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Résumé Le Provencal

du 02 novembre 1974

 

L'O.M. muselé puis balayé par NIMES (1-3)

En une seul action Paulo Cézar a sauvé l'honneur

Nous avons assisté hier soir à Nîmes à un bon match de championnat. Mais pas à un match champion. Tout au long des 90 minutes l'énergie a primé le football et le meilleur spectacle fut celui des luttes individuelles entre les joueurs. On citera parmi celles qui enchantèrent le public le duel Bracci-Kanyan et le duel Kabyle-Emon.

La victoire de Nîmes ne saurait se discuter ; elle est celle de la meilleure équipe de la soirée. Celle qui paraissait avoir la plus grande envie de l'emporter et qui prit l'avantage sur sa rivale dans un domaine plus important qu'on ne l'imagine celui de la lutte pour le ballon.

C'est ainsi en particulier que l'Autrichien d'Ajax Schilcher réussit à empêcher Paulo Cezar de jouer le plus souvent.

Durant toute la rencontre le Nîmois resta devant le Brésilien et en ayant la sagesse de ne pas l'attaquer il put réussir à limiter les dégâts. De ce fait l'O.M. dépourvu de son inspirateur habituel et sans Jairzinho à la tête de son attaque sombra dans un désordre certain.

Une rencontre pareille n'inspire pas de commentaires tactiques. Les des équipes jouèrent sensiblement de la même façon c'est-à-dire sans recherche beaucoup à bien occuper le terrain ou à faire du football de qualité.

Les Nîmois sur leur terrain encouragés par leur chaud public sont très difficiles à battre quand l'équipe d'en face ne réussit ni à poser, ni à imposer son jeu. L'O.M. n'est pas encore assez mûr pour une pareille tâche. Hier soir du fait de la carence presque totale de Paulo Cezar et de la faiblesse inhabituelle de Trésor il s'est incliné de manière on ne peut plus normale.

LE COUP DE PATTE DU TIGRE

La première mi-temps aurait pu se résumer à une seule phrase "le tigre n'a besoin que d'un coup de patte pour blesser le lion".

Paulo Cezar littéralement mangé tout cru pendant 44'30" par l'Autrichien Schilcher allait profiter d'un coup franc de toute dernière seconde de cette mi-temps pour égaliser. Quand on le vit prendre un élan de sauteur en longueur on commença à s'inquiéter pour le gardien nîmois Martinelli.

Comme il y a deux nuits dans la capitale du Zaïre il y avait du KO dans l'air. Le ballon partit comme une fusée presque au ras du sol et passant à côté d'un mur vraisemblablement mal bâti alla se loger dans le coin bas gauche de la cage nîmoise.

En quelques minutes Paulo Cezar jusque là aussi pâle qu'un cachet d'aspirine venait de mettre les rieurs de son côté.

C'était la fin heureuse de la mi-temps pour l'O.M. qui jusque-là avait été assez nettement dominé par son adversaire.

TROIS EXPLOITS NÎMOIS

En deuxième mi-temps le public sortit de sa froideur, le jeu s'énerva, ce fut le temps des irrégularités multipliées, des cartons jaunes et aussi des palabres.

On se demande ce que Paulo Cezar, Schilcher, Sanlaville et Sikely ont pu se dire mais ce ne fut certainement pas très amène.

Les Nîmois à l'image de leur infatigable vétéran Kabyle partirent à l'abordage de l'O.M. et eurent la chance de réussir les trois exploits de cette mi-temps.

Une tête fort habile de Kabyle sur corner, un remarquable arrêt de Martinelli sur un tir non moins remarquable de Lemee et surtout la reprise de volée de Mezy.

Une de ces reprises de volée comme seule savent les réussir les vrais gauchers dans leurs meilleurs jours.

À partir de ce moment-là, la cause était entendue et les Nîmois faillirent obtenir le bonus.

L'O.M. DOIT ENCORE TRAVAILLER

Cette rencontre et cette défaite prouvent que l'O.M. doit encore beaucoup travailler. Il est certain que Paulo Cezar, maintenant bien connu de la France entière, sera au cours de toutes les rencontres, marqué avec la plus grande rigueur. Le temps de l'étonnement est passé pour les adversaires.

