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Résumé Le Provencal

du 10 mai 1975

 

TOUT SE JOUERA AU PARC !

PARIS-St-G. et PANTELIC arrachent à l'O.M. un match nul miraculeux

C'est certainement un miracle parisien, mais c'est la Coupe !

Une épreuve qu'il faudrait inventer, si elle n'existait pas.

Elle, seule, explique la volonté avec laquelle les joueurs de la capitale réagirent après avoir été menés par 2 à 0. Que l'arbitre leur ait donné un coup de pouce, n'est qu'une péripétie.

Il est vraisemblable que, en championnat, ils eussent considéré que "les carottes étaient cuites", comme le dit populairement et que le match se serait achevé dans l'indifférence générale sur une large victoire de l'O.M.

Car, la chose est évidente pour tous les témoins de la rencontre, l'O.M. avait toutes les raisons de gagner, même largement. De bout en bout il eut la maîtrise du jeu, accumulant les corners, et se créant un nombre d'occasions de buts infiniment plus grands que celui du Paris-St-Germain.

Mais, enfin, le résultat est là, l'O.M. devra jouer mardi prochain au Parc des Princes, sans le moindre but à son crédit.

Pour avoir assisté aux différentes rencontres entre les deux équipes, l'O.M. reste encore notre favori.

Sans doute, la tâche sera-t-elle difficile, car on peut supposer que les Parisiens se montreront beaucoup plus offensifs qu'ils ne le furent, hier soir, au stade vélodrome.

Mais avec ses grandes individualités, son moral et son esprit collectif, nous restons optimistes.

L'O.M., qui a toujours réussi d'excellents matches à Paris, devrait, une fois encore, se qualifier au Parc des Princes. C'est du moins notre opinion.

PANTELIC DANS SES OEUVRES

La première mi-temps avait été nettement olympienne. Après que le Paris-St-Germain eut fait illusion pendant les cinq premières minutes, l'O.M. prit irrésistiblement la direction du jeu.

Ayant la maîtrise du ballon, grâce au travail -on pourrait dire presque au "pressing" - de toute l'équipe, O.M. entreprit le siège des buts gardés par le grand Pantelic.

Le danger vint de partout, de Bracci, de Victor Zvunka, d'Emon, de Bereta, et, bien entendu, ces deux Brésiliens. Jairzinho étant le mieux inspiré des deux pendant cette première période.

Mais, enfin, le gardien yougoslave, en pleine forme, fit une parfaite démonstration du métier de gardien de but : placements, sûreté des mains, sorties opportunes, l'excellent Pantelic fut le grand homme, au propre et au figuré, de cette première mi-temps.

Tant et si bien qu'au moment de la pause, l'avantage pris par l'O.M. était seulement platonique : 5 corners à 0.

DE REBONDISSEMENT EN REBONDISSEMENT

La deuxième mi-temps n'est pas à conseiller aux cardiaques. Dès les premières minutes, on crut que l'O.M. grâce surtout à Bereta en état de grâce, avait définitivement assuré sa qualification pour les demi-finales.

Mais, alors que les Olympiens mené par 2-0 les Parisiens réagirent vigoureusement et Laposte, parti en contre attaque, fut bousculé dans la surface de réparation par Trésor. L'arbitre, M. Martin, n'hésitait pas et siffla un penalty. Il est certain que cette décision eut une grande influence sur le déroulement du jeu.

En cette matière, il ne faut jamais être affirmatif, mais notre impression est que l'arbitre s'est laissé emporter par sa vision du jeu. De notre place, le penalty ne nous paressait pas tout à fait évident.

Quoi qu'il en soit, les Parisiens, revigorés par cette chance, repartirent de plus belle, à l'attaque et le même M'Pelé, celui qui avait transformé le penalty en but, réussit un tir violent à tromper Charrier. Il est certain, une fois encore, que le gardien olympien ne fut pas irréprochable en cette circonstance.

On peut dire, pour l'excuser, qu'il s'agissait du premier tir sérieux des Parisiens dans l'encadrement et qu'il manquait d'échauffement. Mais enfin, il ne s'agit là que d'une mauvaise excuse.

TOUT RESTE À REFAIRE

Maintenant tout reste à refaire, il appartient à l'O.M. de gagner mardi au Parc des Princes. Mais nous n'en sommes pas encore là.

Et, sur le match que nous venons de voir, il nous est apparu que l'équipe marseillaise avait une large marge de sécurité.

Hier deux hommes se mirent particulièrement en vedette : Bereta et Jairzinho, Paulo Cezar nous avait promis, avant le match, d'être le grand homme de la soirée. Il fit un bon match, mais il ne s'imposa pas comme il l'aurait souhaité.

