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Résumé Le Provencal

du 28 septembre 1974

 

L'O.M. et PAULO : le match du rachat !

Les Olympiens handicapés obtiennent un magnifique match nul à Bastia

Privé de Trésor de Skoblar, c'est-à-dire de ses éléments de base, O.M. était placé, il faut bien l'avouer, dans des conditions pas tellement favorables pour affronter Bastia sur son terrain, fétiche de Furiani.

On pouvait même ajouter que les Olympiens et leurs dirigeants étaient en droit, même s'ils s'efforçaient de le cacher, de ressentir au départ une certaine inquiétude. Surtout après la douche froide du Stade-Vélodrome.

Eh bien, cette équipe marseillaise, si décevante devant Lyon, a tout de même prouvé, hier soir, qu'elle savait offrir un tout autre visage.

PRUDENCE DE RIGUEUR

Bien sûr, il ne fallait pas s'attendre à ce que ces Olympiens en quête de rachat abordent la rencontre la fleur au fusil. Jules Zvunka, visiblement, avait donné des consignes de prudence : on vit donc, en première mi-temps, un O.M. plus ou moins massé devant ses buts pour repousser les inévitables assauts bastiais. Il est toutefois à signaler que cette tactique, qui avait le don d'exaspérer quelque peu les spectateurs, n'en était pas moins appliquée d'une façon ordonnée et intelligente.

Le fait n'est pas si courant pour que nous ne manquions pas de le souligner à sa juste valeur.

Robert Buigues notamment qui avait le redoutable honneur de remplacer son ami Tresor au poste de libero, joua une rencontre pour le moins remarquable. Toujours bien placée, il se trouva à point nommé pour récupérer bon nombre de balles "brûlantes".

Et, ce qui ne gâte rien, il s'appliqua en toute occasion à soigner la relance. Son comportement, vous le devinez, eut l'heureux effet de rassurer l'entrée une formation, nous l'avons dit, plutôt inquiète au départ.

N'oublions pas non plus de mentionner que Lemée, promu capitaine en la circonstance, effectua, à l'image de ses camarades de l'entre-jeu, une partie sans faute.

Il eut, entre autres, le mérite de contenir Papi, stratège bastiais, privant du même coup l'adversaire d'un atout de premier plan. Quant à Sikely, dans le contexte difficile où se trouve à l'ordinaire Skoblar pour ce genre de rencontre, il fut l'auteur du premier but égalisateur.

Nous n'avons pas besoin d'en dire davantage pour faire comprendre qu'il avait magnifiquement rempli son contrat.

Bref, l'O.M. dans son ensemble a su faire oublier, à Bastia, son match contre Lyon. Les joueurs nous l'avons rapporté, avaient été sermonnés par leurs dirigeants après la défaite contre Lyon.

Est-ce la leçon, ou un sursaut d'orgueil ? Sans doute les deux. Toujours est-il qu'après ce match l'O.M. est parvenu à redorer son blason en regagnant l'estime de ses supporters et ce ne sera pas son moindre mérite.

HISTOIRE DE PENALTY

Les Olympiens, pourtant, n'avaient guère été favorisés par le sort. Nous en étions, en effet, à la 17me minute et l'O.M., encore timide en attaque, n'en avait pas moins protégé avec bec et ongles l'approche de ses buts. Il fallut une intervention de Victor Zvunka sur la personne de Zimako dans la surface de réparation pour que Bastia réussisse à trouver le chemin des filets.

La charge du défenseur marseillais, pour notre part, ne nous avait pas parue entachée d'irrégularités, M. Wurtz en décida autrement en désignant le point de penalty.

Charrier, dans un réflexe étonnant, repoussa le tir du capitaine Papi, mais hélas, la balle échoua dans les pieds de Giordani. Et cette fois le gardien olympien dut s'avouer vaincu.

L'O.M. avait en alors quelques raisons d'être désappointé. Ce n'est pas tous les jours, en effet, qu'un gardien parvient à s'opposer à un tel coup de pied de réparation. L'équipe toutefois ne se laissa pas aller au découragement et sa détermination allait en fin de compte s'avérer payante.

