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Résumé Le Provencal

du 03 octobre 1955

  

SCOTTI jugule STOJASPAL et l'O.M.,

plus mordant, bat STRASBOURG

Les Alsaciens marquent les premiers mais les Marseillais inscrivent

deux buts coup sur coup puis consolident leur avantage.

Au moment où M. Fauquemberghe va siffler le coup d'envoi du match, Fragassi, le goal des visiteurs, se livra un numéro de strip-tease : il a quitté les vestiaires avec un maillot rouge et les Olympiens ont adopté une tunique de la même couleur afin qu'il n'y ait pas confusion, les Strasbourgeois ayant revêtu une casaque bleue et blanche.

Roger Rolhion a aussi apporté un chandail vert, mais le portier du pays des cigognes refuse ce tricot, préférant s'en tenir aux jaunes.

Quand Strasbourg engage, la ligne offensive des locaux est ainsi constituée : Rustichelli, Tivoli, Andersson, Constantino, Luzy.

Scotti marque Stojaspal

Tandis que la balle voyage d'un camp à l'autre les spectateurs remarquent que la défense marseillaise a, dès ce début, un pensionnaire de marque ; Roger Scotti, qui, replié, prend en charge le redoutable Stojaspal.

C'est Andersson qui, dès la 2me minute, menace la cage alsacienne : Schweitzer le fauche impitoyablement, puis Molla met en corner, Hertrich le donnant vainement. Peu après, Hauss retient Luzy, lancé au sprint, par le maillot : toutes les "ficelles" sont bonnes.

On assiste à ce que l'on appelle en boxe un round d'observation : les équipes cherchent à s'organiser, se méfiant l'une de l'autre.

À la 5me minute, Fragassi lâche la balle au terme d'un joli mouvement Rustichelli - Andersson - Rustichelli il sera plus heureux à la 7me, maîtrisant la balle devant Rustichelli.

Quelques secondes plus tard, Marcel, de loin, place un tir lourd et tendu dont la trajectoire passe derrière les filets.

Puis Luzy porte à son actif un centre-shoot dangereux.

Poncet arrête une balle envoyée sur corner donner par Muller (10me), Scotti brosse admirablement une "sphère" sur coup franc (13me), Andersson, mis en possession du "cuir" à la suite d'un relais avec Tivoli et Marcel, ne parvient pas à lober Fragassi (19me) ; Constantino botte successivement deux coups de pied de réparation.

Hertrich ouvre le score

et Andersson égalise

A la 23me minute, un excellent travail préparatoire de Stojaspal permet à l'avant-centre de transformer transmettre la balle à Hertrich. L'ailier droit, exploitant la double faute de Marcel et Poncet, ouvre le score.

Strasbourg 1 ; O.M. 0.

Sur la remise en jeu, Andersson, bien placé, se précipite vers les buts alsaciens, trébuche alors que Fragassi s'est porté au devant de lui, mais n'en réussit pas moins à frapper le ballon qui termine sa course entre les poteaux :

O.M., 1 ; Strasbourg, 1.

Le stade croule sous les applaudissements, comme bien l'on pense.

Rustichelli, de la tête...

À la 25e minute, un choc oppose Schweitzer et Andersson. M. Fauquemberghe siffle coup franc en faveur de l'O.M.

Constantino prend son élan et d'une balle plongeante sert Rustichelli. Fragassi sort, hésite et ne peut rien contre le heading de Rustichelli.

O.M., 2. ; Strasbourg, 1

Les joueurs et le public reprennent espoir et les encouragements fusent des gradins.

Avant la mi-temps Hertrich tire... dans les photographes ; Andersson botte en force à côté, imité par Muller.

Andersson consolide

Le jeu reprend et trente minutes durant les visiteurs dominent assez nettement. On note successivement deux arrêts de Poncet (47me 48me), un dégagement au pied de Fragassi, menacé par Rustichelli (51me), un tir croisé et imprécis de Constantino (61me), un bolide d'Andersson qui frôle le cadre (54me), un sauvetage de Johansson devant Muller (57me), Poncet subtilise le ballon dans les pieds d'Hertrich (63me), un renvoi miraculeux de Johansson (64me), deux blocages de Poncet devant Skiba et Muller (64me et 65me).

