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Résumé Le Provencal

du 25 avril 1954

 

SEDAN battu (2-1), l'O.M. jouera la finale

Les Ardennais, après avoir ouvert la marque sur coup franc (Cel. Oliver) ne peuvent contenir les assauts marseillais terminés victorieusement par une reprise de volée de Palluch et un tir de Andersson

(D'un de nos envoyés spéciaux : Lucien D'APO)

PARIS (par fil spécial) - On ne saurait pénétrer dans le Stade de Colombes sans une certaine émotion. Sale et grise l'arène olympique de Paris reste, malgré tout, l'auréole de tous les grands matches, de toutes les grandes compétitions. On ne prend jamais place sur ses banquettes poussiéreuses pour assister à un événement moyen. À plus forte raison lorsqu'il s'agit pour le spectateur marseillais venu spécialement dans la capitale de suivre les exploits de "son" équipe. Et il était nombreux hier à Colombes, venu soutenir de la voix et du geste, seulement "leur" équipe.

Pour le supporter marseillais, resté sur les bords du Lacydon, le résultat sec aurait été une satisfaction, voire une joie entière offerte seul coup. Par contre, pour ce qui s'étaient aventurés au bord du rectangle de jeu, le moins que nous puissions dire c'est qu'ils ont connu des souffrances distillées avant de pouvoir clamer : "Nous avons gagné".

Et cette histoire pour toutes les autres. L'O.M. sut l'arracher comme le naufragé se raccroche à la bouée qu'on lui lance. Songez, en effet, que c'est seulement à la 89e minute que Gunnar Andersson eut l'honorifique mission de marquer le but victorieux préparé obstinément par Palluch.

L'image est peut-être un peu forcée. Il n'en est pas moins vrai qu'il était temps pour les Olympiens de renvoyer les Sedanais à leurs chères études, comme ils l'avaient promis.

Mais reprenons notre carnet de notes à la première page. Nous y lisons dans les premières lignes : le public ovationne Sedan. Applaudissements plus discrets en ce qui concerne l'O.M. sauf pour Ben Barek - enfant toujours chéri de la capitale - et Gunnar Andersson que l'on vient voir comme une bête curieuse. Gunnar a un emplâtre sur la cuisse et les rides de l'inquiétude sur le visage.

Les coéquipiers sont pour le moins... confiant - trop peut-être - ne ce laissent ils pas bousculer pendant les premières minutes, par un Fulgenzy, chargé à la dynamite et toute une ligne d'avants qui récitent une leçon bien apprise. On voit ce diable de Fulgenzy se rabattre d'une aile à une autre, pour aller fusiller Angel (5me minute), mais la balle passe au-dessus. On voit ensuite la défense marseillaise sur le qui-vive en face d'un quintette que l'on disait avare de tirs, mais qui ne frappe pas moins la balle en direction d'Angel.

Puis Ben Barek vient apporter sa note personnelle, en laissant tout son monde sur place, mais Andersson est précédé à la réception de la pases par Éloy.

Premier tir de Ben Barek à la 6me minute. Les Olympiens sont en perte d'équilibre. Que va-t-il advenir ? Roessler est très calme sur son banc. Par contre on s'agite à ses côtés.

Premier but pour Sedan

Sedan domine indiscutablement. Son enthousiasme comble les spectateurs de Colombes qui l'encouragent sans faiblir.

Les voilà Gransart qui se portent au-devant de Cuenca. L'arbitre siffle... coup franc pour obstruction. On discute. Pendant ce temps Célestin Oliver place sa balle. Les Olympiens font le mur. Mal d'ailleurs. Ils laissent un trou. Angel veut avertir ses coéquipiers, mais il est trop tard, le tir fusant et bas de Celestin Oliver s'est engouffré dans la faille et Angel impuissant ne peut rien. Le stade debout, salut ce premier but. Déjà on dit près de nous : "les Marseillais vont écoper une correction". Il y a huit minutes que l'on joue.

La domination sedanaise reprend. Palluch manque deux occasions de battre Rozac. La balle retourne dans les 18 mètres marseillais et c'est un nouveau coup franc que Célestin Oliver place au-dessus de la barre. Puis Andersson reprend un long centre de Scotti. De la tête dont il ne sait pas se servir. La balle va à côté.

