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Résumé La Marseillaise

du 10 décembre 1951

 

Ebloui par le jeu ensoleille des Niçois

l'O.M. perd un match à sa portée (4-2)

Nice est là !

Ça c'est quelque chose ! C'est du soleil d'abord, du ciel bleu à revendre et... du monde. Du beau monde avec manteau de fourrure et tout et tout, venu en droite ligne de la Côte d'Azur. Le paradoxe est amusant. La foule marseillaise est là elle aussi et sa crie. C'est bien l'atmosphère du derby sudiste électrisée, survoltée. On est là, dans ce stade, bien de se trouver entre gens du Midi où il n'y a pas à se gêner. L'exubérance est permise, aucune crainte de détonner, votre voisin de devant ne se retournera pas. On peut y aller de la voix et du geste, puisqu'on est "en famille".

Cependant, une angoisse étreint le coeur des Marseillais. On n'affronte pas, le 9 décembre 1951, une formation comme Nice avec désinvolture. Chaque équipe qui va se mesurer avec les Aiglons ressent ce tract. Que dire alors de l'O.M., de cette O.M. qui a une place plus que médiocre en bas, tout au fond du tableau, de cette Olympique qui a perdu l'habitude de la victoire ?

On a gagné au début avec les vendanges. Le vin sera bon, on dit alors les supporters. Puis on s'est payé quelques matches nuls pour les chrysanthèmes. Le muscat virait à la piquette. Et aux approches de la Bûche, c'est la défaite, lourde, indiscutable. Le muscat est devenu vinaigre. Les supporters ne rient plus. Pourtant...

L'O.M. PAR BIEN

ET NICE OUVRE LE SCORE

Pourtant ce début de match et palpitant. Roessler a averti ses onze joueurs : "Essayez de gagner les Niçois de vitesse !" La chose semble impossible car la force des champions de France est pour beaucoup dans leur "tricotage". Bon enfant la ligne d'attaque olympienne ou Nocentini a remplacé Johansson indisponible, applique la consigne et réussit au moins en partie. C'est Andersson qui ouvre le bal et dès le coup d'envoi. Le blond Suédois veut montrer aux Marseillais que la place d'ailier gauche le gêne en aucune façon. Il court, centre sur Alarcon (une fois n'est pas coutume) qui réceptionne, donne à Dard qui shoote... à côté.

En se regardant les tribunes, oui, on est surpris, ravi, sauf les porteurs de drapeaux niçois qui trouvent cette attaque beaucoup trop méchante. Pendant 12 minutes, la pression marseillaise et vive.

Peu après, les Niçois réagissent et à la 12e minute, première attaque d'envergure. Courteaux prend les "blancs" à contre-pied. Mais, mal inspiré, il passe à Carniglia en position d'ailier, laissant ainsi la possibilité à l'adversaire de se replier. Carniglia shoote en force, bel arrêt d'Ibrir.

Enfin, à la 20e minute, Bengtsons trompe Scotti et lance Ben Tifour qui sème Gransart et c'est le but.

UN SUPER DARD EGALISE

Cet inter titre va faire sourire beaucoup. Tant pis, nous le maintenons parce que c'est vrai. Nous sommes d'autant plus libre pour féliciter Georges que nous sommes durs avec lui quand il le faut et parce que nous en connaissons ses possibilités. Aujourd'hui, Dard a été le Dard des grandes occasions.

À la 32e minute, Alarcon trombe Poitevin et passe à Georges qui, posément, modérément bloque sa balle, ajuste et égalise. C'est du beau travail et l'ovation qui y répond est nettement justifiée.

LES AIGLONS MENENT

A LA MI-TEMPS

A la 39e minute, Dard prend Gonzalez à contre-pied et centre sur Alarcon qui shoote dans les bras de Domingo.

Les Niçois ne se laissent pas démonter et par Courteaux amorce une opération de dégagement. La défense olympienne intervient, le bloque. Cafouillage. L'éclair Ben Tifour arrive en trombe et marque. Nice : 2 - O.M. : 1.

