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Résumé Le Provencal

du 22 mai 1977

 

BRAVO ZLATARIC,

BRAVO LES JEUNES !

 La victoire de l'O.M. à ANGERS

fut celle de toute l'équipe

ANGERS - On s'est bien amusé, hier soir, au stade Jean Bouin d'Angers.

Cela, il faut bien le dire, grâce à Zlataric qui eut le bon goût et l'adresse de marquer deux buts au moment ou l'on s'y attendait le moins.

On remarquera, au passage, que la dernière victoire de l'O.M. en déplacement remonte au mois de décembre à Nîmes, et que le buteur olympien, inspiré ce jour-là, avait été le même Zlataric.

Tout fou sans doute, ce brave Nebo, mais capable de temps en temps d'authentiques exploits.

Ces deux buts eurent pour conséquence de donner à l'O.M. un moral de vainqueurs et de piquer au vif les Angevins. D'où une deuxième mi-temps aussi vivante que spectaculaire et orchestrée par un public enfin réveillé et soutenant à fond son équipe.

D'un côté les Angevins en blanc attaquant tous azimuts : de l'autre les Olympiens en rouge défendant à leur avantage comme s'il s'agissait de la finale de la Coupe.

Pendant près de 40 minutes, on s'est posé la même question : "Egalisation angevine ou troisième but olympien au bénéfice de quelque contre-attaque ? ".

Rien de tout cela ne se produisit ; l'O.M. a tenu jusqu'au bout, à force de courage et de volonté.

Angers, battu, en quittant le terrain, quitter aussi - provisoirement nous l'espérons - la Première Division.

Zlataric, hier soir, a fait pleurer Angers.

45 MINUTES EN SOUPLESSE

Devant un adversaire désireux de l'emporter, mais d'une désespérance lenteur dans ses manoeuvres, la jeune équipe olympienne avait joué pendant les 45 premières minutes avec beaucoup de pertinence.

Sous la direction de Bracci, nouveau capitaine, les Olympiens s'appliquèrent à récupérer le ballon pour le faire courir par petites passes. Dominés sans doute, mais aucun affolement et une certaine disponibilité pour lancer de dangereuses contre-attaques.

Tant et si bien que, durant cette première mi-temps, Fouché fut beaucoup plus menacé que Migeon.

Il est bien certain que le but marqué dès la cinquième minute (corner tiré par Luttenbacher, reprise acrobatique de la tête par Zlataric) avait grandement contribué à améliorer le moral des Marseillais.

Mais c'est cela, le football : marquez et vous serez considéré.

LA VICTOIRE DU SOUFFLE ET DU COEUR

Cette victoire, il faut bien le dire, imprévue, fut avant tout l'oeuvre de la collectivité olympienne.

Si l'on excepte le grand Bracci, qui plana un peu au-dessus des débats, il est bien difficile de citer un Olympien plutôt qu'un autre. Sans doute avons-nous déjà accordé l'oscar du jour à Zlataric, mais il le mérite bien car, en football, marquer des buts est toujours l'essentiel.

Donc, l'équipe de l'O.M., venue à Angers sans grande prétention pour remplir son contrat, se trouva, dès la 5e minute, placée en position de victoire.

À cette victoire, elle s'accrocha jusqu'au bout avec une bonne volonté et une foi collective qui convainquit les plus sceptiques.

À défaut de grande classe, cette équipe, comme elle l'avait fait récemment au stade vélodrome contre Lyon, a prouvé qu'elle savait se battre et même parfois bien jouer.

Alors que nous arrivions à la fin de la saison, c'est une constatation tout de même encourageante.

Car, il faut bien le dire, c'était presque une réserve améliorée que présentait l'O.M. hier soir, il y a, pour en être pleinement convaincu, qu'à rappeler le nom des absents : Trésor, même s'il entra en fin de match ; Victor Zvunka, Bereta, Emon, Alonso, Yazalde, et même le jeune Bacconnier, retenu par l'équipe de France juniors.

