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Résumé Le Provencal

du 28 août 1950

Au Havre, l'O.M. (Battu 1 à 0)

s'est contenté de se défendre

Libérati, brillant, a évité une

défaite plus sévère à son équipe

LE HAVRE. - Sous un soleil presque méditerranéen, devant plus de 10 000 spectateurs, Le Havre a fêté, hier, son retour en Division Nationale, en venant à bout de l'O.M., par un but à zéro. À dire vrai, l'O.M., presque constamment pressé sur ses buts - en première mi-temps surtout - s'est contenté de se défendre.

La manière dont les Marseillais firent face aux offensives normandes manqua d'orthodoxie.

Arrières et demi-ailes parèrent au plus pressé, bottant au hasard la plupart du temps, opérant sans ordre et se gênant souvent.

Ce fut miracle si le H.A.C. ne réussit pas à marquer au cours de la première mi-temps (0 - 0).

Un penalty lui fut refusé et, d'autre part Christianssen, Steenbergen et Stricane commirent au moment de conclure de trop flagrantes fautes de frappe.

Il convient de dire aussi que Libérati - qui eut part ailleurs des renvois du poing quelque peu dangereux, sauva bien des situations par des anticipations et des plongeons opportuns.

Un trou au centre du terrain

Occupé en défense, l'O.M. pouvait-il s'attacher à construire ?

Certes, le terrain exigu de la Cavée Verte ne facilitait pas les larges actions offensives.

Mais il faut bien reconnaître que les inters marseillais, pour Robin et Ekner, isolés de leurs demi-ailes, parurent à la dérive.

Ekner, volontaire, se plaça souvent sur la trajectoire de la balle. Il réussit quelques actions personnelles, mais il les couronna par des coups de bottes difficilement utilisables.

Les demis, séparés de leurs inters, des avants de pointe, contraints à lutter individuellement contre leur opposant direct, voilà sans doute - sur le plan de l'organisation du jeu - les défauts qui nous parurent les plus flagrants hier.

L'O.M. eut une occasion de marquer

L'équipe marseillaise eut, pourtant, à la 21me minute, l'occasion (ce fut pratiquement la seule), de marquer un but.

Bouchouk crocheta en effet, Nuevo poursuit son action, donna au centre une très belle balle à Robin que celui-ci plaça sur le montant vertical gauche des buts de Ruminski.

Confusion en fin de match

L'O.M. toujours menée par un but à zéro à 10 minutes de la fin, ne commit-t-il pas d'autre part l'erreur de maintenir alors en défense Nocentini ?

Ne fallait-il pas tout tenter pour égaliser à ce moment ?

On pourra rétorquer que Robin (touchait à la 58e minute), avait dû s'exiler à l'aile gauche, Ekner passant avant-centre, Zboralski et Nocentini inters. L'O.M., ainsi désorganisée, était excusable de "flotter " un instant.

Le Havre fit le " forcing "

Au demeurant, nous aurions tort de chercher des " si " et des "mais". On peut reconnaître à l'O.M. le mérite d'avoir su limiter les dégâts. Mais Le Havre qui fut selon l'expression pugilistique, constamment le " forcing " a mérité son succès.

Celui-ci se concrétisa six minutes après la reprise.

Nuevo servit Steenbergen qui, n'étant pas attaqué, botta de vingt-deux mètres une balle que Liberati qui ne put qu'amortir en lui donnant un effet qui lui permit de retomber sur la ligne après avoir pénétré dans les buts.

Dix tentatives havraises en première mi-temps

Avant de réussir ce but. Le Havre mis une bonne dizaine de fois Liberati qui en danger au cours de la première mi-temps :

A la 5me minute, Saunier prit la balle à Scotti, la donna à Steenbersen qui prolongea sur Stricane. Celui-ci parvint seul devant Liberati mais perdit de précieux cinquièmes de secondes à chercher son pied droit. Liberati, opportunément sorti pour réduire l'angle réussi à détourner en corner.

A la septième minute, Saunier centra sur Devroedt. Au moment où celui-ci se mit en position de shoote, il fut victime de la part de Haddad d'une charge irrégulière dans la surface de réparation mais M. Harzig ne sanctionna pas.

À la douzième minute, Saunier - encore lui - échappa une nouvelle fois à Salem et contraignit Liberati a lui plongé dans les pieds de magistrale façon.

À la vingt-quatrième minute, sur service de la tête de Christianssen, Saunier tenta une reprise de volée du gauche qui échouera de peu à côté.

À la vingt-sixième minute, sur renvoi du poing de Liberati, Saunier fit une tête très basse. Le gardien marseillais, bien revenu, réussi à s'aplatir sur la balle.

À la douzième minute, Saucanne s'échappant par l'aile gauche, arriva devant Liberati et place, du gauche, le ballon... Dans les bras du goal olympien.

À la trente-deuxième minute, sur coup franc tiré de 25 mètres par Devroet, Liberati manqua son intervention du poing. La balle pénétra dans les filets, mais Steenbergen avait chargé irrégulièrement Liberati, le but fut refusé.

