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Résumé Le Provencal

du 21 novembre 1974

 

René CHARRIER, héros de Nantes - O.M.

Sans lui, c'était le naufrage... (2 à 0)

NANTES - Il n'y a pas eu de miracle brésilien hier soir à Nantes. Mais un fantastique match de Charrier et nous pesons bien nos mots.

Si le jeune gardien olympien n'avait pas réalisé une bonne demi-douzaine d'arrêts de grande classe internationale, l'O.M. eut été et ce, dès la première mi-temps, totalement et inexorablement écrasé. Pour mieux situer les faits, disons que Bertrand Demanes n'eut qu'un seul arrêt à effectuer, et encore, à la 75e minute, sur un coup franc tiré par inévitable Paulo Cezar.

Les deux Brésiliens s'étant contenté de quelques petites choses, sans grande importance, et privés des services de Emon, dès la fin de la première mi-temps, les Olympiens valurent surtout par leur grande vaillance.

Jouant à dix en deuxième mi-temps ils se battirent avec une telle détermination, un tel cran - nous pensons plus particulièrement à Buigues, à Eo, à Bracci et bien sûr à Trésor - que la critique se sent désarmée.

Mais en toute l'objectivité, il faut reconnaître que l'O.M., hier soir, a été dominé de la tête et des épaules par une équipe nantaise plus complète, plus sûre d'elle et à laquelle il ne manque qu'une certaine vitesse de démarrage en attaque pour remonter nettement au classement.

Pour nous résumer, nous avons vu, hier soir, une bonne équipe contre une autre équipe qui reste encore à faire.

LES TRUCS DE M. MACHIN

La première mi-temps avait été un grand spectacle de variétés. Au programme, il y eut bien tous les coups, du catch, de la boxe, de la savate, du cirque et même parfois, du bon football.

M. Machin y perdit complètement son latin. Visiblement dépassé, mal aidé par son arbitre de touche, il multiplia les "trucs", le plus extravagant étant l'expulsion de Emon, dont chacun sait en France, qu'il ne ferait pas de mal à une mouche.

Toujours les lampistes ! Objectivement, c'est Jairzinho qui mit le feu aux poudres, en infligeant en dehors du jeu, un véritable knock-down a Pech.

UN FAMEUX DUEL

AMISSE-CHARRIER

Oublions cette longue séance d'anti-football, pour venir au véritable football.

Cette première mi-temps toute nantaise, Bertrand Demanes n'ayant pas eu un seul tir à arrêter, fut essentiellement marquée par un fameux duel Amisse-Charrier. L'ailier de poche fit un véritable malheur, mettant dans la poche ses adversaires directs, il offrit un but à Curioni, et il en aurait certainement marqué deux autres, si Charrier n'avait pas été vraiment sublime. Sans les réflexes au-dessus du commun de son gardien, l'O.M. eut été K.O.

LE DERNIER EXPLOIT

DE CHARRIER

La deuxième mi-temps fut une longue bataille entre l'équipe de Nantes et la défense de l'O.M. Charrier continua son festival et l'on aurait pu croire que le score allait rester de 1-0 si, à quelques minutes de la fin, l'arbitre n'avait pas accordé un penalty à Nantes, pour une charge par derrière de Eo sur Curioni.

C'est notre sympathique ami aixois Michel qui transforma ce penalty en but. Mais là n'est pas l'essentiel. Alors qu'il restait quelque second à jouer, et que le public réclamait le bonus, Charrier fut obligé de sortir de sa surface de réparation pour essayer de dégager le ballon du pied.

Il fut devancé par deux Nantais, et l'un d'eux essaya de le lober. Et l'on vit alors, à quelques secondes de la fin, le gardien olympien s'envoler littéralement et, de la main, mettre le ballon en corner. Véritablement, Charrier aura marqué ce match de sa présence. On peut douter malgré toute la classe de Bertrand-Demanes, qu'il y ait meilleur gardien que lui en ce moment en France.

