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Résumé Le Provencal

du 21 mars 1955

 

L'O.M. marque deux fois en moins d'une minute

et bat NICE (2-0) au terme d'un match heurté

Le temps n'incitait pas les candidats spectateurs à prendre le chemin du Stade-Vélodrome. Et malgré un match de lever de rideau à l'affiche pourtant alléchante, 13.726 personnes, seulement ont apporté aux guichets 4.126.800 francs quand M. Becret siffle le coup d'envoi.

Il a plu à deux reprises depuis 13 heures, mais le terrain n'en est pas moins très sec.

Nice engage et ce même public qui a hué copieusement les locaux à leur sortie du tunnel les applaudit sans tarder : les Marseillais montrent une ardeur de bon aloi : Andersson place un beau heading au cours des premières secondes, Luzy pousse un rush, Poncet s'envole superbement dans les pieds d'Abderrazak...

L'O.M. a pris un départ qui plait.

À la 5me minute, Hairabedian en ne sauve son but qu'en se jetant dans les pieds de Marcel et Andersson et, quelques instants plus tard, il devra se défendre à l'occasion de deux corners consécutifs.

Et si Poncet est en difficulté devant Courteaux Abderrazak, son vis-à-vis et aussi souvent sollicité : Molla renvoie le ballon alors que James est sorti, mais Hairabedian est encore à l'ouvrage sur corner (18me minute).

Ces coups de pied de coin ne donnent rien. Ils mettent tout en moins en relief les intentions phocéennes.

Huguet blessé

Nice qui n'est pas tellement à son aise, perd un défenseur de qualité, à la 26me minute : Huguet, qui a sauté, se reçoit mal en tombant. Il quitte la pelouse et il reviendra à l'aile peu avant la mi-temps, l'épaule gauche portant un solide pansement.

Le team de Berry, démembre, fait jouer Nuremberg arrière droit.

Marseillais continu à assurer le rythme. Une combinaison Marcel - Lle Gall - Andersson se termine même dans les filets adverses, à la 38me minute, mais M. Becret refuse le point pour hors-jeu.

Deux buts en une minute

En seconde mi-temps, Marcel rate de peu la cage, après avoir échappé à Cuissard... et n'avoir pas vu Andersson bien placé.

À la 52me minute, sur une nouvelle attaque phocéenne, le néo Français ratisse, crochète, transmet le cuir à Ben Barek qui botte aussitôt à ras de terre.

C'est le but !

Moins d'une minute plus tard, Marcel descend en position déviée gauche, le keeper niçois hésite et ne réagit nullement sur le shoot croisé de l'inter marseillais, lequel inscrit le second but.

La victoire olympienne est assurée, mais Nice perd le contrôle de ses nerfs et tandis que Salem fait soigner son arcade sourcilière qui a éclaté à la suite d'un choc, un incident se produit.

Courteaux dont les efforts ont été vains depuis le coup d'envoi se distingue en entamant avec Gransart un combat de rue hors programme. C'est pourtant le Marseillais qui sort le premier sur l'intervention du délégué alors que le match est arrêté. Le Niçois rejoindra rapidement l'arrière des blancs aux vestiaires et la rencontre, heurté, se poursuivra.

Avant la fin Ujlaki aura l'occasion de sauver l'honneur. Seul il s'approche de Poncet, déclencha un tir splendide. Mais le goal se détend avec à-propos : Marseille a renoué avec la victoire.

Georges LEOST

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Ils sont encore

là tous les deux

CURIEUSE déformation que celle qui habite le public marseillais. Il a la critique si vive qu'elle dépasse souvent ses pensées, l'événement ou l'homme même qu'elle vise. Il s'en mord ensuite les doigts, comme ce fut le cas hier.

Ne représentaient-ils par un très important pourcentage de ce public, ceux qui depuis deux mois déjà s'attachent par système à voir en Gunnar Andersson un avant-centre désamorce et en Larbi Ben Barek un quadragénaire impuissant.

Or, il est net qu'à l'occasion, notre "bombardier à blanc" et notre vieillard des stades sont encore en mesure non seulement de serrer les dents, mais aussi de construire un football explosif qui n'est pas précisément à la portée de tous ceux qui leur considèrent supérieur.