On le voit, c'est presque l'équipe de Troisième division qui, hier soir, a gagné à Angers.

En première mi-temps, comme nous l'avons déjà dit, elle a pu faire preuve d'un brio certain. En deuxième mi-temps, elle s'est surtout battue ; elle a défendu son avantage avec becs et ongles mais tout cela fait aussi partie du football.

La saison va donc se terminer sur une bonne note, une note victorieuse en déplacement.

Il le fallait pour que l'O.M. puisse croire en son avenir.

Maurice FABREGUETTES

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TRESOR : un certain sourire

Après le match, il était bien entendu intéressant de connaître le point de vue de Marius Trésor sur cette rencontre.

"Je crois que je peux me montrer satisfait, nous a dit l'international olympien. Sur le plan personnel, je ne peux pas dire que j'ai joué les quelques minutes avec une facilité déconcertante, mais enfin, voilà maintenant bientôt cinq mois que je n'avais plus joué en équipe première et ce quart d'heure passé sur le terrain me laisse croire que, désormais, tous mes ennuis sont terminés.

Évidemment, sur le plan physique, j'ai encore pas mal de temps à rattraper. Je vais alors efforcer, au cours des prochains jours de mettre les bouchées doubles à l'entraînement. J'espère aussi partir en Amérique du sud avec l'équipe de France. Même si je ne suis pas retenu pour disputer les rencontres, j'aurais toujours la possibilité de m'entraîner avec mes camarades internationaux, de la sorte, je serai prêt pour aborder la nouvelle saison en pleine possession de mes moyens.

- Comment voyez-vous maintenant l'avenir olympien ?

"Je suis persuadé que notre équipe a désormais les moyens de partir sur des nouvelles bases au départ du prochain championnat. Nous avons des jeunes qui s'affirment à chaque rencontre. Pour moi, je considère que la relève est assurée et c'est très réconfortant pour l'avenir.

Enfin, le principal enseignement de ce match victorieux à Angers et bien que l'O.M. a définitivement sauvé sa place en première division.

M.F.

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Les réponses aux questions que vous vous posez

QUE FAUT-IL PENSER DE LA RENTRÉE DE TRÉSOR AU COURS D'UN MATCH DE PREMIÈRE DIVISION ?

 Trésor est entré à la 72e minute à la place du jeune Luttenbacher. Précisons tout d'abord que ce dernier avait fait tout ce que l'on pouvait espérer de lui au cours de cette rencontre. Marius Trésor débuta au milieu du terrain et puis se retrouva assez rapidement à sa véritable place, c'est-à-dire libéro. Que faut-il en penser ?

Il est pour l'instant bien difficile de se prononcer. Trésor, au cours de cette fin de partie, n'a bien entendu pas eu ce que l'on peut appeler son rayonnement habituel. Il hésita de tackler et se laissa plusieurs fois dribbler avec une certaine facilité par ses adversaires.

Mais ce n'est pas cela qui est l'essentiel ; pour notre part, nous sommes dès maintenant convaincu que l'on retrouvera bientôt Trésor avec tous ses moyens.

Cette entrée, dans le cadre d'un match extrêmement disputé, est tout à fait encourageante.

Il est bien évident que si Angers avait égalisé à ce moment-là, on aurait peut-être reproché à Jules Zvunka d'avoir pris cette décision. Mais qui n'oses rien n'a rien, et nous persistons à croire que c'est en jouant que Trésor redeviendra un grand joueur.

 EST-CE LA PREMIÈRE VICTOIRE DE L'O.M. À ANGERS ?

 Non, O.M. avait déjà gagné un match à Angers en championnat, et en Coupe de France il y avait fait deux fois match nul.

Mais il faut bien reconnaître que, sur ce stade Jean Bouin, les Olympiens avaient été la plupart du temps malheureux.