TOUT À REFAIRE

Nous avons déjà dit que l'équipe olympienne avait valu par sa vaillance et qu'elle avait su, surtout en deuxième mi-temps, limiter parfaitement les dégâts.

Mais dans l'optique d'une équipe qui se veut grande, qui a recruté chèrement deux vedettes brésiliennes, qui ambitionne le titre de champion de France, une participation aux prochaines Coupes d'Europe, ce que nous avons vu hier soir et bien insuffisante.

Il serait temps que Jairzinho revienne au niveau de sa valeur, même moyenne, et que Paolo Cezar soit un peu plus constant.

Hier soir, les deux brésiliens fut régulièrement bouclés par leurs adversaires nantais et ce qu'ils apportèrent à leur équipe se résume vraiment à assez peu de chose.

Pour le reste, on a pu constater toujours les mêmes défauts. L'O.M. joue non seulement sans ailiers, on le savait déjà, mais encore il manque au milieu du terrain une forte personnalité pour diriger le jeu.

À la veille de la venue de Saint-Étienne au stade vélodrome, il est bon de revoir point par point ce qui va et ce qui ne va pas à l'O.M. Un club d'une telle réputation, qui remplit les stades partout en France, devrait fournir des rencontres dignes de sa réputation. Ce ne fut pas exactement le cas hier soir à Nantes.

Maurice FABREGUETTES

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Les Nantais :

"Hommage à Charrier"

Dans le camp nantais, on était bien sur satisfait de cette victoire. Arribas, l'entraîneur, avait d'ailleurs le sourire sur les lèvres.

"Voilà bien longtemps que notre équipe n'avait pas marqué deux buts. Mais dans ce match, je ne retiens pas seulement le résultat. Nantes a su confectionner un très bon football, et cela est très encourageant pour l'avenir".

Quant à Robert Budzinski, il était partagé entre deux sentiments :

"Je suis à la fois satisfait, nous dit-il, mais aussi un peu déçu, car Nantes, sur le vu de ce match, aurait pu obtenir le 3e point supplémentaire du bonus. Il faut dire que Charrier, le gardien marseillais, a été éblouissant tout au long de la rencontre".

J.F.

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Ils disent

Le président Méric : "Ce penalty était de trop"

Sans y avoir été, on imagine que l'ambiance dans le vestiaire marseillais n'était guère à la joie après cette défaite.

Le président M. Meric, non sans quelque raison d'ailleurs, estimait que l'arbitre avait joué un mauvais tour à son équipe.

"Je reconnais, nous disais le président, que l'O.M. a fait un mauvais début de rencontre, et que les Nantais, notamment en première mi-temps, nous étaient supérieurs. Mais il faut avouer, aussi, que le directeur de jeu ne nous a guère facilité la tâche. Il a tout d'abord expulsé Emon - qui, à mon avis, ne méritait pas une telle sanction - et, ensuite, il a accordé un penalty à notre adversaire qui fut un véritable coup de poignard. Je dois rappeler, à ce propos, que M. Machin qui a donné littéralement la balle à l'avant-centre nantais, en interceptant un ballon de notre défense. Je me demande comment il n'a pas eu le réflexe de comprendre dans quelle situation il nous avait mis."

M. Heuillet, lui non plus, n'était pas content :

"Nous étions déjà forcé de jouer à 10, nous confiait-t-il, ce qui est un lourd handicap. L'arbitre a trouvé sans doute que c'était pas suffisant, puisqu'il a accordé un penalty imaginaire aux Nantais. Reconnaissons que notre adversaire a, dans l'ensemble, mérité sa victoire, mais, à la veille de recevoir Saint-Étienne, n'avions pas besoin de telle sanction, car je considère comme une tel ce penalty de dernière minute".

Puisque Emon était en quelque sorte, le héros malheureux de cette histoire, nous lui avons demandé ce qui s'était exactement passé quand l'arbitre assorti le sortit du terrain.

