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Résumé Le Provencal

du 06 avril 1975

 

O.M. : UNE OCCASION EN OR QUI S'ENVOLE

NIMES arrache le nul (1-1) au stade-vélodrome

Est-il possible qu'un match de football ait à ce point de visages aussi différents ? Ets-il possible qu'une équipe aussi brillante que ce fut l'O.M. en première mi-temps, en soit réduite à trembler pour laisser ensuite un point à son adversaire ? Est-il possible, enfin, que Paulo Cezar, le roi des tireurs de penalty manque une occasion aussi royale ?

Voilà les trois réflexions qui nous sont venues à l'esprit alors que M. Vautrot sifflait la fin d'une rencontre qui a justifié en tous points sa qualité de derby. Et l'O.M. naturellement a gaspillé sans avoir jamais démérité, empressons-nous de l'ajouter, une de ses dernières chances de coiffer son grand rival stéphanois sur les poteaux.

UN TIR DANS LES NUAGES :

LE TOURNANT

Toutes les conditions étaient pourtant réunies pour que l'équipe marseillaise se sente survoltée à l'heure du coup d'envoi. Les Olympiens savaient depuis la veille que Saint-Étienne avait été battu à Lyon. Il suffisait d'un tout petit succès pour les mettre directement sur les talons des Stéphanois à une seule longueur. Une victoire à bonus leur aurait même valu la première place. Mais c'était un rêve que les uns et les autres n'avaient osé caresser, du moins ouvertement. Il était d'ailleurs bien placé pour savoir que ces "Crocodiles" nîmois, seraient de coriaces adversaires. Eh bien, nous l'affirmons sincèrement, cette victoire à bonus, l'O.M. l'eut pour ainsi dire au bout du pied. Et comme nous avons ajouté que ce pied et celui de Paulo Cezar, vous conviendrait que tous les atouts étaient dans le jeu marseillais.

Hélas ! Quelle mouche avait piqué le Brésilien, lui qui n'avait jamais manqué une pareille aubaine. C'est la question que nous ne finissons pas de nous poser et sans doute, ne serons-nous pas les seuls.

Toujours est-il que Paulo, qui tire ses penalties en finesse à l'ordinaire, décida cette fois de mettre toute la gomme. Mais la balle s'envolait dans les nuages. C'est fini ! Nous en étions alors à la 45e minute, et l'O.M. venait de manger son pain blanc...

UNE PREMIÈRE MI-TEMPS

DE RÊVE

Cet échec du tireur d'élite est d'autant plus désolant que lui-même avait joué une première mi-temps marquée de bout en bout par une classe éblouissante, à l'image d'ailleurs d'une équipe marseillaise qui avait monopolisé le ballon en multipliant les occasions de but. Pour donner une idée de cette domination, Charrier n'avait touché aucune balle pendant les quarante-cinq premières minutes, si ce n'est sur des passes de ses partenaires.

Et quand Marius Trésor effectua cette montée solitaire pour inscrire un but lumineux, après un relais avec Paulo Cezar, tout le monde crut comme un seul homme que les Nîmois allaient passer une sacrée soirée. À peine le premier quart d'heure était écoulé que le tableau d'affichage indiquait déjà un avantage en faveur de l'O.M. Vous imaginez alors quels pouvaient être les sentiments sur les gradins.

UN SUPER LANDI

La suite (de la première mi-temps s'entend) nous vous l'avons contée dans le détail. Nîmes, après avoir été dominé comme il n'était pas possible de l'être davantage, retournait aux vestiaires avec un seul but de retard. Et personne ne nous empêchera de croire que ce penalty raté avait fait complètement basculer le match.

Il faut souligner d'une autre part que Landi, le gardien nîmois comme il le fait toujours devant l'O.M., s'était signalé par une série d'exploits, arrêtant notamment une demi-douzaine de ballons brûlants sur sa ligne de but. Il fut sans aucun doute le grand bonhomme de la rencontre, le joueur qui permit à ses camarades d'aborder la deuxième période dans un tout autre état esprit.

