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Résumé Le Provencal

du 02 mai 1975

 

ET MAINTENANT SAINT-ETIENNE

Grâce au but de Lendo face à Nantes

Le championnat conserve son mystère

Enfin Lendo vient !

Il n'en fallut pas davantage pour voir ce match - curieux et instructif à bien des égards - se terminer comme un conte de fées.

Un seul coup de baguette magique, un seul coup de patte de félin - s'il réussit à plein, le jeune Guadeloupéen conservait une partie de son mystère.

Nous savons bien que St-Étienne reste le grand favori. Un match nul contre Paris-St-Germain au Parc (exactement comme l'O.M.) n'est pas une contre-performance.

Mais enfin, si l'O.M. venait à gagner demain au stade Geoffroy Guichard, on commencerait à se poser des questions.

Sur cette première remarque - nous en avions exceptionnellement le temps mercredi soir - il ne nous restait plus qu'à aller féliciter Lendo et lui faire remarquer qu'il venait de marcher à la moyenne de 228 buts en une saison, pour un seul championnat.

C'est mathématique. Calculer : en un but en un seul quart d'heure de présence...

GADOCHA : LA VRAIE CLASSE

La publicité du match avait été axée sur Gadochae.

L'international polonais ne tarda pas à justifier sa réputation. Dès la 7e minute, il avait tiré deux fois et ses dribbles avaient laissé Lemée pantois et sur place.

Tout au long du match, Gadocha devait prouver qu'il possédait la vraie classe nationale, ce dont personne, au demeurant ne doutait.

Habile, clairvoyant, dur aux choses, se servant également des deux pieds et toujours disponible dans un jeu de mouvements, il plut indiscutablement au public marseillais.

Comme Jair en face, ses partenaires ne le comprirent pas toujours. Les deux ensemble eussent vraiment réussi un festival offensif.

Ce qui ne veut pas dire que l'équipe nantaise soit de valeur négligeable. Tout au contraire, on peut penser qu'elle sera hautement compétitive la saison prochaine. Une fois ses jeunes un peu endurcis et Gadocha mieux adapté à sa nouvelle équipe.

Pécout, en tout cas, semble promis au plus bel avenir. Le tandem Rio-Bargas est de première classe et Bossis à tout pour plaire.

Quand, comme Nantes, on procède au rajeunissement massif d'une équipe, il faut un peu de patience.

LES ABESENTS N'ONT PAS EU TORT

Les absents de l'O.M., Paulo, Bereta et Albaladejo, aussi, ne l'oublions pas, n'ont pas de souci à se faire.

Bien que l'O.M. ait gagné, leur place de titulaire n'est pas menacée.

Il est bien évident - on le savait d'ailleurs avant le match - que l'O.M. de ce mercredi soir ne possédait pas assez d'arguments techniques pour prétendre à mieux qu'à une place d'honneur dans le championnat.

Cette victoire, durement arrachée et pas complètement imméritée, est sans doute le résultat de l'école Jules Zvunka.

De bout en bout, même dans les moments les plus difficiles, parce que marqués par la supériorité nantaise dans l'art de conduire le ballon, personne ne leva le pied.

À l'image de Buigues, Noguès, Eo, Lemée et Troisi ont donné le meilleur d'eux-mêmes, et si le jeu olympien ne baigna pas dans l'huile, on ne peut le leur reprocher.

On ne saurait demander à d'assez bons joueurs français de faire oublier un international brésilien et le capitaine de l'équipe de France.

CHARRIER : LA POISSE !

Dans le camp de Nantes, on nous a dit que Bracci avait fait un très grand match offensif, et que Trésor avait été égal à lui-même, c'est-à-dire excellent.

Nous sommes entièrement de cet avis.

Sur Jair, les opinions étaient assez partagées. Pour notre part, il nous a paru en bonne forme et animé par d'excellentes dispositions. Mais il lui manquait ses appuis habituels et dans le jeu de tête - l'un de ses points forts - il ne put prendre l'avantage sur le très grand Rio. Très bon aussi.

Emon - fort astucieusement servi par Noguès - eut le mérite de marquer un but capital. Un but qui freina l'élan nantais et permit à l'O.M. (et à son versatile public) de commencer à y croire.

Charrier, habité par le trac, débuta assez mal. Deux balles lâchées dès le commencement. Il s'était refait un moral, quand il fut victime d'un véritable accident. Sur le coup franc tiret par Gadocha, tout se déroulait suivant le plan prévu (le ballon allant droit vers le gardien) quand une irrégularité du terrain donna à ce même ballon un effet monstrueux.