"Marcos venait de me donner un coup de poing sur la tête, nous expliqua Albert, j'ai eu, je l'avoue, un mauvais réflexe en voulant me faire vengeance, c'est à ce moment-là que M. Machin m'a donné un avertissement. Jusque-là je ne trouvais rien à redire, mais ensuite, l'arbitre a cru que je l'avais insulté, alors que, je vous le jure, ce n'était pas le cas ; toujours est-il qu'il a sorti son carton rouge et, malgré tous mes efforts pour lui dire ma bonne foi, il m'a obligé à quitter le jeu. Sincèrement, je vous le répète, je ne méritais pas ça et mon équipe non plus".

JULES ZVUNKA :

"À DIX C'ÉTAIT UNE MISSION IMPOSSIBLE"

Jules Zvunka lui non plus, n'avait pas l'air tellement satisfait de cette soirée :

"Il s'est passé deux choses en ce match nous a dit l'entraîneur qui ont eu des conséquences fâcheuses ; tout d'abord notre mauvaise premier mi-temps, ou nous avons manqué, semble-t-il, de conviction et de rigueur pour aborder cette rencontre. Mais l'arbitre ensuite a mis son grain de sel en nous privant tout d'abord des services d'Albert Emon et en sifflant contre nous un penalty qui ne s'imposait nullement. D'ailleurs, en entamant la deuxième période avec le double désavantage d'être mené à la marque et de jouer à dix, je savais que l'O.M. s'acheminer vers une mission impossible".

Voyons maintenant l'opinion des joueurs, celle de Marius Trésor en premier lieu.

"J'estime nous a dit le capitaine que l'O.M. a mal abordé cette rencontre. Nous avons manqué de conviction et aussi de rigueur dans les premières minutes. Ce qui a contribué à mettre nos adversaires en confiance. Et puis, nous avons laissé trop de champ libre au milieu du terrain nantais. Michel a eu beaucoup trop de liberté de manoeuvre et, bien entendu, le stratège nantais en a profité. Maintenant, j'espérais sur le vu de notre 2e mi-temps que nous parviendrons peut-être à obtenir le point du match nul car l'équipe jouait beaucoup mieux. Mais le penalty a mis fin définitivement à nos espoirs".

René Charrier lui avait été le joueur le plus en vue de ce match, et ils étaient nombreux à le féliciter.

"Dans de telles conditions, nous disait pourtant le gardien qu'il voulait rester modeste, le succès personnel passe au second plan. J'aurais préféré un résultat positif de l'ensemble. C'est sûr que l'O.M. n'a pas très bien abordé ce match, mais l'équipe était parvenue à refaire surface et même à inquiéter les Nantais. La sortie d'Albert Emon a tout remis en cause. Quant au penalty, n'en parlons pas. Je suis persuadé qu'avec un directeur de jeu moins "léger" pour ne pas être méchant, la physionomie de la rencontre pouvait changer de tout au tout. Enfin, que voulez-vous, c'est le football".

Signalons que Paulo Cezar qui avait dû quitter le terrain après un choc avec un défenseur nantais, souffre d'une légère entorse à la cheville alors qu'il était sous la douche avec son ami Jair, le Brésilien devait nous déclarer :

"Mais qu'est-ce donc que les arbitres ont contre l'O.M." ?

Ce serait également notre conclusion.

Jean FERRARA

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Les réponses aux questions que l'on se pose

Quand l'inspecteur Machin

mène l'enquête

Nous étions assez loin du terrain, tout en haut des tribunes, mais, comme tout le monde, nous avons été intrigués et amusés, en première mi-temps par l'enquête de l'inspecteur Machin.

Alors que Paulo Cezar contrôlait, on vit soudain, à une quinzaine de mètres du Brésilien, c'est-à-dire tout à fait en dehors du jeu, un joueur se rouler au sol, il s'agissait de l'intermédiaire nantais Pech. Que s'était-il exactement passé ? Nous ne pourrons le dire, car, comme tout le monde, à ce moment-là, nous suivions le jeu.