Et il faudra attendre la 30me minute pour voir Andersson échapper, pour la première fois à Éloy. Mais il s'embrouille ses pieds et le ballon, comme la palengrotte d'un pêcheur d'occasions.

Et les Sedanais repartent de plus belle. Un corner pour l'O.M. Sans résultat. Puis une dangereuse infiltration de Ben Barek et se sera à peu près tout pour les Marseillais, alors que Sedan par Fulgenzy, Cuenca et Breny, fait toujours peser la menace.

Et l'on arrive à la mi-temps. Sedan mène toujours par 1 but à zéro.

Les Phocéens se reprennent.

À la Tribune de Presse, la côte des marseillais a considérablement baissée. La critique de la capitale "habille" on ne peut mieux le stérile Andersson. Mais ou sont des traditions O.M. ?

De fait les Marseillais, s'ils ont pratiqué un football sérieux, n'en ont pas moins manqué d'audace, de rapidité et d'initiative.

En regagnant les vestiaires, Mercurio et Scotti échangent quelques propos. "Nous n'allons pas nous laisser battre par ces oiseaux" ?

Et c'est ainsi que se préparent les victoires. Les Olympiens à leur retour sur le terrain sont transformés. L'arbitre M. Devillers n'a pas le temps de sifflet l'engagement qu'Andersson file le long de la touche, dribble, feinte, s'avance et ne cède que devant le trio Carpentier, Éloy, Bochard qui se referme sur lui à la manière d'un étau.

 

D'ailleurs, Andersson et Ben Barek commencent à accorder leurs violents. Mercurio vient se joindre à eux. Et Scotti, à son tour, vient faire déchanter les mécontents de la tribune. Les attaques olympiennes partent directes, nettes. Palluch, mal à l'aise en première mi-temps s'accrochent obstinément et rafle toutes les balles. Sedan toujours courageusement essaie de briser cette série d'assaut bien organisée. Cuenca vient cependant menacer Angel qui repousse aisément la balle. Le même Cuenca déborde enfin la défense marseillaise, mais son shoote vient mourir sur la barre transversale. Le public encourage Sedan, admirable certes, mais dont on sent déjà les inquiétudes.

À la 13me minute, le quintette offensif de l'O.M. vient s'installer dans les dix huit mètres. Deux, trois, quatre, cinq fois. Scotti, Ben Barek, Andersson et Mercurio sont en position de shoot, mais la défense ardennaise se rue désespérément sur la balle et parvient presque miraculeusement a sauvé le but dont les supporters marseillais humait déjà le parfum...

La situation devient dramatique pour Sedan. Les Marseillais sont maintenant à leur meilleur régime. Mercurio centre deux fois. Éloy et Carpentier écartent le danger, mais ils ne pourront rien à la 63me minute.

Mercurio file le long de la touche, se rabat sur la droite, centre et la balle planche sur un paquet de joueurs. Il y a là quatre marseillais, et c'est Palluch qui reprend de plein foulé et marque à bout portant le but de légalisation.

O.M. : 1 ; Sedan : 1.

On se donne un peu d'air sur le banc des dirigeants. Le président Robin sort son mouchoir, essuie son visage... mais dans sa précipitation, il a oublié d'enlever ses lunettes. Et on recommence. Sedan réplique. La foule est entièrement pour les "gars" des Ardennes, toujours pleins d'audace, mais dans le football manque de solidité et de précision dans la conclusion.

L'arbitre, de sa foulée économique, n'a pu arriver à temps dans le camp sedanais ou Carpentier arrête de la main. C'était un superbe penalty. Roessler ses joueurs lèvent les bras au ciel... L'arbitre ne siffle rien.

Ne discutons pas pour un penalty semble dire les Marseillais... Très occupé par une attaque soudaine de Fulgenzy, qui shoote à côté (71me).

Ont fait refaire une touche à Ben Barek... Mais oubli, il n'avait pas su la faire. Les hommes de Dugauguez ne laissent rien passer. Célestin Oliver vient même en face d'Angel. La balle au bout du pied. On croit au but, le stade se dresse, non la balle va au ciel, et Oliver à genoux, lance des imprécations en déchirant la pelouse de ses doigts.

