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Résumé Le Provencal

du 05 septembre 1955

  

Devant METZ (aux jeunes éléments), l'O.M. l'emporte facilement

CHICHA (15e et78e) et ANDERSSON (38e et49e)

marque les buts d'un team aux demis étincelants

Les équipes représentatives de l'O.M. et du F.C. Metz se présentent dans la composition annoncée à l'appel de M. Drevet arbitre de la rencontre.

L'olympique engage et d'emblée, sans doute désireux de rééditer leur excellent départ de Reims, les locaux se ruent à l'assaut des buts du goal visiteur Corazza.

Ainsi, dès les premières secondes de cette confrontation Luzy descend en bolide, glisse la balle à Rustichelli. L'ailier tarde un peu et Fuchs détourne in extremis en corner auprès d'une splendide interception.

Sur le coup de pied de réparation, Andersson manque de peu la cage.

Penalty ?

Parti en trombe, l'O.M. domine et la 2me minute, Sbroglia touche le ballon de la main. Les spectateurs se lèvent, véhéments : ils ont vu le Messin commettre la faute dans ses dix-huit mètres. M. Drevet en décide autrement et le coup franc donné par Scotti reste nul.

Dans les minutes qui suivent Luzy rate le but d'un rien sur le second corner obtenu par l'aile droite des blancs, puis Constantino botte à côté sur passe de Chicha et (8me minute), un défenseur lorrain semble bien se servir de sa main pour écarter le danger.

Le public proteste et applaudit longuement "son" équipe : le spectacle est de qualité, la rapidité est à l'ordre du jour.

À la 9me minute, Gunnar Andersson loupe encore le cadre blanc de Corazza, puis le jeu se stabilise, Metz se reprenant.

Chicha marque

A la 15me minute, alors que Corazza a eu à effectuer beaucoup plus de travail que son vis-à-vis Poncet, Scotti adresse une balle à suivre à Chicha. Le ballon rebondit sur le pied de Dosdat et le Nord-Africain dans sa foulée, ne laisse aucune chance au portier de Jacques Fabre, pourtant avancer dans le but de fermer l'angle de tir.

O.M. : 1 ; Metz : 0.

Si, à la 19me minute, Zenier l'inter-gauche lorrain se présente devant Poncet, il est bien accompagné dans son raid par Johansson et l'O.M. reste maître de la situation.

Deux minutes plus tard, le demi-centre phocéen concède un coup franc pour faute commise sur Hess.

Le gardien méridional ne peut que détourner en corner. Mais la sanction reste sans appel : Rongoni place une "tête" que James par assez facilement.

Sur combinaison Chicha - Andersson, la "sphère" parvient à Rustichelli qui pousse la balle non loin devant lui, permettant à Dosdat de dégager.

Encore une "main" !

A la 26me minute, Burda arrête une action de Rustichelli en touchant la boule de la main. L'arbitre ne bronche pas.

Nous vous laissons imaginer les clameurs qui montent des populaire !

Peu après, sur erreur de la défense marseillaise, Poncet, à deux reprises, doit se montrer exceptionnel pour faire échec à Bokon.

À la 28me minute, une contre-attaque met Luzy en position du "cuir" ; le shoot puissant de l'ex-Grenoblois passe au-dessus !

A la 32me minute, Marseille place un de ses tirs tendus dont il a le secret, mais Corazza ne se laisse pas surprendre.

Trois minutes plus tard, Hess qui a échappé à la surveillance de Gransart botte à côté.

Ouf... !

Sbroglia fauche Constantino, puis Marcel, mais l'O.M. ne tire aucun parti des coups francs consécutifs.

Andersson bat Corazza

A la 38me minute, Marcel jusque là cantonné surtout en défense, descend et shoote. Corazza renvoie faiblement : Chicha tente sa chance à son tour, le goal ne peut bloquer et Andersson marque sans opposition.

O.M. : 2 ; Metz : 0.

Coup sur coup, au 42m et 43me minutes, Andersson place deux bolide : Corazza sensationnel, arrête.

Rustichelli tire un corner et c'est la mi-temps.