Un autre fait marquant de cette partie est peut-être la sortie de Mith, le garde du corps qui ne vit pratiquement Paulo Cezar. Kader Firoud fut bien inspiré de le remplacer à la mi-temps par Boyron, confiant la garde du Brésilien au grand Schilcher. Avec l'Autrichien, ce ne fut tout à fait le même son de cloche, et l'O.M., privé en partie de l'un de ses meneurs de jeu, dut subir à son tour la pression nîmoise. Ce qui devait arriver arriva. À vrai dire, les spectateurs s'attendaient à ce que cette partie se termine sur un coup de théâtre, car les Olympiens avaient laissé passer leurs chances. Boyron, le remplaçant, obtient l'égalisation. Luizinho, heureusement signalé hors-jeu, aurait même pu donner la victoire à Nimes. Les Marseillais furent donc tout heureux de s'en tirer avec un match nul.

Il ne faut pas, bien sûr, se lamenter sur ce point perdu. L'O.M. en est malgré tout à sa quatorzième rencontre sans défaite. Les hommes de Zvunka termineront le championnat dans les trois premiers. C'est maintenant à peu prés une certitude. La rencontre d'hier soir fut d'un très bon niveau bien qu'émaillée par un nombre trop important de coups-francs. On regrettera simplement que l'O.M. ait gaspillé une occasion en or. Dommage.

Jean FERRARA

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14 quand même !

14 quand même : pour l'O.M. la série sans défaite continue. Où donc vont s'arrêter les Olympiens ? La question reste posée. Et à vrai dire, nous ne sommes pas pressés de connaître la réponse.

On nous fera remarquer que les Olympiens ont été hier tenus en échec sur leur herbe, devant leur public. C'est vrai. Et chacun a quitté le stade avec un goût d'amertume. Il est vrai qu'à force de les voir voler de succès en succès on avait oublié que Zvunka et ses boys n'étaient pas à l'abri d'une surprise, bien mauvais d'une mauvaise s'entend.

Incontestablement, hier, les Phocéens ont raté le coche à l'instant même où Paulo Cezar ratait son premier penalty depuis qu'il joue sous le maillot blanc. Ce fut, à l'évidence, le fait le et le tournant du match. À ce moment-là, Nîmes avait, comme l'on dit, "la tête dans le sac", et il y a fort à parier que les Crocodiles verseraient aujourd'hui de grosses larmes bien sincères si l'énigmatique Paulo n'avait pas placé le ballon dans les nuages. Un ballon que tout un public voyait déjà au fond des filets.

Mais ne dressons pas un tableau par trop pessimiste. Nîmes a souvent réussi au stade vélodrome, et hier ce ne fut pas l'exception qui confirme la règle. L'important à notre sens et que l'O.M. et jouer 45 minutes remarquables, digne d'une grande équipe, pas tellement loin du niveau européen.

Hier, trois fois hélas, la Bonne Mère était pour un soir gardoise, et le moustachu Luigi Landi était lui, en état de grâce. N'empêche que pour les hommes de Fernand Meric nous sommes persuadés qu'il aura encore des lendemains qui chantent.

André de ROCCA

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Jules ZVUNKA : "Rien n'est encore perdu !"

Dans les vestiaires marseillais, on s'en doute, ce n'était pas la joie. Bien qu'ils se défendent de jouer pour le titre, les Phocéens avaient le sentiment qu'ils avaient laissé passer une très belle occasion de prendre un point ou deux de plus à Saint-Étienne.

Le président Meric, encore tout rouge, était visiblement en colère : "Je suis déçu, bien sûr, devait-il dire, mais avant toute chose, je tiens à faire remarquer que nous restons quand même sur quatorze matches sans défaite.

Bien sûr, nous aurions pu faire la décision en première mi-temps, mais hélas, à cause de la grande partie de Landi et de beaucoup de malchance nous n'y sommes pas parvenus.

Je ne veux pas chercher des excuses, mais je déplore les actes d'anti-jeu des défenseurs nîmois. C'est vraiment regrettable de voir un pareil spectacle, et dire que c'est nous qui écopons des avertissements !"

