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Résumé le Provencal

du 26 mars 1978

O.M. : UN NUL MERITOIRE MAIS...

...les olympiens imprudents se font rejoindre

à l'ultime minute (1-1)

NICE - Il est possible et même probable que si quelqu'un avait prédit aux Olympiens le match nul sur le stade du Ray à Nice, les joueurs marseillais, ainsi sans doute que leurs supporters, auraient pu se frotter les mains d'aise. Il semble bien pourtant qu'après avoir pour les uns joué et pour les autres suivi cette rencontre haute en couleur, le point obtenu à Nice laisserait à tous à petit arrière goût d'amertume.

L'O.M. qui jusque-là avait fait preuve d'un remarquable esprit de corps, semblait s'acheminer vers une victoire d'autant plus logique que même les plus chauds supporters niçois n'osaient la leur contester. Il a fallu un petit moment d'inattention, un état d'esprit qui ressemblait peut-être à une sorte d'euphorie anticipée pour que les Niçois, jusque-là dominés aussi bien en tactique dans le jeu lui-même, rétablissent l'équilibre pour obtenir un match nul inespéré.

Dommage ! Tous les observateurs présents hier soir dans les tribunes du stade du Ray se sont accordés pour reconnaître une fois de plus à l'équipe olympienne non seulement une autorité qui s'affirme au fil des rencontres, mais aussi une allure qui pouvait très bien s'accommoder avec un futur champion de France.

Comme nous l'écrivions après le match de Strasbourg, on ne sait pas maintenant quelle sera la suite. Mais il est certain que si l'O.M. ratait le titre d'un cheveu ou si vous préférez d'un tout petit point, tous les Marseillais, dans leur ensemble, ne manqueront pas de revenir par la pensée à ce match disputé hier soir et à ce but de Bjekovic. Un but qui serait ainsi déterminant puisqu'il aurait changé à lui tout seul la face du championnat.

LES COUPS DE PATTES DE FLORÈS

Dans une ambiance fantastique, bien dans la tradition des derbies, l'O.M., dès les premières escarmouches avait affiché les mêmes et heureuses dispositions qu'à Bordeaux. C'est dire si l'équipe, avec sa manière rassurante, faisait tout pour donner confiance à ses supporters. Des supporters marseillais, soit dit en passant, qui s'étaient déplacés en nombre respectable, tant et si bien que l'O.M. sur le terrain, en entendant leurs encouragements nourris, devait se croire par moment au stade vélodrome...

Sur la tactique employée par les deux adversaires il était alors curieux de noter toute la différence entre ce match et celui vécu au stade vélodrome pour le compte de match aller. À ce moment-là, le 28 octobre dernier pour être précis, c'était les Niçois qui faisaient figure d'épouvantail, et les Olympiens de petit Poucet. Hier soir, c'était tout à fait le contraire et les Niçois, sans doute effrayés par les derniers résultats de l'O.M., se tenaient visiblement sur leur garde, un peu à la manière de ses boxeurs sûrs de leur style, mais qui redoutent le punch de leurs adversaires. En guise de punch d'ailleurs, l'O.M. allait rappeler aux Niçois que la réputation dans ce domaine n'était pas surfaite. Mais hélas, Florès pour ne citer que lui, dans le rôle du frappeur de service, vit, deux fois au moins, des balles de but être repoussées en catastrophe par une défense azuréenne.

La première fois, Florès dans un lobe remarquable de précision avait trompé la vigilance de Jacomo. Tout le monde dans le stade croyait au but mais Barraja revenait à toutes jambes, dégageait le ballon sur sa ligne. La deuxième, le chemin des filets était encore largement ouvert, mais cette fois c'était Jacomo qui déviait le tir de l'ancien mazarguais.

Si l'on ajoute à ces deux actions une tête de Victor Zvunka qui frôla d'un cheveu la transversale, on voit que l'O.M. avait fait mieux que se défendre dans cette rencontre au combien importante.

DU SUPER MIGEON

Bien sûr, au début de la deuxième mi-temps, les Niçois s'enhardirent quelque peu au point de venir inquiéter à leur tour la défense marseillaise. Mais ils se heurtèrent à ce moment-là à un extraordinaire Migeon. Le gardien multiplia, en effet, les arrêts de grande classe, décourageant tour à tour Bjekovic, Toko, Sanchez et tous ceux en un mot qui tentaient leur chance dans le camp niçois.

En voyant le remarquable Migeon multiplier ainsi les prouesses, on se disait alors que l'O.M. ne pouvait pas perdre ce match. Mieux, on était plus ou moins persuadé que la formation olympienne allait finir par enlever le dernier mot. Tout le monde dans le stade cru en avoir la confirmation lorsque Florès transforma en but ce coup franc concédé par quatre Katalinski. Il ne restait plus qu'un petit quart d'heure à jouer, et tout un chacun, répétons-le, était convaincu de la prochaine victoire marseillaise.

