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Résumé Le Provencal

du 14 décembre 1953

 

Dans une atmosphère houleuse et passionnée, l'O.M.

victime de l'arbitrage doit laisser la victoire à Sète (2-1)

(De notre envoyé spécial : Maurice GOIRAND)

SETE (par téléphone) - Devant 8.000 spectateurs environ, le FC Sète a remporté, hier après-midi, une victoire heureuse sur l'O.M., Par deux buts à un (Kryslak et Ericksson pour Sète et Andersson pour l'O.M.).

Disons immédiatement que le succès étroit des Sétois a été acquis grâce à l'incompétence de l'arbitre, M. Schwinte, qui fut dépassé par les événements et surtout par les cris du public local.

Alors que l'O.M. était mené par 2 à 1 vers la 75me minute de la partie, en effet, Andersson, par deux fois, réussissez à tromper Griffith mais, au moment de conclure il était victime de la rudesse des Sétois.

Passe encore pour la première faute qui pouvait être, à la rigueur, une compensation morale accordée aux Sétois, eu égard à une main de Rossi commise antérieurement et non sanctionnée. Mais, sur la seconde, il n'a aucune excuse valable car lui-même s'était rendu compte de la correction d'un défenseur sétois sur Andersson, en position de tir à dix mètres des buts défendus par Val.

Il avait tellement vu la faute qu'il sifflait immédiatement et indiquer du doigt le point de penalty.

C'est alors que les joueurs sétois se précipitèrent sur lui et firent pression jusqu'à ce qu'il revienne sur sa décision.

Interloqué, indécis, apeuré même, il hésita quelques instants, puis accorda brusquement un coup franc à la limite en faveur des Olympiens.

Les Sétois avaient eu gain de cause, mais l'O.M. venait de perdre ainsi le bénéfice d'un match nul amplement mérité, en seconde mi-temps surtout.

Il est navrant de constater que pas mal de rencontres de Division Nationale sont gâchées par des décisions aussi incompréhensibles. Les résultats s'en trouvant faussés et, de plus, on arrive à écoeurer les spectateurs. Si c'est ce que l'on recherche, le football professionnel n'a plus longtemps à vivre.

Cette précision apportée, revenons au match lui-même.

Comme prévu, Nocentini ne joue pas ; il est remplacé par Mesas tandis que c'est Rossi qui porte le numéro 5.

L'O.M. gagne le toss et s'adosse au vent. Le terrain est lourd et la balle glissante. La première occasion vient de Sète. Fontaine dès le coup d'envoi, lance son ailier, Guinard se rabat et tire en coin, Angel, bien placé, arrête facilement.

L'O.M. réplique. Mercurio ouvre sur Andersson. Le shoot du canonnier n'est pas assez appuyé pour battre Val.

Jusqu'à la 10me minute, les Marseillais dominent leurs adversaires et Sète, pressé sur ses buts, concède deux corners (6me et 10me minute).

Sur le second d'ailleurs, tiré au cordeau par Goutheraud, il s'en faut d'un rien que l'O.M. n'ouvre le score.

Difficiles moments pour l'O.M.

Les dix premières minutes passées sans encombre, Sète, grâce au petit demi gauche Rebello, va donner la mesure de ses moyens.

À la 13me minute, Fontaine sert Kryslak. Le Sétois s'avance, shoote, Angel se met à genoux et renvoie en corner.

Abderrazack récidive peu après. Angel est encore à la parade.

Sète domine à fond. On note des essais très secs de Kryslak (17me et 25me), qui trouve sur la route un Angel stupéfiant d'aisance.

Jusqu'à la 34me minute, Sète accule l'O.M. Soudain, Dard reçoit la balle de Scotti, se rabat vers le milieu du terrain et ouvre en profondeur. Mercurio se saisit du cuir et, de dix mètres, place un boulet de canon au-dessus de l'horizontale !

Kryslak marque pour Sète

La réplique des "Dauphins" est immédiate. Abderrazack, marqué de trop loin par Gransart, s'échappe et centre. Belver rate l'interception et Kryslak, en embuscade, feinte Rossi et bat Angel de près (38me).

Sète poursuit sur sa lancée. Un cafouillage se produit devant les buts marseillais. Plusieurs joueurs s'écroulent, ainsi que la barrière des populaires, sans mal heureusement pour les spectateurs, et Salem ratisse adroitement la balle et dégage son camp.

Jusqu'au repos, Sète se montre dangereux mais ne peut accentuer son avance au score.

Reprise plus égale

Après la pause on sent que Sète à moins d'allant. Gransart, plus à l'aise qu'en début de partie, se permet d'effectuer quelques descentes. Le jeu est fait d'attaques et de contre-attaques rapides.

À la 57me minute, une combinaison Mercurio-Scotti-Andersson met Renko en difficulté. Les Sétois s'en tirent en mettant en corner.

Andersson égalise

L'O.M. maintenant opère décontracté. Andersson passe à l'aile gauche. Mercurio donne à Goutheraud, au centre. Sans attendre, et dans un réflexe admirable, le nouvel olympien sert Andersson qui se dirige sur la droite et tire à ras de terre, dans le coin.

La verticale semble un instant devoir arrêter ce shoot, mais finalement la balle échoue dans les filets sétois.

C'est l'égalisation (61me).

... Mais Ericsson

donne la victoire à Sète

Après cet exploit, les Olympiens relâchent quelque peu leurs pressions et surtout leur marquage.

Sète en profite. Mamberta tire en profondeur sur Guinard. L'ailier droit crochète Salem, centre avec précision. Belver et Rossi avec un ensemble touchant, rate l'intervention, et Eriksson surgit et fusille Angel qui s'était avancé pour fermer l'angle de tir.

