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Résumé Le Provencal

du 26 octobre 1975

 

  PENALTY ET ECHEC DISCUTABLE

 

Réduits à dix, les Marseillais

s'inclinent à Bordeaux( 3-1)

(D'un de nos envoyés spéciaux : Maurice FABREGUETTES)

BORDEAUX - Encore un arbitre qui fera parler de lui. Il s'appelle M. Mouchotte jusqu'à la 55e minute sa manière de diriger sa partie de diriger la partie ne méritait que des éloges, disons même qu'il ne s'était pas montré trop sévère sur les fautes de l'O.M.

Puis vint l'incident. Sur un centre de Jeandupeux de la droite, le géant Holmstroem réussit une tête magistrale. Le ballon heurta-t-il la main olympienne ? Impossible de dire de notre place, mais une chose est certaine, M. Mouchotte, fit signe de la main de continuer et ce n'est qu'à la suite des véhémentes réclamations des joueurs bordelais, qui accorda le penalty. Mieux encore, Buigues dont on connaît la nervosité, ayant manifesté sa réprobation, fut expulsé purement et simplement.

Vous savez déjà que Couécou, grand spécialiste en la matière ne laissa pas échapper pareille occasion d'ajouter un but à celui déjà marqué par son équipe.

Penalty ou pas penalty on peut en discuter à perte de vue. Mais une chose est certaine la façon dont M. Mouchotte a changé d'avis sous la pression des joueurs d'une équipe et du public ne fait pas sérieux.

L'OGRE BORDELAIS

N'AVAIT ÉTONNÉ PERSONNE.

C'était vraiment dommage car l'ordre bordelais, avec ses avants de pointe en surnombre, n'avait étonné personne, surtout pas l'O.M. qui avait tout au long de la rencontre, même à dix contre onze, tenu son adversaire en respect.

Sur ce match, l'O.M. méritait au moins le nul. C'est lui qui durant la presque totalité de la rencontre fit le meilleur jeu, contre une équipe bordelaise qui parut, le plus souvent, lourde et empruntée.

Le but de Holstroem, marqué à trois minutes de la fin, ne fut que la conséquence des efforts des Olympiens, réduits à dix pour égaliser.

Car, hier soir, les joueurs marseillais n'ont pas à rougir de cette rencontre et de cette défaite. Dans des conditions particulièrement difficiles, ils ont réussi une rencontre qui allait bien augurer de leur avenir malgré les circonstances.

FERNANDEZ AVAIT LANCÉ

LE JEU

La première mi-temps avait débuté de façon catastrophique pour l'O.M. 1 à 0 pour les Girondins dès la 5e minute et un second but faillit suivre immédiatement.

Mais notre voisin bordelais nous dit alors "C'est certainement le bonus". Sans doute Fernandez entendit-il cette sombre prédiction car c'est lui qui, le premier, se mit à lancer la mécanisme olympienne. On s'aperçut alors qu'exception faite de Giresse, le milieu du terrain des Girondins manquait de finesse et de vitesse d'exécution. Rien d'étonnant quand on sait que Couécou, J. Gallice et Goudet sont davantage des joueurs de pointe que des intermédiaires.

Par voie de conséquence, l'O.M. joua fort intelligemment le coup, se mit à occuper le milieu du terrain et à faire circuler le ballon mieux, et surtout plus rapidement que son adversaire. C'est pendant cette bonne période que l'O.M. aurait du égaliser.

Mais vous savez combien le football et fantasque. C'est alors que le rythme était tombé aux environs de zéro que Boubacar égalisa, profitant d'une énorme faute de sortie du pourtant grand gardien Bergeroo. Il semble que ce pauvre jeune hommes ayant eu la jambe fracturée, la saison dernière, est devenu craintif. Mais enfin sur les 45 minutes de cette première mi-temps le score de parité était normal.

BOUBACAR LE MEILLEUR EN

POINTE

Vous savez déjà ce qui s'est passé en deuxième mi-temps, une deuxième mi-temps qui, après l'incident du penalty devint houleuse et où le football fit souvent place à la bagarre et au règlement de compte.

Dans l'équipe de l'O.M. nous avons déjà signalé le bon match fait par le jeune Fernandez.

Nous y ajouterons aussi Buigues jusqu'à sa sortie.

Mignon a vraiment prouvé hier soir, dans des conditions très difficiles, qu'on pouvait lui faire pleine et entière confiance.

