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Résumé Le Provencal

du 30 septembre 1954

 

Apre, passionné mais sans valeur technique, le classique derby est resté dans la tradition

L'O.M. ramène un point de NIMES

au terme d'un match que les Nîmois

conduisirent sans profiter de toutes les situations

(D'un de nos envoyés spéciaux : Lucien D'APO)

NIMES - On ne saurait quitter ce soir ce stade de la rue Jean Bouin sans une certaine émotion. D'abord parce que le public nîmois a retrouvé en partie "son équipe" avec son caractère, avec sa personnalité. À cette équipe qui, à l'image des monuments de la Rome française resta longtemps inébranlable et dans sa manière et dans ses traditions, il fallait une résurrection, un renouveau.

Nîmes reste cependant dépouillé de ce brio, de cette autorité qui fut ses marques autrefois.

Émotion provoquée aussi par le temps que prit le derby. Passionnant par son âpreté, prenant par son indécision. Mais dans le domaine technique quelle faillite !

Une première mi-temps pendant laquelle nous deux adversaires firent montre d'autant de connaissance du football que pourrait en avoir un écolier du cours élémentaire de la physique nucléaire. C'était du pousse ballon. Celui que l'on joue dans la cour des écoles à la récréation. La seule différence se trouvait dans la sévérité, la virilité si largement dispensées au cours des 90 minutes.

A cela rien d'anormal dirons-nous. La rencontre était capitale pour l'un comme pour l'autre. Il fallait s'y attendre. Un derby Nîmes - O.M. par ailleurs, n'est jamais une première communion et moins encore une séance de tableau noir. Mais rouvrons notre carnet de notes pour vous conter le match.

Dix mille spectateurs viennent à peine de se ranger sur les gradins du stade que Gunnar Andersson, histoire de réchauffer tout son monde, vient inviter Dakowski à sortir de sa cage. Deux minutes après, Boulle échappe à Palluch et trouve le montant droit sur la trajectoire de son tir.

Premier corner, sans résultat pour Nîmes. Tentative vaine de Bariaguet qui se démènent comme un diable mais qui peu après réussit à tromper Palluch pour servir Boulle. La balle est miraculeusement dégagée par Gransart, ce dernier vient remplacer Palluch muté arrière droit.

ANDERSSON MARQUE

Mais voici Andersson qui dans ce concert de pousse-ballon, essaie de placer sa note. Une première fois Dakowski doit plonger. On le marque de près. Il recommence, Golinski dégage encore. Mais voilà l'erreur. À la 17me minute, Constantino veut passer la balle à Golinski. Passe trop longue, le destinataire et lobé. Andersson à l'affût ne réfléchit pas davantage, il contrôle le ballon dans un souffle, s'échappe, file droite au but poursuivi, mais en vain, et d'un ras de terre sans rabais, trompe Dakowski presque à bout portant.

La tribune des Olympiens (Marseillais) est agitée par de violents soubresauts. Un peu partout dans le stade on envoie les couleurs marseillaises.

Tout cela n'est pas pour décourager Nîmes qui, sans efficacité et chance d'ailleurs continue à mitrailler la cage d'Angel. Tous les tirs meurent autour de l'encadrement ou dans les bras du keeper marseillais. Tour à tour : Liron, Barlaguet, Pellegrin, viennent seuls devant Angel. On croit au but. Non, l'espoir n'est que de courte durée. Pourtant le onze gardois tenace, volontaire, mais absolument sans aucune technique, donne l'impression que les choses n'en resteront pas la.

Les corners succèdent aux corners. On note l'une des rares erreurs de Gransart qui loupe la balle pour la laisser à l'appétit du petit et diabolique Boulle. Celui-ci pousse dans les bras d'Angel. En se lamente dans le clan nîmois.

Les Olympiens, avec Scotti en retrait, continuent à préserver leur territoire. Les contre-attaques marseillaises se font plus rares. Cependant sur l'une d'elle, Vandooren lance Le Gall qui file le long de la touche et centre impeccablement. Andersson et Nielsen sont à la réception. Gunnar trouve plus facile de pousser la balle avec la main alors que Nielsen, à peu près inexistant jusqu'à là, pouvait peut-être marquer de la tête. Angel doit ensuite plonger sur un tir de Pellegrin, et c'est la mi-temps.