Palluch, de son côté, ramasse tout, bouscule, fonce, et deux de ses shoots donnent à l'ouvrage à Rozak. Sur le renvoi, la balle vient danser un moment devant Angel.

Andersson qui termine beaucoup plus fort qu'il n'a commencé, lance de magnifiques offensives vers Mercurio et Ben Barek. Sur l'une d'entre elles, Ben Barek s'avance dangereusement. Las ! Il veut trop bien brosser sa balle qui part sans force. Rozak la cueille facilement.

Il ne reste que quelques minutes à jouer. La bataille fait rage maintenant.

Le but victorieux de Gunnar

Ben Barek et Andersson sont constamment en position de tir sur ce mur les balles que Scotti, Mercurio, Rossi, mesas et Johansson leur adressent constamment. La défense marseillaise, ou Salem et prodigieux et Gransart, malgré une légère contracture, se défend comme un diable devient quasi infranchissable.

Néanmoins, Mesas sauvera de la tête sur un shoot très dangereux de Cuenca. Les encouragements ne vont qu'à Sedan.

La fin de match tient du drame. Encore deux minutes. Prolongations ?

Non, car voici Palluch qui se jette au-devant d'une balle que Carpentier allait dégager. L'arrière ardennais, contré, perd le ballon que l'ailier marseillais pousse en direction des buts. Andersson est à la réception et il n'a qu'a poussé ce ballon, qui vaut son pesant d'or, dans les filets que Rozak ne peut plus défense. C'est le but. Le but de la victoire, marquer à la 89me minute.

C'est du délire parmi les Marseillais. Mesas saute à se rompre les vertèbres. Ben Barek remercie le ciel et Gunnar revient tout benoîtement au centre du terrain comme si de rien n'était.

Jusqu'à Roessler, l'impassible Roessler, qui a bondi sur la pelouse et courra vers ses hommes dès le trille final, pour les embrasser un à un.

Les portes de Colombes restent ouvertes aux Marseillais.

La belle aventure de Sedan s'arrête là.

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Les Marseillais ont battu

les Sedanais

à leur propre jeu

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice GOIRAND)

PARIS (par fil spécial) - Si quelqu'un avait prédit, avant la rencontre O.M.-Sedan que les Olympiens battraient les Sedanais en appliquant leur propre tactique, c'est-à-dire en se montrant les plus rapides sur la balle, il aurait fait éclater de rire son entourage.

C'est qu'en effet, si on accordait des chances réelles de victoire aux joueurs marseillais, cela ne fait aucun doute, d'ailleurs, on pouvait imaginer, par exemple, par un exploit d'Andersson, par une action de Ben Barek, par un trait de génie de Scotti, mais jamais, répétons-le, par une plus grande vitesse d'exécution et aussi par une condition physique bien meilleure.

Or, rien de ce qui était prévu à l'avance de ses produits et au soir de cette magnifique victoire marseillaise, nous sommes obligés de faire notre mea-culpa et de répéter, ce que nous écrivions au début de la semaine dernière, à savoir que l'équipe olympienne est encore plus énigmatique que le Sphinx, lui-même.

Contre Toulouse, nous avions vu onze porteurs du maillot blanc courir après une balle insaisissable et se faire battre par des gaillards réputés pourtant moins véloces que les Sedanais.

Devant les Ardennais, on s'attendait donc, en toute logique, à une répétition à peu près identique de la précédente rencontre.

Il n'en fut rien, empressons-nous de le dire, car, après un début pénible qui dura environ vingt minutes et au cours duquel Sedan marqua son unique et heureux but, les olympiens prirent la direction des opérations.

Certes, l'égalisation se fit attendre, ne le contestons pas. Certes aussi, les hommes de Dugauguez eurent parfois des actions excessivement dangereuses mais, passée la première demi-heure de jeu, on sentait nettement que la technique des Marseillais, tôt ou tard, prendrait le dessus, sur celle quelque peu rudimentaire de leurs adversaires.

Et si, à la mi-temps, le score était toujours en faveur de Sedan, cela était dû surtout à sa coriace, mais truqueuse défense. Néanmoins, en maintenant la balle à terre, les Olympiens avaient sérieusement émoussé la fraîcheur d'inspiration de leurs rivaux.