La poisse !

En cette période difficile pour lui, il convient de soutenir et d'encourager l'infortuné gardien olympien.

Maurice FABREGUETTES

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De Charrier à Lendo...

poisse et réussite

On vous parle par ailleurs et fort bien de la difficulté victoire marseillaise sur le F.C. Nantes.

On vous parle donc de la réussite de Félix Lendo q'il faut bien considérer comme le héros de cette dernière soirée d'avril et de la noire malchance de René Charrier concédant à un quart d'heure de la fin du match, un but que l'on qualifierait de "fada".

De là à considérer que le véloce et adroit Lendo doit désormais être considéré comme un titulaire à part entière et que Charrier n'est, tout compte fait, qu'un bien modeste gardien de but, il y a évidemment qu'un pas.

Un pas que, bien entendu, nous refusons à franchir...

Expliquons nous !

Félix Lendo a pour lui de qualités essentielles. Trois même. Il est rapide, il a une bonne vision du jeu et il est "culotté". Ceci précisé, le plus mauvais service qu'on pourrait lui rendre serait de lui taper sur l'épaule en lui affirmant : "Mon garçon pour toi c'est dans la poche, tu as gagné mercredi soir, les galons de titulaire".

Le public marseillais, comme tous les publics du monde, n'hésite pas une seconde à brûler un jour ce qu'il a adoré la veille. Et nous sommes prêts à parier que si on lançait Lendo dans le grand bain au moment même où vont se dérouler pour l'O.M. quelques rencontres capitales, ceux qui, avant hier l'ont acclamé (à juste titre) pour sa réussite ne se gênerait pas à lui trouver tous les défauts du monde. Et à l'image d'un Emon nous risquerons de voir un Lendo bientôt complètement déboussolé commencer à gamberger pour en arriver, en pensant réussir le plus difficile, à louper le plus facile.

Nous n'inventons rien.

C'est, en tout cas, ce qui se passe pour René Charrier.

Depuis le début de la saison, Charrier a été irréprochable. Ses multiples matches sans faute l'on conduit jusqu'à l'équipe de France. Et il y eut le fameux France-Hongrie.

Pour des raisons tout à fait mystérieuses, ce jour-là, Charrier ne fut que l'ombre de lui-même.

Si on pardonne volontiers à un joueur du champ un jour "sans", si ce dernier peut même se "cacher" il est impossible à un gardien de but de tricher. On excusera un avant-centre de manquer des buts immanquables, on se montrera injustement féroce avec un goal mal inspiré.

Les commentaires qui ont suivi France-Hongrie et France-Portugal n'ont rien épargné au gardien marseillais. Ce dernier a commencé à douter de lui-même. Rien de grave, peut-être, si la "poisse" n'était venue s'en mêler. Ainsi mercredi soir, le but réussi par Gadocha.

Charrier bien placé, s'apprêtant à capter la balle, fut irrémédiablement trompé par un rebond tout à fait imprévisible dû au mauvais état de la pelouse.

Un but "bête" par excellence qu'une partie du public met au compte du gardien de but marseillais. À tort.

À 23 ans, Charrier est à la porte d'une grande, d'une très grande carrière.

Aujourd'hui, les rieurs ne seront sans doute pas de notre côté.

Mais demain...

André de ROCCA

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Jules ZVUNKA :

"Rien à perdre !"

Dans l'esprit de Jules Zvunka, Nantes c'est désormais du passé.

"Je reconnais, nous confiait-t-il dès la fin du match, que l'O.M. n'a pas livré une rencontre exceptionnelle. Je vous dirai même mieux, j'ai encore traversé des moments pénibles sur mon banc de touche. Mais enfin, heureux ou pas, le résultat est là et vous en conviendrez avec moi, j'aurais mauvaise grâce à ne pas m'en contenter. C'est vrai que l'équipe n'a pas eu son rayonnement habituel. Il est exact aussi que nous n'avons pas posé aux Nantais les mêmes problèmes qu'à Bordeaux lors des 32e de finale de la Coupe de France. Cependant, il faut tenir compte de l'absence de Paulo Cezar, de Bereta et même d'Albaladejo qui sont incontestablement les éléments moteurs de notre formation. Je ne veux pas chercher d'excuses ni minimiser le rôle des remplaçants qui ont tenu honorablement leurs places, mais il est certain que l'O.M. n'a pas joué avec tous ses atouts. Ceci précisé, je crois qu'il est préférable maintenant de penser à autre chose. Le score nous a été favorable et, je le répète, c'est avant tout l'essentiel".