Le reste de l'équipe, comme toujours, a fait preuve de volonté et d'enthousiasme et le seul reproche que l'on pourrait lui adresser et d'avoir joué parfois dans le désordre.

Sans doute voulait-il gagner, et gagner peut-être vite.

Dans l'équipe parisienne, répétons-le, grand homme du match fut Pantelic. Il ne pouvait rien sur les deux buts qui lui furent marqués et, en seconde mi-temps, sur un coup franc tiré par Paulo Cezar, il réussit un véritable exploit en déviant le ballon en corner.

Toujours dans l'équipe parisienne, on a noté l'excellente forme et la classe de l'avant-centre M'Pelé, le jeu de tête de Novi, qui fut fort précieux dans le domaine défensif, ainsi que les grandes qualités du jeune Nosibor : touché en début de rencontre, notre ami Dogliani, le seul Marseillais sur le terrain, joua légèrement en dessous de sa réputation.

Mais enfin, tout reste à refaire et l'on verra mieux mardi prochain laquelle des deux sympathiques équipes se qualifiera pour les demi-finales.

Maurice FABREGUETTES

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Piégés !

A quoi tient le résultat d'une rencontre ? A pas grand chose décidément et c'est le moins que l'on puisse dire après avoir suivi ce quart de finale de coupe de France, première manche. Nous aurions mauvaise grâce bien sûr, à affirmer que Paris Saint-Germain a volé son match nul. Les Parisiens ont su exploiter à merveille les deux seules occasions et personne, surtout pas nous, ne songerait à leur en faire le reproche. Cela fait parti intégrale du football. Nous ne voudrions pas prétendre non plus que l'O.M. s'est montré irrésistible tout au long des 90 minutes. Plus d'une fois, nous avions vu la formation marseillaise un peu plus à l'aise. Mais enfin, après un départ en demi-teintes ou ils donnaient l'impression de chercher leur vitesse, les olympiens étaient tout de même parvenus à prendre la mesure de leurs rivaux.

Les deux buts qu'ils marquèrent en deux minutes étaient ensemble le pur reflet de la différence existant entre les adversaires. Si les attaquants olympiens s'étaient longtemps cherchés, ils étaient donc parvenus à se trouver. Et pas un seul spectateur à ce moment-là n'aurait imaginé une seconde qu'un renversement de situation était encore possible. Sous l'impulsion d'un Bereta omniprésent qui fut à la conclusion d'abord et à l'origine ensuite des deux buts marseillais, l'O.M. semblait s'acheminer vers un large victoire.

À quoi tient le résultat d'une rencontre ? Écrivons-nous plus haut. Eh bien ! sans vouloir chercher de mauvaises excuses, ce match à basculer sur une simple interprétation, celle de l'arbitre évidemment qui a jugé suspecte une intervention de Trésor sur Laposte dans la surface de réparation, on peut discuter à perte de vue sur de telles décisions, mais il n'en reste pas moins que le directeur dejeu a asséné un véritable coup de massue à la fois à l'équipe marseillaise et à ses supporters en désignant le point de penalty.

Disons le mot, c'était sévère et même un peu plus. "L'arbitre au poteau, M. Martin pêcheur", entendait-on à la fin de la partie au milieu des murmures sans parler des multiples incidents qui ont émaillé la fin du match devant la porte du stade.

En tout état de cause on ne peut pas approuver toutes les réactions. Mais M. Martin hier soir s'est signalé par un arbitrage exécrable. Et cela nous avons aussi le devoir de l'écrire, un quart de finale de coupe de France mérite une bien meilleure direction.

Pour rester sportif,ne mettons tout de même pas tout sur le dos de l'arbitre. L'infortuné Charrier toujours aussi poursuivi par la poisse, porte une certaine part de responsabilité. Comme Pantelic d'ailleurs, mais dans le sens inverse, lui qui a stoppé au moins une dizaine de ballons brûlants tout au long de la rencontre.

Bref, l'O.M., hier soir est bel et bien tombé dans un piège. Pourra-t-il inverser la vapeur ou si vous préférez aura-t-il plus de réussite au Parc des Princes ? Ce n'est pas impossible. De toute façon, les Olympiens ne pourront pas être plus malchanceux qu'ils l'ont été hier soir. C'est un motif suffisant pour dire que la coupe n'est pas encore tout à fait perdue... et les moustaches tout à fait rasées...

Jean FERRARA

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Ils disent

Jules Zvunka : "Ce n'est pas

Paris qui nous a tenus en échec !"

Comme en sans doute, ce n'était pas la joie dans les vestiaires marseillais, mais plutôt un mélange de déception et de colère. Déception, pour s'être fait rejoindre au score alors que tout semblait marcher comme sur des roulettes ; colère, parce que le rôle joué par l'arbitre, M. Martin, avait été aux yeux des Marseillais, scandaleux.

