OM1899.com

Résumé le Provencal

du 06 avril 1978

L'O.M. : retrouve la première place

Les Olympiens ont peiné pour

construire leur victoire (4-1)

La grande vedette de cette rencontre hier soir était, vous le savez, l'équipe de Strasbourg. Les Racingmen de notre vieille connaissance, Gilbert Gress, avaient, en effet, signé une courte victoire la veille sur les Nantais d'Henri Michel. Et ce faisant, ils avaient relancé d'un coup, d'un seul, cette rencontre que les Olympiens devaient disputer hier soir face à la lanterne rouge rouennaise.

On crut d'ailleurs que l'O.M. n'allait pas tarder à prendre le relais (dans l'optique du vedettariat) quand Berdoll, la 5e minute, exploitant à merveille une ouverture de Gransart, filait seul vers Gili pour placer la balle sur la gauche de l'ancien Marseillais. C'était du travail bien fait et cette heureuse conclusion nous changeait un peu, il faut bien le dire, de tous les petits malheurs de l'avant-centre international enregistrés depuis le début de la saison. Cette fois, Berdoll avait une bonne occasion et il mettait la balle au fond, comme on le dit dans le jargon du football.

1 à 0 donc après cinq minutes de jeu, c'était pour le moins bien parti pour les couleurs olympiennes, et ce petit but, dans l'esprit de tous les spectateurs, allait en appeler beaucoup d'autres. En un mot, comme en cent, l'O.M. avait en main le pain et le couteau pour soigner son goal average. Vous connaissez le score, 4 à 1. Ce n'est déjà pas si mal, mais le comble c'est le public, en se retirant du Stade-Vélodrome, avait quelque peu tendance à faire la fine bouche. D'après lui, il n'avait pas eu son compte de buts. Comment en était-on alors arrivé à ce sentiment mitigé ? Et bien, c'est que l'O.M. sur le terrain, après avoir ouvert la marque, s'était laissé aller à la douceur somnolente, en s'endormant sur le rôti et sur les lauriers tout à la fois.

Jamais personne ne changera les supporters marseillais, mais sacrée équipe olympienne tout de même !

Elle, dont le jeu nous avait comblé à Bordeaux puis à Nice dans des conditions autrement difficiles, se mettait, une fois de plus, à sombrer dans la médiocrité de son adversaire. Un adversaire soit dit en passant, qui était venu au Stade Vélodrome pour se faire de bien grandes illusions. Et sans dire qu'il avait la tête sur le billot pour s'offrir en holocauste, il ne donnait jamais le visage d'un rival déterminé à contester la victoire olympienne. C'est à ce moment-là que l'O.M. aurait dû chercher à assurer sa victoire, quitte à terminer ensuite au petit trot. Bien sûr, ce n'est pas le moment de critiquer les hommes de Skoblar dont tout le monde s'accordera, et nous y compris à reconnaître les mérites. Mais enfin, une fois de plus, les joueurs auraient pu s'épargner une fin difficile, même si, au bout du compte, il aura rattrapé le temps perdu dans la dernière demi-heure du match.

UN LONG PASSAGE À VIDE

Pourtant, Berdoll, encore lui, exploitant cette fois une passe de Florès, était venu, dix minutes avant la mi-temps, arrondir son pécule du bout de son soulier, portant ainsi le score à 2 à 0. Mais, en fait, c'était à partir de ce moment-là que tout a commencé à se dégrader un peu au sein de l'ensemble au maillot blanc. Certes, Linderoth, Jeannot Fernandez étaient absents hier au centre du terrain. Et, sans vouloir minimiser le rôle de leurs camarades de l'entre-jeu, on peut dire que leur absence s'est quand même fait sentir. Toujours est-il que les "diables rouges" qui, pourtant hier soir n'avait rien de diaboliques, se mirent à s'enhardir au fil des mesures au point de réduire la marque par leur ailier gauche Vanzo (64e). Du coup, l'O.M., jusque-là chasseur, se mettait non pas à devenir gibier, mais enfin, à se poser des questions sur le produit de sa chasse. Car c'est justement dans ces moments-là qu'on se met à envisager le pire. Et Rouen qui avait marqué un but pouvait bien en ajouté un second. Heureusement, le doute sera de courte durée, même si Bianchi, par deux fois, eut la balle d'égalisation au bout du pied. Boubacar, guère ménagé par les défenseurs adverses, remettait comme on le dit populairement, les pendules à l'heure, en trouvant le chemin des filets. Et cette soirée footballistique, qui avait connu des fortunes diverses, se termina sur un véritable gag à l'heure du dévouement. Gransart, mettant la balle dans la lucarne de son ami Gili, fut lui-même, le premier étonné de sa réussite. Bref ! à 4 à 1. Les choses étaient beaucoup plus en rapport avec la qualité et surtout le classement des deux équipes en présence. Qu'on le veuille ou non, le premier avait bel et bien battu le dernier. Mais ne boudons pas quand même notre plaisir, l'O.M. a retrouvé la première place. Samedi prochain, tout un chacun est conscient que la partie finale se jouera à Nantes. Il est déjà encourageant d'aborder de ce grand rendez-vous en position de force. Mais n'anticipons pas, à chaque jour suffit sa peine.