Jules Zvunka appuyé contre un mur tout au fond du vestiaire, affichait un sourire triste : "Moi aussi je suis déçu, parce que je crois que nous avions le pain et le couteau pour faire la différence pendant les quarante-cinq premières minutes. Paulo a raté un penalty, mais que voulez-vous, ce sont des choses qui arrivent aux meilleurs. Ceci dit, je crois que les Nîmois ont atteint leur objectif. Ils avaient annoncé la couleur d'entrée en jouant avec deux stoppeurs et un libéro.

Avons-nous laissé passer notre chance de revenir un jour sur Saint-Étienne ? Ce n'est pas évident. La situation me rappelle ce que nous avions connu en 1971 le jour ou Saint-Étienne, jouant l'après-midi avait perdu sur son terrain contre Bordeaux alors que nous, quelques heures plus tard, devions nous contenter d'un nul de 1 à 1 au stade vélodrome contre Lyon.

Cela ne nous a pas empêchés d'être champions de France. Pourquoi en serait-il autrement aujourd'hui".

Albaladejo, qui récupérait sur un rocking chair : "Nous avons beau retourner le problème dans tous les sens, nous devrons nous contenter pour aujourd'hui d'un match nul. Ceci dit, les Nîmois ne m'ont pas fait impression, mais alors pas le moins du monde".

René Charrier, très laconique se contenta de dire : "C'est le football, que voulez-vous".

Jairzinho, lui, visiblement était en colère : "C'est un véritable scandale. Dès que nous avons la balle au pied les adversaires n'ont plus l'idée en tête c'est de nous en déposséder par tous les moyens. Et que se passe-t-il alors, arbitre laisse jouer. Par contre lorsque c'est nous qui osons ouvrir la bouche alors là, le carton sort aussitôt".

Et Jairzinho de conclure "Je suis néanmoins satisfait par les 45 premières minutes, qui a mon sens ont été excellente".

Le capitaine Marius Trésor ressortait de sa douche avec un grand sourire. Bien entendu il était radieux d'avoir marqué un but, mais sa joie était mitigée : "Peut-être vaudrait mieux que je ne marque pas. Voilà trois fois que cela arrive et il est chaque fois impossible que nous arrivions à gagner".

Je vous avoue franchement que j'aurais préféré que ce soient les autres qui marquent et que nous remportions la partie. Ceci dit, j'ai eu très peur lorsque Paulo a raté le penalty car je me suis rappelé le match de l'an dernier où nous menions 2-0 à la mi-temps et où ce sont finalement les Nîmois qui ont triomphé. Inutile de vous dire que lorsque Boyron a égalisé, j'ai un instant envisagé le pire".

Buigues, lui, soutenait : "Certains diront que nous avons perdu 2 points car le bonus était à notre portée. Il ne faut rien exagérer. Pour ma part, je considère que nous avons perdu un point, car sur le vu des 45 premières minutes nous méritions la victoire. Quant aux défenseurs nîmois, je pense que ce sont de véritables professionnels et Buigues d'ajouter après un temps d'arrêt : de véritables professionnels de l'anti-jeu".

Albert Emon a été beaucoup plus content que voici cinq jours à Troyes : "Nous avons fait une bonne première mi-temps, peut-être par la suite avons-nous eu tort de vouloir passer par le centre ou les Nîmois avaient renforcé leur défense. Pour mon compte personnel j'ai le sentiment d'avoir joué en progrès et je tiens à remercier le public qui a été très gentil avec moi tout au long de la partie notamment les spectateurs de Ganay".

Nous avons retrouvé Georges Bereta dans la salle de massage ou François Castellonese s'occupait de sa cuisse. À côté du Stéphanois se trouvait Michel Mézy responsable justement bien involontairement, de la blessure de jojo. Ce dernier expliquait :

"Nous avons raté le coche en première mi-temps, c'est un peu la loi du football". Puis, se préoccupant de sa blessure, il comptait les jours avant le prochain match. "Je crois, dit-il enfin, que d'ici vendredi prochain je serai rétabli. J'ai reçu un coup de pied alors que je m'apprêtais à donner le ballon, mais croyez-moi celui-là fut peut-être le seul qui de tout le match ne fut pas donné volontairement".