Jules Zvunka, très entouré, répondait aux questions d'un confrère de la presse parlée : "Vous dites que nous avons été tenus en échec, c'est vrai, mais par qui ? Je ne veux pas paraître présomptueux, mais ce n'est pas l'équipe parisienne qui nous a contraints au match nul, mais bel et bien M. Martin. Je sais qu'il ne sert à rien de se lamenter, mais permettez-moi de dire qu'en l'occurrence il nous a joué un sale tour : c'est un match que nous aurions du gagné par cinq buts à zéro. Songez Que les attaquants parisiens n'en réussi qu'à placer deux balles dans l'encadrement, et qu'ils ont marqué deux buts ! Il nous reste maintenant, approuvé, au Parc des Princes, que notre supériorité de ce soir n'était pas un accident".

M. Meric, rouge de colère, fulminait comment l'on s'en doute après l'arbitre :

"Comment voulez-vous gagner dans de telles conditions ? On me dit que M. Martin est plus bête que malhonnête. Moi, je veux bien le croire, mais quand la bêtise atteint de telles dimensions, voilà qui est inquiétant. Et dire que l'on se moque de nous, lorsque nous demandant la création d'un corps arbitral professionnel. Vous rendez-vous compte que par ses âneries, M. Martin risque de nous gâcher toute notre fin de saison".

Les joueurs, bien entendu, étaient abattus. Le seul sans doute, à avoir gardé son sang-froid, était l'admirable Bereta : "Je n'ai pas l'habitude de critiquer l'arbitrage, mais je crois bien que M. Martin nous a gratifié d'un penalty imaginaire, alors qu'il a oublié d'en siffler au moins deux, flagrants, en notre faveur. Ceci précisé, il ne faudrait pas croire que nous sommes éliminés de la Coupe, il va falloir, désormais, nous concentrer au maximum sur le match de mardi prochain. Rien ne dit que nous ne seront pas capables de faire au Parc, mieux que ce que nous avons fait au Stade Vélodrome".

Trésor était désabusé : "Je vous donne ma parole que je n'ai absolument pas touché Laposte. Je lui suis passé devant et c'est lui qui m'est tombé dessus, alors qu'il avait perdu le contrôle du ballon. Ce penalty est véritablement fantaisiste. C'est ça le football, mais il y a de quoi se taper la tête contre les murs".

Buigues regrettait : "C'était aujourd'hui un adversaire et j'aurais bien aimé une victoire éclatante. Au Parc des Princes ce sera dur, mais nous ne sommes pas encore éliminés, nous sablerons le champagne dans la capitale".

La conclusion nous la laisserons à Charrier, qui, au bord des larmes, nous confiait : "Je ne sais plus que dire, je ne sais plus que faire. La malchance semble me poursuivre ; je ne veux même pas chercher d'excuses. Il faudra bien que cette poisse me quitte un jour".

Pourquoi pas mardi au Parc des Princes, dont 50 000 spectateurs ?

André DE ROCCA

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Dogliani : "Les olympiens nous

ont révélé leurs faiblesses !"

Dans le camp parisien, les dirigeants et joueurs étaient sereins. L'entraîneur Just Fontaine allumant une pipe comme le commissaire Maigret, nous a dit très calmement :

"C'était mal parti ! Mais quand mes joueurs ont été menés largement, ils ont compris qu'ils n'avaient rien à perdre et ils ont créé des problèmes à la défense marseillaise. Celle-ci, quant elle s'est découverte, nous a offert des occasions.

La qualification n'est pas encore jouée, car Marseille est une bonne équipe et elle est toujours dangereuse à l'extérieur". Le gardien de but Pantelic : "Nous avons mal démarré mais nous avons su refaire notre handicap et c'est très encourageant pour le match retour en toute logique, nous devrions être le favori".

Attaquant M'Pelé s'exclamait à son tour : "Pour ma part, je redoutais une défaite à Marseille, ce match nul nous offre des perspectives. Je crois que nous saurons les exploiter dans la capitale".

Le Marseillais Dogliani a toujours été un garçon très flegmatique et il l'est demeuré en cette circonstance :

"Je n'en espérais pas tant, les Marseillais nous ont révélé leurs faiblesses, à nous de savoir les exploités. Mais il y a encore un match à jouer et il ne faut pas croire qu'il est gagné d'avance".

Alain DELCROIX

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Les réponses aux questions que l'on se pose

L'ARBITRAGE A-T-IL EU UNE INFLUENCE SUR LE COURS DU MATCH ?

