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Résumé Le Provencal

du 25 septembre 1976

EFFICACITE RETROUVEE

 

Nogues, Flores, Zlataric et Alonso (sur penalty)

ont signé la victoire marseillaise

Aux quelques amateurs de jeu à XIII égarés dans la foule, le match a du paraître un peu mièvre.

Il est vrai que venant après un Marseille XIII Catalan extra violent, O.M.-Bastia fit figure de jeu de société entre gentleman du sport.

Chaque sport ayant ses particularités, et partant son charme, on ne s'en plaindra pas. Mais il fallait souligner combien l'O.M. et Bastia, qui se distinguèrent il n'y a pas si longtemps par un football d'engagement et de contres, en changer leur façon de jouer, et ce ne sont pas quelques accrochages survenus en fin de match, du fait de l'énervement, qui peuvent modifier notre jugement.

La nette victoire de l'O.M., obtenue essentiellement de la tête (Noguès, Florès, Zlataric) ne saurait se discuter.

Elle fut celle de l'équipe ayant dominé le jeu avec une élégance certaine et une réelle efficacité, même si la faiblesse du centre de la défense bastiaise contribua grandement à l'ampleur du score.

Il est certain que Lucini et Graziani, vaillants mais limités, constituent pour les Corses une solution de fortune.

Mais pour une fois que l'O.M. jouait bien et gagnait largement, avec même du panache, ne boudons pas notre plaisir.

ALONSO ÉGAL A LUI-MÊME

Alonso que le public du Stade-Vélodrome découvrait, a été égal à sa réputation et à l'image que l'on commence à se faire de lui.

Un footballeur de charme, exceptionnel dans le contrôle du ballon, la passe juste et immédiate. Un virtuose, de surcroît, qui enchanta les spectateurs par quelques exploits à la façon de l'acrobate.

Mais bien qu'il ait marqué un penalty en s'y reprenant à deux fois, la puissance de son tir n'apparaît pas encore, et on ne le vit jamais tenter un dribble en profondeur. Mais enfin tel qu'il est, il plaît.

TOUT EN SOUPLESSE

La première mi-temps s'était jouée sur le signe de la technique tout en finesse, tout en souplesse.

Nous étions loin des O.M. - Bastia de ces dernières saisons.

Il est vrai que les deux équipes ont fait leur "mue" et que maintenant elles ne peuvent s'affirmer totalement que dans l'offensive.

Le spectacle, par suite, fut assez agréable, mais manqua un peu de piment. En fait, les deux gardiens n'avaient pas eu le grand chose à faire de difficile, quand sur un bon centre de Baulier, Noguès, l'homme fort de l'O.M., trompa Petrovic d'un magistral coup de tête (33e).

Mais Alonso et sa virtuosité très sud-américaine avait fait la conquête du public, lequel a toujours un faible marqué pour tout ce qui sort de l'ordinaire. On le comprend d'ailleurs, le football professionnel demeure à la fois un sport et un spectacle.

PRIORITÉ À LA TÊTE

En 2e mi-temps, le festival de têtes devait se poursuivre. Après celle de Noguès en première mi-temps, une de Florès et enfin une troisième de Zlataric, en prévision de leur match retour contre Southampton, les Olympiens ont sans doute voulu prouvé qu'ils savaient jouer à l'anglaise.

Le 4e but olympien ne fut qu'une péripétie. Un penalty indiscutable de Lucini, qui, après s'être payé une fantaisie devant Florès, avait jugé utile de retenir celui-ci par le maillot en pleine surface de réparation.

Le scénario du penalty fut le même qu'à Southampton, mais dans un ordre inversé.

Alonso tira sur la gauche de Petrovic, mais ce dernier arrêta le tir. L'arbitre estimant que le gardien yougoslave s'était mis en mouvement avant son coup de sifflet, fit retirer le penalty. Cette fois Alonso trompa son adversaire en tirant de l'autre côté, exactement comme il l'avait fait en Angleterre. On ajoutera que sur un mauvais renvoi de Migeon, Félix, le plus vif des attaquants corses, avait réduit la marque alors que l'O.M. de mener que par 2-0.

La fin du match, contrairement à ce qu'on avait vu jusqu'à là, fut assez heurtée. Mais rien de bien méchant tout de même.

VICTOIRE COLLECTIVE

José Arribas doit se réjouir. Ce succès lui fut avant tout celui de la collectivité, malgré la présence sur le terrain du virtuose Alonso.

Comme on l'avait remarqué il y a quelques jours à Troyes, l'O.M. jeunesse dans sa formule actuelle ne peut s'exprimer complètement qu'en jouant de façon élaborée et offensivement. C'est ainsi qu'il joua tout le match, et la chance ayant voulu lui sourire, l'emporta nettement.