À la 74me minute, Rustichelli passe à Andersson, Fragassi dégage faiblement et Andersson reprenant, marque dans la cage vide.

O.M., 3. ; Strasbourg, 1.

La foule, décontractée, accompagne de la voix les dégagements de Poncet. Avant la fin, Luzy et Skiba ratent leur chance, suivis peu après par Stojaspal et Andersson ; Luzy, seul, shoote mollement et M. Fauquemberghe libère les joueurs.

Georges LEOST

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Le repli de SCOTTI a permis à l'O.M.

de contenir les avants du R.C. Strasbourg

Nous avions émis des craintes en ce qui concerne le déroulement de ce match en nous basant sur le fait que Roger Rolhion, n'ayant pas le choix, avait du aligner quatre blessés ou tout au moins quatre convalescents.

Fort heureusement, ces réserves n'ont eu aucune valeur sur le groupe et si Constantino boitait en regagnant les vestiaires l'entraîneur local peut se féliciter d'avoir franchi le cap difficile... avec les deux points qui lui étaient indispensables.

Pour parvenir à ce résultat (3-1), les Olympiens n'affichèrent pas, il faut le souligner, de progrès réels sur leur dernière sortie ; l'ensemble de la rencontre ressemble beaucoup à ce qu'allait été la seconde mi-temps de la confrontation O.M. - Nancy.

Avec cette différence toutefois que si Andersson, surtout, puis Luzy, et même Tivoli, et Constantino ne purent profiter de toutes les occasions qui se présentèrent à eux les Phocéens connurent aux 23me et et 25me minutes une vraie réussite, Andersson marquant puis Rustichelli donnant l'avantage à son team.

Pas question de minimiser ici le rôle de ce qui eurent le mérite, d'avoir raison de Fragassi. Mais il convient de ne pas oublier que si Andersson et Rustichelli avaient échoué dans leurs tentatives, on eut accablé de bien des reproches les deux hommes. Et le onze n'eut ni mieux ni plus mal jouer.

Nous nous contenterons donc de retenir cette réussite, cette exploitation de deux possibilités offertes par une erreur de Fragassi puis une faute contre Schweitzer.

Aussi bien le 3me point ajouté par Andersson ne fit que confirmer un résultat acquis. Les dirigeants alsaciens faisaient ressortir que cet ultime but fut enregistré alors que les leurs dominés.

Ce n'est pas inexact.

Mais tout au long du match le quintette offensif des "bleu et blanc" donna l'impression de ne pouvoir franchir un réseau défensif "complété" par la présence de Scotti et parfois même Marcel.

En signalant cette particularité on n'en arrive au "béton" appliqué par les boys de Rolhion. La réussite sur laquelle nous insistons plus haut le rendit payant.

Roger Rolhion, qui avait eu l'idée d'opposer l'excellent clairvoyant et froid Roger à Stojaspal, désorganisa ainsi l'attaque strasbourgeoise, alors que Johansson opérait en demi replier.

Même si Schweitzer copia cette tactique, c'est l'O.M. qui en recueillit les fruits.

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TIVOLI a gagné ses galons

d'équipier premier

Nous avons situé le football pratiqué au cours de cette rencontre sur le plan de la valeur, voyons comment se comportèrent les 22 acteurs.

A tout seigneur, tout honneur, passons les Olympiens en revue.

James Poncet, s'il commit une faute avec le but strasbourgeois se comporta par la suite de façon plus probante, sans pour autant accomplir des prouesses. Les avants adverses ne les lui imposèrent d'ailleurs pas. Disons donc que Poncet fit bien que qu'il eut à faire.

À l'arrière, Molla afficha une condition excellente, se montrant à son avantage malgré un tibia gauche endommagé. Il se dépensa contre Hertrich, le meilleur alsacien...