RENDONS À CÉSAR.

Ce but bastiais obligea, bien entendu, les Marseillais à changer de méthode. Et c'est alors que l'on eut une nouvelle preuve de l'utilité d'un certain Paulo César. Dans cette bataille musclée, ardente, le Brésilien s'était surtout employé à jouer en déviation, faisant son possible pour garder le contrôle du ballon. De lui, les spectateurs bastiais, tout au long ou presque de la première mi-temps avaient pu seulement apprécier quelques dribbles bien "huilés". Mais sans plus. Et pourtant le public de Furiani n'était pas au bout de ses émotions avec ce diable de footballeur.

Il restait à peine une minute à jouer avant la pause quand Paulo donna une ouverture lumineuse dans la foulée de Sikely. Certes, Désiré ponctua l'action d'un véritable coup de maître en lobant Gili de belle manière, mais le Brésilien reconnaissons-le, avait été beaucoup dans cette égalisation.

Bastia, dès la reprise, profita d'une des rares erreurs défensives marseillaises pour reprendre l'avantage par l'entremise des Zimako.

Il était dit cependant que M. César n'avait pas encore parachevé son oeuvre. Six minutes après le deuxième but corse, à l'avant-goût de victoire pour beaucoup de spectateurs, Paolo César s'en alla tout seul trouer littéralement la défense insulaire avant de venir tromper Gili d'un superbe tir croisé.

Un but et demi à l'actif de César, voilà qui paraît tout indiqué pour faire oublier sa récente petite incartade. Mais répétons-le, ce match nul prend aujourd'hui l'allure d'exploit et tous les joueurs olympiens sont à englober pour recevoir les mêmes éloges.

Bastia, en fléchissant, n'a pas démérité l'O.M. a su redresser la tête. Ce sera le principal enseignement de cette rencontre qui promet un avenir beaucoup plus serein.

Kean FERRARA

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Jules Zvunka :"Il y avait la place pour gagner"

L'énervement régnait dans le vestiaire marseillais aussitôt après la rencontre, un geste de Paulo César à la sortie du terrain ayant été mal interprété par quelques supporters bastiais.

Le Brésilien, en effet, alors qu'il faisait le V de la victoire, geste paraît-il très fréquent dans son pays, fut agressé par deux supporters insulaires.

Couthino qui s'était avancé pour le défendre dut faire, lui, le coût de poing.

Les choses fort heureusement rentrèrent rapidement dans l'ordre. Et le président Meric rayonnant pouvait faire son petit speech habituel : "Cette fois, tous les joueurs se sont bien battus et l'on regrette rétrospectivement qu'ils n'en aient pas fait autant à Rennes et devant Lyon : car nous ne saurions aujourd'hui pas loin des premiers. Quoi qu'il en soit, je considère qu'un match nul à Bastia où l'O.M. n'a jamais très bien réussi est un excellent résultat".

M. Heuillet se montrait lui aussi fort satisfait. S'adressant aux joueurs, il leur lançait : "Un grand bravo à tous, vous avez fait ce que nous attendions de vous. Et vous avez prouvé que ce mauvais match contre Lyon n'était qu'un accident. Vous voyiez que quand on se bat tout devient possible. D'autant que ce soir les conditions n'étaient pas particulièrement favorables avec les absences de Skoblar et Trésor et un adversaire toujours aussi difficile à manoeuvrer".

JULES ZVUNKA : "NOUS

AURIONS DU GAGNER"

Curieusement Jules Zvunka n'était lui, pas satisfait. Il n'avait somme toute pas manqué grand-chose à son bonheur. Un petit but seulement.

"J'estime, devait-il dire, que nous sommes passés à côté de la victoire. Nous avons été certes largement dominés en 1re mi-temps mais la seconde partie du match à prouver que nous n'étions pas aussi faibles qu'on pouvait le croire. Et durant cette période, nous avons eu beaucoup plus d'occasions de buts que nos adversaires. D'où mes regrets comme, hélas, après chaque match à l'extérieur. Car cette année une seule équipe nous a vraiment "marché sur la tête", c'était Lyon.