La victoire d'hier soir redressera donc la moyenne.

Il faut ajouter que les Angevins avaient déjà perdu cette saison 16 points sur leur terrain, ce qui, dès aujourd'hui, va leur en faire 18.

C'est quand même beaucoup. Il semblerait que cette équipe ne soit pas suffisamment encouragée par un public trop éloigné du lieu de l'action, et qu'elle ait tendance à jouer un football peut-être élégant mais trop ralenti.

Hier soir, dans leur manière de jouer, les Angevins nous ont fait penser à la mode rétro. Nous sommes maintenant en 1977 et les conditions du jeu ont changé.

 MIGEON EST-IL RESPONSABLE DU BUT D'ANGERS ?

 Voilà les faits : sur un tir de Barthélemy, Migeon, se coucha et lâcha franchement le ballon. Amersek, qui passait par là, n'eut plus qu'à pousser le ballon dans la cage et à marquer le but d'Angers.

Ce but, venu quelques minutes après celui de Zlataric, relança les débats. Mais il faut objectivement reconnaître que Migeon, jusque-là bien que la cage d'une équipe largement dominée, n'avait pas eu un seul tir à arrêter. Or, tout le monde sait que le grand ennemis d'un gardien de but est l'inaction.

Par la suite, Migeon devait d'ailleurs se racheter en effectuant quelques arrêts beaucoup plus délicats. C'est gardien doit toujours être jugé à part, car, pour lui, les fautes sont capitales.

M.F.

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M. Norbert D'Agostino :

"C'est un succès qui nous aidera

à préparer la nouvelle saison"

Il n'est pas besoin de faire de longs commentaires pour vous signaler quelle était l'ambiance hier soir dans les vestiaires marseillais, après cette victoire obtenue sur le terrain d'Angers.

M. d'Agostino a tenu à être le premier à féliciter ses hommes. Quand nous l'avons interrogé, il n'a pas hésité une seconde pour nous répondre :

"Voilà un succès qui va nous aider à préparer la prochaine saison, dans les meilleures conditions possibles. Je suis, bien entendu, satisfait de ces deux points acquis à l'extérieur ; mais c'est surtout la manière employée par tous les joueurs qui me procurent, je crois, le plus de satisfaction. Tous nos joueurs se sont donnés sans réserve et leur tenue sur le terrain et, pour nous responsables, le plus beau des encouragements.

Je suis satisfait, aussi, de la rentrée de Marius Trésor. Notre international vient de démontrer qu'il était apte, désormais, à reprendre du service. Cela aussi est de bon augure. J'espère que les spectateurs marseillais viendront alors encourager cette équipe lors de notre prochain match contre Reims au Stade Vélodrome. Et puis, n'oublions pas, non plus, l'ouverture prochaine de l'opération socios. Oui, décidément, cette équipe olympienne nous surprend agréablement, en cette fin de championnat..."

JULES ZVUNKA : UN NOUVEL ÉTAT D'ESPRIT

Jules Zvunka, qui était quelque peu préoccupé avant le coup d'envoi, apparaissait un peu plus détendu après le coup de sifflet final de l'arbitre :

"Il est toujours intéressant, nous dit-il, de prendre deux points à l'extérieur, d'autant que cette performance ne nous était plus arrivée depuis bien longtemps. Je pense que les joueurs ont abordé ce match avec l'esprit qu'il fallait, avec sérieux et application. J'ai cru, comme la majorité du public, que notre équipe n'aurait pas de bien gros problèmes lorsque nous avons marqué nos deux premiers buts. Il a fallu qu'Angers réduise la marque, pour relancer, en quelque sorte, à la fois l'intérêt du match et nous procurer, par la même occasion, quelques émotions fortes. L'O.M., à ce moment-là, a un peu perdu de sa belle assurance, cela prouve que l'équipe n'a pas encore tout à fait la maturité désirable. Mais cela est tout à fait normal. N'oublions pas que notre formation était composée en majeure partie de jeunes. Néanmoins, tout les olympiens sans exception, viennent de démontrer que nous pouvons compter sur eux, pour l'avenir".