Mesas se hissa au niveau de la situation. Il était pourtant lui aussi handicapé.

Marcel travailla comme à l'ordinaire mais en s'astreignant à une besogne surtout défensive ; il attaqua rarement avec sa franchise habituelle, mais il stoppa et relança souvent. Son rendement fut finalement très satisfaisant.

Roger Scotti, demi-centre réel marqua Stojaspal impitoyablement, mettant dans la balance sa forme irréprochable, son intelligence et sa science du jeu son expérience et son flegme. L'O.M. lui doit sans doute, en définitive cette victoire.

Johansson n'a pas encore retrouvé sa grande cadence. Il sauva pourtant son camp sur deux offensives très dangereuses.

En attaque, Rustichelli confirma les progrès montrés contre Nancy. Il lui reste maintenant à garder sa place le long de la touche et à se démarquer promptement au lieu d'entamer une poursuite épuisante.

Tivoli, constitua avec Scotti la grosse satisfaction du match. Il n'a perdu pratiquement aucune balle... et gagner sa place de titulaire.

Andersson a fait ce que l'on attendait de lui, malgré deux shoots imprécis ; Constantino a eu des hauts et des bas, mais il était blessé.

Luzy ? Rageur, il n'a pu prendre le meilleur sur Hauss, trop athlétique pour lui et se plaçant bien.

A Strasbourg, Fragassi déclara avoir joué son plus mauvais match... La défense, aidée par Schweitzer opéra surtout avec sa puissance. Haan tenta de mettre de l'ordre et de construire ; Skiba se montra brouillon ; Muller, Dreyer et parfois Hertrich étant les meilleurs.

Mais Stojaspal n'eut jamais le dernier mot en face de Scotti.

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TIVOLI :

"Je me suis efforcé de jouer direct..."

La joie et l'optimisme (relatif) avaient succédé, hier après-midi, dans les vestiaires olympiens, au désespoir de la semaine dernière.

Cette victoire sur Strasbourg, en effet, semblait avoir remis en confiance joueurs et dirigeants du club marseillais.

"Elle s'est faite attendre", nous disait d'ailleurs le revenant Andersson, "mais elle est enfin venue."

Bien sûr, on reconnaissait également avec objectivité que l'équipe alsacienne n'était pas des plus extraordinaires, mais que, néanmoins, elle avait donné du fil à retordre à sa rivale olympienne.

Scotti, encore tout essoufflé, suant à grosses gouttes, déclarait en connaisseur :

"Stojaspal est un fin joueur. J'ai surtout essayé de jouer au football contre lui et je pense avoir rempli ma mission".

Mais ce que ne disait pas Scotti, c'est qu'il avait admirablement tenu son rôle de chien de berger auprès de l'ex-vedette du Wunderteam.

Quant à Tivoli, la véritable révélation du match, il affirmait :

"Je manquais surtout de compétition officielle. Pour mes débuts, je me suis efforcé de jouer directe et en profondeur."

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HEISSERER

admire le travail

de SCOTTI

et J.J. MARCEL

Heisserer l'entraîneur de Strasbourg, était d'un calme imperturbable, aussitôt après la défaite de ses poulains.

Analysant avec clairvoyance l'exhibition de son équipe et celle de l'O.M., il déclarait :

"Un match nul était dans nos possibilités. Mais mon attaque, la triplette centrale surtout, n'a pas su exploiter notre nette domination de la seconde mi-temps.

"Avec des avants aussi réalistes que Andersson et Rustichelli, par exemple, nous aurions pu sans doute vaincre.

"Mais voilà ces deux joueurs se trouvaient dans... le camp adverse.

Poursuivant son monologue il ajoutait :

"Certes j'ai beaucoup admiré le perçant de Rustichelli et de Andersson, mais croyez aussi que le travail de Scotti et de J.J Marcel ne m'a pas laissé indifférent.

"Avec quatre joueurs de cette classe, je suis étonné des médiocres résultats obtenus par l'O.M. depuis le début de la saison".

Nous également d'ailleurs.

 

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