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Résumé Le Provencal

du 15 septembre 1952

 

DIX MINUTES AVANT LA FIN, L'O.M. MENAIT PAR 2 BUTS A 1...

... MAIS ALPSTEG S'ECHAPPA ET OBTINT LE MATCH NUL

POUR SAINT ETIENNE (2 à 2)

(Un reportage d'Alain DELCROIX)

On peut affirmer que l'Olympique a raté d'un rien l'occasion de ramener deux points sur le Vieux-Port

En effet, la rencontre Marseille - Saint-Étienne disputée à vive allure en dépit d'un sol glissant fut très indécise jusqu'au coup de sifflet final, et les olympiens eurent souvent le but de la victoire au bout du pied.

Une fois encore, ils se battirent avec un courage remarquable, une volonté extraordinaire qui ne se démentit à aucun moment. Ils voulurent de toutes leurs forces arracher le score et, s'il échouèrent à demi dans cette entreprise, ils n'ont aucun remords à avoir ; ils ont fait leur devoir.

Remonter in extremis

On pouvait supposer que la mi-temps allait être sifflet sur le score de 1 à 0 en faveur de Marseille, lorsqu'il est eu un tir lointain et inattendu de Castellani, le demi stéphanois, qui lui-même, ne devait pas croire à sa chance. C'est légalisation surprise.

Les Olympiens, au prix d'efforts généreux en seconde mi-temps étaient parvenus à reprendre l'avantage ; il ne restait plus qu'une dizaine de minutes à jouer pour, il ne s'agissait donc plus que de tenir, de gagner du temps. Hélas, une échappée ultra-rapide d'Alpsteg remit tout en question. Deux fois, l'Olympique se fit rejoindre, alors qu'il menait à la marque. Doit-on considérer qu'un relâchement coupable s'est produit dans la tenue collective à des moments cruciaux.

Non, il n'en est pas question. Le responsable est, sans contester possible, la fatigue. Les Marseillais ont payé hier l'effort généreux qu'ils ont fourni devant Rennes pour combler le handicap de deux joueurs blessés. On l'a constaté en deuxième mi-temps, où le rythme d'ensemble des Marseillais se ralentit énormément lorsque la défense parvenait à aérer ses bois, elle n'avait plus la force de poursuivre son action et venir seconder ses avants de pointe, qui, ainsi, furent sevrés de balle.

Précision que les contre-attaques olympiennes furent toujours dangereuses ; elles étaient beaucoup plus incisives que les assauts alambiqués de ses adversaires.

Johansson

remarquable policeman

Le Suédois Gunnar Johansson a fourni un très grand match, surtout en première mi-temps, où il mit dans sa poche Rouillon, lui ratissant toutes les balles de la tête et disputant le jeu avec intelligence.

Le Suédois est en passe de retrouver sa meilleure forme d'il y a deux saisons. Scotti tint le rôle de chien de berger avec beaucoup de clairvoyance et de précision sur ses interventions.

Mercurio fut une véritable locomotive ; il couvrait une distance incalculable et soulagea souvent sa défense. Poncet réussi d'excellents arrêts, souvent avec maestria. Malheureusement, il n'a pas eu de chance sur sa dernière balle.

Alpsteg, le second Anoul

L'international Anoul, en Belgique, est un homme très populaire et très brillant qui, lorsqu'il joue à l'arrière, se paie même le luxe de scorer.

Les Français s'en rendirent compte, il y a quelques années lors d'un match France Belgique mémorial.

Le Stéphanois Alpsteg et, sans conteste, un garçon dans son genre, hier il fut le meilleur élément de l'équipe de Snella, insaisissable et toujours en mouvement, non seulement ; fut l'ailier fut l'auteur d'un but, mais encore, en défense, couvrit très bien Ferrière. Castellani fut très accrocheur comme demi-aile

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LE MATCH AU CHRONOMETRE

Un bolide d'ANDERSSON

Un "retourné" de LANFRANCHI

SAINT-ETIENNE - Le match Marseille Saint-Étienne arbitrait par M. Dufosse, débute en présence de 5.000 spectateurs environ (recette 1.100.000 francs).

L'Olympique présente le team annoncé, c'est-à-dire : Poncet ; Gransart ; Nocentini ; Mesas ; Johansson ; Scotti ; Dard ; Lanfranchi ; Andersson ; Mercurio ; Caussemille.

Saint-Étienne présente : Ferrière ; Alpsteg ; Fernandez ; Castellani ; De Cecco ; Haond ; Ferry ; Rouillon ; Collados et Rijvers.

Dès l'engagement, Marseille est en action. Une longue échappée de Caussemille aboutit sur Dard qui fait une jolie tête. Rijvers riposte, mais Johansson sauve son camp.