Jean FERRARA

----------------------------------------------

Rendez-vous à Marcel SAUPIN

Nantes qui "tombe" à Strasbourg, l'O.M. et Monaco qui s'imposent logiquement à domicile, et voilà, ou plutôt revoilà, trois équipes sur une même ligne, à cinq petites soirées de la fin, il y a bien longtemps, en vérité, qu'un championnat de France n'avait été aussi ouvert, en conséquence aussi passionnant. Laissons les Nantais à leur déception et les Monégasques à leur joie, et revenons à nos moutons (ne nous faites pas dire que nous n'avons pas dit), c'est-à-dire aux Marseillais.

On se doutait un peu que, pour eux, en ce premier mercredi d'avril, la tâche n'aurait rien d'insurmontable. On espérait même qu'ils mettraient à profit la visite de ceux que l'on appelait jadis les "Diables Rouges" et qui sont devenus les "lanternes rouges", pour marquer un maximum de buts, à seule fin d'améliorer ce que nos amis anglais appellent le goal average, autrement dit la différence de buts entre ceux marqués et ceux concédés, qui pourrait bien s'avéra capital le 2 mai prochain.

Deux à zéro à la mi-temps, 4 à 1 à la fin de match, on peut considérer que le contrat a été à moitié rempli seulement.

Les Olympien ayant maintenant réussi le plus facile, il leur reste, vous l'aurez deviné, à réussir le plus difficile.

C'est-à-dire se rapprocher du sacre final en allant si possible, vaincre ou à défaut tenir en échec les champions de France en titre dans leur fief de Marcel Saupin.

Pour mener cette entreprise a bien, les Phocéens, c'est évident, devront en tout état de cause jouer mieux, beaucoup mieux, que ce qu'ils ont fait hier soir. Il est vrai, et ce n'est pas le moindre des paradoxes de Trésor et ses équipiers, qu'ils ont pris la curieuse et parfois irritante habitude de se surpasser devant les meilleures et de jouer à la baballe devant les plus humbles. Il faut cependant espérer, d'autant qu'en terre nantaise l'O.M. pourra compter sur les rentrées de Jean Fernandez et d'Anders Linderoth. Le premier est l'indispensable poumon de l'équipe, quant au second, on a pu mesurer hier le vide qu'il laisse lorsqu'il n'est pas là.

Linderoth, on le sait, a été le héros de R.D.A.-Suède. Tout Marseille espère qu'il sera celui de Nantes-O.M.

Faisons-lui confiance : il est probable qu'il ne ratera pas le rendez-vous de Marcel Saupin. On peut être petit par la taille, mais grand par le talent.

André DE ROCCA

----------------------------------------------

----------------------------------------------

Pavic :" Pour une équipe condamnée, Rouen

ne n'est pas trop mal débrouillée !"

L'entraîneur Pavic essayait de se montrer souriant, malgré l'ampleur de la défaite, et nous a dit : "Pour une équipe condamnée, Rouen ne s'est pas trop mal débrouillé. Depuis plusieurs semaines, nous savons que notre sort est acquis et que la saison prochaine, Rouen jouera en deuxième division, mais cela n'empêche pas que mes joueurs montrent beaucoup de coeur et de courage ! On l'a encore vu, ce soir, au Stade-Vélodrome. Dans l'ensemble, je suis satisfait du comportement de mes joueurs, mais hélas, nous répétons toujours les mêmes fautes : nous prenons un but en début de rencontre, que nous pourrions éviter et, ensuite, nous éprouvons des difficultés à remonter son handicap. Nous n'avons pas fait preuve de grandes inspirations, mais nous aurions pu, peut-être, marquer davantage, quand nous avons eu certaine occasion !"

