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Résumé Le Provencal

du 19 avril 1954

 

Sans ANDERSSON, l'O.M. a été incapable de réaliser

Plus rapide et mieux inspiré, Toulouse a remporté

un étroit mais mérité succès (1 a 0)

L'ombre de Gunnar Andersson n'a pas cessé de planer sur le Stade Vélodrome hier après-midi au cours du match O.M.-Toulouse, disputer devant 12.500 spectateurs environ (recette 3.081.540 fr) et perdu par les Marseillais, 1 but (Grillet 29me minute) à 0.

Plus que jamais, en effet, l'absence du leader olympien ne s'était révélée aussi catastrophique, au point d'écrire qu'à trois jours d'intervalle, on ne reconnaissait plus l'attaque qui avait battu par trois fois la pourtant excellente défense de Saint-Étienne. Lente, très lente et de plus maladroite, telle est apparue la mièvre division offensive des blancs, devant la fougueuse défense toulousaine. De plus, au lieu de pratiquer un jeu lié et cohérent, chacun des avants olympiens s'évertua tout au long de la partie, à vouloir percer individuellement.

C'était tombé exactement dans le panneau de l'adversaire, car celui-ci, dès qu'il eut marqué l'unique but du match, par l'intermédiaire du rapide ailier droit Grillet, s'empressa de "bétonner" avec un rare bonheur. Derreudre, en effet, vint aider Valorisek, dans son entreprise de neutralisation de Ben Barek. Cette neutralisation d'ailleurs fut tellement efficace, que la "perle noire" ne plus jamais ou presque, trouver une liberté de manoeuvre convenable. Si nous ajoutons à cela la carence de Scotti et... l'indéniable valeur du onze Toulousain, on comprendra mieux maintenant la défaite olympienne. Avec Andersson, il est probable que Bigot n'aurait pas appliqué une telle tactique, car elle risquait de causer sa perte. Mais voilà, l'entraîneur de la cité des violettes savait que l'O.M. ne disposait pas de son leader.

Les Toulousains plus rapides

C'est Toulouse qui gagne le toss. Le vent est presque nul.

L'ailier droit Grillet se montre de suite dangereux, et Angel doit intervenir sur un de ses essais (1re minute). Les Toulousains sont beaucoup plus rapides sur la balle. De plus, leur jeu est excellent, ce qui ne gâte rien. Cependant, les Olympiens dominent dans l'ensemble, sans parvenir toutefois à inquiéter Rouxel. Il faut attendre la 10me minute pour voir le goal toulousain intervenir sur un centre shoot de Rustichelli. Les "rouge et blanc" pratiquent la contre-attaque avec un rare bonheur, et un tir de Grillet, sur un corner, et shoote dans les bras d'Angel (19me minute).

La riposte olympienne est immédiate. Rustichelli sert Scotti, mais au moment de shooter, l'inter gauche se laisse surprendre par Kasnerak, qui met en corner (20me minute). Gransart, deux minutes plus tard souffle la balle in extremis a Dupraz, en bonne position.

Grillet marque l'unique but du match

A la 29me minute, une combinaison Brodd-Grillet met en danger la défense olympienne et Brodd, près des buts d'Angel, redonne à Grillet qui, de 15 mètres place un shoot en diagonale qui termine sa course au fond des filets. Les Toulousains continuent sur leur lancée et il s'en faut de peu que sur un centre de ce même Grillet, Dupraz n'ajoute un but de près de la tête (31me minute), aigre un sursaut des Olympiens, la mi-temps survient alors que Toulouse mène toujours 1 à 0.

La défense de Toulouse met l'attaque olympienne dans sa "poche"

Dès la reprise, l'O.M. fait le forcing. Cependant, la défense de Toulouse, dans laquelle brille Pleimelding, Valorisek et... Derreudre, parvient assez facilement à contenir les timides essais marseillais.

Toulouse en danger

Pourtant, à la 60me minute, Palluch fait un service excellent à Mercurio. L'ailier gauche centre impeccablement. La balle roule sur la ligne blanche. L'on croit à l'égalisation, lorsque Valorisek la dégage en corner.

La pression olympienne continue en... pure perte, les avants ratant à peu près tous leurs shoots.

La balle du match

Il ne reste plus que deux minutes à jouer. Toulouse mène toujours. Tout à coup Palluch fait un centre à Ben Barek, Larbi dresse la balle vers Rustichelli à cinq mètres des buts de Toulouse. Le benjamin olympien se précipite, tire puissamment à côté de la cage.

Cette fois l'O.M. a bien perdu et malgré un ultime essai de Palluch, l'arbitre, M. Lequesne, nettement insuffisant, il faut bien le dire, renvoie des deux équipes aux vestiaires.

Maurice GOIRAND

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Une équipe contre des individualités

Pour conserver toutes ses chances devant Sedan, l'O.M. devra opérer autrement qu'il ne fit devant Toulouse, nous disait aussitôt après la très quelconque exhibition fournie par l'équipe marseillaise un supporter du club marseillais.

De cette appréciation personnelle reflétait bien le sentiment général des spectateurs présents hier après-midi au Stade Vélodrome.

Qu'avons nous vu, en effet ? Un onze marseillais ou, pour être plus juste, une attaque olympienne sans âmes, individuelle à l'excès, pêchant par manque de réalisateurs.

