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Résumé Le Provencal

du 02 avril 1956

  

LE ONZE OLYMPIEN, REVIVIFIE, TRIOMPHE DE REIMS (1 à 0 )

Grâce à leur plus grande rapidité et à une tactique appropriée

les Marseillais ont réussi à disloquer le jeu rémois

NON, ce n'est pas un poisson d'avril ! C'est une authentique victoire acquise par onze joueurs décidés, rendus à une meilleure santé sportive, chargés de poudre fraîche et combatifs comme aux plus beaux jours de leur histoire.

Oui, nous avons retrouvé tout cela, hier à travers les assauts d'une équipe récoltant les premiers fruits de son assiduité.

Nous n'irons pas jusqu'à être aussi satisfaits en ce qui concerne le domaine purement technique qui reste encore un jardin interdit à nos Olympiens, mais ne soyons pas trop gourmand ! Dans la bataille pour la balle, dans la continuité de l'effort, les vainqueurs de Reims ont obtenu une mention très bien. Et cela devrait être dit, non seulement parce que ce renouveau, ce raidissement confirme les nombreuses critiques que l'équipe essuya un mois durant, mais justifie aussi la politique nouvelle de l'entraîneur Jean Robin.

Tactique valable

En composant son équipe, Jean Robin avait surtout voulu neutraliser les hommes les plus dangereux du onze rémois. La position de Scotti - par ailleurs dans une très bonne condition - s'avéra finalement judicieuse. Mais ce qui valut surtout, c'est l'autorité de l'équipe dans l'application de cette tactique qui en fait consistait à disloquer, à détruire le jeu rémois, seule formule valable à circonstances. Tomber dans le jeu mécanisé du onze champenois, constituait l'erreur de ne pas commettre. Le secret de la victoire olympienne réside et dans cette prudence et - nous l'avons dit - dans ce renouveau physique qui marque chaque joueur.

Scotti - Marcel

La solidité et la clairvoyance de Roger Scotti ont été hier à la base du résultat. Sa production a été aussi séduisante qu'elle peut être languissante lorsque notre homme recherche une condition qui n'a pas.

Hier, le "cerveau" olympien était tout à son avantage. Il manoeuvra à travers cette équipe champenoise avec une lucidité et une faciliter presque insolente. Vous comprenez mieux alors le rendement général.

Quant à J.J. Marcel, auteur du but, il eut des interventions aussi efficaces pour ses coéquipiers que le furent celles de Scotti. Marcel était hier au beau milieu de ses amis de l'équipe de France : Kopa, Glovaski, Leblond, Jonquet, Bliard, et tout normalement il voulut se rappeler à leur bon souvenir. Le Brignolais l'a fait avec une suprême élégance.

Et Andersson ? Fort bien le nouvel ailier, tout de frais tondu (because les heading !) à l'aile, il galopa comme jamais, centra parfaitement et réalisa deux ou trois pirouettes balle au pied à faire frémir Rastelli lui-même.

Prédal

Roland Prédal, en si noble compagnie, jouait, lui, la carte la plus difficile. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il a su la jouer avec une belle audace. Prédal doit encore être vue, c'est certain, mais il a déjà su répondre présent. Nous attendrons avec confiance.

Par contre au rayon des critiqués, Constantino occupa encore une place vraiment peu en rapport avec ses antécédents.

Mesas, quant à lui, a certes rendu la vie difficile à Kopa, mais, que diable, il a d'autres moyens ! Plus de courtoisie, S.V.P. c'est une qualité à répandre aussi sur les terrains de football.

Durand très dynamique, Gransart entreprenant, Mercurio qui eut de bonnes distributions, Palluch infranchissable ou presque et surtout Johansson excellent hier, ont donc apporté, enfin, des satisfactions à un public et qui commençait à désespérer.

Mais, nous l'avons dit - on ne peut pas tous avoir d'un coup - il restera un travail technique à accomplir.

Monsieur Kopa

Le stade de Reims a affiché encore son extraordinaire maîtrise dans le maniement du ballon, mais il reste aussi improductif devant la cage et s'enferre sur le pal de la décision.

Reims, c'est toujours un régal pour les yeux, mais aussi l'équipe qui vous laisse sur votre faim au moment de la conclusion.

Mais quel beau rêve peut-on faire en imaginant Kopa sous le maillot blanc. Deux centres et cette extraordinaire attaque qu'il construisit au centre du terrain en sautillant sont autant de merveilles footballistiques dans le seul dépositaire français est Kopa.

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Heading vainqueur de MARCEL à la 36e minute

puis l'O.M. se déchaîne en seconde mi-temps

Depuis bientôt deux semaines Marseille était privé de son légendaire soleil.

Pourtant messire Phébus, après s'être longuement fait désirer, avait daigné malgré tout, accordé son concours match O.M. - Reims.

Aussi lorsque les deux équipes pénètrent sur le terrain, le ciel est presque entièrement dégagé la température est douce, et le stade copieusement garni, chose rare.

Reims présente une équipe remaniée par rapport à celle qui était prévue.

Leblond, en effet, joue demi droit, à la place de Giraudo tandis que Lamartine opère au poste laissé vacant par l'international (inter droit).

L'O.M., par contre, s'aligne dans la formation annoncée.

Reims gagne le coup d'envoi. L'O.M. engage.

