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Résumé Le Provencal

du 16 février 1976

 

  O.M. UN REVEIL TROP TARDIF !

  

PLATINI, artisan N.1

de la victoire nancéenne

Qu'un match curieux ! Si la rencontre s'était arrêtée à la mi-temps, l'O.M. n'aurait eu qu'une chose à faire, regagner Marseille sur la pointe des pieds, en faisant son "Mea culpa". L'équipe marseillaise, en effet, n'avait pratiquement rien réalisé, pour la bonne et simple raison d'ailleurs qu'elle n'avait rien entrepris. Le résultat de 2 à 0 à ce moment-là était donc tout à fait logique.

Empressons-nous d'ajouter que nous avons même tremblé pour cette formation olympienne à la première entrée aux vestiaires. L'O.M. avait non seulement encaissé deux buts, mais de plus, Migeon s'était sérieusement blessé au coude dans un choc avec Rouyer. Tout cela ne laissait rien présager de bon, vous en conviendrez avec nous.

Pourquoi ne pas le dire, nous redoutions alors le pire quand M. Meeus rappela tout son monde pour les dernières quarante-cinq minutes. Migeon était bien revenu sur le terrain, mais on voyait bien que son bras gauche, ballant le long du corps, serait inutilisable. Avec nos confrères de la tribune de presse, nous ne donnions pas cher des chances marseillaises.

YAZALDE : LE BUT DE L'ESPOIR

Eh bien, aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est à ce moment-là que l'O.M. se mit enfin jouer au football. Pas toujours, certes, de la façon la plus classique, mais du moins sur un rythme qui n'avait plus rien de commun avec celui de la première mi-temps.

Estimant sans doute que la meilleure façon de se défendre et à la fois de conjurer le mauvais sort était de se lancer à l'attaque, les Olympiens sortirent enfin de leur coquille. Mieux même, on eut l'impression que l'espoir de changer de camp lorsque Yazalde réduisit le score, à la 48e minute, reprenant un ballon que Bereta avait une première fois écrasé sur le poteau. D'autant que Nancy, à son tour, commencer à étaler ses faiblesses.

PLATINI ET L'ARBITRE

EN VEDETTE

Seulement, voilà : si l'équipe lorraine apparaît comme un ensemble moyen, elle a la chance de posséder un milieu de terrain assez exceptionnel. Rora et Rubio, d'une part, avaient largement donné le ton jusque-là ; quant à Platini, il fut ni plus ni moins que le grand bonhomme de la rencontre.

Celui que l'on appelle déjà "la petite merveille nancéienne", se paya le luxe d'être un organisateur clairvoyant, mais aussi un réalisateur de premier ordre. À l'origine du premier but, il inscrivit les trois autres à son compte. Il fut donc artisan numéro un de la vitoire Lorraine. Et nous sommes bien d'accord avec Marcel Pougenc, qui déclarait à la fin du match : "Platini dans nos rangs c'était la victoire assurée".

Le seul inconvénient, c'est que le jeune prodige porte toujours les couleurs nancéiennes. À toutes fins utiles et à l'adresse des dirigeants marseillais, ajoutons que M. Cuny ne semble guère décidé à s'en séparer. Enfin, on verra bien au départ de la saison prochaine.

Indépendamment de la brillante performance de son jeune international, Nancy, semble-t-il a bénéficié aussi un coup de pouce du destin. Rien apparemment ne justifie le penalty sifflait contre Gransart pour une faute anodine sur Cohuet. M. Meeus en l'occurrence avait précipité le la défaite de l'équipe marseillaise, alors précisément qu'elle commençait à faire surface.

Dans le camp olympien, au ne va pas manquer, bien sûr, invoquer cet incident de jeu. Mais soyons logique. En subissant les événements pendant les quarante-cinq premières minutes, l'O.M. avait donné à son adversaire le bâton pour se faire frapper.

TROP DE FAUTES

Voyez-vous, on est toujours gêné aux entournures pour faire la critique d'une équipe battue, mais qui, dans l'ensemble, a fait preuve de son habituel courage. À l'image son gardien Gérard Migeon, tout simplement héroïque, l'O.M. a fait son possible, nous l'avons dit, pour inverser le cours des choses. Mais on doit cependant ajouter que les Olympiens, en première mi-temps surtout, ont accumulé les fautes. Et, le plus désolant, c'est que ces fautes-là ont été commises par une défense qui, pensait-on, avait retrouvé sa stabilité. Nous n'irons pas jusqu'à dire que les deux premiers buts concédés furent autant de cadeaux, mais du haut des gradins cela y ressemblait fort. Dommage pour l'O.M., bien sûr, car Nancy dès lors eut tout le loisir de prendre confiance.