Mais, il a paru également que l'O.M., pour ce qui est du restant de l'équipe, manque encore de maturité.

Hier soir, c'est l'un de ses meilleurs joueurs habituels, le capitaine Trésor qui déjoua de façon presque permanente.

De ce fait, la défense s'affola encore plus que de coutume. Quant au milieu de terrain, s'il se battit avec beaucoup de bonne volonté, il n'a pas dans ses rangs un seul joueur de grande classe.

En fait, hier soir, les meilleurs joueurs sur le terrain furent Nîmois. D'abord Schilcher qui réussit à annihiler presque complètement Paulo Cezar et qui a du se demandé souvent, lui qui vient de Hollande, pourquoi les arbitres français siffle absolument toutes les charges.

Mais il n'y eut pas que Schilcher, les jeunes Boyron et Girard réussirent également un bon match. On nota encore Mezy pour sa seconde mi-temps et toute la défense avec en tête l'excellent Sanlaville et Martinelli, revenu à son meilleur niveau après avoir quitté la haute compétition pendant plus de deux saisons. Bref, Nîmes reste Nîmes et il faudra suivre encore l'équipe de Kader Firoud cette saison.

Maurice FABREGUETTES

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Ils disent

TRESOR : "Nous nous sommes battus nous-mêmes"

Avant de se laisser aller aux habitudes commentaires, les dirigeants marseillais se sont affairés autour de Paulo Cezar, allongé sur le la table de massage.

Le Brésilien était, en effet, sérieusement blessé et François Castellonese et Marcel Prévost craignaient que le joueur ne souffre d'une entorse sterno-claviculaire.

Les responsables médicaux ont du même amenés Paulo Cezar à l'hôpital pour lui faire passer une radio de contrôle.

Le visage Paulo Cezar était le reflet même de la douleur et en l'état actuel des choses, on se demande s'il sera en mesure de tenir sa place contre Bordeaux.

Devant ce triste spectacle, le président Meric ne songeait pas à faire des compliments à Schilcher.

Claudio Coutinho, lui-même, affirmait que l'Autrichien avait volontairement baissé son ami en se laissant tomber de tout son poids sur lui. "Je suis en train de m'interroger, disait pour sa part le président Meric, s'il ne faudra pas renoncer un jour ou l'autre à engager des vedettes".

"De telles pratiques ne devraient pas avoir cours sur un terrain de sport. Ceci dit, je suis déçu bien sûr du résultat. Et je dois reconnaître que Nîmes a bien mieux joué que nous. Notre décharge, il nous manquait Jairzinho et Buigues, qui sont deux de nos éléments de base. N'oublions pas non plus que Raoul Noguès a dû céder sa place en deuxième mi-temps. Ces absences ont finalement pesé lourd dans la balance."

Sur ces bonnes paroles est arrivé le président Calabro pour venir serrer la main de son homologue marseillais.

"Aujourd'hui c'est nous, déclaré le responsable nîmois, demain ce sera peut-être l'O.M. Le sport est ainsi. Vous êtes en tout cas bien armés pour nous rendre la pareille au stade vélodrome".

Ce à quoi le président Meric, retrouvant un semblant de sourire répondu : "Si vous voulez, on ne dispute pas le match retour et nous marquons d'ores et déjà notre victoire..."

La réponse, vous l'avez deviné, a quelque peu détendu l'atmosphère.

Puis reprenant ses commentaires à notre égard, le président Meric a affirmé : "En somme ce sont les reprises de volée qui ont fait gagnait le match. Celle de Lemée, magnifique, a été remarquablement stoppée par Martinelli, alors que Mezy, lui, a eu beaucoup plus de réussite. Ce qui démontre que le résultat d'une rencontre bien souvent tient à très peu de choses.