On a remarqué, sur l'ensemble de la partie, une conduite du ballon très améliorée, et beaucoup plus de précision dans les relances, surtout venant de l'arrière.

Rien n'est encore parfait, il faut attendre d'autres adversaires pour juger, mais l'impression générale reste bonne. L'O.M. est sur une voie nouvelle, c'est évident, et l'on peut croire qu'avec le temps elle sera la bonne.

Bastia s'est présenté assez incomplet, surtout en défense. Il est bien certain que l'absence de ses deux arrières centraux, Orlanducci et Guesdon, qui n'a pas pu jouer hier, n'étant pas encore qualifié, apportera à nos amis de Bastia une plus grande instabilité.

Quant aux deux vedettes de l'attaque, Dzajic et Zimako, elles furent assez discrètes. Dzajic, à peine remis d'un claquage, parut se ménager, alors qu'il ait réussi ici et là quelques actions d'éclat, prouvant la qualité bien connue de sa technique.

Zimako, lui, apparut complètement hors de forme. Tant et si bien que le plus dangereux, le plus actif avec Papi, fut l'avant-centre Félix.

Parmi les jeunes de cette équipe, c'est Desvignes qui mérite d'assez loin la meilleure note. Disons cependant, avant de terminer, que le gardien international Petrovic a constitué une déception pour les connaisseurs.

Maurice FABREGUETTES

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NORBERTO : "Le style c'est l'homme"

On était venu de loin pour le voir à l'oeuvre, cette nouvelle cuvée olympienne.

On était d'autant plus impatient de suivre les jeunes loups d'Arribas que, dans leurs rangs, se trouver incertain Alonso. Un "brave" paraît-il qui savait déjà ce que hurler voulait dire.

Et ce public, dont les réactions ne mentent jamais, s'est rendu compte, cette fois, qu'on ne l'avait pas trompé sur la marchandise.

Oui, ce sacré Norberto, qui a tout l'air de connaître son affaire, savait aussi quels gestes il fallait employer pour séduire son assistance.

D'entrée de jeu, et en bon virtuose, il n'avait pas besoin d'astiquer son archet.

Au sortir du vestiaire, pas de doute, il était déjà prêt. Alors il commença la gamme des feintes, des talonnades, d'ouvertures au millimètre.

Bref, tout ce que souhaitaient ces fameux supporters marseillais, dont on se plaint souvent de vanter les mérites, mais aussi de critiquer les exigences.

Il n'en reste pas moins qu'avec un tel public, quand la partie est gagnée, elle l'est bel et bien.

L'Argentin a donc réussi, avec mention, son examen de passage.

Certes, à le placer dans une catégorie, on le mettrait plutôt dans les stylistes, ces brillants sujets de tous les sports, qui, peut-être, n'ont pas toujours un punch irrésistible, mais n'ont pas leur pareil, non plus, pour assurer le spectacle.

Et puis, vous le savez, le style c'est l'homme.

Cette fois, c'était même "l'Ohème", une équipe qui, sous la baguette de son nouveau chef d'orchestre, s'est payé le luxe de faire toucher les épaules, et de quelle façon, à un adversaire bastiais qui pourtant n'a pas la réputation d'être tendre.

Un but de Noguès, un autre de Florès, un troisième Zlataric, et enfin le penalty d'Alonso, et l'O.M. réussissait, à l'envers, le "coup" de Southampton.

Dans les deux mesures, cette fois, la dernière était la bonne.

4 à 1, au bout du compte, voilà une victoire qui éclaircit sensiblement l'horizon.

On se prend même à attendre les Anglais avec un peu plus de force d'âme, mais n'anticipons pas ; à chaque jour suffit sa peine.

Si vous voulez toutefois un dernier avis, nous vous donnerons celui de Skoblar, éternel olympien :

"Pas mal du tout cet O.M. là, a-t-il dit, hier soir, en quittant le stade. Quant à Alonso, il a de la classe. C'est du super !"

Et, vous savez, Josip en connaît un brin sur la question.

Jean FERRARA

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Les réponses aux questions que vous vous posez

ALORS ALONSO ?

- Nous vous entretenons longuement par ailleurs des débuts effectués hier soir par la nouvelle recrue olympienne. 20 000 spectateurs marseillais étaient venus en curieux et pour juger sur pièces. C'est une assistance amplement suffisante pour s'étendre un peu plus sur ce sujet d'actualité. Comme l'avait fait avant lui Skoblar, Magnusson, Paulo Cézar et Jairzinho, Norberto Alonso a fait d'emblée la conquête du public marseillais. C'est surtout ce qu'il faudra retenir à travers cette rencontre O.M. - Bastia. Un match que les dirigeants marseillais attendaient sans doute avec une certaine appréhension. Disons alors qu'ils ont été rassurés en bloc. À la fois par leur équipe et par son nouveau stratège, qui vient en une seule partie de justifier le bien-fondé de son transfert.