À la reprise, Andersson lance Chicha. Le shoot de celui-ci ne laisse aucune chance à Corazza venu à sa rencontre, mais le référee à très justement siffler off-side.

Andersson récidive

A la 49e minute, Rustichelli d'une belle détente, prolonge la trajectoire d'une balle qui arrive dans les pieds d'Andersson.

Gunnar, d'un maître coup de pieds, lobe magnifiquement Corazza, portant l'avance de l'O.M. à 3 buts !

O.M. : 3 ; Metz : 0.

Dans les minutes qui suivent Chicha botte au-dessus de la barre : l'O.M. bénéficie le vainement de deux corners et Poncet est mis à l'ouvrage sans qu'il y ait péril en la demeure par une attaque messine ou Bokon et Desgranges sont les plus en vue.

Après un essai - manquant de précision - de Marcel, Chicha porte à son actif deux belles actions.

À la 62me minute, Bokon surgit à l'aile gauche et déclencha un tir puissant : la balle frôle la barre.

Sur le renvoi, Andersson déboule : Corazza se jette dans ses pieds et écarte le danger.

À la 66me minute, Rongoni imite Bokon, le ballon Corazza la barre, puis Chicha perce pour tirer à côté dans des conditions d'ailleurs impossibles.

À la 71me minute, sur faute de Johansson, Bokon, intelligemment, sert Hess dont le heading reste sans résultat.

Après une belle combinaison Constantino - Rustichelli - Luzy dévale superbement et son tir vicieux sort des limites du champ de jeu.

Chicha score

A la 78e minute, Rustichelli prend magnifiquement de vitesse Sbroglia, perd la balle, la reprend, la donne à Chicha dont le tir puissant fait mouche :

O.M. : 4 ; Metz : 0.

Quelques secondes plus tard, mis en possession du "cuir" par Marcel, Chicha rate cette fois la cage.

Les accrochages se multiplient et les coups francs pleuvent contre Metz.

Avant la fin, Rustichelli tire sur le poteau gauche. Corazza est battu. Surpris, Andersson ne peut exploiter l'occasion d'inscrire un cinquième but. Hess accourt en trombe devant Poncet qui plonge judicieusement, et c'est la fin d'un match dominé de bout en bout par les poulains de Roger Rolhion.

Georges LEOST

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Du rôle prépondérant joué par les demi-ailes

marseillais à la métamorphose du surprenant Chicha

On attendait avec curiosité cette rencontre O.M. - F.C. Metz.

Les Marseillais le comprirent puisqu'ils vinrent en nombre respectable (17.702) pour un début de saison.

On pouvait craindre, malgré l'avantage constitué par le fait d'évoluer sur son ground, pour l'O.M. le changement de rythme aisément prévisible après le difficile déplacement de Reims.

En insistant sur ce changement nous avons mis en exergue la nécessité pour les locaux de rééditer en défense leur bonne sortie de la semaine passée, et de se hisser en attaque au niveau du réseau défensif.

Or si l'O.M. a finalement prit l'avantage par 4 buts à 0 sur le Football-Club de Metz, il le doit surtout à la mise en pratique de cette ligne de conduite.

Par ailleurs, nous avions soulevé une question passionnante en soulignant combien il est indispensable que Chicha de ne pas opérer de la même façon que Constantino.

Le coach marseillais il y a répondu en dépêchant le marocain beaucoup plus en pointe et il faut bien reconnaître que cette décision a été assez heureuse puisque Larbi a battu Corazza à deux reprises et à constituer pour l'excellent keeper lorrain un danger réel en plusieurs occasions.

Que Chicha est eu la possibilité de revoir sa manière de se comporter en un laps de temps aussi court, doit donner de belles promesses aux responsables olympiens... et situe la valeur de cet élément dont l'entraîneur messin nous a dit :

"J'avais entendu parler de lui mais je ne croyais pas si bien. Il est opportuniste".

Voilà, pensons-nous, un avis autorisé.

Enregistrant donc ce début de métamorphose qui, si elle venait à se confirmer - et rien ne permet de penser le contraire - doterait l'O.M. d'un inter comme il n'en a pas eu depuis un moment.