C'est l'évidence même, M. Martin, en sifflant un penalty que nous qualifierons pudiquement de sévères, a coupé les jambes aux Marseillais et redonné le moral aux Parisiens à l'agonie. Non content de cette bêtise, il n'a pas épargné les Phocéens en fin de match, notamment en ne sifflant pas, sur une faute de Novi, retenant Jair par le maillot en pleine surface de réparation. Par ailleurs, lorsque un défenseur parisien dévia une balle chaude de la main, M. Martin ne siffla toujours pas, sous le fallacieux prétexte que le ballon était allé à la main et non le contraire. Nous n'avons pas d'habitude de donner aux arbitres toutes les responsabilités, mais aujourd'hui, s'il fallait noter M. Martin, nous lui accorderont bien volontiers un zéro pointé.

POURQUOI EMON N'EST-IL PAS ENTRÉ

À LA MI-TEMPS ?

La réponse, c'est son entraîneur Jules Zvunka qui nous la donne : "Albert traverse en ce moment une mauvaise période, et moralement il n'est pas dans le coup. De plus, comme le public semble l'avoir pris en grippe, et ne fait rien pour lui faciliter les choses, j'ai pensais qu'il était plus sage de le laisser aux vestiaires.

CHARRIER EST-IL RESPONSABLE

SUR LE 2e BUT ?

Nous répondrons en Normand : oui et non. Oui, parce que, une fois encore, c'est le type même du but bête qu'un goal peut éviter. Non, parce que, à l'évidence, la poisse semble suivre Charrier avec un malin plaisir ces derniers temps. C'est d'ailleurs ce que nous expliquait Djorkaeff : "En première mi-temps, a dit l'ex-capitaine marseillais, Pantelic a lâché une balle, il a eu la chance qu'elle parte devant lui et qu'aucun Marseillais ne soit là pour reprendre. Pour Charrier, au contraire, la noire malchance, c'est que le ballon a filé derrière lui. Mais qu'il ne s'inquiète pas : tous les gardiens de buts ont connu de telles périodes, et il a toutes les qualités nécessaires pour reprendre le dessus".

A. de R.

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Encore et toujours la violence

Hier soir, une fois la rencontre terminée, de violents affrontements se sont produits dans la cour du stade-vélodrome.

D'un côté, les représentants de l'ordre, se protégeant derrière des casques et des boucliers, de l'autre une centaine de jeunes gens particulièrement excités, avançant comme à l'assaut derrière les barrières mobiles du stade.

Les projectiles choisis étaient des bouteilles de bière, des pierres, et tous ce qui pouvaient traîner dans les environs. Devant plusieurs milliers de spectateurs, la bataille dura environ une heure. À la fin, les forces de l'ordre réussirent à prendre le dessus et à évacuer la cour du stade-vélodrome, grâce à des bombes lacrymogènes.

Ainsi donc, un jour à peine après les incidents qui suivirent le match de rugby entre Narbonne et Brives, des scènes du même genre ont pu se produire Marseille.

Quand donc cessera cette violence, qui n'a aucun rapport avec le sport ? Ni même avec le résultat de la partie. Le prétexte choisi par les manifestants était bien mince : une erreur de l'arbitre.

Quand bien même c'est erreur lui été colossale, il faut savoir qu'un homme a le droit de se tromper, et qu'après toute une partie de football même de Coupe de France, n'est qu'un jeu. Mais il nous a semblé que les jeunes gens qui participèrent à cette bagarre le faisaient exclusivement pour s'amuser. Nous ne sommes pas même pas sûr qu'il s'agisse de véritables supporters de l'O.M. Le nouveau jeu à la mode est la bataille. On se bat dans les bals, on se bat dans les rues, et on se bat aussi au stade, pour le plaisir de se battre, pour s'amuser.

Mais il est bien évident que les personnes paisibles, qui vont assister à des rencontres sportives, commencent à être excédées par ce genre de manifestation.

Le plus grave dommage que l'on puisse causer aux sports, et à l'idée sportive, est de voir se perpétuer de telles moeurs. Il est temps que cesse cette violence, surtout sur les stades. Car, dans l'esprit du sport, il est absolument inadmissible de se battre une fois une rencontre terminée.

On peut pardonner quelque excès dans le feu du jeu, mais une fois le match terminé, et, surtout quand il s'agit de simples personnes n'ayant nullement participé à la rencontre, de pareils actes ne sauraient s'excuser.

Il est possible que le stade vélodrome soit suspendu une fois encore après de tels incidents. Pourtant, nous pouvons assurer que la direction du club n'y est pour rien, et que la grande masse des spectateurs et des supporters est étrangère à cette mauvaise "corrida".

M.F.

Par mesure de sécurité, l'arbitre a quitté le stade par une porte détournée, tandis que le car des joueurs parisiens sortait sous la protection de la police. Deux personnes ont été blessées au visage par des jets de pierres.

 

 

 

 

 

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