Et puis, il faut, avant de conclure, mettre l'accent sur les problèmes de l'attaque qui, hier encore, fut loin de trouver son homogénéité. Malgré les modifications apportées, malgré le changement du système, c'est toujours un peu la même dispersion. Il faudrait, bien sûr, se pencher en priorité sur cette question brûlante. La situation se dégrade, l'équipe s'enfonce, et si on ne trouve pas les remèdes, ce n'est pas demain, pour reprendre le mot un mot du président Meric, que l'O.M. sortira de la morosité.

Jean FERRARA

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Jules Zvunka :

"Les dimanches se suivent et se ressemblent"

Notre premier souci en arrivant dans le vestiaire marseillais fut bien entendu de prendre des nouvelles de l'infortuné Gérard Migeon qui avait multiplié les exploits en première mi-temps, avant de se blesser au coude et de poursuivre néanmoins courageusement (et brillamment) à la partie.

"Gérard ne souffre peut-être que d'une simple entorse coup de gauche, nous expliqua Marcel Prévost. Mais on ne peut être certain non plus qu'il n'a pas une fissure. Il passera donc une radio lundi matin à Marseille".

L'intéressé expliquait comment cela s'était produit : "Sur une balle haute, je suis parti en extension, mais j'ai heurté un adversaire. Je suis retombé sur la main, mais la secousse m'a ébranlé tout le bras".

Jules Zvunka essayait de tirer la leçon du match, tout en pestant contre la décision de M. Meeus d'accorder un penalty aux nancéiens.

"J'estime que Gransart n'avait pas commis de faute ; et nous avons beau dire que l'arbitre aurait pu siffler ensuite un autre penalty pour une faute sur Platini - ce dont je suis sûr - les choses ne s'en seraient pas moins passées différemment. Car à 3 à 2 nous étions plus que menaçant pour nos adversaires.

"Cela dit, c'est une fois de plus en première mi-temps que nous avons laissé passer le meilleur de nos chances. Le même phénomène qu'à St-Étienne s'était produit et je ne m'explique pas. Les dimanches se suivent et se ressemblent décidément.

"Nous voilà désormais nantis de deux défaites consécutives, et qui n'est pas la meilleure façon de préparer sereinement le match de la cinq prochaines contre Paris".

En absence de Meric, c'est M. Heuillet qui nous donnait le point de vue des officiels.

"Heureusement quand même que les joueurs ne se sont repris après la pause. Car il n'y avait pas de quoi être fiers à la mi-temps. Mais je tiens à rendre hommage à notre adversaire nancéien qui a un milieu de terrain extraordinaire et un super joueur en la personne de Platini".

Marcel Pougenc, de son côté, annonçait tristement à Emon qui avait eu un avertissement : "Je t'ai sauvé la dernière fois en obtenant pour toi qu'un match avec sursis. Cette fois, j'ai bien peur de ne pouvoir rien faire. Attends-toi à ne pas jouer dimanche".

Quant à Roland Gransart, et commenter l'action qui avait amené le penalty : "Je n'ai touché que le ballon, pas Cohuet qui s'est laissé tomber dans la surface. Juste au moment ou nous avions pris le match en main... C'est trop bête !"

Enfin, Marius trésor regrettait l'apathie générale qui s'était, une fois de plus, abattue sur l'équipement en première mi-temps : "Comme à St-Étienne, il n'y a eu aucun marquage derrière, par deux fois les Nancéiens ont marqué, alors qu'ils étaient tout seuls.

"Certes, le penalty a pesé lourd dans la balance, parce qu'intervenu à un moment psychologique. Mais un tir d'Albert Emon sur la transversale, alors que le score était de 2 à 1, a lui aussi constitué un tournant du match.

"De toute façon, nous avons fait trop de "cadeau" aujourd'hui pour pouvoir espérer mieux".

A.P.

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Une mi-temps de retard

Il est des lieux qui ne vous réussissent guère. Vous aurez beau fouiller dans votre mémoire d'olympien, il vous faudra pour trouver trace d'une victoire marseillaise au stade Marcel Picot, remonter au temps du vénérable F.C. Nancy.

Il y a bien un succès arraché en septembre 1971 par le solide O.M. du doublé, mais il y avait pour cadre le stade Auguste Delaune à Reims.

Hormis cela, on ne dénombre que des victoires de l'A.S.N.L. et un lugubre nul 0 à 0 en janvier 1974.

Que l'O.M. 76, ait échoué là où n'avait pas réussi ses devanciers, n'a donc rien qui puisse surprendre.

Mais quel curieux match nous avons vécu en ce glacial après-midi de février !

À la mi-temps, la seule question que l'on pouvait se poser était de savoir à combien pour l'O.M. s'élèverait l'addition.

Car, outre le fait que les Marseillais statiques et empruntés n'avaient jamais donné l'impression de pouvoir empoigner le match à bras-le-corps, ils avaient pratiquement perdu Migeon qui disputa toute la seconde période avec un seul bras valide.