Un bon point donc à Chicha qui, en s'imposant, a illustré la thèse selon laquelle les inters doivent se compléter.

En étudiant le pourquoi du succès marseillais, on est également dans l'obligation de reconnaître le rôle prépondérant et sans doute primordial, joué par Marcel et Scotti, la part prise par un Johansson qui affirme manquer encore de compétition, n'étant pas à juger sur le même plan.

Si, au commencement de l'explication diriger une façon pas toujours satisfaisante par M. Depret, Scotti tient la place de demi offensif, son compère Marcel restant aux abords des buts de Poncet, le porteur du maillot au No4 se dépensa par la suite, efficacement par les besoins de l'attaque.

Il alerta aussi Corazza et participa à la réalisation du second but, comme Scotti avait pris part à l'exécution du premier.

Dans des styles différents, Roger et Jean-Jacques soutinrent tantôt leurs défenseurs... tantôt leurs attaquants.

L'inépuisable joueur de Brignoles ne doit pas être loin, maintenant de la forme "équipe de France..."

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Marcel, Scotti, Chicha, Andersson, les

meilleurs d'un match au rythme infernal

Pour parvenir à ce succès qui permet aux Phocéens de demeurer invaincus, l'O.M. a dû débuter littéralement au sprint.

À Reims, la défense avait donné le ton. La leçon a été comprise hier, l'attaque a suivi.

On peut donc, sans s'enthousiasmer outre mesure, englober tout le team dans les mêmes éloges.

Tout d'abord, James Poncet eut le mérite, aussi que nous le relatons par ailleurs, de ne porter à son passif aucune erreur.

Il eut pourtant en première mi-temps, à se sortir de deux situations particulièrement délicates.

Cela devrait mettre en confiance l'élégant James.

À l'arrière, Gransart et Palluch n'ont pas eu le même rendement qu'à Reims. Il est vrai que le public a vu, la semaine dernière, une paire exceptionnelle !

Le tandem commis quelques fautes qui n'amenèrent aucun but et que nous inscrirons d'ailleurs sous le chapitre : "Début de saison".

Que Maurice et Jean s'astreignent à un marquage plus serré et ils seront parfaits.

Marcel et Scotti ont été des demis excessivement précieux et à la base de la victoire des "blancs". Ils ont attaqué, défendu et fait battre deux fois Corazza. Que leur demander de plus ?

Johansson -et il le reconnaît sportivement - n'est pas encore le grand Johansson. Mais la forme n'est pas loin et tel qu'il joue, le Suédois s'impose admirablement par sa lucidité, sa netteté et sa science.

En attaque, Rustichelli a marié les excellentes actions au moins bonnes. Mais le nombre des premières est supérieur à celui des secondes faisant ainsi ressortir un bilan somme tout plaisant.

Constantino, pour avoir été le moins en vue de ce compartiment offensif, opérant à un rythme accéléré, n'en est pas moins l'homme qui ne perd aucune balle, qui "pense" son football.

Andersson ? Il a obligé Corazza a baissé pavillon à deux reprises, et il a failli réussir à hat-trick.

Quant à Chicha, il s'est montré sous un jour nouveau et très séduisant, s'imposant irrésistiblement, faisant ses classes à pas de géant.

Enfin Luzy a tenté l'impossible, jetant sa belle hargne dans la bagarre, jouant au trouble-fête, bougrement empoisonnant.

À Metz, Corazza, malgré ces quatre buts, Desgranges et Bokon, ont été les meilleurs d'un onze dont l'entraîneur tint à souligner la valeur de Marseille... et la virilité de certains de ses éléments.

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"Etre battu par l'O.M.

n'a rien de déshonorant

...estime l'entraîneur Jacques FAVRE

Jacques Fabre, le coach du F.C. de Metz, sans afficher un enthousiasme délirant, n'était dans le fond pas du tout mécontent du match fournit par ses élèves contre l'O.M.

