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Résumé Le Provencal

du 28 août 1974

 

L'O.M. trahi par sa défense !...

Un extraordinaire Paulo CESAR mais toujours pas d'ailiers !

Si l'O.M. avait consenti à donner un but d'avance à son adversaire, les conditions du match joué hier soir au stade Auguste Delaune auraient été sensiblement les mêmes. Le jeu, en effet, était à peine engagé depuis une minute que Reims comptait déjà un avantage chiffré au tableau d'affichage.

Dans une rencontre dite au sommet de telles actions victorieuses, vous le savez, n'ont en généralement pas de prix.

Les Rémois, qui avaient sans doute quelques raisons de redouter leur rival d'un soir, se trouvaient du même coup, décontractés. Quant à l'O.M., eh bien vous imaginez sans y avoir été dans quelle situation il s'était mise.

UN O.M. DÉROUTANT

L'histoire de ce premier but mérite d'ailleurs qu'on y revienne dans le détail. Nous nous sommes, pour notre part, demandé du haut de notre tribune comment Pena avait pu s'infiltrer avec autant de facilité dans la défense marseillaise. À un moment, précisons-le, ou la vigilance de l'équipe visiteuse doit atteindre par principe son maximum. Malgré cette règle de prudence élémentaire, c'est un véritable boulevard (pardonnez-nous l'expression) qui permit d'abord à l'Argentin de réceptionner une longue ouverture de Krawzick avant de se présenter sans opposition devant Charrier.

Quand on a affaire à un joueur aussi inspiré que le fut Pena tout au long de ce match, de telles erreurs de placement sont en général impardonnables.

Et, bien entendu, l'O.M. n'a pas manqué d'en avoir la pénible confirmation, hier soir, en se trouvant mené au score alors que le match n'avait pour ainsi dire pas commencer.

Il est tout aussi évident que ce but surprise, accueilli avec le délire que l'on devine par les spectateurs rémois, allait peser un poids considérable dans la balance.

PAULO : LE BUT DE L'ESPOIR

Enhardis par leur réussite, les Rémois, évidemment, ne se privèrent pas de multiplier les offensives. Les deux ailiers, Pena et Richard, (car Reims, lui, joue avec des ailiers), faisaient subir mille tourments à l'arrière défense olympienne et Carlos Bianchi, avec mec de pareils distributeurs, était, au centre, un danger constant pour une équipe marseillaise visiblement dépassée et que sa mésaventure du départ n'avait rien fait pour remettre en selle.

On assista alors à un festival de maladresse comme toujours quand des footballeurs professionnels pourtant aguerris, ne parviennent pas à trouver le contrôle de leurs nerfs.

Devra-t-on rappeler ainsi que l'O.M., une fois de plus, se priva de l'atout primordial du football que sont les débordements par les ailes. Attaquant à deux joueurs, Skoblar et Paulo César, les Olympiens voyaient toutes leurs tentatives vouées à l'échec. Pourtant, bien que l'O.M. fut hier soir, beaucoup moins inspiré que sur la Côte d'Azur, on crut, après la première demi-heure et même un peu plus tard, qu'il allait rééditer le coup de Nice. Cette lueur d'espoir, comme par hasard, eut un corner, c'est-à-dire un centre, pour origine.

L'O.M. venait d'obtenir son premier coup de pied de coin qu'Emon donnait à la perfection sur la tête de Paulo César. Cette fois la défense rémoise était bel et bien prise de cours. Résultat, l'O.M. revenait à la marque et toutes les espérances lui étaient alors permises.

Hélas, quatre minutes plus tard tout au plus, Pena, encore lui, échappait à Bracci pour donner une balle en or à Bianchi, genre d'occasion que le célèbre canonnier n'a pas l'habitude de laisser passer. Là encore les Rémois n'avaient pas attendu très longtemps pour dissiper les quelques doutes qu'avait fait naître l'égalisation marseillaise.

DOMMAGE POUR L'EXTRAORDINAIRE PAULO

Et oui ! l'O.M. a été battu à Reims et il est infiniment regrettable que cette défaite soit intervenue à un moment où son attaque, même bien isolée, avait fait la preuve de son efficacité. Hélas, c'est la défense, hier soir, qui a craqué encaissant les deux derniers buts dans un temps maximum encore. Et nous osons le dire, sans cette inexplicable carence, les Olympiens auraient pu ramener revenir en vainqueurs de leur voyage en Champagne, ou tout au moins avec le point du match nul de ce qui n'était pas si mal.

Il faut préciser que ce diable de Paolo César, à lui tout seul, avait été à deux doigts d'inverser le score. L'arbitre, M. Mouchotte lui avait d'abord refuser un penalty flagrant quand Aubour, à la 68e minute, l'avait proprement paqué aux jambes dans la surface de réparation. Mais le Brésilien apparemment n'avait pas un homme à se décourager.