Sète mène par 2 à 1.

Après ce second but, le jeu devient dur. Dans un choc, Abderrazack et Mesas se blessent mutuellement. Le Sétois sort un instant du terrain il y a une coupure au nez tandis que le marseillais porte une large estafilade au front. Tous deux sont en sang mais poursuivent néanmoins courageusement la partie.

A la 72e minute, Rossi, doublé par Kryslak, renvoie du poing, mais l'arbitre fait signe de continuer.

M. Schwinie prive

l'O.M. du nul

Et nous arrivons ainsi à la 75e minute. L'O.M. veut égaliser et possède les moyens nécessaires pour arriver à ses fins. Andersson se démène et Goutherand et Dard l'aident puissamment.

Gunnar, servi par l'ailier droit trompe Griffith, s'approche et, au moment où il a placer son shoot est mis à terre par deux sétois.

Silence de l'arbitre, inexplicable celui-là, ainsi que nous le disions plus haut.

Cinq minutes ne se sont pas encore écoulées que le même fait se reproduit, à l'intérieur de la surface de réparation cette fois, et alors qu'Andersson s'apprêtait à battre Val. En effet, Griffith et Abderrazak fauchent littéralement Andersson.

L'arbitre siffle penalty puis revient sur sa décision. Le brouhaha règne sur le stade, et les cris fusent de toutes parts. Mais M. Schwinte, pour ne pas perdre complètement la face, accorde un coup franc à la limite. Tiré par Scotti, il est renvoyé par le mur sétois. L'on s'approche de la fin et Sète mène toujours.

Alors qu'il reste encore au moins trois minutes à jouer, l'arbitre commet une nouvelle faute en arrêtant la partie au grand dam des supporters marseillais.

 

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M. Robin : "C'est un scandale !..."

SETE - dans les vestiaires après le match, les Olympiens et leurs dirigeants exhalaient leur légitime rançoeur devant l'arbitrage incohérent de M. Schwinte.

Roessler si calme d'habitude, était rouge de colère : "Nous frustrer de deux penalties, c'est à ne pas y croire ! Jamais les Sétois ne devaient nous battre.

MM. ROBIN et BIANCO ainsi qu tous les joueurs partageaient unanimement ce point de vue, M. Robin, encore atterré par cette injustice défaite s'écriait : " Un vrai scandale ! Que faut-il faire maintenant pour vaincre régulièrement.

Tandis que M. Bianco, lui, insistait sur la perte d'un point précieux : "L'arbitre nous vole le match nul !"

NOCENTINIqui avait assisté en spectateur au match était plus calme. Il analysait ses impressions en ces termes : "Je savais que se serait dur en raison de l'exiguïté du terrain. Il est inadmissible, cependant que le Groupement tolère qu'un club de Division Nationale possède un rectangle de jeu pareil.

Cet avis sera également le nôtre et servira de conclusion.

M.G

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MESAS a été soigné à l'hôpital de Sète

Après le match, Mimi Mesas portait une large blessure au front. Devant sa gravité, le docteur de service a ordonné son transfert à l'hôpital.

Rassurons tout de suite les admirateurs du demi olympien, car Mesas n'a pas été hospitalisé, mais on lui a simplement posé trois points. D'ailleurs, il a pu rejoindre Marseille avec ses camarades.

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ANGEL, MESA, BELVER, SALEM et MERCURIO les meilleurs

SETE - L'O.M. ne devait jamais s'incliner à Sète avec un tout autre arbitre.

En effet, si Andersson n'avait pas été victime d'irrégularités, on peut être sûr qu'il aurait battu au minimum une fois encore, obtenant ainsi un partage des points. Donc, l'O.M. a perdu, plus par la faute du référée par la valeur de l'adversaire.

Néanmoins, quelques olympiens sont loin d'être sans reproche, et nous voulons parler surtout de Scotti, qui a beaucoup déçu.

Roger fut l'ombre de lui-même. Il n'a pas reproduit les belles parties de ces temps derniers. Est-il fatigué ? C'est possible.

Part ailleurs, Gransart a fourni une première mi-temps assez terne, devant un très bon Abderrazak, instigateur du premier but, d'ailleurs. Il se reprit en seconde mi-temps, mais non pas au point de renouveler sa prestation devant Roubaix.

Rossi ne fit pas oublier Johansson, bien sûr, surtout dans les actions offensives, car en défense, Gaby accomplit de très belles choses. Il manque à notre avis quelques peu d'accoutumance aux grandes rencontres.

Andersson qui relèvent de blessure, a été peu servi. Il a mis trois exploits à son actif dont un a fait mouche. C'est malgré tout, maigre, pour un joueur de sa classe.

Dard, devant un Abder en grande forme, réalisa quelques belles échappées.

Goutheraud nous a plu, surtout par son intelligence du jeu. Peu utilisé au cours des premières 45 minutes, il a été par la suite à l'origine du but réalisé par Andersson.

Enfin les hommes de base de l'O.M. ont été encore une fois Angel, transcendant à plus d'un titre, Mesas, formidable par son dynamisme et sa volonté, Belver, impeccable en défense et demi-offensif de valeur à l'occasion ; Salem, intraitable et Mercurio, le meilleur et le plus actif des cinq avants.

L'O.M. a perdu, certes, mais pas démérité. Sur le petit terrain des Métairies et devant un public chauvin - comme tous les publics d'ailleurs - et avec un arbitre aux décisions malheureuses, il était difficile aux olympiens de faire mieux

M.G.

 

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