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Résumé Le Provencal

du 23 septembre 1977

Berdoll signe une nouvelle victoire

UNE 1re MI-TEMPS EBLOUISSANTE !

REIMS revient ensuite et s'incline par le minimum

Les amateurs de "suspense" n'auront pas été gâtés. Dès le début de ce petit drame sportif, les moins malins devinèrent que le coupable était Reims, et qu'il serait finalement condamné à la défaite. Mais le public, dans sa grande majorité supportrice, n'entre pas tant ces détails. Il vient au stade pour son se voir gagner à travers son équipe. Un 10 à 0 l'enchanterait, un 20 à 0 constituerait pour lui une soirée inoubliable.

Nous n'en étions pas là hier soir, mais le côté olympiennement le plus séduisant de la rencontre fut sans discussion possible la première mi-temps. Une première mi-temps enlevée au grand galop par une équipe dans le jeu collectif fit l'admiration de l'un de nos voisins de Paris actuellement en vacances dans notre Provence.

Cet O.M. là en grande condition physique et pétillant d'intelligence collective avait vraiment belle allure. Malheureusement, il apparurent en deuxième mi-temps que les Olympiens, en voulant trop bien faire, étaient allés au-delà de leurs forces. Certains joueurs donc plus particulièrement Florès et Linderoth, qui avaient fait une grande première mi-temps, s'effondrèrent plus ou moins, et l'on vit Reims revenir au point d'inquiéter finalement les supporters olympiens au cours des dernières minutes.

Cet avertissement, heureusement gratuit, prouve qu'une équipe doit doser ses forces sur les 90 minutes que dure la rencontre. Mais personnellement, l'O.M. nous a fait un tel plaisir au cours de la première mi-temps que nous lui pardonnerons volontiers sa demi-défaillance en fin de rencontre. Le résultat n'en est pas moins le même : une nouvelle victoire.

UNE EXCELLENTE

PREMIÈRE MI-TEMPS

Un très joli but de l'O.M., une grosse bêtise de Reims à la mi-temps : la cause était entendue : il est vrai que durant cette première période, la supériorité olympienne avait été aussi nette qu'évidente. Ayant la maîtrise du ballon, ce qui est la base de toute tactique, O.M. avait eu aussi celle du jeu.

De cet avantage, les Olympiens retiraient le meilleur usage, grâce à un très bon jeu en mouvement (ce moment qui dans le football moderne déplace les lignes).

Florès, Linderoth, Boubacar et Bracci se montrèrent les mieux inspirés. Race essaya bien de répondre avec une certaine application, mais le moins que l'on puisse dire de cette fort sympathique équipe est qu'elle manque un peu de consistance.

Le véritable exploit de cette première mi-temps fut l'oeuvre de Linderoth : un tir surpuissant de plus de 30 mètres que Laudu repoussa en catastrophe dans les pieds de Florès. La reprise de ce dernier, heureusement pour Reims partit en direction des étoiles.

CHANGEMENT DE DÉCOR EN

2e MI-TEMPS

La deuxième mi-temps fut assez pénible pour les supporters olympiens : dès le début on se rendit compte que l'équipe marseillaise ne pouvait plus soutenir le rythme infernal qui avait été le sien en première mi-temps. De ce fait, les Rémois sortirent de leur coquille et purent à leur tour se montrer dangereux.

Cependant, le match commencé à faire "ronron". Dans les tribunes, certains de nos voisins s'endormaient presque, quand soudain un événement imprévu vint relancer la rencontre. D'une bonne vingtaine de mètres, Coste plaça un tir du gauche. Le ballon toucha une motte de terre avant d'arriver à Migeon et rebondit par-dessus le gardien olympien. Un but à la fois heureux pour les uns et malheureux pour les autres.

Il n'en reste pas moins que le public se mit à avoir peur pour son équipe, et tout à fait en fin de rencontre, alors que Reims tirait son dernier corner, on entendit les supporters indiquer à l'arbitre que la rencontre été terminée.