Cette absence de shooteurs était tellement flagrante de Roussel, le portier toulousain n'ut à intervenir que de rares fois. Il ne fut, d'ailleurs, jamais en danger réel, sauf sur un shoot de Ben Barek (56me minute) et sur un tir pâle de Rustichelli (58me). On conviendra que c'est maigre pour 90 minutes de jeu.

Les Marseillais battus en vitesse

A l'exception peut-être du premier quart d'heure, les Olympiens ont été régulièrement battus pour la possession de la balle. Les Toulousains, en effet furent les plus rapides, et de loin. De plus, leur football, tout en étant bien meilleur que celui des Marseillais fut également plus perçant, plus dynamique, en un mot, plus dangereux. Les hommes de Bigot pratiquent un jeu à ras de terre spectaculaire et savent, à l'occasion, se servir de la tête, les olympiens en ont fait l'expérience. On connaissait la valeur de l'équipe de la cité des violettes, mais jamais on eut cru qu'elle se présentait aussi forte, malgré les absences de Mioubi et d'Haddad. D'ailleurs comme nous le faisons très justement remarquer Andersson, pas mal de spectateurs avaient oublié qui voyaient évoluer la... quatrième équipe française, puisque tel est son classement.

L'O.M. a déçu c'est incontestable. Ce n'est peut-être pas dans la défaite qui nous chagrine, mais plutôt la façon dont cet échec a été enregistré. Il est encore temps d'y porter remède. Mais le temps presse car sinon...

M.G.

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JOHANSSON, GRANSART

MESAS, meilleurs Olympiens

Une fois de plus, Johansson a été le meilleur Olympien sur le terrain. Le Suédois, en effet, a fait une très grande partie et si le score final n'a pas été très élevé en faveur de Toulouse, cela est dû à sa remarquable exhibition. Dupraz, son adversaire direct, n'a jamais réussi à le passer et on reste confondu devant la régularité du longiligne suédois.

Après lui, citerons Gransart. Le blond arrière olympien semble avoir retrouvé sa grande forme. Bouchouk ne put rien contre lui. De plus, il a opéré avec aisance et n'a pas marqué son homme de loin comme d'habitude.

Mesas, également, livra un âpre duel à Brodd. Le Suédois de Toulouse eut quelques gestes inamicaux envers le bouillant "Mimi". Mais contrairement à son habitude, le demi-aile olympien ne se départit pas de son calme. Un bon point pour ce sang-froid.

Angel eut peu de travail. Cependant, il exécuta deux ou trois beaux arrêts dans l'un en fin de match (sorti devant Grillet), démontre qu'il est en forme.

Des autres marseillais, il est difficile de dire quels ont été les moins décevants. Dans cet ordre d'idées, nous citerons Palluch pour sa volonté à suivre toutes les balles, même celles perdues, et Rustichelli pour sa première demi-heure. Nocentini et Mercurio ont fait une rentrée effacée. Cependant "Fanfan" en droit à des circonstances atténuantes car son inter Scotti n'était pas dans le coup. Et puisque nous ne sommes à parler de ce dernier, disons tout de suite qu'il a été, avec même Barek la grande déception de ce match. Tous deux, en effet, ne reproduisirent pas leur prestation de jeudi dernier. Sont-ils fatigués ? C'est possible. Ne les condamnons pas malgré tout, car ils valent beaucoup mieux que cela. Salem, enfin, apparut dépayser par la vitesse d'action de Grillet.

VALORISEK, DERREUDRE, PLEIMELDING et GRILLET

Chez les Toulousains, un joueur, à notre avis, domina ses coéquipiers. Ce joueur fut Valorisek. Actif en diable, défenseur intraitable, ce remplaçant, car il n'est que remplaçant paraît-il, a fourni un grand match. Avec lui le fin Derreudre, la "muraille" Pleimelding et le rapide Grillet tirent d'un onze par ailleurs excellents.

M.G.

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Entendu aux vestiaires

L'optimisme ne régnait par hier après-midi dans les vestiaires olympiens. Il ne pouvait en être autrement, après cette défaite. Les dirigeants et l'entraîneur conservaient un mutisme presque complet. Roessler, néanmoins ne se refusa pas à l'interview et c'est le plus naturellement du monde qui nous avoua :

"Lorsque chacun veut jouer à son gré, voilà ce qui arrive".

La réflexion de l'entraîneur et peut-être sévère mais juste, reconnaissons-le.

ANGEL, le capitaine du onze, sous la douche, nous fit part de ses remarques.

"Nous tardons trop à attaquer la balle. Chaque fois que nous jouerons de cette façon, nous ne pouvons que perdre".

BEN BAREK, de son côté, était furieux :

"Pas de jeu d'équipe, voilà. De plus j'avais sur le "dos" de Derreudre et Valorisek..."

La "perle noire" évidemment était marquée de très près.

Des deux matches à trois jours d'intervalle ne sont peut-être pas étranger à sa partie légèrement terne.

PALLUCH, enfin, se console du mieux possible : "On a perdu aujourd'hui, nous avons gagné dimanche. En effet chaque fois que nous décevons en championnat nous nous rattrapons en Coupe de France. Il n'y a pas de raison pour que cela change.

Nous, on veut bien. Mais au fait, il y a un certain Sedan qui n'est peut-être pas du même avis.

M.G.

 

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