JULES ZVUNKA :

NOUS AVONS CRAQUÉ AU MAUVAIS MOMENT

"Après l'égalisation de Paulo Cezar, disait pour sa part Jules Zvunka, je pensais bien que nous parviendrons à tenir au moins les Nîmois en échec, paradoxalement, c'est au cours de la deuxième mi-temps que nous avons flanché, alors que nos adversaires étaient beaucoup moins menaçants. Dommage, après un mois d'octobre sans défaite, j'espérais que nous serions en mesure de poursuivre sur notre lancée".

TRÉSOR :

"TROP DE FAUTE EN DÉFENSE"

Le capitaine Marius Trésor était, pour sa part, est très déçu du résultat. "L'O.M. c'est pratiquement battu lui-même, disait-il. Nous avons trop commis de fautes derrière, ce qui a permis aux Nîmois de marquer des buts qu'avec un peu plus de sévérité nous aurions pu éviter".

C'était également l'avis de René Charrier.

"Je n'ai pas eu l'impression, nous déclarait le gardien, que l'O.M. ait eu véritablement le match en main. Nous n'avons pas eu tellement d'occasions si ce n'est des tirs que Martinelli a pu finalement arrêter avec bonheur. À mon avis, nous avons trop laissé jouer notre adversaire. Il fallait lui montrer dès le coup d'envoi que nous étions décidés à lui tenir la dragée haute.

En lieu de cela, nous avons voulu temporiser. Nous avons trop gardé la balle en manquant souvent la dernière passe. Tout cela à mon sens a mis les Nîmois en confiance. D'autre part, nous n'aurions jamais dû encaisser les deux premiers buts. Boyron a eu tout le temps de frapper, quant à Kanyan, qui n'est pas bien grand, il a réussi à prendre une balle de la tête devant des gardes du corps beaucoup plus athlétiques que lui.

Ce n'est pas une critique que je fais à mes camarades, au contraire, je suis très mal placé pour cela. Mais disons, si vous voulez, que l'O.M. ce soir n'était pas dans un de ses meilleurs jours".

Jacky Lemee regrettait, pour sa part, que son tir sur une excellente reprise de volé ait été arrêté par Martinelli.

"Quand j'ai vu la balle prendre le chemin de la lucarne, j'étais déjà prêt à lever les bras en signe de joie. J'avais oublié que le gardien nîmois est très athlétique et, finalement, il a pu cueillir le ballon du bout des doigts. Je suis certain que si j'avais égalisé à ce moment-là, l'O.M., sur le vu de la deuxième mi-temps, était capable de remporter la victoire".

Emon qui avait plusieurs fois tiré aux buts en cours de partie se lamentait sur son manque de réussite : "Décidément je n'étais pas en veine", nous disait le jeune Albert.

Quant à Raoul Noguès qui, blessé, dut laisser sa place en deuxième mi-temps, il nous affirmait que sa blessure ne l'avait pas fait souffrir du tout : "Jules Zvunka estimait sans doute, nous confiait-t-il, que j'avais besoin de me reposer".

Le dernier point de vue sera d'Alonso Troisi qui a assisté en spectateur la rencontre : "Trois buts à un c'est beaucoup, nous disait-il. L'O.M. et Nîmes ont eu autant d'occasions de forcer le résultat. Mais ce fut dans l'ensemble un match très disputé qui a certainement fait le bonheur de nombreux spectateurs".

Jean FERRARA

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Le président CALABRO : "Résultat normal"

Beaucoup de monde dans le vestiaire nîmois ou la joie, comme on l'imagine se lisait sur tous les visages. Le président Calabro, rayonnant nous confiait : "Je suis surtout heureux pour notre public qui est venu en très grand nombre en dépit de nos trois défaites consécutives. C'était un peu, ce soir, la fête de Nîmes Olympique, et même la fête du football, tout court : le président Meric, lui-même, n'a-t-il pas applaudi au troisième but mémorable réussi par Michel Mezy ? Ces derbies entre l'O.M. et nous sont toujours de l'allure et son toujours spectaculaires. Je n'ai qu'un seul regret, c'est que notre stade soit trop exigu, et que 10 à 15.000 personnes n'aient pu assister à ce beau match. Le public, on en a une nouvelle preuve ce soir, est indispensable au football et c'est pourquoi on ne peut que regretter la décision ridicule qui va nous condamner à jouer à Nice devant des banquettes vides".