Gili nous a dit, de son côté : "Je pense que sur la physionomie de la rencontre, le score final est trop lourd. Nous ne méritons pas de perdre par trois buts d'écart !"

Et Vanzo ajoutait de son côté : "Quand j'ai réussi à ouvrir le score pour Rouen, nous n'avions plus qu'un seul but de retard et nous faisions jeu égal avec les Marseillais. Nous pouvions même envisager l'espoir de faire match nul, mais je ne sais pas ce qui s'est produit dans le dernier quart d'heure, celui-ci nous a été particulièrement néfaste !

Alain DELCROIX

----------------------------------------------

----------------------------------------------

Les réponses aux questions que vous vous posez

QUESTION : AVONS NOUS ASSISTE HIER UN GRAND MATCH ?

R. - Non, il serait malvenu de déclarer que les quelque 15.000 spectateurs du Stade Vélodrome ont assisté hier soir à une rencontre inoubliable. L'O.M. a gagné 4 à 1, c'est bien puisque cette victoire lui permet de retrouver la première place au classement, mais nous avons été loin par exemple de la qualité des rencontres suivies dernièrement à Bordeaux et à Nice.

Mais on ne peut pas demander toujours à l'équipe olympienne d'offrir un spectacle extraordinaire à chaque rencontre. Ce sera peut-être pour samedi prochain un Nantes. Un adversaire qu'il faut maintenant, en convenir, qui mérite toute l'attention.

Q. - POURQUOI BERDOLL ET BRACCI ONT ÉTÉ REMPLACÉ EN FIN DE MATCH ?

R. - Ce n'est pas, vous imaginez, parce que l'un et l'autre ne donnaient pas satisfaction sur le terrain. Skoblar et Markovic ont voulu simplement économiser les forces de ces deux joueurs qui avaient participé on s'en souvient, au match France - Brésil. Les responsables techniques veulent économiser les forces de leurs joueurs et ma foi, ils n'ont pas tout à fait tort, même si Berdoll, qui concourt pour le classement des buteurs, aurait pu trouver une nouvelle chance, aux dires de certains, avant le coup de sifflet final. De toute façon, ces changements étaient prévus bien avant le coup d'envoi.

Q. - QUEL A ÉTÉ LE COMPORTEMENT DE L'ARBITRE ?

R. - M. Bouffanddeau dont le nom n'est guère connu jusqu'ici a tenu hier soir son sifflet sans trop s'attirer de remarques désobligeantes. Cela revient à dire qu'il s'est acquitté de sa tâche à la satisfaction quasi générale. Il n'a rien fait en tout cas pour avantager l'une ou l'autre des deux équipes. En somme, un chevalier du sifflet que l'on reverra volontiers à Marseille ou ailleurs.

Q. - ET MAINTENANT ?

R. - C'est évidemment la question qui se posent désormais les supporters olympiens qui pensent à cinq journées de la fin au titre de champion de France. Skoblar, lors de la dernière conférence de presse tenue au Stade Vélodrome avait laissé entendre que l'O.M. était prêt pour jouer les tout premiers rôles. Mais il est évident que le match de samedi prochain à Nantes sera à ce sujet déterminant. Pour l'instant, l'O.M., Nantes et Strasbourg sont au coude à coude. Strasbourg ne l'oublions pas, est aussi dans la foulée. On ne sait pas encore qui va gagner, mais une chose est certaine toutefois, le sprint s'annonce palpitant.

J.F.

----------------------------------------------

----------------------------------------------

SKOBLAR : "Tout se jouera à Nantes"

Il n'y avait pas l'ambiance des grands soirs de victoire dans les vestiaires marseillais, à l'issue du succès obtenu sur Rouen, succès qui permettait aux Olympiens de reprendre le maillot jaune du championnat de France.

Josip Skoblar, comme c'est désormais de tradition, répondit le premier aux questions des représentants de la presse écrite et parlée.

