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Résumé Le Provencal

du 23 novembre 1975

 

  HEROIQUES, LES JEUNES MARSEILLAIS !

 

BOUBACAR donne à l'O.M.

la victoire du courage (1-0)

Au soir de la victoire contre Lyon, certains supporters parmi les plus optimistes n'avaient pas hésité à parler de redressement olympien. Beaucoup plus prudent, nous avions réservé notre pronostic. L'expérience nous ayant appris qu'en football la vérité d'un jour n'est pas forcément celle du lendemain. Nous voulions voir des hommes du président Meric à l'oeuvre en d'autres occasions pour porter un jugement plus sain.

Convalescence ou rechute, écrivions-nous vendredi. Le match disputé hier, au stade Saupin nous incline à penser que les Olympiens sont bel et bien sur la bonne voie.

Entendons-nous, il ne s'agit pas d'écrire que Trésor et ses amis ont fait "joujou" avec des Nantais (ci ceux-ci avaient gagné, personne n'aurait changé à protester), mais ils ont 90 minutes durant joué un match plein avec une rare détermination, un sérieux et une énergie tout à fait digne d'éloge. Cette performance réussie en pays de Loire est d'autant plus remarquable, ne l'oublions pas, la moyenne d'âge était très basse et que l'on pouvait craindre le pire face à une équipe formée de jeunes loups et orchestrée par les vieux routiers que son Bargas, Michel et Gadocha entre autres.

L'O.M. LAISSE PASSER

L'ORAGE

Dès le début du match, nous avons craint le pire. Les Nantais déchaînés, soutenus par un public tout acquis à leur cause, étaient partis flamberge au vent. Gadocha, Michel sur tout le jeune Amisse donnaient bien souvent le tournis aux défenseurs phocéens. Le mérite de ces derniers fut de ne jamais s'affoler et sous la conduite d'un Migeon et d'un Tresor irréprochable, firent front avec autorité et non sans un certain panache.

Le milieu du terrain faisant preuve d'une belle complémentarité avec Buigues et Fernandez très travailleurs et Martinez plus technique, restait à savoir si l'ensemble tiendrait jusqu'à la fin du match. À ce moment-là, on espérait sans trop y croire que les Olympiens réussiraient peut-être à obtenir un match nul, mais on osait encore envisager une possible victoire. La suite prouva qu'on avait tort.

LE BUT DE SURPRISE DE

BOUBACAR

La deuxième mi-temps n'allait pas beaucoup se différencier de la première, si ce n'est peut-être que les Nantais allaient jouer un ton moins vite. Durant les 45 premières minutes, ils avaient fait flèche de tout bois et ils commençaient à éprouver le besoin de souffler. L'heure passée, le tableau d'affichage indiquait toujours 0 à 0. Migeon, impériale, continuait à faire bonne garde et ne cesser d'encourager ses équipiers de la voix et du geste. On crut un instant que tous les efforts phocéens allaient être réduits à néant, lorsqu'à une dizaine de minutes de la fin, une reprise de volée de Pecout heurta la transversale avant de sortir.

Nantes venait de laisser passer sa dernière chance. L'O.M. lui, n'avait pas raté le coche. Dans les toutes dernières minutes, on vous explique par ailleurs, à la suite d'un corner botté par Emon, une reprise de volée de Boubacar, aussi puissante qu'inattendue, jeta la consternation dans le stade. L'O.M. venait de gagner son match à l'extérieur.

DES REGRETS

Il va sans dire que cette victoire va jeter du baume au coeur à beaucoup de personnes du côté de la Canebière. Nous nous garderions bien de tirer des conclusions définitives. Nous avons déjà dit, si côté énergie et bonne volonté tout fut parfait, il reste néanmoins que beaucoup de choses sont encore à faire pour que le progrès soit plus évident. On ne peut pas gagner tous les matches à l'abordage. Et si notre inter-titre plus haut nous parlons de regrets, il faut sans doute que nous expliquions notre pensée.

En effet, depuis les réelles qualités qui sont apparues hier, notamment de la part des jeunes Fernandez, Martinez et Emon bien sûr (mais ce dernier n'est pas un bleu) on en vient à regretter que des garçons comme Bereta et Yazalde ne soient pas depuis le début de saison à la hauteur de leur réputation.

Si tel était le cas, il ne fait pas l'ombre d'un doute que l'O.M. pourrait envisager l'avenir avec un certain optimisme. La victoire, hier au soir, permet de grandes espérances pour l'après demain, mais dans l'immédiat, il manquera toujours quelque chose.

Et c'est bien dommage, car avec les qualités morales qui ont été les leurs, les Marseillais ont fait hier soir la preuve que leur conscience professionnelle ne pouvait être mise en doute.

