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Résumé Le Provencal

du 30 janvier 1977

 

NOUVELLE FAILLITE COLLECTIVE

 Metz fait la loi et s'impose en première mi-temps (3-0)

METZ - Une question courait ces derniers temps sur les lèvres de tous ceux qui, de près ou de loin, s'intéressent à l'Olympique de Marseille : oui on se demandait si, au travers de toutes ses mésaventures successives, cette pauvre équipe avait touché le fond de ses déboires. Et bien, si le doute subsistait, il vient d'être levé sans équivoque, hier après-midi sur la pelouse détrempée du stade de l'île Saint-Symphorien.

Il est effet difficile de voir une formation de Division Nationale se faire aussi donner la leçon et, qui plus est, par un adversaire dont les récents résultats, eux non plus, ne plaidaient guère en leur faveur.

À croire que l'O.M. en est arrivé à un point où tous ses rivaux, quels qu'ils soient, sont décidément destinés à briller de mille feux.

On se souvient que Saint-Étienne était à la recherche de l'efficacité offensive jusqu'à ce que les Olympiens viennent lui donner la réplique.

À Metz, face à une équipe qui ne parvenait plus à trouver le chemin des filets, ce fut exactement le même scénario. C'est bien simple : les Messins, qui n'avaient marqué que deux buts au cours des cinq dernières rencontres, si notre mémoire est bonne, en ont réussi trois, face à la défense marseillaise, en moins de vingt minutes. C'est assez dire si la tâche des Lorrains n'était pas cette fois des plus compliquées...

UNE VÉRITABLE DÉMONSTRATION

En fait, c'est la dérisoire facilité avec laquelle le F.C. Metz a marqué ses trois buts qui est le plus inquiétant. Tout au long de la première mi-temps, pénible à plus d'un titre, on eut l'impression que les deux équipes étaient d'un niveau nettement différent, l'une (Metz) donnant bien sûr la leçon à l'autre.

Il n'est pas aisé, répétons-le, d'avoir à porter un jugement sur des garçons qui manifestement font leur possible pour se sortir de cette terrible impasse. Mais la volonté, hélas, ne suffit plus. L'O.M., hier après-midi, fut battu dans tous les domaines : celui de l'engagement, du fond de jeu, de la technique collective et, ce qui est plus grave et tout aussi inexplicable, celui de la condition physique. Il est encore heureux que Metz, d'une part, ait un peu levé le pied de l'accélérateur, comme l'on dit, après avoir inscrit ses trois buts, et que l'O.M., d'autre part, ait effectué une deuxième mi-temps un peu moins catastrophique. Nous ne savons pas si l'entrée simultanée de Florès et de Baconnier à la place de Yazalde et de Gransart y était pour quelque chose, mais on voit enfin l'O.M. un peu plus combatif durant les quarante-cinq dernières minutes. Un paradoxe peut-être, mais qui permit en tout cas de limiter les dégâts.

LES EFFETS ET LES CAUSES

Pour ne pas ajouter au désarroi des joueurs, nous éviterons de raconter cette partie qui fut ni plus ni moins qu'un long calvaire. À partir du moment où Battiston, le défenseur messin, vint avec une déconcertante aisance glisser le ballon dans la cage marseillaise dès la 5ème minute, il n'y eut plus de rencontre. Et ce ne sont pas les quelques réactions olympiennes en fin de match, quand le résultat était acquis depuis longtemps, qui nous feront changer d'avis.

Ce qu'il faut savoir maintenant, c'est pourquoi cette équipe se comporte de la sorte, après avoir tout de même laissé entrevoir des espérances en début de saison. On nous dira, bien sûr, que l'absence de Trésor n'est pas étrangère à la chute libre actuelle, dont les effets ont été justement ressentis après la blessure de l'international. Mais enfin, nous nous refusons pour notre part à admettre que le forfait de Marius explique tout. L'O.M., jusqu'à preuve du contraire, était composé hier après-midi de joueurs professionnels dûment recrutés et appointés par le club.

Ce n'est pas l'absence de l'un d'entre eux, fut-t-il plus grand, qui peut faire passer la pilule, si l'on veut bien nous pardonner l'expression.

On aurait tort, à notre avis, de considérer Trésor comme le seul "responsable", ceci étant, vous vous en doutez, une façon de parler.

En un mot, la faiblesse de l'O.M. est, en ce moment, trop nette pour refléter la pure réalité des valeurs. Cette équipe, c'est incontestable, a été frappée d'un mal mystérieux. Lequel ? C'est aux dirigeants, et à M. Meric en premier lieu, de le déterminer. Mais il faut faire vite.

Au train où vont les choses, nous ne sommes plus du tout persuadé nous même que La Paillade sera un adversaire facile pour faire une diversion sur la Coupe de France. Quant au championnat, on peut commencer à se faire du mauvais sang car l'O.M., de toute évidence, est tombée bien bas.