Après avoir laissé le jeu se poursuivre pendant un assez long moment, ce qui était une erreur, M. Machin finit par siffler. Il s'approcha alors du joueur blessé pour constater les dégâts. Puis on le vit aller sur la droite consulter l'arbitre de touche, ensuite traverser tout le terrain pour aller sur la gauche consulter l'autre arbitre de touche, et, tertio, demander son avis au délégué.

Quelles furent les conclusions de cette enquête menée devant près de vingt mille personnes ? Nous nous le demandons encore.

De l'avis de tous nos voisins qui avaient pu regarder ce qui se passait sur le terrain à ce moment-là, le fautif était Jairzinho. C'était lui qui, en dehors du jeu avait bousculé ou donner un coup à Pech. Il s'agissait en définitive non pas d'une blessure dangereuse, comme on avait pu le croire, mais d'un simple knok-down, comment reçoivent les boxeurs en cours de combat.

Mais, le plus amusant, et qu'à la suite de cette enquête M. Machin ne prit aucune décision. Il fit reprendre la partie par une balle à terre et, un peu plus tard, devait expulser Emon du terrain, lequel visiblement n'avait rien fait.

Il faut bien le dire, l'attitude de M. Machin à ce moment-là, a surpris tout le monde. Qu'a-t-il voulu prouver ? Qu'a-t-il voulu faire ? On se le demande encore.

Ce fut en tout cas l'une des plus grandes attractions de cette rencontre qui cependant n'en manqua pas !

M.F.

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Le fait du match

A quand une commission d'arbitrage

Nous sommes bien d'accord pour le remettre, l'O.M., hier soir à Nantes, n'a pas montré le visage d'une grande formation, d'une équipe qui ambitionne de jouer les premiers rôles dans le concert national. En première mi-temps notamment, l'O.M. avec tout fait pour mettre son adversaire Nantais dans des conditions les plus favorables : manque de rigueur défensive, une conviction qui laissait également à désirer. L'organisation de jeu, elle non plus, n'était pas irréprochable. Et, si nous mettons l'accent sur toutes ses lacunes, c'est pour être un peu plus à l'aise pour commenter les décisions pour le moins fantaisistes de M. Machin.

Nous savons bien, on va dire encore à Marseille que nous cherchons à tout prix à trouver une excuse à cette mauvaise performance olympienne. Mais, les spectateurs nantais eux-mêmes, qui se trouvaient autour de notre tribune de presse, étaient les premiers à admettre que l'arbitre avait été nettement dépassé par les événements. Car cet O.M. là avait eu le mérite de se reprendre de façon louable pour espérer obtenir un résultat positif. Nous vous racontons par ailleurs ce qu'il en advint. La sortie de Emon, le penalty, et les nombreux règlements de compte qui ont succédé aux quatre coins de la pelouse sans que le directeur de jeu puisse trouver une solution à tous ces problèmes.

Au sujet de tout cela, nous avons interrogé Claudio Coustinho, qui est, on le sait, un homme intelligent et pondéré par excellence.

"À quand, nous a-t-il dit, une véritable commission d'arbitrage qui se signale enfin par un rapport technique sur la façon que les arbitres ont d'interpréter le jeu. Je ne veux pas avoir l'air d'être un mauvais perdant. Mais, si le football continue ainsi, il ne sera bientôt plus possible de jouer un championnat digne de ce nom. Chez nous, au Brésil, cette commission existe. Et je suis sûr que M. Machin visiblement hors de conditions physiques, aurait été déjà mis à l'écart de la haute compétition. Voilà de très nombreuses fois que cet homme, sans toute honorable, se signale par son mauvais arbitrage. Si nous avions à faire à de véritables professionnels, de tels incidents de jeu ne se produiraient plus. Je suis navré que l'O.M., une fois de plus, en fasse les frais".

Voilà une conclusion à méditer. Qui n'enlève rien, par ailleurs, aux problèmes de l'équipe olympienne.

J.F.

 

 

 

 

 

 

 

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