Il remit encore tout en question après un travail personnel qui souleva des "oh !" d'admiration dans l'enceinte du stade et c'est encore un de ces centres (tiens, tiens...) qui donna l'occasion à Skoblar d'inscrire de la tête un fort joli troisième but.

Dans l'intervalle, trois fois hélas, Reims avait prit le large. On ne regrettera jamais assez, n'ayons pas peur de le répéter, que la défense marseillaise ait donné ici du pain béni aux attaquants adverses.

Une défaite par 4 à 3 sur le terrain du leader n'est pas bien sûr une catastrophe. Mais nous connaissons un certain l'entraîneur qui doit être encore en train de se ronger les mains de dépit. N'est-ce pas Jules Zvunka ?

Jean FERRARA

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Jules Zvunka, en colère : "Ce fut le match des cadeaux"

On devine aisément quels pouvaient être le sentiment des Olympiens aux vestiaires : passer près de l'exploit et devoir y renoncer en raison de bévues monumentales a bien de quoi vous laissez un goût amer dans la bouche.

Jules Zvunka, le regard noir, lançait ainsi à cantonade sur un ton de colère mal contenue : "Ca aurait vraiment été le match des cadeaux..."

Puis, un peu apaisé, il nous confiait : "Evidemment, sur le plan du strict résultat perdre 4 à 3 à Reims n'a rien de catastrophique. Mais la manière, par contre... Nous n'avons pas donné un ou deux buts aux Rémois, mais trois ! Avouez que c'est tout de même beaucoup surtout extérieur.

Tout de même, encaisser un but dès la première minute sur le terrain du leader constitue un handicap supplémentaire dont on se passerait bien. Ces erreurs d'inattention sont proprement inadmissibles. J'espère que les garçons sauront s'en convaincre avant lundi. Quant à moi, il me reste à en tirer les conclusions qui s'imposent. Mais cela me confirme dans l'idée que nous sommes bien toujours à la recherche de notre équilibre, et qu'une victoire enlevée ce soir nous aurait peut-être caché".

M. MERIC :

ENCOURAGEANT TOUT DE MÊME

Le président Meric, bien que visiblement déçu, gardait tout de même un certain sourire : "Tout d'abord, nous disait-il, je crois qu'il faut reconnaître que les Rémois ont fait un match excellent, supérieur au nôtre en tout cas. Il n'empêche que nous aurions fort bien pu revenir avec les deux points de la victoire. Cela aurait pu être injuste, mais reconnaissons qu'il s'en est fallu de très peu. Néanmoins, marquer trois buts au leader sur son terrain et le faire trembler jusqu'au bout constitue tout de même une performance encourageante. D'ailleurs, nous n'avons qu'à nous en prendre à nous-mêmes. Ce sont des relâchements coupables qui ont suivi nos deux égalisations qui nous ont coûté le match puisque, en ces deux occasions, les Rémois ont aussitôt repris l'avantage. Mais, je le répète, ce que nous avons fait devant un adversaire de très grande valeur me paraît comporter tout de même bien des côtés positifs !"

CLAUDIO COUTINHO :

"IL Y AVAIT BIEN PENALTY"

Claudio Coutinho, lui, ne décollerait pas après M. Mouchotte. "On va dire qu'après chaque match c'est la même chose. Mais comment l'arbitre a-t-il pu ne pas siffler penalty en deuxième mi-temps lorsque Paulo César a été abattu par le gardien rémois ? Ce n'est vraiment pas la peine d'avoir un joueur de cette classe si l'une de ses actions d'éclat peut-être ainsi enrayée en toute impunité. Contre Metz, en avait dit que Paulo César avait fait du cinéma, mais que peut-on dire ce soir ? Ce penalty, en tout cas, aurait totalement changé la face du match".

Enfin, René Charrier expliquait comment il avait concédé cet invraisemblable quatrième but : "C'est le type même du but stupide. J'ai vu Pena s'avancer sur la gauche et tirer hors de ma portée. La balle est revenue sur le poteau, puis a filé le long de la ligne de but. Le Rémois, alors, par je ne sais quelle astuce, a réussi à reprendre le ballon, en parfait déséquilibre. Et son centre a été effleuré au passage par Victor. Je me suis trouvé là tout bêtement sur ma ligne de but alors que le ballon arrivait dans mes pieds. Je n'ai absolument rien pu faire. Mais vous savez ce genre de match, je crois bien sincèrement qu'on ne pouvait pas le gagner. D'ailleurs, lorsque nous avons égalisé à 2 partout, je n'ai même pas sauté de joie tellement je ressentais une issue contraire".