LES AIGLONS

SONT BIEN LES PLUS FORTS

Vous savez quand le matador a marqué son premier taureau, ne sont pas très bien en pensant qu'il en a encore deux à tuer. Et bien ! C'est un peu le sentiment que nous ressentions à la 45e minute.

"Vous avez tort de craindre", nous disait notre voisin à la 61e minute. "Voyez plutôt !" oui, c'était bien, très bien. Andersson, bien lancé par un Dard en position d'inter, vient de battre Domingo. Est-ce le nul ? Non, car M. Boes arbitre, va, par une erreur un peu voyante, se mêler de brouiller les cartes. Coup franc immérité contre Scotti à la limite. Le mieux renvoie le tir. Bengtson reprend de volée. Nice : 3 - O.M. : 2.

Nous craignant l'effondrement car les niçois se font durs. Mais l'O.M. a encore assez d'énergie pour tenir. C'est le boxeur mal à l'aise qui attend le gong. À la 76e minute, Courteaux rate le but de peu (la barre). À la 81e minute, Bentsson, lancé par Bonifaci shoote à côté.

Enfin une minute avant la fin, Bentsson donne le coup de grâce alors qu'en position d'ailier droit il donne à Courteaux en position d'inter gauche. C'est le quatrième but pour Nice, le dernier de la partie.

L'O.M. MERITAIT LE NUL

Car, enfin, dans l'ensemble les Marseillais ont produit leur meilleur match de l'année.

Ibrir : quelques beaux arrêts. Toujours dangereux dans ses sorties.

Gransart : efficace, mais trop inexpérimenté pour tenir Ben Tifour.

Salem : un peu terme.

Les demis ont tenu, Nekkache a fait plaisir.

Les avants ont été souvent menaçant : Andersson ailier n'a pas fait oublier Andersson avant-centre ; Nocentini, mieux que d'habitude ; Alarcon, souvent muselé par Poitevin ; Lanfranchi pas très bon ; Dard, excellent.

À Nice, Bon Tifour a été l'attaquant numéro 1 avec Courteaux. Le centre d'attaque n'a pas tellement brillé. Rossi, Gonzales ont été des arrières un peu la. Domingo n'a pas tellement eu de travail.

Et voilà, marseillais, il faut boire la coupe jusqu'à la lie.

F. PANAZZA

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D'UN VESTIAIRE... A L'AUTRE

"Je suis très heureux pour mon équipe, mais un peu déçu pour les marseillais". C'est par ces paroles que Mario Zatelli, nous accueillait hier après-midi dans les vestiaires niçois (ou régnait, comme l'on pense, une joie générale) après la victoire de son équipe.

De son côté, M. Sattegna, le président des Aiglons commentait en ces termes la défaite des Olympiens :

"Nous avons joué décontracté, alors que Marseille, tout temps long de la partie à jouer avec le "trac". Il ne faut pas chercher ailleurs le secret de notre succès."

Andoire, l'entraîneur du onze, est parfaitement de cet avis et il ajoute :

"Les Marseillais ont fait un match courageux, mais il ne pouvait rien contre nous aujourd'hui".

Ce n'est pas l'avis des joueurs et dirigeants olympiens qui, navrés de cette nouvelle défaite, mettent celle-ci sur le compte de la malchance et surtout sur... l'arbitre M. Boes, responsable d'après eux, du 3me but niçois, marqué sur coup-franc à la 60me minute de la partie.

D'ailleurs M. Gratian, s'explique là-dessus et affirme péremptoirement que sans celui-ci, son équipe aurait pu très bien arracher un match nul somme toute équitable.

Pour mieux appuyer les dires de M. Gratien, l'entraîneur Roessler si réservé d'habitude s'écrie avec l'accent par-dessus le marché :

"La Bonne Mère n'est plus Marseillaise, car il faut que cela soit ainsi pour que nous perdions un match que nous pouvions très bien terminer par un score nul, pour le "moins".

Tous les joueurs approuvent et Dard (un des meilleurs aujourd'hui) conclut avec amertume :

"La malchance, mais la malchance noire, est la seule responsable de notre défaite vraiment un immérité."

M. GOIRAND

 

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