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Résumé Le Provencal

du 16 mai 1976

 

O.M. : nouveau fiasco à Strasbourg

Inquiétante défaite avant la demi-finale

de coupe devant Nancy (2-0)

STRASBOURG - Après la défaite contre Nantes, nous avions trouvé, à tort ou à raison, non pas des excuses mais du moins quelques circonstances atténuantes à l'O.M.

L'équipe marseillaise, après tout, était parvenue un peu plus tôt à se qualifier pour les demi-finales de la coupe. Ce n'était déjà pas si mal. Pour l'échec d'hier soir, en revanche, on a beau chercher avec toute la bonne volonté du monde, on ne trouve rien, absolument rien, à mettre au crédit des Marseillais.

Un ensemble d'autant plus fautif qu'il fut bien après, après les buts de Spiegel et de Wagner, de concéder le bonus à un adversaire qui jouera sans doute l'an prochain en 2e division. Devant ces Strasbourgeois limités, répétons-le, l'O.M. a été incapable de marquer le moindre petit but qui aurait pu contribuer à dorer un tant soit peu la pilule. Même pas. Avant Nancy et la Coupe, c'est inquiétant : nous dirons même très triste.

UN O.M. SANS ÂME

Est-ce l'assistance réduite à son plus strict minimum ?

Ou bien ce match de fin de saison était-il peu propice à enthousiasmer les observateurs en tout genre ? On ne sait. Toujours est-il qu'on s'est ennuyé à mourir tout au long de ce match, au cours duquel Strasbourgeois et Marseillais ont rivalisé dans un domaine inattendu : celui de la médiocrité.

Nous avons, bien entendu, vous épargner les péripéties de toutes ces longues minutes ; mais enfin, il faut bien dire que le spectacle fourni était indigne de notre division nationale. Passe encore pour les infortunés Strasbourgeois qui, avant le match, était déjà plus ou moins condamnés à perdre leur place en division nationale. On était tout près, dans ces conditions, à leur pardonner leurs approximations, leurs passes à l'adversaire, voire leur peu de conviction.

Mais que l'O.M. se mettre au diapason en déjouant comme il n'était pas possible de le faire davantage, c'est évidemment beaucoup moins pardonnable. On veut bien croire que les joueurs marseillais ont désormais l'esprit tourné vers la coupe de France. On espérait cependant que ces Olympiens, qui sont encore jusqu'à preuve du contraire, l'un des porte-drapeaux du football français, donnent un autre aperçu de leurs possibilités.

Sur ce point-là, avouons-le sincèrement, même si c'est pénible à écrire, ce fut un véritable fiasco. Alors, il est évident qu'on est en droit de se demander ce qui arrive à notre cher Olympique.

DES JOUEURS DÉMOBILISÉS

Nous ne voudrions pas, cela va de soi, mettre en doute la conscience professionnelle des joueurs marseillais. Hier soir, pourtant, devant sans doute l'une des plus faibles chambrées que l'O.M. ait attirée depuis longtemps, les footballeurs au maillot blanc ont donné l'impression d'être tout simplement démobilisés.

Pourquoi ? C'est, bien sûr, la question que l'on se pose, avec d'autant plus d'insistance que la saison est loin d'être terminée. Un confrère strasbourgeois, derrière nous à la tribune de presse, eut même une réflexion qui, mieux que de longs commentaires, résume la situation :

"Depuis 30 ans, s'est-il exclamé, c'est la première fois qu'on voit à Strasbourg une équipe marseillaise aussi faible".

Voyez-nous que nous n'exagérons rien.

ET MAINTENANT ?...

Il n'en reste pas moins que cette formation a tout de même le devoir, si elle n'a pas soigné le spectacle à Strasbourg d'offrir autre chose à ses propres supporters. Pour la bonne raison, comme nous l'écrivons l'autre jour, après la défaite contre Nancy, que Marseille mérite mieux que ça.

Comment l'O.M. qui a malgré tout obtenu jusqu'ici un nombre respectable de victoire, qui est le plus qualifié pour les demi-finales de la coupe de France, a pu en si peu de temps en arriver là ? La réponse ne nous appartient guerre. Mais les responsables du club, à tous les échelons, doivent sérieusement y réfléchir car, de dégringolade en dégringolade, on finit un jour ou l'autre par toucher le fond.

On va peut-être pour rétorquer : "Oui, mais nous avons bien essayé une nouvelle formule avec la rentrée de Zlataric, Albaladejo et Meunier. Et vous voyez, cette tentative n'a rien donné..."