LES RÉMOIS :

"UN EXCELLENT SPECTACLE"

Dans le camp rémois, Léon Desmenez, très calme, n'en dispensait pas moins des louanges aux 22 acteurs : "Je crois qu'il faut vraiment rassembler, ce soir, Marseillais et Rémois. Ils nous ont offert un spectacle sortant même de l'ordinaire. D'ailleurs il est bien connu qu'il faut être deux pour faire un bon match. Je reconnais que nos adversaires nous ont peut-être donné un coup de pouce en commettant plusieurs erreurs défensives, mais je n'en suis pas moins extrêmement satisfait de la performance de mes garçons qui, je crois, feront encore parler d'eux cette saison".

 Alain PECHERAL

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

1 ère QUESTION : L'O.M. alignera-t-il la même équipe lundi soir devant Angers ?

Rien n'est moins sûr, sans que Jules Zvunka, qui estime avoir trouvé sa formation type, y soit pour quelque chose. Mais c'est ce soir que sera évoqué devant la commission de discipline du Groupement le "cas" Paulo César. Rappelons que ce dernier eut droit le 9 août dernier, au soir du match contre Lille, à un rapport de l'arbitre. M. Machin, adresse duquel il avait eu, en portugais, une de ces paroles que l'on qualifie souvent de malheureuse - doux euphémisme ! - et qui, hélas pour lui, possède à deux lettres près son équivalent peu flatteur dans la langue française.

Bref, le Brésilien est passible (les injures à l'arbitre étant, on le sait, réprimer presque toujours plus sévèrement que le jeu dur) d'un, voire de plusieurs matches de suspension.

M. Meric, qui ira plaider la cause de son joueur ce soir à Paris, est furieux à un point que l'on a peine à imaginer : "On va suspendre Paulo César, mais l'on ne tiendra évidemment pas compte du traitement tout spécial que lui réservent les défenseurs. Quand donc se décidera temps à réprimer le jeu dur comme il convient ? J'en suis conduit à croire que le football français ne mérite pas de posséder dans ses rangs des joueurs de la classe du Brésilien. J'ai fait le calcul en plus-value sur les recettes (nous faisons le plein à l'extérieur et des recettes appréciables au Stade Vélodrome), Paulo César va rapporter au football français prêt de 800 millions d'anciens francs. Alors, que diraient ces messieurs de si l'O.M. décidait de le vendre, aux Espagnols par exemple ?"

2ème QUESTION : "Y avait-il vraiment penalty sur Paulo César ?

Eternelle question, qui revient comme un leitmotiv après pratiquement tous les matches. Resituons l'action : Paulo César, lancé en pleine surface, fut dépossédé du ballon par Marcel Aubour, lequel heurta le Brésilien en plongeant. Difficile à dire, depuis la tribune de presse, si le Tropézien a saisi ou non la cheville du numéro 8 marseillais. Comme toujours en pareil cas, les sons de cloche en quelque peu différents. Pour les Marseillais, aucun doute : Aubour a bel et bien crocheté Paulo César. Mais, Marcel Aubour, dont on connaît bien le sens de l'humour et de la répartie, expliquait posément aux vestiaires :

"En fait, je ne l'ai pas crocheté. Je l'ai simplement heurté, caressé, si vous le préférez. C'est mon métier qui a joué : je suis un vieux singe et je connais bien ce genre de grimaces. Si je l'avais ceinturé, arbitre aurait immédiatement sifflé penalty, et avec juste raison. Alors que je me suis contenté d'appuyer mon bras sur sa jambe en bloquant le ballon. Il était ainsi obligé de tomber".

"Maintenant, a encore ajouté le gentil Marcel avec un clin d'oeil malicieux, je ne dis pas qu'à Marseille l'arbitre n'aurait pas siffle penalty contre moi..."

 A.P.

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Le fait du match

L'avalanche

Même après le but de surprise inscrit par Pena, dès la première minute, personne dans les gradins du stade A. Delaune, n'allait s'imaginer que le score de ce match au sommet atteindrait de telles proportions.

La course-poursuite de l'O.M. et la réaction des Rémois furent, pourtant, le fait marquant de cette surprenante rencontre.

Nous signalons dans nos commentaires, quelle part à pris la défense olympienne dans cet échec marseillais.

Le passage à vide du dernier rempart marseillais a alors réduit à néant l'efficacité de l'attaque notamment celle de Paulo César.

Le Brésilien, à lui tout seul, avait réussi, par deux fois, à rétablir l'équilibre. Se payant même le luxe de donner, à Skoblar, l'occasion d'un troisième but.

Mais les attaquants rémois, pendant ce temps, avaient déclenché l'avalanche, aidés en cela par leurs gardes du corps.

Une seule conclusion s'impose. Dommage !...

J.F.

 

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