Les Marseillais, qui ont été copieusement sifflés à leur apparition, sont désireux, on le sens de rentrer en grâce, auprès de leur public.

Ils débutent donc rapidement et obtiennent un corner qui ne donne rien. Sur la contre-attaque rémoise, Lamartine, tire à côté de la cage de Predal (3').

Au moment de cette action Bliard, blessé involontairement par Marcel sort du terrain pour se faire soigner. Ils regagnent peu après sa place en boitant fortement.

Les olympiens poursuivent leur pression pendant 20 bonnes minutes, mais la défense champenoise, s'oppose aux essais adverses avec beaucoup de bonheur.

Les shoots des avants olympiens sont en général mal dirigés. Scotti qui en compagnie de J.J. Marcel accomplit un labeur considérable, donne quelques bonnes balles à ses partenaires.

Ceux-ci cependant n'exploitent pas convenablement les occasions du leader olympien.

À la 21me minute, Hidalgo déboule et se place pour tirer. Gransart arrive en trompe le fauche à l'intérieur de la surface. L'arbitre laisse courir et ne siffle pas un penalty pourtant indéniable. Les Rémois protestent en vain.

Les Rémois font un excellent travail au milieu du terrain mais répugnent à prendre des risques à l'approche des buts.

Marcel marque unique but du match.

Les minutes s'écoulent. Le score est toujours 0 à 0.

À la 36me minute Durand trompé Scholhommer qui se reprend dans un ultime sursaut pour mettre le cuir en corner. Mercurio le tire. Durant reprend de la tête et oblige Jacquet à concéder un nouveau corner. Le coup de pied en coin frappé encore par Mercurio échoit cette fois sur la tête de Marcel. Jacquet alors est obligé de s'incliner.

O.M. 1 - Reims 0.

Et l'on arrive à la mi-temps sur le score en faveur du onze marseillais.

L'O.M. domine à fond

Dès la reprise, les olympiens plus courageux que jamais, se livrent à fond. Reims en est réduit à une défensive très stricte.

De la 45me minute la 61me minute les blancs sont maîtres de la situation. Andersson à la 51' servi par Scotti manque d'un cheveu la cage de Jacquier. Tandis qu'un ras de terre de Mercurio est bloqué par le keeper rémois (57').

Cependant Reims, à la (65') tente d'égalisé. Kopa lance Glovalski l'ailier droit dribble deux adversaires, tire en force ; Predal semble battu, mais le montant droit renvoie miraculeusement le bolide du blond international.

Reims à manquer une occasion unique d'égaliser.

Dix minutes plus tard Kopa tente sa chance de 40 mètres. Son essai est détourné en corner par Predal.

Puis les olympiens se reprennent et jusqu'à la fin du match ils imposent leur manière.

Scotti et Marcel sont à l'origine de tous les mouvements offensifs marseillais.

Durand sur un corner tiré excellemment par Andersson, manque d'un rien de tromper Jacquier une seconde fois (70').

Quelques instants plus tard Scotti ouvre sur Andersson, qui au lieu de tenter sa chance passe le cuir en arrière (71').

Vers la fin, une combinaison Marcel Andersson se termine par un shoot éclair du match, mais le poteau arrête alors que Jacquier était bel et bien battu.

L'O.M. est déchaîné véritablement et c'est miracle que deux nouvelles échappées de Durand ne fassent pas mouche.

Reims comprend qu'il est battu et ne réagit plus que faiblement lorsque l'arbitre siffla la fin des hostilités sur la victoire méritée de l'O.M.

Maurice GOIRAND

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BATTEUX : "Mon équipe ne

s'accroche pas assez..."

La joie ne régnait pas, hier après-midi, dans les vestiaires rémois. La nouvelle défaite subie en Championnat, en effet, laissait à penser que les stylistes de Batteux avait définitivement perdu le titre.

Le président M. Germain et tous les joueurs se plaignaient d'autre part de l'arbitrage de M. Lequesne.

Le mécène champenois se faisait, interprète de tous, déclaré sur un ton amer :

"Je n'arrive pas encore à comprendre pourquoi il n'a pas sifflé penalty lorsque Hidalgo a été fauché par Gransart ?

"Le penalty était mille fois justifié, tout le monde l'a vu sauf bien entendu M. Lequesne.

"Je reconnais, certes que l'O.M. a mérité sa victoire au vu de sa deuxième mi-temps mais je le répète le résultat du match a été faussé par la faute du directeur du jeu".

Billard, tout en enlevant sa chaussure grimaçait, de douleur. Il nous fit voir alors sa cheville et en pesant ses mots nous dit :

"J.J. Marcel m'a-t-il blessé volontairement ? Je ne le crois pas bien qu'il m'ait donné l'impression de ne pas avoir retiré son pied rapidement".

Nous laissons aux vignerons champenois l'entière responsabilité de sa déclaration.

Quant à Albert Batteux, le coche du onze, il nous a semblé le plus objectif de tous les rémois présents :

"Sur l'ensemble du match, l'O.M. a largement mérité de gagner. Bien entendu nous avons pratiqué pratiquement jouer à 10 à la suite de la blessure de Bliard.

"Mais comme au complet, je doute que nous eussions emporté car mon équipe n'accroche pas assez".

Exact M. Batteux et c'est sans doute pourquoi votre ensemble perdra le titre cette saison.

  

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