EGALITE

Le match se reprend dans une ambiance de corrida. Les Nîmois semblent survoltés.

Il pousse deux, trois, quatre attaques. Les Marseillais sons acculés sur leur but. Mais cette fois la balle n'est pas dégagée. Pellegrin s'en empare, perce le premier réseau défensif et donne à Boulle qui shoote superbement. Angel a esquissé une sortie et le voilà battu.

1 à 1 après 47 minutes de jeu.

Voilà qui promet, il y a de l'électricité dans l'air.

CAFOUILLAGE ET BUT

Encore un corner (le douzième) et on continue. L'arbitre essaie tant bien que mal de tenir son monde. Et voici Scotti qui jaillit soudaine d'une grappe de joueurs et ouvre sur le centre. La balle arrive devant les buts nîmois. Ils sont cinq ou six ou davantage à se donner rendez-vous autour du ballon. On dirait le plongeant collectif d'un pensionnat dans une piscine. Dakowski est chargé, et ne peut se saisir de la balle que Nielsen pousse dans le but vide. C'est le second but de l'O.M. qui déclenche la colère du capitaine nîmois. Dakowski demande, en vain, à l'arbitre de se renseigner auprès de son juge de touche, mais l'arbitre tient bon et le but est accordé (61me minute).

On est aux anges dans le clan olympien. Pas pour longtemps car cinq minutes après Kowalski contrôle le ballon au centre du terrain et donne à Liron. Ce dernier, sans perdre un dixième de seconde, pivote et termine se mouvement d'un tir pur, qui fusillait Angel. Le keeper marseillais a pourtant touché le ballon du bout des doigts.

2 à 2. Le score ne changera plus malgré les furieuses ruades des onze nîmois qui se déchaînent pour reconquérir le coeur de ses supporters.

Les assauts se répètent, mais viennent se briser sur Gransart, Salem, Scotti, Mesas, et J.J. Marcel.

La fin sera sifflée peu après le 17me corner, alors que Boulle, Liron, Constantino et leurs coéquipiers jetaient toutes leurs forces dans la bataille.

Mais en face, les onze gars au maillot blanc défendaient ce point comme un trésor arrachait aux profondeurs de l'océan.

Car a Nîmes, un point c'est un bon point. C'est une denrée que les futurs visiteurs des "Crocodiles" n'auront pas souvent l'occasion de ramener dans leurs valises.

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Un but heureux pour chaque équipe

et le nul satisfait Nîmes et Marseille

(D'un de nos envoyés spéciaux : Georges LEOST)

L'Olympique de Marseille a donc réussi à Nîmes une bonne sortie. Ceci si l'on regarde uniquement le résultat puisque sur le plan technique, il est difficile d'être aussi satisfait. Mais comme seule le point enlevé compte, on a le droit comme les joueurs marseillais de dire : "Oui" à l'issue de ce périple en terre gardoise. D'autant plus que, ne l'oublions pas, les Nîmois ne méritent pas actuellement leur si mauvais classement. Et d'autres "onze" se casseront les dents au stade Jean Bouin.

Ceci précisé, nous soulignerons ce paradoxe : les locaux ont "gagné" leur draw assez péniblement alors que les visiteurs prenaient l'avantage à deux reprises sur des contre-attaques déclenchées alors que le béton était de rigueur.

Dès le début du match, Palluch étant placé au poste de demi-centre l'O.M. joua la défensive. C'était assez normal puisque, aussi bien les intentions nîmoises étaient bien définies, il fallait aux hommes de Pibarot un verdict "acceptable" pour tenter d'échapper à l'étreinte d'une zone du classement dangereuse, et aussi pour prendre une confiance qui manque aux avants que conduisit hier après midi Boulle.

Rien de comparable, donc, avec la rencontre jouée à Lyon.

Les Phocéens furent d'ailleurs assez heureux de profiter à la 14e minute, d'une erreur de Constantino lobant Golenki et donnant de sorte à Andersson une occasion que le Suédois ne devait de ne pas manquer.

Le second but de l'O.M. fut moins net et provoqua chez les Nîmois des réactions assez vives qu'un profane pourrait s'étonner de constater sur le ground. Dans un cafouillage, la balle parvint à Nielsen qui, en l'occurrence fit la seule bonne chose à porter à son actif, en battant Dakowski.