Jules Zvunka nous a également signalé qu'il avait été content de la partie jouée par le jeune Luttenbacher, puis se tournant vers François Bracci qui portait pour la première fois les galons de capitaine, l'entraîneur s'est écrié : "J'espère qu'après cette entrée en fonction victorieuse tu nous payeras le champagne..."

François Bracci pour sa part à volontiers relevé le défi :

"En principe, devait-il nous dire à son tour, nous aurions pu éviter cette fin de partie mouvementée car à 2 à 0, la rencontre était pratiquement terminée. Hélas, en réduisant la marque, Angers nous a ensuite posé quelques problèmes, mais finalement je pense que nous nous en sommes très bien sortis".

Nous avons ensuite interrogé Zlataric qui s'était distingué en marquant les 2 buts de son équipe. Nebo était allongé sur la table de massage pour recevoir des soins pour une blessure sans gravité.

"Je suis content de moi, nous a dit, mais surtout de ces deux points enlevés par l'équipe. En ce qui me concerne cela faisait quelque temps que je n'arrivais plus à trouver le chemin des filets. En marquant deux buts je crois que je vais retrouver la confiance en mes moyens".

Le jeune Luttenbacher nous a déclaré de son côté que les rencontres de première division n'avaient évidemment pas le même rythme que celle de la 3e. "J'ai bien entendu été surpris par la vitesse en tout début de rencontre, mais je crois que je me suis, par la suite, très bien adapté. Je ne pense pas avoir déçu mon entraîneur et pour moi c'était essentiel".

M. Martinenghi qui était l'accompagnateur officiel avec M. D'Agostino nous, nous a fait remarquer pour sa part que l'équipe, avec une moyenne d'âge de 22 ans, se comportait de mieux en mieux au fil des rencontres : "Tout cela est très encourageant pour l'avenir", devait-il conclure.

C'est avec plaisir, par ailleurs, que nous avons retrouvé à Angers Jacky Lemée, installé depuis peu à Orléans, et qui avait profité de l'occasion pour revenir saluer ses anciens camarades de l'équipe. "L'O.M. m'a agréablement surpris. J'apprenais par les journaux que cette équipe éprouvait beaucoup de difficultés pour se maintenir en 1re Division. Pour ma part, j'ai trouvé un ensemble solidaire, qui a voulu le plus la victoire et qui finalement la bien méritée. Je leur souhaite de continuer dans cette voie".

Jean FERRARA

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le président KELLER :

"Une très bonne équipe marseillaise"

Dans le camp angevin, en était bien entendu beaucoup moins satisfait. Le président Keller devait nous déclarer :

"Oui, je suis déçu car nous comptions beaucoup sur cette rencontre pour empocher deux points qui nous auraient été très utile à l'heure des comptes. Maintenant notre situation devient de plus en plus préoccupante.

"Bien sur, tout n'est pas encore perdu, mais enfin il faudra s'accrocher autrement que ce soir pour essayer de garder notre place en Division Nationale".

"Quant à l'équipe olympienne, que l'on disait en perte de vitesse, j'ai trouvé pour ma part qu'elle a offert ce soir un très beau visage. Cette équipe est composée de jeunes éléments qui sont une très belle promesse pour l'avenir."

Noguès, notamment, m'a fait très forte impression. Mais tous les Marseillais, sans exception, se sont montrés, je crois, à la hauteur de leur réputation(.

Quant à Aime Mignot, l'entraîneur angevin, il reconnaissait que le premier but de Zlataric avait littéralement coupé les jambes à ses joueurs :

"Dommage, devait-il conclure, nous aurions pu au moins enlever le match nul".

J.F.

 

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