"Le plus important, devait dire le directeur sportif de l'O.M., était de gagner les deux points. L'objectif a été atteint. En considérant que nous avions été obligés de remanier profondément notre équipe, je suis satisfait du comportement de mes joueurs. Il va sans dire que maintenant c'est à Nantes qu'il va falloir que nous montrions ce dont nous sommes capables. Pour nous, un match nul serait une excellente affaire, mais je suis aujourd'hui de plus en plus persuadé que si nous arrivons à vaincre à Marcel Saupin, nous serons champions de France. Autant dire que la rencontre de samedi soir sera décisive".

Pour ce qui est de la sortie de Berdoll, Skoblar devait donner les précisions suivantes : "Mon intention était de le faire sortir à la mi-temps. Il se trouve qu'après un quart d'heure de jeu en deuxième période, nous avions pris un but. J'ai maintenu alors Berdoll et ne l'ai fait sortir que lorsque nous avons creusé l'écart, à seule fin de le ménager avant Nantes-O.M. et pour qu'il puisse récupérer - c'est pareil pour Bracci - les efforts consentis devant le Brésil".

L'analyse de Markovic tenait en peu de mots : "Je vous avais dit 48 heures avant le match que je craignais cette rencontre parce que je savais que mes joueurs pénétreraient sur la pelouse sans grande motivation, persuadés avant le coup d'envoi que la cause était entendu face aux modestes Rouennais. J'avais raison. Mais l'important était que nous remportions la victoire. Cela a été fait. Contentons-nous de ce bonheur".

Le revenant Marius Trésor était satisfait quant à l'évolution de son ancienne blessure :

"Mon genou a tenu et c'est là l'essentiel. Peut-être ce soir a-t-on péché par excès de confiance, mais je suis persuadé que l'O.M. montrera un tout autre visage samedi prochain à Nantes. Celui de Nice, par exemple. Pour mon compte personnel, mon récent match avec l'équipe de troisième division et la rencontre de ce soir me permettront d'aborder ce choc au sommet dans les meilleures conditions possibles. Par ailleurs, les rentrées de Fernandez et Linderoth devraient nous apporter beaucoup également."

Le héros du soir, Marc Berdoll, qui fut ovationné par le public à sa sortie du terrain, était tout sourire : "Dix-sept plus deux égale dix-neuf, disait-il. Je suis content d'approcher de la vingtaine, et croyez-moi, l'important reste avant tout l'équipe".

Comment on lui demandait s'il avait ressenti les fatigues du match contre le Brésil, Berdoll précisa : "En première mi-temps, ça allait encore, mais lorsque Josip a décidé de me remplacer, je ne vous cache pas que je commençais à avoir les jambes lourdes. Il faut dire que jouer 90 minutes devant les défenseurs brésiliens, ce n'est pas une partie de plaisir..."

Hervé Florès, véritablement transcendant à Nice, fut apparemment un peu moins à l'aise - encore qu'il ait été l'un des meilleurs Olympiens - hier soir. "Je suis encore enrhumé, devait-il nous dire, et je vous avoue que j'ai terminé cette partie assez prouver. Par ailleurs et je ne cherche pas là d'excuse, car c'est pour tout le monde pareil, la pelouse du stade vélodrome est véritablement dans un piteux état, elle donne à la balle des trajectoires et des rebonds pour le moins imprévu. Enfin, nous avons gagné, et c'était là je crois l'objectif numéro un".

Baulier, à qui nous apprenions que Linderoth avait été le meilleur homme du match R.D.A. - Suède eut cette réaction : "Sacré Anders, quelle modestie. Quand nous lui avons demandé s'il avait bien joué, il s'est contenté d'un "ça va" évasif..."

Et, revenant au match, Baulier continua : "Peut-être que ce premier but, marqué trop tôt, nous a déconcentré quelque peu".

La conclusion, nous la laisserons à V. Zvunka : "On a eu un peu peur après le but de rouennais, disait-il, mais ensuite, quand on a de nouveau creusé l'écart, plus rien ne pouvait nous arriver".

Et comme on lui demandait pourquoi il joua pratiquement toute la fin du match en position d'attaquant de pointe, il eut cette réponse : "Je ne cherche pas à marquer mon but pour la gloriole, mais je penais surtout à venir aider mes attaquants pour améliorer si possible notre goal average car, croyez-moi, la différence entre les buts marqués et les buts encaissés risquent d'être diablement importante en fin de championnat".

Pour ne rien vous cacher, c'est l'opinion quasi générale.

André de ROCCA

 

Toute reproduction intégrale ou partielle des textes ou photos est strictement interdite.