Lorsqu'il revinrent des vestiaires, les Olympiens poursuivirent pendant dix bonnes minutes, leur travail d'usure. Les Sedanais firent pendant ce laps de temps, encore illusion, mais pas pour longtemps.

En effet, les longues ouvertures de Ben Barek, d'Andersson ou de Scotti, n'étaient plus interceptées avec la même aisance par les ex champions de France amateur.

La fatigue se lisait sur leur visage, alors qu'au contraire, ceux des Olympiens étaient tendus vers un seul but : la victoire.

Oh ! Celle-ci se fit longtemps attendre puisque ce n'est qu'à la 89me minute de la partie qu'Andersson mis knock-out Sedan. Cependant, même s'il avait fallu jouer les prolongations, le succès ne pouvait aller qu'au Marseillais, car ils étaient -et de loin - les plus frais, et également les plus forts.

Certains esprits chagrins reprocheront, peut-être, aux attaquants olympiens d'avoir moins tenté leurs chances que les Ardennais. Reconnaissons-le bien volontiers, mais reconnaissons, par la même occasion, qu'en adoptant cette tactique, ils évitèrent de se fatiguer inutilement, comme le firent les "feux follets" adverses. Combien de courses et de shots dans les décors mirent ces derniers à leur actif, en pure perte d'ailleurs ? Une multitude, ce qui eût pour résultat de leur couper souffle et jambes, au moment décisif.

L'histoire ne se répète pas. Sedan, qui avait flirté sérieusement avec sa chance contre Metz, n'a pu renouer avec elle devant l'O.M. L'épouvantail, le "sanglier des Ardennes" (à votre choix) comme on appelait couramment la courageuse formation de Dugauguez a terminé son honorable carrière en Coupe de France, hier après-midi, au Stade de Colombes.

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"Et maintenant... au tour de NICE !"

disent les Olympiens

PARIS (par fil spécial) - Nous croyons inutile d'insister sur la joie qui régnait dans les vestiaires phocéens aussitôt après le match O.M.-Sedan.

Aux félicitations officielles des dirigeants, venaient s'ajouter celle de Quelques ardents supporters marseillais, ou du moins de ceux qui, bravant les rigueurs du service d'ordre, avaient réussi, on ne sait par quel miracle, à s'infiltrer jusqu'à la.

Le président Robin, tout en épongeant la sueur qui ruisselait de son franc, sueur non pas due à la chaleur, bien que la journée ait été radieuse à tous les points de vue, mais bien plutôt à l'émotion des dernières minutes de la partie, disait avec le sourire des grands jours :

"Je suis mort (sic). Je n'y croyais plus mais j'avais néanmoins le pressentiment que notre ligne d'attaque allait marquer car les arrières de Sedan, depuis un long moment, flanchaient sérieusement. En enfin, nous avons réussi in extremis. Mais quelle joie de jouer enfin cette finale. Dire qu'il y a onze ans que pareille chose de s'été produites..."

Salem, radieux...

Infiniment triste après les quarts de finale disputés à Lyon contre Rouen, Salem était hier l'homme le plus heureux de la terre. Et il y avait de quoi puisqu'il s'était montré sous son véritable jour, c'est-à-dire comme l'un des tous meilleurs olympiens, sinon le meilleur. Les mots sortaient difficilement de sa gorge, tant il était ému des félicitations sans nombre qu'il recevait :

"Je suis très heureux et j'espère aussi que maintenant nous allons ramener la Coupe de France sur la Canebière. Remerciez de ma part tous les Marseillais présents à Colombes pour leurs applaudissements et pour leur s précieux encouragement en cours de partie."

Voilà qui est fait.

Un autre joueur de se tenait également plus de joie. C'est de Rossi qu'il s'agit. Le Marseillais en effet, qui a fait un match excellent, nous déclarait :

"Je suis resté maintes fois dans l'ombre cette saison. Aujourd'hui j'étais décidé à m'imposer. Croyez-vous que j'ai réussi ?"