À la trente-sixième minute, Liberati - vraiment à l'ouvrage - du plongé sur un shoote très précis de Stricanne.

À la quarantième minute, cinq tirs normands successifs furent renvoyés tant bien que mal par les défenseurs marseillais.

Le Havre connaît son terrain.

En seconde mi-temps, le Havre fut certes très loin d'exercer la même pression. Le débat, qui n'avait jamais été d'un niveau technique très relevé, sombra dans la confusion. Le jeu devint plus âpre encore, émaillé de reprises acrobatiques, de charges plus ou moins régulières.

Mais le H.A.C continua cependant à neutraliser son adversaire, marquant même par Saunier, un but pour la seconde fois refusée (contrôle du bras).

Il est d'ailleurs curieux de constater que Le Havre comme l'O.M. fit jouer ses demi-ailes en défense. Ce n'est qu'en seconde mi-temps que Walorizrck vient appuyer ses avants.

Comment les attaquants havrais s'arrangèrent ils pour être si souvent en possession de la balle ?

Sans doute parce que, si se démarquant et jouant avec plus de liaison, ils surent la conserver.

Sans doute aussi parce que les dégagements des défenseurs normands furent plus puissants et mieux orienter que ceux des arrières et demi-ailes marseillais qui tapèrent au hasard.

Hier, H.A.C., - Et c'est assez normal - s'accommoda mieux que son adversaire et dimension et des spécificités du terrain de la Cavée Verte.

L'O.M. - nous l'avons dit - se borna à faire la part du jeu. La défense accomplit un travail exorbitant. À considérer ce seul but encaissé, il semble que ce soit tiré à son honneur de l'aventure.

Et pourtant - sans vouloir nous montrer sévère, - nous sommes obligés de dire qu'elle donna souvent le frisson. Saunier, ailiers droit du H.A.C., fut un danger permanent.

Christianssen et Stricanne sans cesse en mouvement, se mirent trop souvent en position de shot, imités d'ailleurs par Steenbergan et Devroedt.

La défense olympienne perd trop vite son sang-froid. Les arrières se laissant trop puérilement mettre " entre deux chaises " par une permutation temporaire de leurs adversaires directs.

Les renvois, trop aériens, sont la plupart du temps orientées au petit bonheur.

Aucun défenseur ne fut parfait hier. Après Liberati, Johansson mérite une mention. Sans doute, le Suédois joua-t-il " la zone ", mais il sait se placer et intervient avec finesse. Il ne fit pas un grand match, mais il tint fort honorablement son poste.

Haddad est toujours aussi mal à l'aise au poste de demi-aile. Scotti, à qui il est beaucoup demandé, ne réussit pas, hier, à mettre de l'ordre dans un ensemble défensif qui se contentait d'improvisation individuelle.

Que fit de son côté, l'attaque marseillaise ? Fort peu de chose en vérité. Il fallut attendre la 20me minute de jeu pour noter deux essais francs au but de la part des olympiens. Ils furent l'oeuvre de Nocentini, qui vit son pied bloqué au départ de la balle et d'Ekner, qui botta très largement à côté.

Les autres actions (une demi-douzaine en tout) furent sporadiques et sans efficacité.

Nocentini expédia cependant de joli shoot. Il se débarqua se replia. Bouchouk travailla avec opiniâtreté, Zborowski pesa constamment sur Bihel. Ekner lutta en solitaire. Robin - avant sa légère blessure - s'efforça d'ouvrir.

L'ensemble mal épaulé manquant de mobilité de cohésion, d'élasticité, eut un rendement inexistant.

Le public normand satisfait

Si le H.A.C. avait perdu ce match, en eut mal auguré de ses recettes à venir.

Sa victoire fut accueillie par un public enthousiaste, ravi à la fois d'avoir renoué avec des visiteurs de marque et de posséder une équipe capable de faire bonne figure en division nationale.

De fait, sur le terrain si particulier de la Cavée Verte, le H.A.C. sera difficile à battre.

La défense (Ruminski-Albanest-Bihel-Nuevo) est solide. Bihel ne lâcha pas Zboralski d'une semelle. Nuevo a étalé hier des possibilités de droitier que nous ne lui connaissons pas.

Walorizeck inter ou ailier gauche ordinaire constitua hier avec Ranzoni (qui marquait Ekner) un excellent tandem de demis.

Si Saunier fut le plus dangereux des attaquants normands. Christianssen et Stricane (ce dernier gaucher impénitent) jetèrent le trouble dans la défense marseillaise par leurs allées et venues incessantes.

Des deux hollandais, Devroadt nous parait être le meilleur technicien. Le longiligne Steenbergen qui, au demeurant, marqua le seul but du match, manque parfois de vivacité.

Soyez en persuadé, Le Havre, chez lui fera de nouvelles victimes.

Auteur : Raymond GIMEL

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(Photos : collection personnelle Christophe Houel)

 

 

 

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