On restera donc sur deux impressions : une première totalement favorable en ce qui concerne la première mi-temps. Une deuxième, beaucoup plus mitigé pour ce qui est de la dernière période.

Enfin, la moyenne reste bonne, puisque l'O.M. a tout de même gagné.

Maurice FABREGUETTES

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Un final inattendu

Quelle rencontre bizarre !

Sur le vu des premières minutes de ce match, tous les spectateurs du stade vélodrome étaient persuadés hier soir que l'O.M. n'allait faire qu'une bouchée de son adversaire rémois.

Déjà en guise d'avertissement Berdoll, sur une passe de Florès, avait inscrit un premier but refusé par l'arbitre dès la 5ème minute.

Nous l'avons dit, c'était un avertissement sans frais car quelques minutes plus tard Truqui, toujours sur une action de Florès, ouvrait cette fois imparablement la marque.

Un à zéro qui allait faire 2, avant même que l'on ne dépassât la première demi-heure. Car le but de Berdoll, bien que contesté une nouvelle fois par les Rémois, allait être cette fois accordé par l'arbitre.

Nanti de ces deux buts, O.M. s'acheminait, du moins le pensait-on, vers un succès aussi large que possible.

On se demande alors ce qui a bien pu se passer par la suite. À notre avis, peut-être l'O.M. a-t-il cru trop tôt tenir la victoire. Cela s'est traduit par un ralentissement de jeu, dont les Rémois, dans une certaine mesure, ont su profiter. Il faut ajouter aussi que Migeon eut la malchance de voir le ballon rebondir devant lui sur un tir puissant de Coste. Reims jusque-là dominé, reprenait espoir.

Il faut signaler à ce propos que Migeon n'était pas fautif le moins du monde, car la balle rebondissant sur une motte échappa ainsi à son contrôle. Il n'en reste pas moins que ce but chanceux allait changer toute la physionomie de la partie. Les Rémois se remettaient à prendre espoir et pour enlever le point du match nul ils se mirent à presser l'O.M. sur ses buts. Un O.M. qui avait d'ailleurs toutes les raisons de du monde de perdre un peu de sa belle contenance. Pour ainsi dire de chasseur, il devenait gibier...

Heureusement, la morale de l'histoire a été sauvegardée, de même que les deux points de l'enjeu qui mettent désormais l'équipe marseillaise à portée des leaders actuels.

Les Olympiens ont donc souffert, mais, soyons juste, ils n'ont pas volé leur succès. En football, c'est bien connu, seul le résultat compte. Pour une fois, on pourra pardonner à l'O.M. d'avoir mit ses supporters dans leurs petits souliers. Après tout, l'intérêt de la rencontre, qui devenait à sens unique, a du même coup rebondi. Tant et si bien que le spectacle lui aussi a gagné quelque chose dans l'affaire. En conclusion, un final inattendu, mais une excellente opération tout de même...

Jean FERRARA

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Les réponses aux questions que vous vous posez

 L'O.M. a-t-il fait un mauvais match ?

- À la lecture du résultat on pourrait croire en effet que les olympiens n'ont pas tout à fait possédé leur sujet hier soir. Eh bien, pour tout dire, cette rencontre a eu deux visages bien distincts. Le premier, au cours duquel équipe marseillaise faisait pratiquement cavalier seul, se jouait, le mot n'est pas trop fort, d'un adversaire rémois, non pas modeste, mais dont l'envergure et surtout l'allure n'avait rien d'un futur prétendant au titre de champion de France. Cette domination se concrétisa logiquement au tableau d'affichage par 1 but de Truqui et un autre de Berdoll, lequel soit dit en passant s'arrange toujours pour rester dans le peloton des premiers buteurs français.

Et puis il y eut le deuxième avec un O.M. qui, s'endormant un peu sur ses lauriers, eut le tort sans doute de rester en dedans de ses actions. Il faut préciser toutefois que les Rémois eurent une certaine réussite en pouvant réduire la marque. Le tir de Coste, déclenché certes avec violence, ne paressait guère inquiétant pour Migeon quand un malencontreux rebord le mit hors de portée du gardien marseillais.