Et à ses côtés le Nîmois de conclure : "Ne vous en faites pas, Bereta c'est du solide, il sera sur pied pour jouer contre Lille".

Nous avons enfin en temps voulu connaître le sentiment de Paulo Cezar après son penalty manqué : est-il utile de vous dire que le ténébreux Brésilien n'était pas à prendre avec des pincettes. C'est Bracci qui, à côté de lui, nous a soufflé : "Les Nîmois n'ont pas cessé de l'insulter avants qu'il le tir, Paulo a voulu trop assurer son tir, et sur la pelouse glissante, vous avez vu le résultat. Croyez-moi il prendra sa revanche le plus rapidement possible".

A. de R.

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Kader FIROUD : "Nous sommes satisfaits "

Dans le camp nîmois, les dirigeants et les joueurs étaient amplement satisfaits. L'entraîneur Kader Firoud devait déclarer très objectivement :

"L'O.M. aurait pu faire la différence en première mi-temps, mais en deuxième mi-temps nous aurions pu gagner. Nous sommes contents du résultat final. Nous avons fourni une très bonne seconde période. Pour ma part, je pense que le deuxième but de Luizinho était valable, car Kanyan n'était pas hors jeu ! Si le penalty sifflé en faveur de l'O.M. était logique, l'arbitre aurait dû de la même façon nous en accorder un pour la charge de Trésor sur Luizinho. Boissier a fourni une grande partie en marquant remarquablement Bereta, le moteur de l'Olympique de Marseille !"

M. Grumbach dirigeant, nous a confié :

"En deuxième mi-temps nous devions gagner".

M. Chiariny nous a dit de son côté : "Les deux équipes ont eu une mi-temps chacune, mais nos actions offensives ont été plus franches que celles de l'Olympique de Marseille".

Landi a remarqué avec humour : "Le public marseillais a trouvé que j'avais eu beaucoup de chance. Un bon gardien doit toujours en avoir !"

Quant à Kabyle, il concluait : "Avec leurs Brésiliens, les Marseillais sont très dangereux mais je pense que nous avons su leur tenir la dragée haute et que le résultat final est légitime".

Alain DELCROIX

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Les réponses aux questions que l'on se pose

Pourquoi Marius Trésor est-il entré sur le terrain quelques minutes après ses partenaires ?

R. : Il n'y a pas de secret, il s'agit simplement d'une raison très simple que Zvunka nous a précisée dans les vestiaires : "Nous avons porté réclamation contre la qualification du jeune brésilien de Nîmes Luizinho. Et c'est le capitaine Trésor qui a dû remplir toutes les formalités. Voilà l'explication de son retard".

Pourquoi Lemée est-il sorti ?

R. : Dans les tribunes on pensait que la récente blessure de Lemée s'était réveillée. Il n'en est rien. C'est, bien sûr, une blessure qui l'a forcé à quitter ses camarades en cours de match, mais ce n'est pas du tout la même qui l'avait contraint de déclarer forfait contre Troyes.

Le mauvais temps eut-il une influence sur la rencontre ?

R. : Apparemment aucune si ce n'est que la pluie a retenu quelques spectateurs chez eux. Mais à aucun moment les joueurs n'ont paru souffrir vraiment de l'état de la pelouse. Si l'O.M. à des raisons à invoquer pour expliquer son point perdu, elles ne viennent certainement pas de là.

Quel fut le comportement de M. Vautrot, l'arbitre ?

R. : Le directeur de jeu ne s'est pas privé hier soir d'utiliser son sifflet ni même ses cartons jaunes. On peut dire que, dans l'ensemble, son attitude a permis au match de ne pas dégénérer. M. Vautrot est réputé pour être un bon l'arbitre. La partie dirigée hier soir n'a pas contribué à ternir sa réputation. N'oublions pas qu'un derby, surtout avec l'enjeu qui était entre les deux équipes, est une rencontre toujours difficile à tenir en main.

A. de F. et J.F.

 

 

 

 

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