Tour à tour, Linderoth, Berdoll et Boubacar eurent une nouvelle balle de but au bout du pied, mais soit par excès de précipitation, ou même par excès de zèle tant les uns et les autres voulaient s'appliquer à parachever la victoire, ne purent concrétiser l'ascendant que l'O.M. prenait peu à peu sur les Niçois. On ne savait pas alors que toutes les occasions gâchées allaient coûter un point aux hommes de Skoblar.

À vrai dire on ne sait pas encore ce qui a bien pu se passer au sein de cette équipe olympienne.

François Bracci, en délaissant son poste pour la première fois de la rencontre avait-il crut un peu trop tôt que la victoire était déjà dans la poche ? Ses camarades de la défense, jusque-là irréprochables, ont-ils pensé à leur de leur côté que la dernière attaque niçoise était entachée de hors jeu ? Personne ne pourra jamais répondre à ces questions. Toujours est-il que Bjekovic, qui avait lui-même préparé le mouvement offensif, se trouva à point nommé et sans aucune opposition pour venir mettre la balle hors de portée de Migeon. Le gardien ainsi d'ailleurs que tous ses camarades ne méritaient pas un tel dénouement tant ils avaient fait le nécessaire pour signer une nouvelle victoire.

Enfin ! Il est inutile de remuer à la fois les regrets et les couteaux dans la plaie. La défaite de Monaco replace les Olympiens aux commandes du championnat.

Même vraiment quel dommage que cette sensationnelle rencontre se soit terminée sur ce que nous qualifierons personnellement de petite fausse note.

C'est d'autant plus navrant, n'ayons pas peur de nous répéter, que le concert donné par les Olympiens jusque-là avait été de la plus haute tenue...

Jean FERRARA

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Trop bête

Pour tout ce qui concerne son domaine de prédilection, le footballeur a souvent une mémoire infaillible, et c'est comme s'il s'était déroulé la veille que Josip Skoblar évoquait avec nous, voici quelques jours, ce match vieux de sept ans qui avait vu l'O.M., sous une chaude pluie de mai, s'imposer au Ray face à deux buts d'un certain numéro 10.

Mais, bien sûr, il était tentant d'établir un parallèle. "La route du titre passe par Nice", avait donc dit Josip avec une tranquille assurance. Les résultats de la soirée lui donnent peut-être raison. Mais tous ce qui étaient à Nice, hier soir, vous diront que l'O.M. a perdu un point plutôt qu'il n'en a gagné un.

Rien n'est joué, certes, dans un sens comme dans l'autre, et nul ne peut dire si l'O.M. sera ou non champion de France. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que les Olympiens ont évolué hier soir en digne prétendant au titre. Ne les vit-on pas malmener l'équipe niçoise brillante par ses individualités mais paraissant frappée de lenteur au regard des irrésistibles accélérations adverses ?

À la mi-temps, déjà, c'était miracle que le score ne fut pas ouvert : Barraja sortant sur la ligne un lob de Florès, Jiacomo repoussant un tir à bout portant de Florès encore, puis de Boubacar, un coup de tête de Zvunka frôlant la transversale ; toutes ces occasions, les supporters de l'O.G.C.N. en convenaient sportivement dans les tribunes, auraient mérité un meilleur sort.

Car les "Aiglons", quant à eux, n'avaient été dangereux que par deux fois, sur des reprises de Toko.

Paradoxe, pourtant, l'O.M. qui avait territorialement dominé la première période sans parvenir à conclure, allait y arriver au plus fort de la pression niçoise, qui ne devait durer qu'un quart d'heure. Quart d'heure terrible pour Migeon qui devait effectuer trois arrêts époustouflants devant Bjekovic.

Mais les attaquants marseillais ne sont jamais aussi dangereux que lorsqu'ils ont de l'espace devant eux.

Les Niçois, à leur tour, allaient l'apprendre à leurs dépens. Car, outre le coup franc de Florès, Berdoll, Boubacar et Linderoth eurent tour à tour la balle de break au bout du pied. En pure perte, hélas. Et, pour une poignée de secondes et une erreur de jugement manifeste, l'O.M. perdait un point précieux.

De quoi maudire le sort, vraiment.

