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Résumé Le Provencal

du 06 avril 1953

 

LE SORT DU MATCH ETAIT REGLE AU BOUT D'UNE DEMI-HEURE EN FAVEUR DE SETE ET...

L'O.M. ne parut pas capable de combler son handicap (2-0)

Ce derby heurté, farouche, ne fut pas palpitant

(De notre envoyé spécial : Alain DELCROIX)

Il est des traditions qui ne se perdent pas. De tout temps les derbys O.M. - F.C. Sète ont été farouchement disputés. Celui que nous avons vécu, en ce dimanche pascal n'a pas échappé à la règle !

Rarement il nous ait été donné d'assister à une rencontre aussi écartée, aussi décousue !

Il y avait, d'un côté une formation survoltée obnubilée par le gain du match et de l'autre un onze soucieux de ménager ses chevilles, mais pourtant déterminé à ne pas être ridicule.

À première vue on pouvait supposer qu'en dépit du handicap du terrain, de l'ambiance frénétique du Stade des Métairies, et de la farouche volonté des locaux, les Olympiens sauraient leur tenir la dragée haute.

Ils avaient en leur faveur deux éléments : une technique d'ensemble considéré comme supérieur et leurs opposants étaient privés de trois éléments valeureux : Singier (claquage), Mioubi (entorse de la cheville) et Laborde (fatigue).

Sans doute les hommes de Roessler avaient-il l'intention de faire aussi bien qu'à Metz, mais les "Dauphins" réussirent dès la troisième minute un but surprise qui les désarçonnèrent !

Une fois encore les blancs se sont laissés "cueillir à froid", comme l'on dit en termes pugilistiques. C'est un défaut majeur qui leur a coûté bien souvent un but en déplacement.

Maître du ballon

Pendant la première mi-temps, les Olympiens eurent certaines réactions belliqueuses, mais il est incontestable que les Sétois, plus ardents, plus incisifs, parvinrent à se rendre maîtres du ballon et à conduire les deux mouvements offensifs de ce nom ; non seulement ils obtinrent un second but, à la suite d'une combinaison très orthodoxe menée par trois éléments, mais encore Curyl expédia un tir très "vicieux" sur la transversale et Fontaine, sans un plongeon de Poncet, aurait pu même clôturer une percée solitaire par un shot victorieux !

45 minutes pour rien

A la mi-temps, le score était acquis et le F.C. Sète qui avait fourni un rude effort et opéré sur un ton "crescendo" décida de vivre sur son avantage.

La "reprise" nous offrit un spectacle d'une bien médiocre qualité.

L'O.M. parut incapable de changer la face des événements, tandis que le F.C. Sète, ravi de son avance, ne songeait qu'à la conserver, sans trop se préoccuper de la manière !

Et nous avons assisté à quarante-cinq minutes de jeu pour rien, ou les balles en cloche, les passes à l'adversaire, les "cafouillages", les shots mous se succédèrent à qui mieux mieux.

Andersson tira à deux reprises en dehors des bois ; Scotti envoya une balle dans les nuages et Antonio et fontaines furent les seuls à tenter quelque chose dans le camp des vainqueurs.

Carence totale de l'attaque

La défense olympienne s'affola en début de partie mais ensuite elle accomplit sa tâche de manière satisfaisante ; on ne peut décerner le même compliment (modéré) à la ligne d'attaque.

Elle fut hier méconnaissable. Où était-il le perçant, l'allant qu'elle manifesta face aux Rémois ?

Les cinq hommes furent "bouclés" par leurs vis-à-vis et n'essayèrent pas de construire un raid massif ou une contre-attaque en profondeur.

Parfois nous les avons vus partir en passes courtes à ras de terre mais ce n'était qu'une vague esquisse, la matérialisation de leur aspiration ne pouvait se produire !

Nous n'avons pas assisté à un grand derby émouvant, dramatique, ce n'était qu'un match à l'atmosphère de fête, pourtant il fut coloré par le farouche duel que se livrèrent Gransart et Curyl.

Le Marseillais et un back athlétique qui ne redoute pas les contacts, le petit et blond ailier sétois, lui aussi ne craint pas d'affronter l'ennemi. Nous nous en sommes aperçus en Coupe de France !

M. Fauquemberghe évita de justesse que le conflit ne dégénère en pugilat.

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CE QUI DISENT

THOMAZOVER : " CE FUT UN

VRAI MATCH DE COUPE !"

Pas de désespoir dans le camp olympien, comme si l'on prévoyait insuccès.

M. Henri Cabassu, très calmement, nous dit : "Il y a longtemps que je n'avais pas vu un match aussi irrégulier, et puis le terrain n'était pas très fameux !"

Henri Roessler, de son côté, nous disait : "on a trop joué à côté du ballon ! De plus, il n'était pas aisé d'opérer dans des conditions pareilles !"

Johansson très objectivement, nous disait de son côté : "Le résultat est normal, mais réellement ils exagèrent,. Quant à l'arbitre ses décisions furent souvent déconcertantes !"

Lanfranchi pestait contre l'extrême ardeur des Dauphins : "A présent, je ne suis plus étonné qu'ils s'en sortent chaque année ! Evidemment, de la manière qu'ils opèrent, il n'est pas possible de les battre sur leur terrain !"