RENTRÉE DE PAULO CEZAR

ET DE BERETA

Hier après-midi, avant de diriger la séance quotidienne, Jules Zvunka n'avait changé son point de vue. Pour lui, le match contre Nantes c'était d'autant plus estompé que celui de Saint-Étienne s'approchant à pas de géant. Plus question du tout de Gadocha et de ses camarades aux maillots "canari". La seule couleur désormais était le vert des stéphanois que Jules et ses Olympiens rapprochent volontiers à celui de l'espérance.

Alors quelle équipe l'O.M. va-t-il représenter demain soir sur le stade Geoffroy Guichard ? Eh bien, d'après ce que nous a déclaré l'entraîneur avec 24 heures d'avance, elle devrait avoir le visage suivant :

Charrier, Lemée, Trésor, Victor Zvunka, Bracci, Buigues, Eo, Bereta, Emon, Jair, Paulo Cezar. 12e homme, Lendo.

Quelques commentaires au sujet de cette formation. Un fait marquant à noter tout d'abord la rentrée de Paulo Cezar et celle de Bereta. Albaladejo étant toujours indisponible, Georges Eo a été conservé au milieu du terrain. À ce propos, signalons que Noguès a eu quelques petits démêlés avec ses responsables militaires pour avoir prolongé une permission et, de ce fait, il devra rester consigné une semaine à la caserne.

Pas de chance à un mois de la quille.

Quant à l'attaque, Troisi est écarté en sa qualité de troisième étranger et Jules Zvunka a maintenu sa confiance à Albert Emon, et il a également retenu Félix Lendo comme douzième homme, ce même joueur qui lui avait tiré une belle épine du pied mercredi soir face à Nantes.

RIEN À PERDRE !

Un attaquant comme douzième homme, voilà qui laisse deviner avec quelles intentions l'O.M. ira affronter son grand rival stéphanois. Jules Zvunka ne nous a pas caché d'ailleurs qu'il jouerait la carte de l'offensive.

"Pour une fois, nous n'aurons rien à perdre, nous a-t-il dit. Demain soir, c'est la place de leader qui sera en jeu, et je crois que nous devrons tenter tout notre possible pour saisir la petite chance qui nous reste d'inverser les rôles. Et, pour ce faire, nous mettrons le maximum d'atouts dans notre jeu".

UN LÉGER DOUTE POUR BUIGUES

Voilà donc pour l'état d'esprit. Malheureusement, Robert Buigues se plaignait hier après-midi, d'une douleur au coup de pied, blessure qui présentait une légère enflure. Et Marcel Prévost, par précaution, fera passer ce matin au joueur une radio de contrôle, et il faudra en attendant le résultat pour savoir si Robert sera en mesure de tenir sa place. L'O.M. effectuera ce matin une dernière séance de préparation avant de prendre cet après-midi la roue de Saint-Étienne.

LA DÉTERMINATION

DE BERETA

Il était difficile, par ailleurs, avant ce déplacement, de ne pas demander son avis à l'enfant du pays, vous l'avez reconnu Georges Bereta :

"Ce que je pense avoir de retrouver les Stéphanois ? nous a-t-il répondu avec un sourire complice. Eh bien, ils sont tout simplement obligés de nous battre s'ils veulent conserver leur première place. Et vous savez, leur victoire n'est pas encore acquise. Je vous avouerai qu'il me tarde aussi de connaître la réaction du public à mon égard. Mais ceci est un détail, le match se jouera sur le terrain".

Paulo Cezar n'est pas moins impatient que ses camarades de disputer cette rencontre qu'il considère comme déterminante en fin de championnat.

"Samedi soir, nous a dit Paulo d'un air le plus sérieux du monde, l'O.M. sera en tête du classement ! Je suis prêt à prendre les paris..."

Quant à René Charrier, il a effectué le pèlerinage de Notre-Dame de la Garde : "Je crois que c'est la seule façon, nous a déclaré, d'éloigner la poisse qui me poursuit. Je suis persuadé que la Bonne Mère sera avec nous demain sur le stade Geoffroy Guichard".

Pleins feux sur Saint-Étienne donc, et que la fête commence.

Jean FERRARA

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