Kader Firoud analysait, lui, calmement la rencontre : "C'est essentiellement en second mi-temps que nous nous sommes imposés, grâce à notre volonté. Peut-être désirons-nous plus la victoire que nos adversaires, après les avatars que nous avions connus ces derniers temps. Mais je crois que notre victoire ne souffre d'aucune contestation. Nous avons livré un match très collectif, soignant ainsi notre image de marque. J'étais pourtant très en colère à la mi-temps, car j'estime qu'il était inadmissible de concéder un but comme celui que nous avons encaissé, alors qu'il ne reste que trente secondes à jouer. Mes garçons, sur ce "coup là", étaient, sans doute, déconcentrés. Et ils ont manqué de jugeotte. Mais peu importe, puisqu'ils se sont bien repris par la suite, prouvant que notre déroute bastiaise n'était, somme toute, qu'un incident de parcours. Car le football, pour moi, c'est avant tout un état d'esprit".

Enfin du côté des joueurs, Henri Auge, le capitaine, regrettait le bonus perdu sur ce coup franc concédé à 30 secondes de la mi-temps. "Mais, ajouta-t-il, tout de même, dans un grand sourire, je suis content, car nous avions diablement besoin de cette victoire !"

Alain PECHERAL

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Le fait du match

Une leçon à méditer

Nous n'accablerons pas maintenant les Olympiens, cela ne servirait à rien. Nous savons bien que l'équipe a été remaniée à 75 pour cent depuis la saison dernière : nous savons aussi que l'automatisme ne s'acquiert pas en l'espace de trois mois. Mais cette défaite aura eu l'immense mérite d'avoir fait mesurer aux dirigeants phocéens tout le chemin qui leur reste à parcourir pour que leur formation joue un jour ou l'autre les premiers rôles.

L'absence de Jairhinzo a-t-elle coûté le nul, voire la victoire aux Olympiens ?

Les avis seront là dessus partagés. Pour notre part, nous ne suivrons pas ceux qui, aujourd'hui, ne vont pas manquer de regretter que le prestigieux Ventura Filho n'ait pu faire admirer son savoir faire sur a pelouse du stade Jean-Bouin.

Nous ne les suivrons pas pour au moins deux raisons : la première parce que jusqu'à ce jour le nouvel avant-centre marseillais ne s'est jamais montré irrésistible ; la seconde parce qu'i est impensable que trous les espoirs d'une équipe candidate à un titre de champion reposent sur les épaules d'un ou deux hommes aussi doués soient-ils.

Les vedettes sont nécessaires. A Marseille peut-être plus qu'ailleurs, mais elles ne sont pas être tout :

On l'a vu hier soir, Jairhinzo absent, il restait Paulo Cezar, il restait aussi Bracci et Trésor qui sont des valeurs sûres du football français. Pour mettre dans sa poche le Brésilien, Schilder, le géant autrichien, n'a eu pas regardé sur les moyens à employer et que par moment il a dépassé les bornes. A telle enseigne que l'O.M. devra peut-être se passer de ses deux vedettes pour le prochain match contre Bordeaux. Mais pour ce soir la question n'est pas là. Le football se joue avant tout à onze et Nîmes Olympique en a fourni, hier soir, la meilleure des preuves.

En effet, cherchez bien et vous verrez que le onze gardois ne compte pas en son sein de super sien de super star de la balle ronde. N'empêche que, 90 minutes durant, il a donné une bonne leçon aux Marseillais. Les Nîmois ont prouvé, balle au pied, que la rapidité d'exécution, la soif de la victoire, l'énergie et l'homogénéité peuvent êtres des armes redoutables et efficaces.

Avec ou sans ses vedettes brésiliennes, l'O.M. ne sera véritablement l'O.M. que lorsque ses onze joueurs conjugueront le verbe "jouer au football".

A ce titre là, la défaite de Jean-Bouin n'aura pas été inutile.

André de ROCCA

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 (photo : Jac79)

 

 

 

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