Dard très caustique se contenta de nous poser une question : "Dites, entre nous, la corrida, a eu lieu demain en Arles, où aujourd'hui aux Métairies ? "

Aux vestiaires Dauphins, on était heureux mais sans exagération.

Pons nous déclarait sans forfanterie : "L'équipe a bien donné dans l'ensemble.

Fontaine pensait à l'élimination en coupe de dimanche dernier : "Je n'ai qu'un regret c'est que nous ayons pas jouer contre Saint-Étienne comme devant l'Olympique".

Le président Michel rayonnait littéralement, à la pensée que ses poulains avaient amélioré leur classement : "Que vous dire ? Sinon que je nage dans la joie ! À présent, je crois que nous sommes presque tirés d'affaire !"

Enfin, Marcel Tomazover concluait en ces termes : "Ce fut un vrai match de Coupe !"

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LE MATCH AU CHRONOMETRE

DULUC et ANTONIO ont scoré pour les Sétois

Plus classique derby F.C. Sète - Olympique de Marseille n'a pas attiré la grande foule au stade des Métairies.

L'O.M. présente la formation annoncée.

À Sète, Mioubi est finalement absent et Laborde disparaît de la ligne médiane.

Sète présente : Pons ; Rznko, Mamberta ; Martin, Griffiths, Arribi ; Nagy, Antonio, Duluc, Fontaine, Curyl.

Dès les premières secondes on comprend que les deux formations ne se feront aucun cadeau. Sète attaque et obtient un premier corner et à la 3e minute Poncet dégage ; c'est Arribi qui prend le cuir, aucun adversaire ne s'oppose à sa percée, il donne la balle dans le trou, la défense olympienne cafouille, Poncet et Salem sortent, le Marocain dégage faiblement, Duluc surgit en trombe pour s'emparer du cuir et expédier un boulet que Poncet ne peut arrêter.

Sète : 1 - O.M. : 0

Quatre minute plus tard, Mesas fonçe avec décision, et tire dans sa foulée, mais à côté.

À la 21e minute, sur un coup franc de Mamberta, Poncet repousse de façon excellente. Curyl est knock-out. Il va sur la touche. Sète joue à dix, Gransart passe dans l'attaque shoote avec force. Il rate de peu légalisation !

Cinq minutes plus tard Curyl rentre, à la 28e minute, Fontaine réalise un heading de près que Poncet stoppe. Et à la 29e minute, une remarquable combinaison des Dauphins se termine par un second but, Martin part, transmet un Nagy qui glisse à Antonio, celui-ci de 20 mètres tire dans le coin gauche et marque.

Sète : 2 - O.M. : 0

A la 32e minute s'est Fontaine qui botte, le onze de Tomazover a nettement la direction des opérations. La mi-temps survient sans que le score ne soit modifié.

Le second half est disputé sur un rythme beaucoup plus modéré et pendant un quart d'heure les deux teams somnolent.

À la 66e minute, Fontaine se montre dangereuse et la défense olympienne cafouille ; finalement Poncet dégage au pied.

Changement à l'O.M., Andersson devient ailier gauche et Dard ailier droit, et Rustichelli avant-centre. Andersson tente sa chance (72e minute) mais en dehors de la cage !

Andersson rate ensuite d'un millimètre un joli but, le ballon frôle le montant droit.

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Comment ils ont joué

SALEM, SCOTTI, MESAS

FURENT LES SEULS A RESSORTIR

D'UN ONZE MEDIOCRE

Les joueurs dans les doctorants sont pas fournis une prestation transcendante.

Poncet a réussi d'excellents arrêts en première mi-temps où il fut souvent sollicité, mais ses dégagements ne furent pas toujours très précis.

Gransart, solide et décidé à livrer un duel sans pitié à Curyl : Salem très actif et fort adroit, a dominé nettement Nagy et aéra son aire.

Nocentini se livra avec son habituelle énergie mais fut assez brouillon dans ses services.

Johansson n'avait pas un redoutable adversaire à brider, nous l'avons vu parfois plus à l'aise.

Scotti eut à cause de l'évolution du match un rôle constamment défensive. Il ne tint sans faiblesse Rustichelli n'a pas réalisé une partie brillante. Certes il ne fut pas gâté par les balles.

Lanfranchi a paru fatigué, il ne soutint pas le rythme. Andersson a été dominé par Griffith, il a souffert de la carence générale de la ligne d'attaque.

Mesas n'est pas un véritable intérieur, il a apporté beaucoup de coeur et de courage à la lutte.

Dard fut muselé par Renko. Pons n'a pas eu beaucoup à intervenir. Il n'a pas commis de faute.

Renko a été honorable, Dard ne l'a pas obligé à se dépenser énormément.

Mamberta ne s'est pas mis souvent en relief.

Griffiths n'a pas quitté Andersson d'une semelle.

Arribi a fourni un labeur offensif très productif.

Nagui, dans son style plutôt maniéré, ne s'est pas montré très dangereux.

Antonio eut un rendement bien plus brillante que la semaine dernière. Il marqua un excellent but.

Dubuc ne fut pas irrésistible. Il se montra très opportuniste. Fontaine travailla avec coeur ; Curyl très volontaire, fut un danger réel pour la défense marseillaise.

A.D.

 

 

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