Alain PECHERAL

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Les réponses aux questions que vous vous posez

Nice-sur-Canebière

Q. Quelles étaient les conditions et l'ambiance de cette rencontre ?

R. On se serait cru par moment au stade-vélodrome au milieu de ce stade du Ray en pleine rénovation. Les banderoles aux couleurs de l'O.M. fleurissaient aux quatre coins des tribunes et les supporters marseillais s'étaient déplacés en nombre pour le moins impressionnant, rivalisant du geste et de la voix avère que leurs homologues niçois. Le match Nice - O.M. s'est déroulé bien entendu dans les conditions et la tradition d'un véritable derby. En ce qui concerne le temps, il était idéal pour une rencontre de football.

On disait que le stade du Ray était ces derniers temps délaissé par son public. Ce n'était pas du tout le cas hier soir ou la venue de l'O.M. a, une nouvelle fois, enflammé la vieille arène niçoise.

Q. L'O.M. a-t-il joué sur sa lancée de Bordeaux ?

R. Sans aucune hésitation possible, nous répondrons par l'affirmative à cette deuxième question. Les Marseillais avaient donné, aux dires mêmes des observateurs, une leçon de jeu collectif aux Girondins. Mais hier soir, ils étaient sur le point de donner la même leçon de réalisme aux adversaires niçois. Hélas, ce but de Bjekovic à la toute dernière minute est venu, pour ainsi dire, tout flanquer à l'eau. Mais pendant la majorité de la rencontre l'O.M. n'en avait pas moins confirmé ses ambitions, rappelant à tous ceux que sa place en haut de la hiérarchie dans la division nationale n'était pas du tout usurpée.

Q. Quel a été le comportement de M. Verbecke ?

R. Le directeur de jeu, selon nous, à diriger les débats sans trop se signaler par des coups de sifflet intempestifs qui auraient certainement haché la rencontre. M. Verbecke à aucun moment n'a donné l'impression d'avantager ni l'une ni l'autre des deux équipes.

D'après nous, il a su tenir comme il convenait les deux adversaires, tant et si bien que ce derby, certes mené tambour battant, n'a jamais dépassé les limites de la correction.

C'est une bonne note pour M. Verbecke

J.F.

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Léon ROSSI : "un résultat équitable"

Satisfaction aussi dans le vestiaire niçois, où l'on avait conscience de l'avoir échappé belle.

Léon Rossi estimait cependant : "Je pense que le résultat est, somme toute, équitable, surtout si l'on considère notre période de domination en seconde mi-temps. Sur l'ensemble de la partie, il aurait été illogique que l'une ou l'autre équipe se retire battue. Je regrette, évidemment, ce but bête que nous avons concédé, le ballon ayant été détourné par notre propre mur dans la cage. Je le regrette d'autant plus que cette cela est arrivé au moment où nous avions pris l'ascendance sur notre adversaire. Heureusement, nous sommes revenus par la suite, bien que ce but nous ait quelque peu coupé les jambes. En tous cas, cela a été un excellent match de football et le public a dû se retirer ravi.

"Pour ce qui nous concerne, nous avons fait preuve de mordant et de répondant. Et j'espère bien que nous finirons le championnat dans les mêmes dispositions d'esprit. Encore que l'objectif d'une place en Coupe de l'UEFA soit de plus en plus difficile à atteindre. Nos plus grandes satisfactions nous viendront peut-être de la Coupe.

"Quant à l'O.M., c'est vraiment une excellente équipe et lui concéder le match nul n'a vraiment rien de déshonorant".

A.P.

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Les olympiens : "Nous ne méritions pas ça !"

Déception évidente dans le camp marseillais ou régnait une ambiance qui rappelait presque celle des soirs de défaite. Il est vrai qu'à quelques secondes près, c'était la victoire que les Marseillais auraient empochée, si bien que tout le monde déplorait ce point perdu dans des conditions assez stupides. Et, bien entendu, l'arbitre revenait dans toutes les conversations, puisque des tribunes comme du terrain tout le monde avait vu Bjekovic égaliser in extremis en position manifeste de hors jeu.

"C'est une honte, devait nous dire en premier Josip Skoblar. Bjekovic était tout seul à trois mètres de la cage lorsqu'il a reçu le ballon. Cela devient vraiment impossible on ne demande pas aux arbitres de nous siffler des penalties. On leur demande seulement d'être juste. Et ce soir, il ne l'a pas été. Si nous avions dû perdre, nous l'aurions fait sans rien dire. Mais être privé du bénéfice d'une victoire dans de pareilles conditions, c'est vraiment rageant. D'autant que nous avions vraiment bien joué ce match, en faisant la différence au bon moment et en dominant nos adversaires dans presque tous les domaines. Ce soir nous devrions porter le maillot jaune".