Enfin le meilleur attaquant de pointe olympien de la soirée fut Boubacar qui, dans son style très particulier, posa souvent des problèmes à ses adversaires directs.

Bereta, pour sa part, confirma son retour en forme, encore qu'il soit assez loin du grand Bereta de Saint-Étienne et de l'équipe de France.

Dans l'équipe des Girondins de Bordeaux, la force principale est dans l'attaque avec essentiellement Jeandupeux qui ne joua hier, que par à-coups et avec le grand Holstroem. Mais il est certain que cette équipe manque de milieu de terrain car Giresse ne peut pas tout faire lui-même.

Bonnes notes à défense qui, si elle n'a pas dans ses rangs ses internations du moment, est très homogène. Quant au jeune arrière gauche Meyrieu, dont nous avons fort bien connu le père, il semble être un arrière de grand avenir.

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Le président Méric :

"Après M. Bacou, voici M. Mouchotte"

À vrai dire, dans le feu de l'action, personne n'avait compris grand-chose à la décision de l'arbitre M. Mouchotte accordant un penalty aux Bordelais après avoir tout simplement donné l'impression de leur refuser cette satisfaction.

Il nous fallut, pour avoir quelques éclaircissements, aller au vestiaire et il est bien évident que dans celui des Marseillais les considérations d'ordre technique ou tactique disparaissaient derrière la déception et même la fureur.

Dans le tunnel qui nous ramenait vers le vestiaire le président Meric s'est montré très véhément, accusant nettement M. Mouchotte d'avoir faussé le résultat quelques semaines après M. Bacou : "C'est pour moi un véritable scandale. A Lille M. Bacou nous refuse quatre buts dont trois au moins étaient valables et voici qu'à Bordeaux un autre arbitre, M. Mouchotte fausse complètement le résultat de la rencontre en accordant à nos adversaires un penalty qui était injustifié, je ne sais pas ce qu'il faudrait faire pour résoudre ce délicat problème d'arbitrage. Il est certain qu'une fois de plus nous avons été volés comme au coin du bois".

Dans le vestiaire olympien marseillais chacun essayait de s'expliquer la décision prise par M. Mouchotte que la plupart des joueurs marseillais avaient vu faire de la main le signe de poursuivre le jeu pour désigner ensuite le point de penalty entouré et poussé par les joueurs bordelais.

C'est ainsi que l'entraîneur Jules Zvunka regrettait : "C'est cet incident s'est produit tout justement et malheureusement au moment ou nous semblions enfin prendre la partie en mains et où nous adversaires baissaient nettement le pied. Je ne m'explique absolument pas l'attitude de l'arbitre. Il est certain qu'il y a un délicat problème d'arbitrage.

Nous avons été gravement lésés à Lille. Notre adversaire victorieux de ce soir l'a été lui-même récemment à Paris. Et voilà que ça continue ce soir. C'est décidément a n'y plus rien comprendre".

Chez les joueurs le vent n'était évidemment pas l'optimisme. Gérard Migeon, qui avait réussi une très bonne partie, s'était expliqué avec nous sur la pelouse même.

"Je n'ai vraiment rien compris à ce qui arrivait. Il y a peut-être eu une main de Buigues, mais qui, en tout cas, n'était pas volontaire. Je vous assure que l'attitude de M. Mouchotte n'a absolument pas été nette puisque je lui ai vu indiquer de la main de poursuivre le jeu pour se raviser ensuite sur la pression des joueurs bordelais. J'étais malheureusement bien placé pour juger de cela, cet incident se déroulant à seulement quelques mètres de moi".

Autre problème pour les joueurs marseillais. Ils déclaraient tous unanimement qu'ils n'avaient entendu aucun coup de sifflet de l'arbitre. Ce point de vue allait d'ailleurs se vérifier dans le vestiaire de leurs adversaires ou les Bordelais, tout en étant fort heureux de leur victoire, ne comprenaient, eux non plus, pas grand chose à ce qui était arrivé.

M. MOUCHOTTE S'EXPLIQUE

Il est bien rare que les arbitres consentent à s'expliquer, mais M. Mouchotte a fait l'exception à la règle, et il a reçu très gentiment les journalistes, après sa douche. Il n'eut pas l'air surpris que nous ayons demandé à le voir et il répondit à nos questions sans difficulté.

"Pour moi, ma conduite n'a pas été équivoque, nous dit-il, alors que nous évoquions le fameux geste de la main qui avait laissé planer le doute dans l'assistance.