Jean FERRARA

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Le gouffre est là désormais

Prétendre que l'on nourrissait quelque espoi en entreprenant ce voyage en Lorraine serait faire une entorse à la vérité.

Car on ne voit pas par quel miracle cette O.M. miné par un mal insondable, aurait réussi là où ses prédécesseurs parfois resplendissants de santé, avait échoué dix fois sur onze ans. L'île Saint-Symphorien, au même titre que Geoffroy Guichard, a toujours été une terre brûlée par les Olympiens...

Pas de surprise donc, sous un ciel lorrain embrumé, déversant avec une lancinante régularité un petit crachin glacé. D'autant moins que tout était réglé en sept minutes.

Pas de surprise, mais une tristesse infinie au spectacle de cette équipe marseillaise sans âme, ballottée au gré des week-ends et des événements, tel un boxeur rebondissant dans les cordes.

Le knock-down d'hier, venant après celui de Saint-Étienne, qui succédait lui-même aux terribles coups assénés par Nantes, Nice ou Bordeaux, à fait mettre à l'O.M. les deux genoux au sol.

Bien sûr, cette défaite-là était logiquement prévisible dans le calendrier, dès le début de la saison. Mais dans le contexte actuel, elle vient faire osciller un peu plus un ensemble en équilibre déjà instable.

Et l'on en est désormais à redouter cet uppercut de plus qui entraînerait le k.o. décisif.

Pauvre O.M. décidément qui, dimanche après dimanche, s'attire les risées de la foule et devient l'adversaire idéal pour se remettre en selle ; Bordelais, Stéphanois, Valenciennois en savent quelque chose, au même titre désormais que les Messins. Car si la dernière victoire de l'O.M. remonte au 28 novembre, les Lorrains, eux, n'avaient plus gagné un match depuis le 10 novembre et faisaient preuve depuis un mois et demi d'une inquiétante inefficacité en attaque. Nico Braun et Hugo Curioni ne nous contrediraient pas, non plus que Georges Huard qui, avant le match encore, nous faisait part de ses craintes de voir ses attaquants demeurer une fois plus de plus muets. Le voilà désormais rassuré sur ce point.

Certes, les optimistes à tous crins, s'il en reste encore, feront observer que la venue prochaine au Stade Vélodrome d'équipes modestes comme Laval, Troyes, Sochaux où Rennes est de nature à remettre le navire à flot. Mais qui pourrait affirmer que c'est certain de ceux-là ne suivront pas la voie tracée par Valenciennes ?

Encore heureux, décidément, que Lilloise et Rennaise aient eu l'infortune d'accumuler un retard décisif. Car désormais, tous les points compteront double et c'est au bord du gouffre que l'O.M. livrera chacun de ses combats singuliers !

Alain PECHERAL

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Les réponses aux questions que vous vous posez

ARRIBAS A-T-IL EU RAISON DE MAINTENIR SA CONFIANCE AUX TITULAIRES DU MATCH PRÉCÉDENT ?

Avant la rencontre, nous avions écrit que tout était une question de choix. La décision de l'entraîneur devant être bien entendu jugée après coup. À considérer le seul résultat, il semble donc que le choix n'ait pas été très heureux. On a pu noter également que l'O.M. s'est fort bien comporté en seconde période, au moment ou le responsable technique avait précisément effectué deux changements dans son équipe. Maintenant, quant à savoir si la face des événements aurait changé avec la titularisation de Baconnier et de Florès au tout début de la rencontre, c'est évidemment une autre histoire. Ce qui démontre, à l'évidence que la tâche des entraîneurs n'est pas toujours facile.

 A-T-ON NOTÉ UNE AMÉLIORATION PAR RAPPORT AU MATCH CONTRE VALENCIENNES ?

La réponse semble couler de source, si l'on s'en réfère au seul résultat. Bien loin d'afficher un renouveau, l'O.M. s'est en effet montré hier après-midi et notamment au cours de cette terrible première mi-temps, comme un adversaire d'un niveau nettement inférieur à Metz, qui, jusque-là, n'avait pourtant pas la réputation d'un foudre de guerre si nous avions encore le courage de faire des mots, nous dirons qu'à l'Est rien n'est apparu de nouveau.

 L'AVENIR ?