André de ROCCA

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Jules ZVUNKA, ému :

"Le succès d'une équipe"

Nous croyons bien qu'à la fin de la rencontre Jules Zvunka a essuyé furtivement une larme. En effet, pourquoi se serait-il frotté les yeux lorsque nous l'avons abordé sur la pelouse quelques secondes après que Boubacar eut apporté une conclusion inattendue à ce match.

Pour l'entraîneur marseillais et ne fait aucun doute que ses joueurs ne doivent absolument pas être dissociés dans les éloges qui méritent après cette victoire : "Il est certain que notre succès est celui d'une équipe : même si certains quelques-uns de nos joueurs se sont montrés supérieurs à leurs camarades, je suis persuadé que nous ne serions pas arrivés à obtenir ce résultat si tout le monde ne l'avait pas ardemment désiré. Que nous ayons été dominés par Nantes, c'est un fait, mais il faut convenir que nous n'avons jamais cédé à la panique, que nous avons toujours su conserver notre calme, que nous n'avons en sommes jamais cessé de nous appliquer à bien jouer au football.

Convenez que c'est méritoire puisque nous présentions une équipe privée de deux joueurs aussi réputés que Bereta et Yazalde, et qu'il nous manquait en outre plusieurs autres équipiers qui étaient considérés au début de la saison comme des titulaires à part entière.

Nous avons dû présenter contre Lyon et encore ce soir, contre Nantes une équipe considérablement rajeunie par la force des choses.

Mercredi dernier nous n'avions pas su allier la manière au résultat. Ce soir, il me semble que par rapport à cette dernière sortie, de gros progrès se sont manifestés".

Fernand Meric était évidemment un président comblé. Après tous les remous qui avaient agité l'O.M. au cours d'une période de triste mémoire, il renaissait véritablement à la vie.

"Eh bien, je crois que c'est une bonne chose de faite. Après la série noire, cette série rose qui commence. Je vous avais dit avant la rencontre avant la rencontre que je pourrais excuser une défaite, à condition que nos joueurs se soient bien battus. Eh bien, je n'ai absolument pas changé d'avis. Je dois vous dire que si nous avions perdu par un but à zéro, après le match que nos joueurs venaient de disputer, je me serais montré satisfait. Nous avons gagné, je ne puis que me réjouir, d'autant plus que cette victoire nous place en excellente position au classement avant de recevoir Strasbourg. Et je me réjouis surtout de la combativité dont nos garçons ont fait preuve et des progrès qu'ils ont manifestés dans le jeu collectif".

L.D.

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La chance tourne

Après la série noire, a série rose commencerait-elle ? L'O.M. n'avait pas eu beaucoup de chance au cours de la première en concédant ses trois défaites consécutives qui avaient ébranlé considérablement l'édifice olympien au point que l'entraîneur était sur la sellette et que chacun doutait de tout.

Hier soir à Nantes, pour obtenir le résultat que l'on sait, il a fallu que l'O.M. bénéficie du petit coup de pouce du destin, juste retour des choses. En effet, les Marseillais n'ont pas triomphé d'une mauvaise équipe nantaise, mais bien plutôt d'un adversaire sans réussite si l'on en juge par toutes les balles qui frôlèrent ou même percutèrent les poteaux marseillais.

82e minute, par exemple, la balle, pour une fois tarde à sortir dans la surface de but marseillaise. Elle revient cependant vers Pecout qui déclenche de 7 à 8 mètres un tir du gauche terrible qu'il aura beaucoup plus de mal de cette distance à percuter sur la transversale qu'au fond des filets.

Quelques minutes plus tard, c'est la répétition de la même action, c'est-à-dire un corner à l'avantage cette fois des Marseillais, et la balle, repoussée faiblement s'en va vers Boubacar qui d'une position beaucoup plus difficile que celle du jeune Nantais va marquer un but extraordinaire et presque inespéré.

C'est cela le destin mais, comme le disent familièrement les joueurs, c'est ça le football !

Dans les vestiaires des Nantais, l'entraîneur Arribas dont on connaît pourtant la pondération, ne se montrait pas très fair-play à l'égard de ses heureux rivaux en déclarant :

"Depuis que nous jouons contre l'O.M., les Marseillais nous ont bien volé 8 ou 10 points de cette façon ! Autrement dit en enlevant des matches qu'ils ne méritaient pas de gagner..."

Il est vrai que le brave José est traumatisé en ce moment par l'insuccès répétés de son équipe dont chacun s'accorde à trouver qu'elle pratique un excellent football mais qui n'arrive pas à le traduire au tableau d'affichage.

Au lieu de s'en prendre à la chance ou à la malchance, nous croyons qu'un homme ayant fait depuis longtemps ses preuves dans ce métier difficile devrait plutôt examiner ce qui ne tourne pas rond dans son équipe et dont il est après tout bien un peu responsable.