"Nous n'avions pas la prétention, certes, de battre l'équipe marseillaise sur son propre terrain, eu égard à ses performances du début de la saison mais également en raison de la jeunesse et partant de l'expérience de mes jeunes attaquants."

"Cependant, ajoutait-il aussitôt, pourquoi les Marseillais se sont-ils montrés parfois brutaux ? J'en suis encore à me le demander, car ils n'avaient nullement besoin de recourir à des procédés quelque peu irréguliers pour nous battre.

"Ceci dit, je reconnais bien humblement la supériorité totale de nos adversaires dans tous les compartiments du jeu.

"J'ai surtout apprécié le jeu de Marcel et la sûreté de Johansson. Quant à Chicha, que je n'avais jamais vu opérer, il m'a agréablement surpris.

Puis se tournant vers ses hommes il leur lança : "Allons les gars ne faites pas grise mine. Pensez, que nous avons gagné déjà deux fois sur trois, donc une fois à l'extérieur, à Nancy. Et puis perdre devant l'O.M. n'a rien de déshonorant. Vous verrez d'ailleurs que d'autres tomberont devant les Marseillais".

Cet hommage rendu aux éléments olympiens doit être d'autant plus apprécié que Jacques Fabre, d'ordinaire et plutôt avare de compliments...

En camp olympien

Dans les vestiaires olympiens, joueurs et dirigeants savourent cette belle victoire - la première de la saison.

Scotti très détendu, calme comme toujours discutait... chasse avec l'un de nos confrères parisiens.

C'est assez dire si la partie était oubliée pour le maître à jouer de l'O.M.

Johansson, par compte, était moins apaisé. Tout en prenant sa douche, il nous déclarait avec son inimitable accent :

"Je ne suis pas au mieux de ma forme actuellement. Heureusement que j'avais affaire à un jeune inexpérimenté, Hess en l'occurrence, sans quoi j'aurais souffert.

"Dès cette semaine, je mettrai les bouchées doubles à l'entraînement, afin d'acquérir une condition irréprochable".

Lorsqu'on connaît le sérieux de Gunnar, on peut être assuré que l'O.M. aura encore à sa disposition, cette saison, un arrière central de tout repos.

Et ce ne sont pas ses autres coéquipiers qui s'en plaindront car ils semblent bien décidé à suivre les traces de Johansson, afin que d'autres victoires du genre de celle d'hier après-midi viennent à bref délai récompenser leurs généreux efforts de ce début de championnat.

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Johansson s'est substitué à l'arbitre !

Johansson, on le sait, allie à sa technique impeccable, une grande clairvoyance en cours de partie.

Une fois de plus, hier après-midi, il a montré aux 18.000 spectateurs du Stade Vélodrome que, tout en étant natif de la Suède, il savait, à l'occasion, ne pas perdre le Nord.

En effet, l'allier droit Bokon, en nette position de hors-jeu, venait de recevoir de l'un de ses partenaires, une bonne balle.

Il s'apprêtait donc à utiliser au mieux de ses intérêts, car il s'était aperçu que l'arbitre n'avait pas remarqué son placement.

C'était compter sans Johansson, l'arrière central olympien, acquis la manoeuvre de Bokon n'avait pas échappé, leva aussitôt les bras au-dessus de sa tête.

L'arbitre compris alors son erreur et pénalisa immédiatement l'ailier droit messin, d'un coup franc.

Johansson venaient par ce simple geste, de prouver qu'il savait garder la tête froide, en n'importe quelle circonstance.

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PONCET, le malade

qui se porte très bien

James Poncet devait nous dire à l'issue de la rencontre qui lui permit de s'illustrer :

"Ouf ! C'est fini. Mais j'ai eu peur au début : j'avais été malade dans la nuit de samedi à dimanche. Il m'était donc difficile d'aborder la confrontation avec une confiance démesurée. Enfin je m'en suis sorti".

Il s'en est même très bien sorti et les spectateurs qui l'applaudirent avec frénésie à plusieurs reprises ne s'y trompèrent pas : Poncet a été irréprochable.

Pour nous, il s'est montré meilleur encore qu'à Reims.

 

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