Devant notre réponse affirmative il poursuivit :

"Je n'ai plus qu'un seul but maintenant : participer à la finale. D'ailleurs nous ne pouvons pas perdre car ce serait l'anniversaire de mes 24 ans."

Le puissant arrière Gransart pestait contre la blessure qu'il s'était faite, reconnaissait aussi qu'elle avait servi. Mais laissons-lui la parole :

"Lorsque en seconde mi-temps Cuenca, devint avant-centre de fait, il ne se doutait pas qu'il allait me faciliter ma tâche. En effet, je me suis fait une contracture musculaire à la cuisse. En opérant au centre au lieu de passer à l'aile il m'a permis de fournir des efforts moins violent et partant j'ai pu suivre plus facilement sa cadence."

Mesas écoutaient en souriant son camarade de promotion comme nous lui demandions ses impressions, il nous répondit d'une voix joyeuse :

"Notre technique supérieure à gagner la partie. Mais avouez que nous n'avons pas été inférieurs aux Sedanais aussi, bien au point de vue moral en vitesse pure."

Le grand arrière central Johansson, les traits nullement marqués se rhabille en bavardant avec son entourage :

"Ca a été très dur certes, mais moins que je ne l'imaginais. Je suis heureux de jouer pour la première fois une finale de Coupe. Palluch, aujourd'hui d'une profonde impression. Quel courage et quelle volonté. Tirons-lui un grand coup de chapeau."

Le point de vue de la défense olympiene ainsi pris, il nous restait encore à connaître le sentiment du capitaine et gardien de buts Angel :

"Enfin, dit-il, nous voilà finaliste. Mais cela a été très dur de remonter le but au début de partie. D'ailleurs je m'étais avancé pour dire à Ben Barek de fermer la faille. C'est à ce moment-là que la balle à ricocher sur mon pied et est venue mourir au fond de mes filets".

Maurice GOIRAND

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La victoire de l'O.M. à Colombes

On attendait Sedan... et c'est Marseille

qui triompha à l'emballage

(D'un de nos collaborateurs : Géo RAY)

PARIS (par fil spécial) - On avait les joueurs de Sedan en excellente condition physique. On savait aussi qu'ils allaient jouer le match de leur vie. Pendant la première mi-temps et une partie de la seconde, les choses se passèrent comme prévu.

Ce que l'on n'avait pas prévu par contre, c'est que les olympiens, y compris Andersson était aussi en très bonne condition.

Et comme il y avait tout de même du côté de l'O.M., une valeur technique individuelle et d'ensemble bien supérieure, le résultat est tout à fait logique.

Gunnar Andersson avait été incontestablement la grande vedette d'avant match. S'il ne fut pas celle du match lui-même c'est que tout simplement le sort ne voulut pas.

Il marqua bien le but vainqueur, mais on vous le dit part ailleurs, ce but fut surtout l'oeuvre de Palluch.

Gunnar fut desservi par le sort avons-nous dit. Il le fut en ce sens que dans les meilleures occasions qui s'offrirent à lui, il fut absolument contraint de tenter sa chance de la tête.

Trois fois dans le match se trouva face à face avec Éloy, trois fois il ne passa grâce à ce fameux crochet dont il a le secret.

Après le match le demi centre Sedanais lui-même nous déclarait :

"C'est le joueur le plus efficace que j'ai rencontré à ce jour..."

Andersson n'eut pas occasion de shooter. Son mérite est grand d'avoir alors montré ses talents complémentaires en faisant d'excellentes passes à ses camarades, bref en organisant bien souvent l'attaque.

L'Andersson ayant monopolisé la "terreur" Éloy, Ben Barek et Scotti ont pu jouer le plus normalement du monde. Ils ont été absolument transcendants.

Tout au plus peut-on reprocher à Larbi d'avoir hésité ajouter... et à marquer sans doute alors qu'il se trouvait seul devant la cage de Rozak. À cet instant Andersson venait de lui faire une belle ouverture.

La "Perle Noire" brilla de tous ses feux chaque fois qu'il eut la balle aux pieds. Il se replia en défense, chaque fois que la situation fut compromise et son duo offensif avec Andersson fut un régal.

De Scotti nous dirons tout simplement qu'il fut le n.1 marseillais.