Toutes les autres, nous avons su les contenir et il ne nous a manqué à chaque fois qu'un petit rien... Cela dit, je suis évidemment satisfait des faits, mes garçons ont réalisé aujourd'hui le maximum".

Robert Buigues, sourire aux lèvres, se faisait gentiment chambrer par Paulo César, qui avec un geste éloquent du pouce, vantait les mérites du numéro trois marseillais aussitôt baptisé "libéro de charme".

Celui-ci regrettait tout de même d'avoir dû consentir deux buts qu'il estimait inévitable et surtout celui consécutif au penalty.

Jacky Lemée, lui aussi, était tout sourire : "Pour la première fois que je suis capitaine, nous ramenons un point de l'extérieur, que demander de plus ?

"Le milieu de terrain bastiais en tout cas n'a pas été aussi brillant qu'à l'accoutumée. Et je pense que nous y sommes peu être pour quelque chose. Ce qui est sûr, c'est que si nous parvenons à renouveler des matches comme celui-ci à l'extérieur, nous nous éviterons bien des soucis".

Enfin, François Bracci expliquait ses démêlés avec Giordani : "Il n'a cessé de me provoquer durant tout le match et j'ai fait un effort sur moi-même pour ne pas lui répondre.

"Nous nous sommes fait de cadeau ni l'un ni l'autre et le résultat c'est que nous nous retrouvons avec un avertissement chacun.

"C'est stupide car j'étais sous le coup d'une suspension d'un match avec sursis et il est presque certain que je ne pourrais pas jouer devant Paris-Saint-Germain.

Alain PECHERAL

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Pierre CAHUZAC : "J'espérais mieux..."

Pierre Cahuzac était quelque peu déçu. Pour deux raisons : d'abord il espérait un meilleur résultat : "Nous avons laissé passer notre chance en première mi-temps, notamment par Papi, qui n'eut pas son rayonnement habituel, et Zimako. Mais il ne faut pas perdre de vue que la ligne d'attaque, déjà privé de Vergnes et Prost, dut se passer ensuite de Lenoir, qui rétrograda dans la ligne intermédiaire, alors que Zimako n'avait plus joué depuis un mois et demi. J'ai dû l'incorporer dans l'équipe contraint et forcé.

Ensuite, parce qu'une fois de plus nous avons payé un lourd tribut à la malchance. Ainsi, Broissart, souffrant d'un point de sciatique, ne put reprendre le jeu en deuxième mi-temps, ce qui dérégla complètement l'équipe, en raison des remaniements que j'ai dû lui apporter.

Notre part, Franceschetti, qui reçu un coup à la cuisse, fit de la figuration en seconde mi-temps. Il poursuivit le match pour la simple raison que le 12me homme, était déjà entrée en jeu. Ainsi, l'O.M. sortit quelque peu de sa réserve et nous posa des problèmes, tant et si bien que j'ai eu très peur dans les dernières minutes. Mais je dois avouer également que l'équipe, à l'image Papi, ne parut pas aussi tranchante qu'à l'accoutumée. Enfin, le match de Lens nous posera certainement des problèmes au plan des effectifs, car il y a trop de blessés".

Le mot de la fin, nous le laisserons au président Paul Natali : "Nous n'avons pas tout perdu, mais nous pouvions arracher la victoire".

Dominique FIGARELLIA

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Le Brésilien de charme

Le fait du match se situe pour nous à la 52me minute. Paulo César récupère, à 33 m., une balle facile. Il avance tout seul de quelques pas. On laisse faire. Soudain il tir à mi-hauteur dans le coin gauche du but de Gilli qui est surpris par la rapidité et la sécheresse du shoot : c'est l'égalisation pour l'O.M.

Qu'y a-t-il d'extraordinaire dans ce fait ? La soudaineté du shoot de Paulo César ? Sa puissance ? La beauté de ce but ? Tout cela est vrai, mais n'est pas étonnant de la part du brésilien.

L'extraordinaire est qu'on ait laissé le Brésilien avancer sans essayer de le gêner, sans le contrer immédiatement comment l'aurait fait pour tout autre joueur.