Après les récentes rencontres qui ont débouché sur autant de contre-performances, on a prit l'habitude de se demander ce que l'avenir réservait à cette équipe marseillaise. Jusqu'à maintenant, on estimait peu ou prou que l'O.M. parviendrait finalement à se sortir d'affaire, c'est-à-dire à éviter la chute en deuxième division. Désormais, et avec toute la bonne volonté du monde, on est en droit de craindre le pire. On voit mal, en effet, comment une équipe ainsi à la dérive pourrait parvenir à éviter le naufrage. En état actuel des choses, il faut espérer que toutes les équipes mal placées soient encore moins heureuses que la formation olympienne. Donc, répétons-le, le spectre de la deuxième division risque sous peu de devenir une terrible réalité. Quant à la Coupe de France, comme nous le signalons aussi par ailleurs, rien ne permet de dire aujourd'hui que l'O.M. pourra se défaire sans mal de La Paillade. Mais la Coupe de France n'a pas pour l'heure la priorité, bien au contraire.

J.F.

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Le président Méric :

"Inadmissible, il y aura des sanctions !"

"Que voulez-vous que je vous dise ? Un tel match le passe de commentaires..."

José Arribas, on le comprend aisément, n'était pas enclin aux confidences après la rencontre. D'autant que la voix tonitruante du président Meric, hors de vue, venait l'interrompre :

"La vérité, c'est que nous sommes mauvais. Mauvais comme il n'est pas permis de l'être. Mais ça ne se passera pas comme ça. Il y aura des sanctions. Je vous l'annonce. Financière ou autre, j'en débattrai dès mon retour avec le comité directeur. Les joueurs seront convoqués individuellement au stade vélodrome, car un tel comportement est inadmissible, indigne d'une équipe de première division".

Et de nouveaux à l'adresse de l'entraîneur, ces mots en forme de menace plutôt que de souhait :

"M. Arribas, il va falloir que vos joueurs apprennent à se battre !"

La différence s'est fait essentiellement au niveau des deux surfaces de vérité, poursuivait celui-ci au micro d'un radio reporter. "Nous avons été faibles derrière et devant. Tout juste passable au milieu. Mais aucun gars n'est parvenu à prendre le meilleur sur son adversaire direct. Comment voulez-vous parvenir à développer un jeu cohérent ?

"Ces deux buts d'entrée n'ont évidemment rien arrangé. Lorsque l'on n'est pas bon, on n'a pas besoin d'un appareil handicap. Mais en fait, ce n'est pas parce qu'il a joué vite et bien que Metz nous a assommé ainsi. C'est essentiellement de notre faute, parce que nous avons facilité incroyablement la tâche de nos adversaires.

Marcel Pougenc, visage des mauvais jours, n'était pas moins désabusé : décidément, je vais de déception en déception chaque fois que je vais voir l'O.M. Cette équipe n'a plus d'individualité, plus de jeu collectif, plus d'âme, plus rien du tout. C'est à désespérer à se demander quand tout cela va finir.

Intermède qui en d'autre temps eût prêté à rire, il n'y avait pas beaucoup d'eau chauffe dans les vestiaires et de surcroît une panne électrique avait plongé tout le monde dans l'obscurité. Mais personne n'avait la moindre envie de rompre le silence, aussi épais que les ténèbres. Du côté des joueurs et une fois la lumière revenue, le même leitmotiv se répétait inlassablement :

"Ces deux buts consécutifs, après quelques minutes de jeu seulement, nous ont coupé bras et jambes.

Et pour Georges Bereta, d'un des hommes les moins décevants de son équipe, "un tel handicap ne se monte presque jamais. Ce n'est pas dans la mauvaise période que nous connaissons en ce moment, que nous aurions pu le faire.

Mais si ces arguments étaient avancé pour la forme, chacun sentait bien que les vraies raisons étaient ailleurs.

Quelque chose est incontestablement cassé dans cette équipe que la seule absence de trésor ne saurait expliquer.

A.P.

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M. Molinari : "Une victoire précieuse"

"Voilà une victoire qui nous fait du bien et qui ne prête à aucune contestation. Cela va relancer la machine !"

Le président Messin Carlo Molinari arborait, comme l'on devine une mine ravie. "De plus, ajouté-t-il, nous avons vu aujourd'hui un super Curioni".

Nouvel international, le gardien André Rey, qui avait fait un match excellent, encore que les attaquants marseillais ne lui aient pas posé beaucoup de problèmes, était, de son côté, sincèrement désolé par le comportement de l'équipe olympienne.

"Il est difficile d'imaginer qu'une équipe riche en individualités, avec tout le potentiel que cela représente, puisse se montrer aussi décevante.

Quand nous avons mené 3 à 0, après moins de 20 minutes, j'ai vraiment eu peur pour eux qu'ils ne prennent un véritable carton. Heureusement, qui se sont repris en seconde mi-temps. Mais, vraiment, je ne comprends pas".

"Peut-être, après tout, y a-t-il trop de vedettes dans cette équipe, ce qui nuit au climat, surtout dans les moments difficiles. En tout cas, il faut souhaiter que les Marseillais se reprennent car il serait désolant de voir un club comme lui tomber en deuxième division".

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