Devant l'ouragan sedanais en première mi-temps, il fut un défenseur acharné et quand l'O.M. eut le vent en poupe, après le repos, il fut le meilleur attaquant...

Scotti a joué hier l'un des plus beaux matches de sa carrière. Quelle belle récompense tout de même : à dix ans d'intervalle il va jouer une deuxième finale de Coupe...

Salem intraitable

Si nous devions poursuivre notre classement dans l'ordre du mérite, nous placerions peut-être Salem immédiatement après Scotti, légèrement avant son frère de couleur Ben Barek.

Au moment où se jouer vraiment le sort du match, lorsque Palluch eut égalisé et avant le but vainqueur pratiquement jusqu'à la fin, Salem brisa toutes les contre-attaques sedanaises.

Le rapide ailier Fulgenzy, le plus dangereux des attaquants adverses, dut s'avouer vaincu...

Gransart eut fort à faire, lui aussi, avec le subtil Cuenca. Gêné par la sévérité de l'arbitre, le blond arrière déblaya consciencieusement les approches du but. En une occasion, il fit une descente qui l'amena en position de shoot.

Johansson fut au moins l'égal d'Eloy. Son action fut à ce point prépondérante que l'avant-centre adverse le néo-sélectionné Breton passa inaperçu.

Le grand Suédois fit courageusement face, lui aussi, aux vagues sedanaises au moment où il était capital de ne pas flancher.

Johansson se racheta largement des quelques erreurs du début de match, comme les deux demi-ailes Mesas et Rossi d'ailleurs.

Ce dernier couvrit un terrain énorme, parant au plus pressé, relançant l'attaque en bien des occasions. Pour son action constante, Rossi à neutraliser Christian Oliver.

Mesas, pour sa part, eut le mérite de sauver une situation quasi désespérée. Son début de match fut difficile, mais il fut à la hauteur de ses camarades dans le brillant quart d'heure marseillais.

Palluch l'homme du match

Des deux ailiers Mercurio fut le meilleur. Son action fut soutenue, opportuniste et intelligente à la fois. Il fit quantité de centres dans l'un aurait dû logiquement se transformer en un but de Ben Barek.

Mais Palluch, pour sa part, fut l'homme du match. Il obtint légalisation à la 62e minute par une reprise fulgurante et une minute avant la fin, il fit cette sensationnelle descente qui se termina par le but vainqueur d'Andersson.

Deux bonnes actions de Palluch et le tour était joué. Que peut-on demander de mieux ?

Reste Angel. Le goal marseillais eut des arrêts excellents mais quelques sorties pour le moins hasardeuse.

Il fut surpris par la soudaineté du tir de Célestin Oliver lorsque celui-ci réussit son but. On ne peut pas le lui reprocher. Mais diable que ce but pesa lourdement sur les trois quarts de la partie...

Fulgenzy, petit gabarit

mais grande classe

Mais ces derniers ont fait le match que l'on attendait d'eux : vitesse, ardeur, souffle. Le petit ailier Fulgenzy fut le plus dangereux des attaquants. Il couvrit un terrain énorme, suivi toutes les balles.

Cuenca fut... sans doute celui qui rivalisa avec ses adversaires en technique et en intelligence de jeu.

Breny fut neutralisé par Johansson comme le furent les frères Oliver par Mesas et Rossi

Andersson a donné bien du mal à Éloy et si ce joueur est bien sur un très bon élément nous ne saurions dire qu'il a la très grande classe tout au moins sur le match d'hier.

Le rouquin Pascal et l'arrière Bochard furent, avec les joueurs précités les Ardennais les plus en vue.

Célestin Oliver tira impeccablement et avec astuce le coup franc qui ouvrit le score. Par la suite il shoota régulièrement dans les nuages.

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Ah ! quand SCOTTI veut bien se déranger

PARIS (par fil spécial) - Qu'importe que ce soit Scotti dira de ce titre, mais rien n'est plus vrai. C'est d'ailleurs Mercurio qui nous fit cette déclaration, alors que nous en l'interrogions dans les vestiaires.

"Dès que Roger se mit en tête de calmer l'appétit des Sedanais, j'ai eu des balles magnifiques. Et c'est de lui qu'est parti la réorganisation de notre ligne d'avants, avec Ben Barek bien entendu".