C'est sûr, mais ce serait aussi trop facile de mettre ce nouvel échec sur le compte des rentrants. Une équipe, ce n'est pas nouveau, ne se forme pas du jour au lendemain. C'est un travail de longue haleine, et qui aurait dû commencer bien plus avant dans la saison. Or, malgré les remaniements apportés ici et là, et à intervalles plus ou moins réguliers, l'O.M. continue à ne pas avoir d'équipe digne de ce nom. Ce sera, si c'est encore utile, la leçon à retenir.

Nous continuerons à croire quant à nous, que cette défaite, concédée à Strasbourg est un nouvel avertissement sans frais. Contre Nancy, ce sera une autre paire de manches. Ce sera aussi notre conclusion.

 Jean FERRARA

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Désolation dans les vestiaires marseillais

J. Zvunka : "Vous avez vu comme moi"

STRASBOUG - C'était la désolation dans les vestiaires marseillais après le match qui avait vu la victoire de Strasbourg. Personne ne pipa mot. Les joueurs, tête basse, ne bronchaient pas, assis sur leur banc. Quant à Zvunka, il tournait comme un lion en cage. Timidement, nous avons osé posé la question : "Alors Jules, en deux mots.

La réponse de l'entraîneur fusa : "Vous avez vu comme moi... Je n'ai rien à dire. Mais quoi qu'on en pense et qu'on en dise, je ne suis pas un imbécile".

Phrase sibylline. Que voulait dire le coach phocéen ? Peut-être qu'il avait raison de ne pas titulariser certains éléments qui, sur le papier, ont des noms ronflants, et qui, sur le terrain, ne font pas toujours ce qu'on est en droit d'attendre d'eux.

Nous sommes revenus à la charge de cette fois, un peu calmé, Zvunka a précisé : "Surtout que l'on ne mette pas tout sur le compte des réservistes. Ce qui est certain, c'est que, contre Nancy, il va falloir jouer autrement si nous voulons avoir une chance de qualification".

Marius Trésor, le capitaine d'habitude fort volubile, était avare de paroles : "C'est inexplicable, se contentait-il de dire. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond, mais allez savoir quoi ! Ce fut un bien mauvais match de notre part. Oublions-le rapidement".

François Bracci, tout en se rasant, tenait à peu près les mêmes propos : "Ce qui est le plus désolant, c'est qu'il semble n'y avoir aucune coordination entre les lignes. Il nous reste quinze jours pour préparer le match contre Nancy, et il va falloir s'y mettre sérieusement. Je vous avoue que, si nous devions renouveller un tel match, nous n'aurions pas l'ombre d'une chance de nous qualifier".

C'est ainsi aussi le sentiment de Victor Zvunka, qui ajoutait : "A mon sens, on est fatigué, nous n'avons pas encore digéré le match de Coupe contre Angers".

Boubacar, le seul qui avait gardé un semblant de sourire, se prenait à dire : "Il y a des jours avec, aujourd'hui c'était un jour sans".

Albaladejo et le jeune Meunier ne soufflaient mot : "Que voulez-vous que je dise", devait simplement souligner Mickey, assez déçu par le qu'il venait de jouer.

Enfin Zlataric, qui, somme toute, avait été le moins décevant des joueurs marseillais expliquer : "Je regrette d'avoir fait mon entrée dans ces conditions : Il n'est jamais agréable de perdre lorsqu'on arrive. Mais je trouve qu'il n'y avait rien à dire, nous avons trop mal joué".

Quelques instants plus tard, tout le monde était rhabillé et, sans bruit, la troupe olympienne reprit le chemin de Marseille.

A. de R.

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Les Strasbourgeois :

"Deux points précieux mais suffiront-ils ?"

Dans les vestiaires strasbourgeois, contrairement à ce que l'on pouvait penser, ce n'était pas une joie exubérante. Les joueurs étaient contents d'avoir battu l'O.M., mais tous s'interrogeaient quant à l'espoir si les deux points récoltés face aux Phocéens seraient suffisants pour empêcher la descente en deuxième division.

C'est l'entraîneur Frantz qui, très courtoisement, devait résumer la situation :

"Nous n'avons peut-être pas été transcendants, mais nous avons été supérieurs à l'O.M., et je considère notre victoire comme logique. Il est bien regrettable que nous n'ayons pas pu réussir à obtenir un troisième but, qui nous aurait permis d'augmenter notre capitale points d'une troisième unité. Laissez-moi vous dire que j'ai été assez déçu par la prestation de l'équipe marseillaise. Pour ce qui nous concerne, la tache qui nous reste sera dure, et nous auront bien du mal à éviter la descente. Cependant, j'estime qu'avec les moyens dont je dispose nous ne resterons pas longtemps en deuxième division. Une année au purgatoire nous sera peut-être salutaire. Vous entendrez reparler du Racing club de Strasbourg".