"Vous me parlez de ce geste ? Si je n'ai pas désigné de façon classique le penalty, c'est que j'avais plusieurs joueurs devant moi, et qu'il m'a fallu les éviter, en passant mon bras au-dessus de l'épaule du plus proche, afin de désigner le point exact de penalty. Je ne vois pas en quoi les Marseillais sont courroucés : la faute demain était indiscutable. Quant à Buigues, il m'a grossièrement insulté et je ne pouvais faire moins que de l'expulser.

Louis DUPIC

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55e minute : le drame

Toutes les conditions étaient requises, hier soir, pour faire de la soirée, une grande fête de football.

La température était idéalement douce. Le public était venu extrêmement nombreux, comme chaque fois que l'O.M. est à l'affiche.

Les dirigeants des Girondins avaient profité de cette grande occasion pour présenter leurs 13 équipes de jeunes qui, précédés de leurs responsables, avaient effectué un sympathique tour d'honneur. L'orchestre "Los Calientes" y allait de tous ses cuivres.

Mais en dehors d'un départ extrêmement rapide pris par l'équipe bordelaise, rien dans la partie qui se déroulait au rythme d'un bon math amical, ne semblait justifier pareil enthousiasme.

D'ailleurs, la passion s'était très vite éteinte, en même temps que le feu de paille de l'attaque bordelaise.

Les Marseillais manoeuvraient sinon avec grand panache, mais du moins avec autorité et l'international Suisse Jeandupeux devait nous dire, après la partie, la bonne impression que lui avait produite ses adversaires.

En somme, nous vivons non pas une soirée très passionnante, mais une agréable partie de football extrêmement équilibrée, indécise équipée et qui pouvait fort bien se terminer à l'avantage de l'O.M.

Pourquoi, fallut-il qu'un incident stupide vienne tout gâcher ? M. Mouchotte a eu beau s'expliquer après coup - vous pourrait le contrôler dans nos colonnes - et affirmer que son attitude n'avait absolument rien eu d'équivoque, elle manqua pour nous, singulièrement de netteté.

En ce sens que 20.000 personnes et nous-mêmes, le virent effectuer le geste de la main qui sur tous les terrains du monde de la part des arbitres, signifie "continuer de jouer !" Les Bordelais eux-mêmes, n'y ont rien compris, et ont prétendu le contraire.

Il est possible que M. Mouchotte soit parfaitement en droit de siffler un penalty contre l'O.M. et ensuite expulsé Buigues qu'il l'avait évidemment insulté, mais l'attitude du joueur marseillais, fut la conséquence de la sienne et que les deux incidents ne peuvent être dissociés.

À ce titre, il est certain que M. Mouchotte, sans doute, tout en arbitrant probablement, en son âme et conscience, a faussé considérablement le résultat d'une partie qui était loin d'être jouée en n'adoptant pas, qui le veuille ou non, les attitudes assez nettes.

L.D.

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Jeandupeux :

"M. Mouchotte n'a pas sifflé"

Il était évidemment intéressant de connaître le point de vue des Bordelais. Ces derniers étaient naturellement fort heureux de leur victoire, d'autant plus qu'elle leur semblait inespérée, même acquise sur un incident de jeu. Ils étaient tout disposés à se féliciter d'avoir vaincu leurs adversaires marseillais.

Mais beaucoup plus que du déroulement de la partie, sur le plan technique, nous avons évoqué le curieux incident qui lui donna sa tournure définitive.

Didier Couecou était fort bien placé pour nous donner son point de vue. L'ancien Marseillais nous a donc déclaré :

"Je suis persuadé qu'il y avait une faute de main. Qu'elle ait été volontaire ou non, il ne m'appartient pas de le dire. Mais il est probable que la façon dont s'est comporté M. Mouchotte a pu semer le doute dans l'esprit des Marseillais, l'arbitre ayant bien donné l'impression de laisser poursuivre le jeu, avant de nous accorder ce penalty. Pour moi, il était tout à fait indiscutable. Mais il est dommage que les choses se soient passées de cette façon".

Nous avons demandé à l'ancien Marseillais comment il avait jugé l'équipe de l'O.M.

"L'O.M. est à mon avis beaucoup moins fort que la saison dernière. Sans doute l'équipe s'efforce-t-elle de pratiquer un bon jeu collectif. Mais elle me semble beaucoup moins rentable que par le passé".

Ce point de vue était également celui de Jean Gallice qui estimait, lui aussi, que l'attitude de l'arbitre n'avait pas été extrêmement nette.