Déclarations on ne peut plus exact. Le "pâle" Scotti du début du match redevint lui-même au fur et à mesure que le danger se précisait. Et s'il est vrai que le plus Olympien des Olympiens et un grand joueur, plein de talent, il est aussi vrai que son rendement est celui de ses hommes dépend souvent de lui.

En fait, disons-le tout de même, Scotti réalise présentement l'une de ses meilleures saisons.

Scotti nous disait par ailleurs : "Un but d'écart c'est bon signe. Pourtant je voulais marquer à la fin".

Et Mercurio d'ajouter : "C'est ma plus belle satisfaction de footballeur".

Palluch : héros du match

Et Palluch, que l'on critique si souvent avait cet avantage, hier soir, d'être fait "l'homme de la victoire". Il marqua le premier but et fabriqua 80 p 100 du second.

"Nous avons gagné. Il y a que ça qui compte".

Quant à Ben Barek, un million de bons écus, ne lui aurait pas causé plus de plaisir. Ce n'est pas peu dire. Ce serait la première finale qui joue.

"Nous avons eu plus de vivacité et de cran que nous adversaires en seconde mi-temps. Plus de chance aussi. Mais notre jeu plus direct devait tôt ou tard payer".

Enfin, Andersson, décidément impassible quels que soient les résultats, se contenter de répéter : "Je savais que nous continuerions en Coupe. Nous devions gagner par 3 buts à 1. C'était mon pronostic. Et ce qui me chagrine c'est ce but qui manque au bilan".

L. D'APO

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La cinquième finale

de ROESSLER

PARIS (par fil spécial) - Un Henri Roessler rayonnant de joie, et volubile ça existe. Le "coach" marseillais était hier, plus facile encore que Ben Barek à interviewer. C'est qu'il avait souffert lui aussi. Et ces minutes de victoire qu'il goûtait avec délice ont fait l'affaire des journalistes.

- Je jouerai ma cinquième finale le 23 mai à Colombes. Trois fois j'ai connu ce jour merveilleux en qualité de joueur-Entraîneur je n'avais été en finale qu'une seule fois avec Reims. C'est avec l'O.M. que je souhaitais cette référence. C'est fait.

- À quoi attribuez-vous ce succès ?

- Tout d'abord à la volonté dont mes gars firent preuve au moment décisif. Mais pour servir cette volonté il fallait une excellente condition physique. Tous étaient dans une forme irréprochable. Seul Andersson, vous le savez, nous donnait au début quelques inquiétudes. Nous voilà maintenant finalistes. Je ne saurais vous cacher ma joie".

Effectivement, il n'était pas un homme plus heureux dans Paris hier soir.

Lucien d'APO

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M. LAURANT, président de U.A. SEDAN :

"Nous avons eu huit occasions de marquer"

PARIS (par fil spécial) - Dans les vestiaires sedanais, c'était, bien entendu la consternation, chez les joueurs surtout. Le président Laurant, en effet, subissait le coup du sort avec une certaine philosophie.

"Nous avons eu huit occasions de marquer, nous les avons laissées paser Marseille en a eu deux : cela a fait deux buts. Le football est aussi un jeu de hasard, il ne faut pas l'oublier".

Et M. Laurant d'ajouter en se tournant vers ses joueurs :

"Lorsque vous aurez le métier des Marseillais, gagnerez la coupe. Vous avez vu Ben Barek ?"

Éloy pour sa part était à l'image de tous es scamarades, d'ailleurs encore k.o.

"Perdre à quelques secondes de la fin".

Parlant de son adversaire direct, Andersson, le demi centre Sedanais nous dit :

"Il était en pleine possession de ses moyens. Quel joueur efficace. Et pourtant il donnait l'impression d'avoir peur du claquage".

Quant à l'arrière Daniel Carpentier il reverra longtemps encore dans ses rêves, Palluch lui brûler la politesse et amener le but vainqueur.

Carpentier : "quelle veine ce Palluch, il a prit la balle de la pointe... sans le faire exprès".

Cuenca : "Nous manquions de maturité".

Célestin Oliver : "Nous pouvons, maintenant monter en Division Nationale

GEO RAY

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