La défense bastiaise n'est pas réputée pour laisser faire les attaquants adverses. Mais, voilà : il s'agissait de Paulo César, à qui il est très difficile de prendre la balle est dont le dribble est assez diabolique.

Personne n'a osé marcher le premier sur lui. Personne ne voulait s'offrir en holocauste à cet étonnant bonhomme. On récupérait pour tâcher de l'enfermer comme dans un filet à l'approche des buts. Mais c'était pensé que Paulo César réagirait comme un autre joueur et continuerait d'avancer. Or, le Brésilien comprit que sa seule chance était un shoot immédiat et puissant. Il avait même calculé qu'il pouvait surprendre le jeune gardien bastiais. Son calcul était excellent.

Voilà démontrée, dans un seul acte, la valeur d'une vedette authentique.

Paulo César intimide ses adversaires et il a une intelligence supérieure du jeu.

C'est un grand joueur, même quand il n'est pas en pleine forme comme c'était le cas hier soir.

Lucien ALFONSI

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

POURQUOI M. WURTZ A-T-IL ACCORDÉ UN PENALTY AU BASTIAIS À LA 20e MINUTE. - Tout simplement pour une charge en pleine surface de Zvunka sur Zimako.

Même si celui-ci rajouta un peu, ce qui est de bonne guerre, la faute nous parut réelle et bien réelle.

Heureusement pour les Marseillais, l'arrêt de Charrier sur le coup de pied de réparation fort mal tiré par Papi, ne servit à rien, puisque Giordani reprit dans sa foulée et ouvrit le score.

C'est tout de même après Sochaux, le second penalty, que le gardien marseillais arrête cette saison.

ON ESPÉRAIT, EN DÉPIT DE SA BLESSURE, LA PRÉSENCE DE MARIUS TRÉSOR. POURQUOI FINALEMENT N'A-T-IL PAS TENU SA PLACE ?

Par prudence, essentiellement. - Bien que souffrant encore, il aurait pu en effet, s'aligner en recevant une piqûre de calmant, mais cette solution fut avec sagesse repoussée, la piqûre eut en effet calmé la douleur et non le mal, lequel se serait même au contraire aggravé. Le meilleur remède pour Trésor, étant le repos. Du moins Zvunka pourra-t-il compter sur lui dans huit jours contre Paris-Saint-Germain.

Signalons qu'outre le capitaine marseillais et Skoblar, il manquait aussi Prost, Vergnes et Orlanducci côté bastiais, ce qui permit à Luciani de faire sa rentrée sur le maillot SECB après une demi-heure d'absence.

QUE PENSER DE L'O.M. ?

- Les sautes d'humeurs de l'équipe marseillaise sont décidément déconcertantes. Amorphe et inconsistance devant Lyon, elle s'est réveillée hier, avec cette fois le mérite de se battre, et jusqu'au bout. Sans qu'il soit question pour autant d'entonner un champ de victoire.

Le jeu collectif, comme toujours, et Jules Zvunka ne nous démentira pas, a laissé, en effet, particulièrement à désirer, surtout en première mi-temps. Il est d'ailleurs significatif que cette fois encore, les buts marseillais aient été obtenus sur deux actions d'éclat de Paulo César. Néanmoins, il nous parait important que l'équipe olympienne et, à défaut de brio, au moins retrouvé, semble-t-il, le coût de jouer.

ET PAULO ?

- On ne le vit pratiquement pas durant la première mi-temps, et puis, à une minute de la pause, il offrit une balle en or à Sikely. Il fut un peu plus entreprenant par la suite, à l'image de son équipe, et surtout marqua un but admirable, en tous points semblable l'un de ceux qu'il avait obtenus à Reims, voici un mois.

Contrat rempli, en quelque sorte, pour le Brésilien, puisque marquer des buts ou en faire marquer est bien ce qu'on attend de lui. Mais on regrettera, répétons-le, la plupart des points marseillais obtenus cette saison l'aient été que sur des coups d'éclat du Brésilien. Cela pourrait, à la longue devenir dangereux.

A.P.

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