- Quels sont les progrès enregistrés dans le camp marseillais ?

- José Arribas ne s'en était pas caché, le problème essentiel de son équipe était jusqu'ici un manque d'efficacité offensive. Ne parlons pas de Southampton, il s'agissait d'un cas bien particulier puisque le match se situait au niveau européen. Mais dans le contexte du championnat de France, et notamment à l'extérieur, l'O.M. n'avait pas toujours su inquiéter les défenses adverses. Hier soir, son attaque composée de jeunes éléments est parvenue non seulement à poser des problèmes à l'équipe bastiaise, mais de plus elle a enfin réussi à trouver le chemin des filets. Si nous comptons en effet les trois premiers buts, ils ont été acquis sur des actions en mouvements forts bien construites, et qui se sont achevées par autant de coup de tête victorieux. Ce qui fait dire à un supporter, au sortir du stade : "Voilà maintenant que nous avons une équipe de "tête". Ce qui est un peu la vérité et en tout cas fort encourageant.

- Doit-on reprendre espoir avant la venue de Southampton ?

- C'est évidemment une question que de nombreux supporters vont se poser aujourd'hui, notamment ceux qui n'étaient pas au stade, en apprenant la large victoire marseillaise. 4 à 1, vous le savez sans doute, ce ne serait pas suffisant pour inverser le résultat du premier match de Southampton, mais en tout cas voilà un score tout indiqué pour faire renaître l'espoir dans le camp marseillais, passablement éprouvé, vous vous en doutez, après la mésaventure de Grande-Bretagne.

On serait tenté de dire que Bastia n'est pas Southampton. Mais au fond, serait-ce là une juste vision des choses ? L'équipe bastiaise à notre connaissance, possède suffisamment de brillantes individualités pour figurer parmi les grandes formations françaises. Le match d'hier soir a démontré que les Corses étaient évidemment beaucoup moins à l'aise quand il évoluait loin de leur terrain favori de Furiani. Mais figurez-vous qu'on nous avait dit exactement la même chose à propos de Southampton, lors de notre voyage en Angleterre. M'c Mememy, l'entraîneur britannique, nous avait même laissé entendre que ces 4 buts étaient une avance certes confortable, mais qui n'aurait pas été fâché d'inscrire à domicile un ou deux buts supplémentaires. Paroles pleines de sous-entendus donc.

Alors qui sait si les Anglais ne vont pas se présenter à leur tour au stade vélodrome dans leurs petits souliers. Ne cherchons pas à rêver, ni à attendre le miracle, la situation de l'O.M. en Coupe d'Europe est bien compromise, mais à défaut de qualification, les jeunes olympiens ont démontré hier soir qu'ils pouvaient tout au moins enlever le gain de la 2ème manche. Sauver l'honneur en quelque sorte déjà ne serait pas si mal.

J.F.

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Marius TRESOR : "Notre meilleur match"

José Arribas avait bien des raisons de se montrer satisfait à l'issue de la rencontre :

"En dehors des quatre buts que nous avons inscrits, nous avons eu beaucoup plus occasions de buts que d'habitude, déclarait-il. Par ailleurs, notre défense n'a pas souvent été mise hors de position. Enfin, notre milieu s'est montré à la hauteur alors que c'est peut-être par là que l'O.M. avait péché depuis le début de la saison. Néanmoins, il convient comme toujours de faire preuve de circonspection, n'oublions pas que jusqu'à présent les résultats au stade vélodrome ont toujours été positifs et obtenus de façon plaisante. J'estime donc que plus que le match de ce soir c'est le match de Troyes qu'il nous faudra confirmer. Si nous n'y parvenant de façon régulière, alors sans doute pourrons-nous espérer nous classer tout à fait en haut du tableau.

- Ces progrès enregistrés ne vous font-ils pas regretter que la Coupe d'Europe soit venue trop tôt ?

"Je dirais plutôt que c'est Alonso qui est venu trop tard ! Car avec lui nous pouvons encore espérer de très bonnes choses".

Avec l'aide de l'entraîneur, précisément, qui, on le sait, manie fort bien l'espagnol, nous avons pu recueillir les impressions de l'Argentin :

"Cela a été une excellente soirée, d'autant plus belle que nous avons réussi quatre buts et que j'affectionne particulièrement, vous vous en doutez, le jeu offensif. Petit à petit, je m'acclimate et je me sens dans ma façon de jouer. Et puis je crois aussi que l'équipe est en net progrès depuis quelques matches. Toutefois, en ce qui me concerne, j'estime que sur le plan de la condition physique, je ne suis qu'à 60 % de mon meilleur niveau. J'ai donc encore une certaine marge de progression".