Mais le point de vue le plus original nous fut donné par l'international franco-suisse Daniel Jeandupeux. Un garçon calme et équilibré qui nous disait :

"Le plus curieux dans cette affaire, ce n'est même pas que l'arbitre ait accordé ou non un penalty, après avoir donne l'impression très nette qu'il le refusait, mais que M. Mouchotte n'ait donné, je puis vous le certifier aucun coup de sifflet."

L.D.

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

Y AVAIT-IL PENALTY OU PAS ?

Le ballon a heurté la main de Buigues. La chose ne peut pas se nier. Mais on sait qu'en pareille circonstance mieux vaut que ce soit le ballon qui aille à la main et non que la main aille au ballon. En deux mots, que je le geste soit involontaire. Or, c'est toujours très difficile, sinon impossible à établir. Sauf dans des cas très nets. Quand pas exemple un joueur arrête un ballon en levant le bras nettement au-dessus de sa tête ou en plongeant vers le même ballon.

Les choses ne se sont pas du tout passé comme ça hier soir, et la faute reprochée à Buigues ressemble étrangement à celle d'un défenseur niçois il y a huit jours et qui ne fut pas sanctionnée par l'arbitre.

Il y a toujours dans le cadre d'une main, matière à discussion.

Mais là n'est pas l'importance. Ce qui, à notre avis, est très grave est que l'arbitre, quoi qu'il en dise, après avoir fait d'un geste signe aux joueurs de continuer, est revenu sur sa décision à la suite d'une réclamation d'un joueur de Bordeaux. On sait qu'un arbitre a le droit de revenir sur une décision, après avoir consulté ses arbitres de touche. Mais dans le cas présent, les deux arbitres de touche étaient beaucoup moins bien placés que lui pour savoir si la main de Buigues était volontaire ou pas. Donc, en la circonstance, M. Mouchotte a manqué de fermeté et c'est très nettement ce que l'on lui reproche.

CETTE DÉCISION A-T-ELLE MODIFIÉ LES DONNÉES DE LA RENCONTRE ?

C'est évident. D'une part Buigues a été expulsé, ce qui a contraint les Olympiens à terminer la partie à dix. Le 3e but bordelais, marqué par le puissant avant-centre danois Hofmstroem, est d'ailleurs la conséquence directe de cette expulsion. L'O.M. qui, paraissant moins fatigué que son adversaire, faisait des efforts désespérés pour égaliser, fut contraint de se découvrir et c'est dans ces conditions que partit le cuir qui devait conforter sa défaite.

Si les choses s'étaient passées normalement, on ne sait pas comment la partie aurait pu se terminer. En effet, après un départ foudroyant de Bordeaux, qui ne dura d'ailleurs que quelques minutes, l'O.M. grâce à la supériorité de son milieu de terrain, avait repris le match en main, et amorçait des attaques très dangereuses. Sans atteindre les sommets, l'O.M. que nous avons vu hier soir avait posé de nombreux problèmes à Bordeaux et méritait autant que son adversaire de l'emporter. On peut dire, par conséquent, que la décision de M. Mouchotte a faussé la rencontre.

BOUBACAR EST-IL PLUS À L'AISE AU POSTE D'AVANT-CENTRE ?

Boubacar, nous l'avons déjà dit, a été hier soir le meilleur attaquant de pointe olympien. Ses qualités de vitesse, de détente, et son sens de l'opportunité le rendent plus à l'aise dans l'axe de tir qu'à l'aile.

D'autant plus que quand il se trouve à une aile, ses centres ne sont pas de très bonne qualité et doivent faire engager Yazalde. Mais hier soir, Boubacar semble avoir trouvé la bonne solution.

Personne ne lui a jamais demandé de rester fixé comme un piquet a une aile ou à l'autre. Il avait le droit d'évoluer sur toute la largeur de l'attaque et il le fit hier avec beaucoup de bonheur.

QUELLES SONT LES PRINCIPALES QUALITÉS DE FERNANDEZ ?

Comme son maître Bonnel, Fernandez est absolument infatigable et sait tâcler avec une grosse efficacité. Il joue très vite, voit vite le jeu et évite de porter le ballon. Au lieu de courir inutilement, il donne le ballon à un partenaire et se démarque aussitôt. C'est un joueur modèle de milieu de terrain, auquel on ne pourrait adresser qu'un reproche, c'est qu'il ne tire pas assez souvent ou plutôt qu'il se sait mal tirer.

M.F.

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