Avions-nous tort de nous répéter à longueur de colonnes que c'est à ces deux hommes qu'il fallait renouveler la confiance. Avez-vous remarqué combien de jeu collectif s'est trouvé sensiblement épuré hier de ces négations dont il est si souvent rempli. Oh ! certes, ce ne fut pas toutefois un spectacle de nature à enthousiasmer le puriste, voir le connaisseur moyen, mais il y avait tout de même quelque chose de mieux, ne croyons-nous qu'une harmonie en partie retrouvée.

Tout cela nous incite à penser qu'en matière de football, Andersson, tout comme Ben Barek, n'ont pas tout oublié, comme certains ont souvent voulu le dire.

Gunnar et Larbi ont tous deux retrouvé le paisible climat dont ils ont besoin. Le premier pour retenir et concentrer cet influx nerveux qui tend chez lui à se disperser ; le second pour rassembler les forces et la détente que quarante ans d'âge ont hypothéqué.

Ce n'est pas plus difficile que ça.

Et ce match nous aurons à apporter l'autre satisfaction qui s'appelle Jean-Jacques Marcel. Un pur-sang, dont il faut tirer la bride. Marcel aurait pu offrir deux buts sur un plateau à Andersson, si sa frénésie de l'attaque ne l'avait pas grisé. Ici c'est un excellent excédent d'enthousiasme. Le problème n'est donc pas grave en soi. Les données sont seulement à changer.

On vous parlera par ailleurs de Molla. Il fut bien. Il est "football". Le sang-froid qu'il affiche souvent été la marque de bons joueurs. Puisque l'avenir le préserve des maux qui frappent souvent nos espoirs et dont les pires sont l'impatience et la docilité.

Ainsi, ce dimanche a ramené l'union entre équipe marseillaise et ses supporters. C'était le premier round à gagner dans ce combat que l'O.M. livre avec son passé. Mais entre chaque round, le bonhomme est encore à soigner.

Lucien D''APO

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MOLLA : "Confirmation d'un match

que l'O.M. ne pouvait pas perdre"

Les Marseillais espéraient bien cette fois assister à une victoire olympienne.

Ils n'ont pas été déçus.

Oh ! certes ils n'ont pas vu un de ces matches inoubliables. Mais ils auront au moins emporté de cette après-midi l'image de Phocéens luttant avec coeur contre des Niçois qui n'avaient pas effectué - Cuissard l'avait indiqué jeudi - le déplacement en victime expiatoire.

Les Niçois regrettèrent beaucoup la blessure de leur arrière Huguet très justement d'ailleurs, car cette mise hors de combat désorganisa le team azuréen. Nuremberg devant quitter la ligne d'attaque pour défendre les abords de la cage d'Hairabedian

Et c'est d'autant plus navrant pour les Niçois que Courteaux du quitter le terrain que Bravo se montra d'une lenteur désespérante. Ujlaki et Abderrazak ne pouvant dans ces conditions que se battre sans grande réussite.

En ce qui concerne le reste du team, Hairabedian a sa responsabilité engagée sur les deux buts, le second surtout. Poitevin a travaillé beaucoup, Gonzales, Cuissard et Fronzoni ont souvent été mieux...

Du côté marseillais Poncet confirma tout le bien que l'on peut penser de lui ; Johansson fut une fois de plus le pilier défensif olympien ; Palluch se produisit avec bonheur ; Molla constitua la grosse satisfaction du jour ; il est calme, rapide, sûr.

Salem a encore été parmi les meilleurs, Marcel malgré son but a affiché les défauts qu'on lui connaît ; Ben Barek a éclairci le jeu... et marqué le but psychologique ; Luzy s'est dépensé à une place qui n'est toujours pas la sienne ; Andersson a trempé son maillot et Le Gall n'a rien appris à personne.

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MOLLA : "Je me suis cherché

et puis j'ai trouvé la cadence"

Unanimement dans les deux camps sur un point : la sécheresse du terrain dans les bosses ne facilitèrent pas le contrôle de la balle. Nous avons entendu cette remarque chez les Niçois et aussi de la bouche de Molla, qui se dit littéralement "ruiné", comme Luzy et Andersson.

Avec simplicité, en pensant aux résultats, Le Gall remarqua : "une victoire cela fait plaisir".

Le Breton, avec Andersson, nous glisse avant de nous quitter : "Nuremberg a du toucher la balle de la main en fin de matches..."

Salem, un pansement sur le front, traduit la satisfaction générale : "On est un peu rassuré, maintenant".

Molla confesse : "J'ai souffert au début, et puis, je me suis senti un peu plus à l'aise".

 

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