"Quand on gagne, ça va toujours, nous lançait de son côté Michel Albaladejo, qui venait une fois de plus de réaliser une excellente partie. Les Bastiais m'ont tout de même paru plutôt décevant. Je crois qu'ils ont beaucoup perdu en se séparant de Heidkamp, cela nous a facilité la tâche d'autant".

Précisons pour nos lecteurs que se trouvaient au stade, que Michel portait une bande au poignée pour avoir voulu essayer de jouer les gardiens de but à l'entraînement.

Satisfaction aussi du côté du capitaine Marius Trésor :

"C'est certainement notre meilleur match de la saison, avec celui que nous avons livré devant Saint-Étienne. Derrière, nous avons enfin fait preuve d'une bonne organisation en nous tournant toujours du côté du joueur disponible, quant aux attaquants, ils ont trouvé un pourvoyeur hors de pair en la présence d'Alonso qui incontestablement doit apporter beaucoup à l'équipe.

"J'attendais un peu mieux de Bastia, mais Félix, avec qui j'ai discuté, m'a dit que lui et ses partenaires n'étaient pas dans le coup physiquement en ce moment".

Georges Bereta qui avait suivi le match depuis la tribune exprimait pour sa part :

"C'est très encourageant avant le match retour contre Southampton, même si cette bataille de mercredi prochain est de celle que l'on qualifie de sans espoir. Pourtant, je pense qu'en jouant de cette façon et en y ajoutant encore un peu plus de vitesse et de virilité, un exploit devant les Anglais appartient toujours au domaine du possible. Après tout, marquer deux buts par mi-temps cela se voit souvent même en Coupe d'Europe.

"En ce qui me concerne, je suis content de mon match, nous disait François Bracci. Mais évidemment Zimako m'a beaucoup facilité la tâche en jouant pratiquement arrière droit, si bien qu'on en est arrivé à ce paradoxe de l'arrière marquant l'ailier. Il ne me reste plus maintenant qu'à retrouver vraiment confiance en moi."

Ajoutons que François nous a bien précisé que c'est tout à fait involontairement qu'il avait blessé son ancien partenaire et ami Georges Franceschetti.

Quant à Hervé Florès, auteur d'un nouveau but, il savourait doucement sa revanche.

"On s'était fait passablement critiquer et en particulier nous les attaquants parce que nous ne nous battions pas assez. Je crois que ce soir, dans ce domaine, nous avons mis le paquet comme on dit, le jeu s'est toujours bien confirmé et comme à Troyes, nous avons allégé le travail du milieu de terrain en faisant de nombreux décrochages. Il ne faut pas oublier que sur les trois attaquants, nous sommes deux nouveaux et qu'un peu de temps nous était nécessaire pour nous acclimater vraiment. En tout cas, ce soir, je pense que nous avons fait plaisir au public qui a du se régaler aux exploits techniques d'Alonso, comme nous nous régalons personnellement sur le terrain en jouant à ses côtés."

Enfin, Gérard Migeon expliquait comment il avait concédé le but de la 57ème minute :

"Sur le centre, j'ai crié "laisse" et Marius s'était écarté. Mais au moment ou je veux saisissais du ballon, Dzajic m'a chargé par derrière et j'ai relâché. C'est ma faute, j'aurais du boxer cette balle. Mais enfin ce n'est pas grave, puisque les attaquants ce soir, ont fait bonne mesure.

Alain PECHERAL

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Pierre CAHUZAC : "trop d'erreurs"

Il n'y a pas eu de hauts cris dans les vestiaires bastiais, ni de critiques acerbes.

L'entraîneur Pierre Cahuzac, fidèle à son attitude, a analysé le match avec lucidité :

"Il est certain que la défense amputée de trois titulaires à savoir Cazes, Orlanducci, et en dernières minutes de Guesdon, l'ancien monégasque, qui devaient nous permettre de la stabiliser, nous avons accumulé les erreurs et nous nous sommes battus nous-mêmes. Il ne faut pas oublier que les Marseillais ont marqué de la tête sans que quiconque chez nous ait effectué le moindre geste de parade. De plus, l'équipe a paru paralysé, de sorte que les hommes de la ligne intermédiaire n'ont jamais pu s'exprimer, facilitant ainsi la tâche d'une équipe olympienne qui en voulait terriblement. Incontestablement, nous avons besoin de retrouver tous nos titulaires en défense pour prétendre jouer un rôle convenable dans le championnat."

Dominique FIGARELLA

 

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