.

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Dans le clan olympien

tout le monde était aux anges

CASABLANCA (par câble spécial) - Gunnar Andersson a dansé la samba sous la douche. Le policeman marseillais était tellement heureux qu'il ne savait plus très bien ce qu'il faisait.

"Nous n'avons peut-être pas mieux joué que d'habitude, mais cette fois tout tournait rond", déclarait-il tout trempé.

Roger Scotti, qui est maintenant un vieux routier sur lequel victoires ou défaites n'ont presque plus d'effet laisse tomber : "Nous avons gagné très facilement. Notre domination a été constante, malgré les à-coups des Strasbourgeois et puis voyez-vous ça fait plaisir".

Molla lui, a remplacé les larmes de la Meinau par un sourire plein de soleil.

Nous lui faisions remarquer : "Tout change. C'est la vie, c'est le football". Alors ce grand garçon hermétique comme un sphinx sur le terrain, nous dit :

"Je crois que je suis trop content aujourd'hui".

J.J. Marcel, juché sur la banquette, assure que l'arbitre s'est trompé plusieurs fois, mais, au fond, ces propos ne l'intéressent pas. Il préfère cligner de l'oeil et regarder tout son monde avec une profonde satisfaction.

Quant à Andersson lui, la cigarette et mon premier souci. Puis il dit :

"Le vent a été pour moi un handicapé considérable. Nous aurions pu gagner plus largement mais il faut reconnaître aussi que nous avons eu de la chance".

"De la chance ajoute Mesas, qui depuis son retour aux vestiaires ne s'arrête plus de parler, tu es large toit ! Moi je vous le dis, nous aurions pu marquer deux buts de plus, et puis voyez-vous, on ne vous parlera plus du coup dur de Strasbourg".

James Poncet rajuste sa chevelure et constate : "J'ai repoussé un tir que j'avais vu dedans. Ah ! mais dans les tirs de près : je suis à on aise.

Gransart, qui a fait un travail de géant durant la pression strasbourgeoise, rit sous un masque d'athlète fatigué : "Nous avons pu les contenir, il est certain que nous avons conduit le match."

Enfin, Chicha, très entouré par ses compatriotes regrette de n'avoir pas réussi ce but qu'il avait au bout du pied. Puis il nous questionne : "Dites-moi que pensait le public ?

Bien, sacré Chicha, bien...

Quant à Roger Rolhion, il a un visage serein, visiblement on sent que l'entraîneur à un poids de moins sur la poitrine.

"Tout a voulu marcher dès le départ. Un match tient deux à peu de choses. Nous avons indiscutablement mieux joué. Je vous mentirais si je vous disais que je ne suis pas content".

Puis c'est M. Alfieri qui nous sauterait presque au coup quand nous arrivons :

"Et voilà, c'est fait. Cette fois la dette est réglée. Les gars ont bien joué n'est-ce pas ?

Le vestiaire des alsaciens évidemment plus silencieux. Kaelbel, qui n'a pas joué, n'ose apporter aucune critique. Skiba par contre, considère que les marseillais ont eu une chance inouïe. C'est également la vie de Haan et Dreyer.

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SKIBA, HERTRICH, DREYER ont un peu fait diversion

dans le jeu statique de STRASBOURG

CASABLANCA (par câble spécial) - De toute évidence l'absence de Kaelbel a pesé lourd dans la balance et si le proverbe dit qu' "une hirondelle ne fait pas le printemps", est-ce bien là le onze strasbourgeois qui a copieusement battu l'O.M. il y a quinze jours ?

Il était ainsi sur le stade "Marcel Cerdan" les dix autres alsaciens qui ont signé l'étonnant résultat de la Meinau. Comment comprendre ce renversement des autres ?

La vérité est que ce qui est arrivé à l'O.M. il y a quinze jours à Strasbourg, s'est produit cette fois au détriment du onze d'Heisserer. Andersson manquait l'autre jour à Marseille, Kaelbel a infligé hier, à ses coéquipiers la même douche morale.

Quoi qu'il en soit, la belle équipe de M.Soheuer manqua visiblement de ce ressort qui déclenche les énergies qui forcent les victoires. Quelle lenteur dans le jeu alsacien, quelle uniformité dans cette insistance à vouloir déborder par les ailes.

Nettement pris de vitesse par la défense phocéenne ; il est vrai qu'on ne pouvait espérer autre chose d'une équipe souffrante d'un Stojaspal trop occupé, par des subtilités non payantes, à vouloir se débarrasser en vain du coriace petit Mesas au lieu d'opérer de façon plus réaliste. Et comme le rendement de l'attaque strasbourgeoise tourne autour de la production de Sojaspal, on comprend que cette première ligne alsacienne ait fait payait d'une désespérante inefficacité quelques réactions des ailiers.

Skiba et Hertrich, par contre, sauvèrent heureusement de l'indolence totale la production de l'équipe et en définitive, ce furent ces deux joueurs extrêmes qui furent les plus en évidence dans le onze du Racing strasbourgeois. C'est on ne peut plus logique. Nous adjoindrons à ces deux joueurs, le demi gauche Dreyer ; par contre Wendling, chargé de la surveillance de Gunnar Andersson, s'acquitta assez mal de cette mission. L'avant-centre marseillais le pris en défaut huit fois sur dix et c'est ce qui explique en partie la défaite irrémédiable de Strasbourg. À l'image de son arrière central, toute la défense alsacienne flotta et le goal notamment eut beaucoup de mérite à s'en tirer avec 2 buts...

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M. SCHEURER, président de Strasbourg

"ANDERSSON c'est le diable"

CASABLANCA - M. Scheurer, président actif du R.C. de Strasbourg, est un homme remarquablement pondéré et sportif, nous l'avions vu il y a quinze jours à Strasbourg éclatant de joie à la suite du brillant succès de son équipe, nous l'avons vu hier pareillement affale des affables, moins gai évidemment après l'élimination de son équipe.

"L'O.M. a joué très intelligemment, nous y disait-il. Son football était celui qu'il fallait appliquer pour battre mes garçons. Hélas ! vous le savez mieux que moi, l'absence de Kaelbel désorganise toute l'équipe. Nous avons essayé de jouer mais en vain.

Par ailleurs les Marseillais avaient aujourd'hui Andersson. Quel diable ce joueur. Quand il a la balle c'est un danger constant. Ces deux buts ont été parfaits. Deux balles deux buts que pourrions-nous y faire. Il faut être sport avant toute chose d'essentiel n'est-il pas d'avoir offert aux Marocains un excellent match de football. Nos deux équipes ont bien joué, c'est le principal. Je souhaite néanmoins une belle réussite en Coupe à l'Olympique de Marseille qui est une équipe méritante".

Bravo M. le président !

 

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SUBRINI et les frères

SCHEIBENSTOCK

sont venus encourager

leurs jeunes successeurs

CASABLANCA - Marseille avait bien entendu, la cote d'amour, mais ce à quoi on pensait le moins c'est de voir au premier rang des tribunes de vieux olympiens marseillais qui sont Subrini et les frères Scheibenstock René et Charley. Des noms qui ont fait les beaux jours de l'O.M. il y a trente ans.

Subrini qui est installé à Casablanca depuis bien longtemps et les Scheibenstock venus spécialement de Fedalan, n'auraient pas voulu manquer ce match pour un empire - fût-il chrétien.

La joie de ses vétérans faisait aussi plaisir à voir que celle des nouveaux après la victoire. O.M. quand tu nous tiens.

 

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