Après quelques minutes de réflexion et les effets de la colère s'étant dissipés, Josip devait ajouter :

"Finalement, prendre un point, ce n'est pas une si mauvaise affaire. Et puis, l'équipe a de nouveau démontré ce soir qu'elle jouait très bien même dans des conditions difficiles à l'extérieur. Alors je dis toujours que rien n'est perdu et qu'il faudrait quand même compter avec nous. Nous n'aurions pas toujours la même poisse."

Signalons que Josip n'a pas regagné Marseille avec ses joueurs, mais a pris avec sa voiture le chemin de la Yougoslavie où il demeurera durant quelques jours.

Djalma Markovic était étonnamment calme :

"Bien sûr, ce but injuste est vraiment navrant, mais on commence à être blasé en ce qui concerne les erreurs d'arbitrage...

"Ce que je regrette surtout c'est que nous n'ayons pas inscrit un deuxième but qui nous aurait mis définitivement hors de portée, alors que nous en avons eu deux ou trois fois la possibilité. Sur le total de la rencontre, nous avons eu cinq ou six occasions en or et nous en avons concrétisé qu'une seule. Avec un peu de confiance en nous-mêmes nous aurions pu marquer une deuxième fois et le match alors aurait été fini. En résumé, nous méritions vraiment la victoire et nous en avons été privée par le coup du sort. J'appelle ça un coup du sort parce que Bjekovic était hors jeu et qu'il ne faut surtout pas accabler Bracci d'avoir tardé à dégager. Il a été notre meilleur joueur et s'il a commis une erreur, il n'a pas été le seul. D'ailleurs, cela n'aurait pas eu de conséquences avec un arbitrage normal".

Marc Berdoll arborait inspecter un spectaculaire coquard le droit : "C'est Zambelli qui m'a donné un coup de coude à la volée et j'en ai vu 36 chandelles ou plutôt j'ai vu les cloches de Pâques 24 heures d'avance. J'ai eu très mal jusqu'à la mi-temps et puis la glace que l'on m'a apposée sur l'œil à endormi la douleur. Mais je vais sûrement passer une drôle de nuit".

Michel Baulier lui aussi été touché : une estafilade due aux crampons de Toko : "Il ne m'a pas fait de cadeau. Et je ne pouvais pas aller au contact avec lui, car physiquement il est vraiment très fort. Je l'ai donc marqué à une certaine distance et je crois m'en n'être pas trop mal tiré. D'ailleurs, nous avions vraiment la partie en mains quand il a fallu qu'arrive cette mésaventure".

Pour François Bracci été peut-être le plus déçu de tous : "Oui, je suis déçu d'avoir laissé échapper un point ; on avait dominé ce match de la tête et des épaules ; il a fallu un peu de précipitation de ma part, et une interception pour que l'on perde ce point qui été acquis. Vraiment nous méritions beaucoup mieux que le match nul."

Et le plus fort, tempêtait Fernandez, c'est que dans l'affaire j'écope d'un avertissement. Quand Bjekovic a marqué je suis en effet allé devant le juge de touche et je l'ai dit : "Pourquoi n'avez-vous pas levé votre drapeau ? Il ne m'a pas répondu, mais M. Verbecke, qui est arrivé en courant, m'a brandi le carton jaune sous le nez. J'avais un match de suspension avec sursis ; je vais à tous les coups écoper d'un match ferme !

Enfin, Boubacar nous disait : "C'est d'autant plus râlant de perdre ainsi le bénéfice d'un match alors qu'il ne nous restait que quelques secondes à jouer. Je n'ai jamais vu ça. Décidément, cette année nous n'avons pas de chance avec l'arbitrage qui ne nous a jamais favorisés. À Strasbourg déjà nous avions perdu sur un but entaché d'une main et voilà que ce soir c'est sur une faute plus énorme encore. Cela fait un point de plus de perdu, et tous ces petits points risquent de bien nous manquer à la fin du championnat. Car, plus que jamais, je pense que l'arrivée se fera dans un mouchoir".

Alain PECHERAL

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M. VERBECKE : "Les Marseillais ont eu tort de s'arrêter de jouer !"

M. Verbecke n'a fait aucune difficulté pour répondre à nos questions. Tout d'abord sur la rencontre elle -même : "J'ai dirigé un match de très bon niveau, dit-il, et les occasions de part et d'autre ont dû satisfaire le public. Il s'est disputé très correctement et je n'ai pas éprouvé de difficultés à contrôler le déroulement du jeu.

Le but contesté par les Marseillais ? Il n'y a aucun doute dans mon esprit à cet égard, les Marseillais ont eu tort de s'arrêter de jouer et Bjekovic a su en profiter en suivant l'action. Les joueurs marseillais peuvent être déçus, mais ils avaient la possibilité de récupérer la balle.

A.P.

 

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