On eut alors le reflet habituel sur le terrain de ce genre de situation. Reims, qui se sentait depuis longtemps battu, se mit à entrevoir le point du match nul. Un point inespéré. Tandis que dans le même temps, l'O.M., voyait ses belles espérances s'envoler. Tout cela a donc valu des minutes pénibles à la fois pour les joueurs et aussi pour les supporters marseillais. Non, l'O.M. n'a pas fait hier soir un bon match, mais son grand tort, à notre avis, c'est de ne pas avoir su inconsciemment ou non, assurer sa victoire. Il en avait largement la place. Mais enfin on oubliera volontiers ces quelques moments de suspense non prévus au programme puisque l'O.M. en fin de compte a su préserver son succès.

 Comment juger l'arbitre ?

- Nous ne pensons pas que M. Kitabdjian ait eu une grande influence sur le résultat de cette rencontre. Le fait est cependant que ses décisions sont apparues souvent à contre-sens des actions qui se passaient sur le terrain.

Nous avons noté, pour notre part, que le directeur de jeu n'était souvent pas d'accord avec ses juges de touche.

C'est peut-être pour cette raison que ses coups de sifflet ont donné quelquefois l'impression de partir à contre-temps. Mais, répétons-le, aucune incidence sur le résultat.

 L'avenir de l'O.M. ?

- Après chaque rencontre on est amené à se poser la question. Notamment pour savoir si l'O.M. confirme ses ambitions dans le cours du présent championnat. Pour notre part, l'équipe ne nous a pas paru diminuée le moins du monde par rapport aux derniers matches. Toutefois le même enthousiasme, la même volonté et le même fond de jeu. Ce n'est pas parce qu'ils ont eu une fin difficile que les Olympiens ont démérité. La formation marseillaise est maintenant 4ème du classement général. C'est une position pour le moins encourageant. Alors on peut dire, l'avenir doit être envisagé avec toujours autant d'optimiste.

J.F.

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Josip SKOBLAR :

"Un bon match tout de même"

Rayonnant peut-être pas, mais détendu, tel était Josip Skoblar après la rencontre.

"Évidemment le score est étriqué et je sais que tout le monde a éprouvé quelques sueurs froides dans les dernières minutes. Mais je suis tout de même satisfait de cette soirée. Nous avons fait une excellente première mi-temps. La seconde n'était pas mauvaise non plus, tout au moins en son début, mais nous avons eu le tort de rater beaucoup trop d'occasions de buts. Il est bien certain que qu'un troisième point aurait assommé définitivement nos adversaires. Mais nous n'avons passe pu ou pas su le réussir. Et 2 à 0 et souvent un score piège. On croit tenir le match solidement en main alors qu'on est à la merci d'un coup malheureux, comme on en a eu l'illustration ce soir. Dominer sans marquer revient souvent à jouer avec un boomerang.

Dans tout cela, un côté positif néanmoins : les ressources morales dans nos joueurs ont su faire preuve pour préserver ce résultat, si étroit soit-il".

"Quand pour la troisième fois j'ai tiré au-dessus, nous disait de son côté Joseph Flores, j'ai pensé que ce soir il n'y avait rien à faire et que la réussite n'était décidément pas avec nous. Dans des cas pareils, on a l'impression que même si les buts avaient quinze mètres de large, on tirerait encore à côté. Peu importe après tout de gagner un match par 2 à 1 ou par 6 à 0, cela revient au même. Mais j'avoue que j'ai eu peur".

Marc Berdoll dans la salle de massage recevait les soins à la cuisse : "C'est en disputant une balle avec Laudu, nous expliquait-il, que j'ai reçu tout à une fois une béquille et un coup de crampons. Et par la même occasion, un coup franc de la part de M. Kitabdjian, ce qui ne manque pas de sel."