À la 6me minute, Dard échappe à Fernandez, shoote dans sa foulée, mais le goal bloque bien.

Quelques instants plus tard Rouillon, tout seul, manque la cage.

Le même joueur tire encore à côté un peu plus tard. A la 13e minute, Collados oblige Poncet à intervenir. Les Phocéens réagissent et Andersson shoote en dehors des bois.

On note ensuite une dangereuse descente de Dard. Puis Poncet est obligée de plonger dans les pieds de Rouillon, à la suite échapper que celui-ci à la 27e minute.

Mercurio feinte Castellani, glisser le cuir à Andersson. Mercurio se démarque intelligemment, reçoit pour la balle et la redonne au Suédois, déplacé sur la droite.

Bolide d'Andersson

Et c'est un bolide d'Andersson qui ne laisse aucune chance à Ferrières.

Marseille 1 ; Saint-Étienne 0.

Saint-Étienne repart courageusement À l'assaut. Alpsteg, à la 29e minute, Rijvers à la 30e minute, Castellani à la 40e minute, tentent leur chance, sans résultat. Enfin, à l'instant temps va être sifflé (44me minute) Castellani file le long de la touche et, de 30 mètres, expédie un superbe boulet dans le coin droit. C'est l'égalisation. Alpsteg avait été à l'origine de cette percée.

Marseille 1 ; Saint-Étienne 1.

À la reprise (47me minute) Poncet exécute un remarquable plongeon sur une attaque de Rijvers. Il parvient à subtiliser la balle au Hollandais.

Par la suite, Castellani, en tirant au-dessus et Ferry, à côté, n'inquiètent pas trop le keeper olympien.

Un but refusé à l'O.M.

A la 54me, on assiste à une redoutable descente de Dard. Celui-ci puisse à Caussemille qui lui renvoi la balle, et l'ailier droit marseillais reprend en force. Mais Fernandez sauve son camp.

Un cafouillage se produit devant les bois de Poncet. Le danger est écarté, malgré une tête de Castellani. A la 60e minute, Rouillon oblige Poncet à effectuer un arrêt spectaculaire.

A la minute suivante, Andersson marque le but qui est refusé pour hors-jeu.

L'O.M. est dominé et subit la pression de son adversaire.

A la 70ème minute, Poncet plonge encore, sur une percée de Rijvers.

Quatre minutes plus tard, à la surprise générale, sur un centre d'Andersson, Lanfranchi, d'un retourné, bat Ferrière dans le coin gauche.

Marseille : 2 ; Saint Etienne : 1

L'O.M. va-t-il l'emporter ? On le suppose. Saint Etienne fait le forcing pour égaliser ; Les Marseillais sont acculés sur leurs bois. Rijvers et Haond font preuve de mordant et de précipitation. Ils ajustent mal leurs tirs.

Enfin, à la 84me minute, Alpsteg, en position d'ailier gauche, bouscule Johansson. La faute n'est pas sifflée par l'arbitre.

Le populaire avant se rabat et de dix mètres, trompe Poncet, en dépit d'un effort désespéré de ce dernier. La fin est sifflée peu après sur le score de 2 à 2.

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SCOTTI :" Est-ce que l'on finira un jour par gagner"

C'est dans les vestiaires olympiens, nous avons trouvé des joueurs fatigués et transpirants, qui se désaltéraient avec avidité. Ils étaient d'accord pour affirmer que le succès était largement à leur portée. Scotti s'écriait d'une façon pittoresque : "Est-ce que l'on finira un jour pas gagner ?"

Roessler, les traits tirés, nous déclarait : "Nous aurions dû l'emporter les doigts dans le nez".

Poncet, affalé sur un banc, nous disait : "Je suis crevé ; tout de même, quelle déveine sur ce second but !"

Andersson se lamentait également : "Nous avons pris des buts idiots ; quelle chance ! Si nous avions deux points à Marseille, cela aurait bien arrangé notre classement !"

Dans le camp stéphanois, on rencontrait, évidemment, un autre son de cloche. Mais là, on était formel : "N'allons pas chercher midi à 14 heures ; nous n'avons pas d'attaque, mais nous méritons de l'emporter !"

Alpsteg corroborait cette opinion, nous confiant : "Il nous a manqué un rien pour forcer le score. Dire que nous la souhaitions tant cette première victoire, et qu'elle n'est pas encore venue !"

Le président Fauraud n'était pas très loquace en débouchant des bouteilles de mousseux : "Je regrette que nous n'ayons pas enlevé la décision. Pourtant nous avons dominé largement !"

Haond, de son côté, estimait qu'il aurait pu mieux faire.

 

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