Le point inscrit par Boulle à la 17e minute fut de toute beauté, de l'avis même d'Angel. Sur le second Liron eut la chance pour lui puisque le portier les visiteurs vit la balle rouler sur sa main droite.

Et si Nîmes eut un énorme avantage sur le plan des corners le match est encore nul en ce qui concerne les buts, chacun des deux adversaires ayant marqué un point "heureux".

Les joueurs olympiens

Sur le plan du jeu il est incontestable qu'on n'a pas vu le grand O.M. Faut-il porter cela sur le compte des absences de Johansson, ben Barek et Rustichelli ? Sans doute un peu... mais cela ne saurait tout expliquer.

Une revue des joueurs permet de constater qu'Angel fut impeccable, sauf sur le but égalisateur qui clôturera la marque, la balle le surprenant en passant entre les jambes de Scotti. Mais le gardien marseillais s'est montré à son avantage en plusieurs circonstances et alors qu'il était le dernier rempart.

Gransart, dans son style particulier, fut le démolisseur que nous connaissons. À la 32e minute, il fit une "toile" devant Boulle mais il se montra précieux.

Salem revient peu à peu à la surface, il est en progrès assez nets sur ces précédentes prestations.

Marcel n'est pas encore le grand Marcel. Mais au poste de demi-aile cette fois ses services furent plus efficaces qu'à Lyon.

Palluch, policeman au départ a été plus à l'aise quand il eut cédé sa place à Gransart.

Mesas a été Mesas : il a travaillé avec courage.

Nielsen malgré son but a été exclusivement malheureux. Nous nous abstiendrons de le juger sévèrement...

Vandooren abattit un gros labeur, mais ses actions sont frappées de lenteur et c'est un handicap.

Andersson a marqué son premier but. C'est déjà cela.

Scotti a déjà été plus à son avantage cette demi-saison il est vrai que le football pur n'était pas de la fête !

Enfin Le Gall à qui l'arbitre infligea un avertissement souffrit d'être secoué par la défense locale.

L'O.M.n'a pas joué un très grand match. Mais il est difficile de faire autrement

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M. BECRET :

"Si ne n'avais pas accordé le second but de l'O.M., j'aurais sifflé penalty contre Nîmes"

Après le match nous n'avons pas manqué d'aller consulter l'arbitre M. Becret sur le second but marseillais âprement contesté par les Nîmois.

"Ce but est parfaitement valable, nous déclare-t-il et mon juge de touche me l'a confirmé en regagnant sans hésiter le centre du terrain comme le veut le règlement.

Cependant même si comme le disent les Nîmois, Le Gall a touché le ballon avec la main lorsqu'il était à terre (ce que je n'ai d'ailleurs pas vu) j'affirme que dans le cas où le but n'aurait pas été acquis, j'aurais sifflé penalty contre Nîmes.

En effet, Le Gall avait été "descendu" irrégulièrement par les défenseurs nîmois.

N.D.L.R. - De la tribune de presse il nous était impossible de pouvoir juger de façon précise ce qui s'est passé sur le second but de l'O.M. Nous laissons aux uns et aux autres la responsabilité de leurs déclarations.

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Roger Rolhion :

"les Nîmois jouaient la descente"

Nous avons trouvé aux vestiaires une équipe marseillaise somme toute pas trop mécontente de la sentence.

Angel nous confie sans attendre nos questions : ils sont heureux d'égalisé. J'ai eu le la balle sur la main. Enfin le premier but a été magnifique.

Le point de vue de ben Barek venu en qualité de remplaçant ne manque pas d'intérêt : "C'était un match de coupe. Chacun, pour des raisons différentes voulait gagner mais le but de d'Andersson a heureusement un peu découragé les Nîmois".

Marcel bien que souriant semble inquiet : "Nous ne tiendrons pas toute la saison ainsi". Est-ce pour cela qu'il n'est pas encore dans sa meilleure forme ?

Gransart le déblayeur constate avec philosophie : "Prendre un point à l'extérieur n'est déjà pas mal. Que demander de plus ?"

Roger Rolhion, le coach olympien traduit bien la situation quand il dit : "Il 'les Nîmois' jouaient la descente".

Quant à Le Gall le grand "martyr" de la confrontation il se tait tandis que Marcel lui conseille : " Tu t'es énervé et cela t'a servi à avoir un avertissement.

Évidemment

G.L.

 

 

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