Revenant au match lui-même, la nouvelle coqueluche du public marseillais ajoutait : "Nous avons certainement péché par excès de facilité dans la seconde période, pensant que le résultat était acquis et que nous avions le match définitivement en main. C'est une erreur mais il faut dire que nous nous étions beaucoup dépensés jusque-là et que la plupart d'entre nous éprouvé le besoin de souffler un peu. Lorsqu'on mène au score, on se permet généralement ce genre de choses. Mais l'on n'est pas toujours à l'abri d'une mauvaise surprise, évidemment. De toute façon, je suis optimiste de nature et le seul fait que je retiens de ce match, c'est qu'il nous hisse de nouveau à la 4e place du classement".

Saar Boubacar, quant à lui, expliquer comment le deuxième but tant contesté par les Rémois avait été inscrit : "J'étais entre un Rémois et Laudu lorsque le dernier a voulu passer la balle à son gardien. J'ai bondi et essayé de rattraper la balle du bout du pied droit. Sans succès puisque celui-ci est allé sur Laudu qui l'a repoussée faiblement vers les 16 mètres. Marc Berdoll est là en embuscade et a marqué. C'est tout. Je ne comprends pas pourquoi les Rémois ont réclamé un hors jeu puisque la première fois j'étais remis en jeu par l'un d'eux alors que la seconde fois je n'étais pas là qu'en tant que figurant."

Alain PECHERAL

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Flamion : "Nous avons joué petit... "

Dans les vestiaires rémois, l'entraîneur Flamion analysait la situation avec beaucoup d'objectivité :

"Il y a eu deux mi-temps, l'une favorable aux Marseillais, l'autre aux Rémois. L'O.M. a baissé nettement en deuxième mi-temps. Ce rythme nous a mieux convenu, et puis il faut dire que la mise hors de combat de Ducing a constitué pour nous un gros handicap. Il nous a beaucoup manqué ! Dans l'ensemble, nous n'avons pas mal joué, mais nous avons manqué d'engagement. Nous avons été mièvres dans les contres. L'O.M. de la première mi-temps m'a plu, en particulier le petit Florès, qui joue avec intelligence !"

M. Germain devait nous dire de son côté :

"En perdant Ducing en début de partie, nous avons été fortement handicapés, et on peut dire que notre milieu de terrain a été déséquilibre !"

Coste précisait de son côté :

"Mon but a été peut-être chanceux, mais il a symbolisé notre courage et les efforts que nous avons multipliés pour sauver l'honneur !"

Là-dessus, Laudu s'exclamait :

"Quand Coste a marqué son but, j'ai cru qu'avec un peu de chance nous pouvions arracher le match nul, mais il était peut-être trop tard!..."

Alain DELCROIX

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L'opinion de l'arbitre

M. KITABDJIAN :

Pas de hors-jeu sur le second but"

Interrogé sur le second but marseillais qui avait paru litigieux aux Rémois, l'arbitre, M. Kitabdjian, s'est montré formel : "Le Marseillais Berdoll, qui a inscrit le but, a reçu le ballon du gardien rémois. Quant à l'action qui avait précédé ce but, elle n'était pas entachée de hors jeu non plus, puisque c'est un défenseur rémois qui avait passé involontairement le ballon à Boubacar. Certes, celui-ci se retrouvait en position de hors jeu, lorsque son camarade a envoyé le ballon au fond des filets, mais il n'influait alors aucunement sur le jeu. J'ai donc aussitôt validé le but. Et j'ai persisté dans la décision, après avoir consulté mon juge de touche, à la demande des Rémois. Celui-ci n'a fait que me confirmer le hors jeu de position, seulement de Boubacar".

Ajoutons à cela que le docteur Barde, président de la Commission des arbitres, nous a tenu le même langage : "A mon avis, Boubacar ne disputant pas le ballon, ne devait pas être sanctionné. Le juge de touche à lever son drapeau peut-être un peu précipitamment. Mais M. Kitabdjian en l'occurrence a fort bien jugé.

A.P.

 

 

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