Quant à l'O.M., il ne faut pas attribuer sa victoire seulement à la chance, l'équipe marseillaise ayant montré sur le plan collectif des progrès dont M. Arribas aurait dû se rendre compte.

Louis DUPIC

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Henri Michel : il faut les mettre au fond"

Les Nantais étaient évidemment extrêmement déçus par une défaite concédée au cours des dernières minutes après une partie qu'ils avaient menée à leur avantage.

Et leur capitaine, Henri Michel, la cigarette au bec, traduisait leur déception : "C'est toujours pareil avec notre équipe ! Nous jouons bien, mais nous perdons. Cela nous est arrivé récemment à Lens et par exemple à Metz on nous avait couvert d'éloges alors que nous avions encaissé trois buts. Au football, à ce niveau, il ne suffit pas de bien jouer, comme on nous l'accorde, mais ne pas rater les occasions qu'on parvient à se créer. En un mot, il faut les mettre au fond.

Nous avons eu quatre ou cinq occasions de buts des plus nettes et nous les avons manqués, les Marseillais en ont eu une et sont parvenus à la concrétiser. C'est le football, il n'y a rien à dire à cela, nous avons énormément manqué de réalisme alors que nos adversaires ont su en faire preuve. Les Marseillais ont fort bien joué le coup. Tenir bon en défense, conserver le ballon dans la mesure du possible au milieu du terrain et compter sur la chance pour marquer un but. Les choses se sont passées exactement sur le scénario que je vous indique. Enfin, espérons que nous serons plus heureux la prochaine fois".

L.D.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

- L'absence de Bereta et Yazalde s'est-elle fait ressentir ?

En vérité nous sommes obligés de l'écrire : non. Entendons-nous bien, nous parlons de Bereta et de Yazalde que nous avons vu jouer ces derniers temps.

Il est bien évident que si ces deux hommes arrivaient à retrouver leur forme, ils rendraient de grands services au club, notamment en permettant aux jeunes joueurs de progresser beaucoup plus rapidement.

- L'équipe est-elle apparue en progrès par rapport au match de Lyon ?

Oui et au moins sur deux points : le premier dans le domaine de l'énergie et le l'esprit de corps, le second dans le jeu en mouvement.

En effet, les Phocéens moins tactiques qu'à l'ordinaire, ont fait circuler un agréablement le ballon.

- D'où est venue la surprise ?

Du calme et du sang froid d'une équipe très jeune dont on pouvait craindre en toute logique qu'elle serait débordée par l'engagement des joueurs nantais. Il n'en fut rien, et c'est sans doute un des enseignements majeurs qu'aura tiré Zvunka de cette rencontre.

- Migeon a-t-il confirmé ?

Non seulement il a confirmé, mais, indépendamment des qualités propres à un gardien de but, O.M. a trouvé avec lui un patron. Patron de la défense bien sûr, mais en vérité patron de toute l'équipe.

En effet "la Mige" - comme l'appelle ses camarades - n'a pas cessé de la première à la dernière minute, de bien placer ses hommes sur le terrain, que ce soient les défenseurs, ceux du milieu où les attaquants.

- M. Wurtz a-t-il été à la hauteur de sa réputation ?

Celui que l'on considère comme le meilleur arbitre français n'a rien eu à se reprocher si ce n'est peut-être un excès de zèle. En effet, M. Wurtz a tendance à être beaucoup trop mobile. Il veut courir aussi vite sinon plus vite que les joueurs et, comme il arrive souvent, il n'est pas rare de le voir les gêner, notamment lorsque quelqu'un tente une passe. C'est ainsi qu'hier il a calmement livré dans les pieds de Buigues, une balle que celui-ci s'apprêtait à donner à Boubacar.

- Quelque chose a-t-il cloché ?

Il faut vraiment chercher la petite bête pour dire que quelque chose n'a pas marché comme voulu. La seule déception est venue, sans doute, du jeune Zlataric qui, surprit par le rythme de la Division 1, a été souvent dépassé par les événements.

Peut-être qu'un avenir Jules Zvunka donnera sa chance à Hervé Florès qui a, semble-t-il, comme Martinez les moyens de s'imposer à un niveau supérieur.

- L'O.M. est-il équipe curieuse ?

Oui, et à plus d'un titre. Qu'on en juge : l'équipe marseillaise est la seule du haut du tableau qui n'a pas encore réussi le moindre bonus. Par ailleurs, elle est aussi celle qui a gagné le plus de matches. Enfin et c'est tout aussi remarquable, depuis le début de saison, elle a soit gagnée, soit perdu, mais aucun résultat nul n'est inscrit à son palmarès.

Curieuse équipe en vérité !

A. de R.

 

 

 

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