A. de R.

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  A L'EST RIEN DE NOUVEAU

C'était un match de gala. Pour le prix des places s'entend. Ce n'était pas le match du siècle, et personne, Dieu du football merci, ne l'avait présenté comme tel.

En fait, le public strasbourgeois, qui comme le public marseillais c'est très exactement ce que jouer au football veux dire, ne s'y était pas trompé. À telle enseigne qu'on n'avait pas eu besoin de se battre pour pénétrer dans le stade de la Meinau quasiment vide.

Désaffection d'autant plus compréhensible si l'on considère, d'une part, que le prestige olympien est bien entamé, et que, d'autre part, on tient pour acquis en Alsace que le vieux Racing jouera la saison prochaine en Deuxième Division.

Ainsi, pour les cinq Marseillais qui avaient fait le déplacement, à savoir les représentants de la presse locale, la question qui se posait avant le match était la suivante : quel visage représenterait cette équipe phocéenne qui, avec Albaladejo, Meunier, et Zlataric, avait fait un tantinet peau neuve ? La réponse à cette question tient en une courte phrase : "A l'Est rien de nouveau". À savoir qu'on a vu une équipe marseillaise, d'une faiblesse insigne, accumuler les maladresses avec une désolante constance. Jusqu'à Marius Trésor, et c'est tout dire, qui ne fut que l'ombre de lui-même.

On nous dira pourquoi ce serait-il "levé l'âme" puisqu'aussi bien en championnat désormais, les carottes sont cuites. Un raisonnement que nous ne suivrons pas, car rien ne dit que dans quinze jours, contre Nancy pour le compte de la Coupe de France, ce sera toujours mieux.

Les motivations seront différentes, on vous l'accorde, mais les motivations suffiront-elles pour transformer une formation apparemment désabusée et doutant d'elle-même ?

La mini trêve sera-t-elle salutaire ? Rien n'est moins sûr.

On avait cru trouver une équipe avec un grand E, au sort de la qualification contre Reims. Quinze jours plus tard, l'or se transformé en vil plomb.

Reste à trouver d'ici le 29 mai la formule magique qui permettra d'assister cette fois au phénomène inverse.

À Jules Zwunka de jouer les Cagliostro. Nous lui souhaitons bien du plaisir...

Andre de ROCCA

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- QUE FAUT-IL PENSER DE LA DÉFAITE OLYMPIENNE ?

- Bien plus que la défaite, comme nous le signalons par ailleurs, c'est le comportement de l'équipe marseillaise, hier soir, qui est pour le moins inquiétant. Car il est permis à tous les clubs de division nationale de s'incliner sur le terrain de l'adversaire, même et à plus forte raison quand cet adversaire-là défend sa place en division nationale. Cependant, le spectacle fourni par les joueurs marseillais, hier soir, était indigne à la fois de leur standing et aussi de leur réputation, surtout en pensant qu'ils représentent une ville dont le moins que l'on puisse dire est qu'elle est une place forte du football en France.

- QUE PENSER, AVANT LA DEMI-FINALE DE LA COUPE ?

-Il est bien évident que si l'O.M. continue à déjouer comme il a fait devant Nantes et tout dernièrement contre Strasbourg, il n'a guère de chance de surprendre et de battre un adversaire nancéien qui sera, lui, tout décidé à le bouter hors de l'épreuve reine. C'est cet aspect là du problème que les responsables marseillais doivent étudier en tout premier lieu. Ne cherchons pas à le dissimuler, contre Nancy au Parc des Princes il faudra réagir et de la façon la plus efficace qui soit pour espérer jouer la finale de la coupe.

- COMMENT JUGER LA RENTRÉE DES NOUVEAUX VENUS ?

- Nous expliquons par ailleurs que personne, dans les rangs olympiens, ne s'est mis particulièrement en évidence, et pour cause, il n'en reste pas moins qu'Albaladejo n'a pas plus de fautes à se reprocher que d'autres. Par moment même, on a retrouvé le brillant joueur de la saison dernière. Mais on ne pouvait pas lui demander à lui tout seul de porter l'O.M. sur ses épaules. Zlataric, dans la mesure où lui aussi venait de la troisième division, a tiré son épingle du jeu, il nous semble que ce jeune joueur pourrait être encouragé comme Meunier, même si celui-ci ne fut pas particulièrement heureux durant le temps qu'il est resté sur la pelouse.

J.F.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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