Or, le Parisien avait été une fois de plus l'élément le plus brillant de son équipe retardant longtemps, inélectable avant que la plus "petite merveille" Platini ne se mit en marche.

Mais, alors que l'on attendait le naufrage, Yazalde ramena l'espoir pour un quart d'heure seulement. Mais un quart d'heure durant lequel l'édifice lorrain trembla sur ses bases.

De la même façon, alors que Platini avait une fois encore modifié le sort du match, Noguès revient tout mettre en question.

Pour quelque minute, une fois encore hélas.

Fâcheuse habitude décidément que celle prise par les Olympiens de commencer le match à la 45e minute !

À Alès, cela n'avait pas eu de conséquences.

Mais cela en a eu à Saint-Étienne comme à Nancy.

Voilà pourquoi les Marseillais n'ont à s'en prendre, avant tout, qu'à eux même de cette nouvelle décision.

Alain PECHERAL

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M. CUNY : "Excellent pour le moral et pour le public"

Dans le camp nancéen, on était évidemment satisfait :

"Ce fut un bon match, disait Antoine Redin. Je déplore cependant le passage à vide que nous avons connu au début de la seconde mi-temps. Il est vrai qu'à ce moment là, l'O.M. a su très bien garder le ballon et contrôler le match. Il est vrai aussi que l'on redoute toujours l'O.M. Un autre regret, celui de ne pas voir Di Caro jouer toujours comme il l'a fait aujourd'hui".

Le Salonais, précisément, était radieux, même s'il regrettait de n'avoir pas pu inscrire un but et en dépit d'une sérieuse plaie à la tête occasionnée par un coup involontaire de Marius Tresor :

"Cela fait toujours plaisir de gagner contre son ancien club. Je crois que notre victoire est de celles qui ne se discutent pas".

Quant au président Claude Cuny, il estimait : "Six buts pour un même match, voilà qui doit satisfaire notre public qui venait déjà de nous voir en marquer cinq à Sochaux et six à Avignon. Dommage, évidemment pour le bonus qui était à notre portée, mais l'essentiel était de gagner et de faire du spectacle. Espérons que cela incitera nos supporters à revenir plus nombreux, car ils étaient moins de dix mille aujourd'hui.

A.P.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

LA BLESSURE DE MIGEON A-T-ELLE EU UNE INFLUENCE SUR LA RENCONTRE ?

Eh bien non. Aussi, surprenant que cela puisse paraître, l'accident du gardien n'a pas eu une grande influence sur le résultat. Quand il fut blessé peu avant la mi-temps, l'O.M. était mené déjà par 2 à 0. Il encaissa ensuite un 3e but, consécutif à un exploit de Platini qui en aurait surpris bien d'autres. Quant au 4e but nancéien, il fut inscrit sur penalty. Et vous savez que dans ses cas-là, blessé ou non, il n'y a pas grand-chose à faire.

COMMENT JUGER LE COMPORTEMENT DE L'ARBITRE ?

M. Meeus de toute évidence, n'a pas plané sur les débats, ce qui, là encore, peut arriver aux meilleurs. Mais, à notre sens, et donna un avertissement à Emon qui ne s'imposait pas quant au penalty infligé au jeune Gransart, il était pour le moins sévère, le défenseur s'étant contenté de jouer le ballon et non pas son adversaire. Les Nancéiens diront bien qu'il a oublié d'en siffler notre par la suite. Mais celui-là était en tout cas déterminant et il consommait la défaite marseillaise.

D'autre part, ses nombreux coups de sifflet n'ont pas toujours été donnés avec le meilleur discernement. D'ailleurs le public de Nancy, jugé le plus sportif de France, ne l'a guère appréciée. C'est tout dire.

LE TEMPS A-T-IL GÊNÉ LES OLYMPIEN ?

Certes, ce n'était pas le printemps en Lorraine, mais nous ne pensons pas que les conditions atmosphériques aient beaucoup pesé dans le sens ou dans l'autre sur le résultat. Le ciel était couvert, la température fraîche, mais terrain parfaitement jouable. Disons que, dans ce domaine, on avait vu pire.

LA SITUATION DE L'O.M. EST-ELLE PRÉOCCUPANTE ?

À notre sens oui ! qu'il n'est pas question bien sûr de voir l'avenir plus sombre qu'il ne l'est en réalité. Mais il est évident maintenant que l'équipe marseillaise aura bien du mal à enlever une place qualificative à une Coupe européenne. Et puis, c'est bien connu, il est bien difficile d'arrêter une chute qui se précise depuis les matches retour. Espérons que l'O.M. sauvera réagir à temps pour se reprendre et regagner en tout cas la confiance de son public. Car ceci compte également pour beaucoup dans la balance. Vous nous direz, et reste la Coupe. Et chacun sait que l'épreuve reine est par définitive aussi une épreuve aléatoire.

J.F.

 

 

 

 

 

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