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Résumé Le Provencal

du 14 août 1974

 

LE MATCH QU'IL FALLAIT GAGNER

Les Marseillais sont venus à bout d'une très faible équipe sochalienne

Quelques progrès encourageants devant un pâle Sochaux (2-0). Même si vous n'y étiez pas hier soir, au Stade Vélodrome, vous devez vous douter que l'O.M. est entré sur la pelouse avec les nerfs à fleur de peau. Cette nervosité au demeurant compréhensible. Il fallait bien un petit quart d'heure à l'équipe marseillaise pour s'en débarrasser. Sochaux, sans doute aussi fébrile (les mêmes causes en football produisent les mêmes effets), ne chercha même pas à en profiter, ou si peu. Tant et si bien que le match véritable ne commença à prendre tournure qu'aux environs de la 15e minute.

Jusque-là on avait pu, néanmoins, faire quelques remarques intéressantes. Tout d'abord, Sochaux n'ayant pas d'organisation bien définie, ni de position bien précise sur le terrain, obligeait du même coup les Olympiens à chercher la distance, comme on dit parfois en jargon pugiliste.

Nous avions eu aussi le temps de comprendre pourquoi les Sochaliens avaient connu quelques petits malheurs de début de saison : une défense solide, vigilante, ou Rolland Courbis tenait très bien sa place, mais en dehors de tout cela, pas grand-chose au milieu du terrain et une attaque qui ne valut que par le seul Lechantre et, à la rigueur Klindjan aux tirs redoutables mais qui s'est bien plus tenu dans le rôle central qu'au poste d'avant-centre.

Bref, une formation timorée, manquant d'ambition, et qui trouvera encore pas mal de difficultés si elle poursuit dans le même voie.

DU MIEUX AU MILIEU

La deuxième constatation conserve l'O.M. Nous n'irons pas jusqu'à prétendre que les Olympiens se montrèrent pour une fois irrésistible. Non ! Nous n'avions pas sous les yeux un ensemble tout à fait maître de son sujet.

Le petit Lechantre notamment, bien qu'excellent, sonna à plusieurs reprises quelques sérieuses alertes. Mais en fait, ce milieu de terrain (on en avait tant parlé) parvenait, en l'occurrence, à échapper à toute critique. Mieux même, il méritait une note satisfaisante.

À qui était dû ce changement à vue ? Et bien, vous savez que M. Meric avait imposé certaines mesures pour ce match décisif. À croire que le président avait vu juste. En décidant de modifier son milieu de terrain, il s'attaquait au principal sujet de constatation pour le match d'hier soir. Em un mot, les événements lui ont donné raison.

Cette réussite est due, en premier lieu, à la présence de Georges Eo, joueur souple mais terriblement clairvoyance. L'ex-Nantais n'a pas perdu une seule balle. Toujours placé pour la récupération, il prit une part prépondérante à la victoire.

Avec lui, nous avons été frappés par l'heureuse reconversion de Raoul Noguès, un attaquant qui, hier soir, a fait merveille dans le compartiment intermédiaire. Un confrère, tout récemment, avait comparé le Franco-Argentin à Joseph Bonnel. C'était, pensons-nous, un rapprochement d'une parfaite logique. Accrocheur, hargneux, toujours au coeur du combat, Noguès a rempli son contrat avec une belle autorité.

Dans ces conditions, nous n'avons guère besoin d'ajouter que Buigues, en pareille compagnie, se sentit beaucoup plus à l'aise. Robert le démontra avec un travail plus dosé, plus productif aussi, et il fut justement récompensé de ses efforts en inscrivant, d'un fort joli coup de tête, le deuxième but olympien.

ET MAINTENANT

Voilà donc l'O.M. nanti de sa première victoire. Un penalty de Paulo César, lui aussi très précieux et un bon coup de tête, nous l'avons dit, de Robert Buigues. On pourra regretter que Skoblar, le grand malchanceux, ou un autre, n'ait pu réussir à ajouter un petit troisième but qui aurait valu un point supplémentaire. Sachons, toutefois, nous contenter du résultat.

Nous l'avons déjà écrit, l'équipe marseillaise devait, avant tout, se rassurer elle-même, prendre un peu plus de confiance. Elle a gagné hier soir le match qu'il ne fallait pas perdre. C'est déjà un gros oint (et même deux) d'acquis. Car nous ne n'osons pas imaginer qu'elle aurait pu ê6tre la conséquence d'une nouvelle défaite.

Maintenant, il faut aller à Nice dès vendredi.

Un déplacement périlleux et un match difficile en perspective. Le succès sur Sochaux présentera néanmoins un autre avantage, celui d'aller sur la Côte d'Azur avec un peu plus de sérénité.

Tout n'a pas baigné dans l'huile, hier soir. On a noté encore quelques imperfections. On a cherché aussi deux véritables spécialistes aux postes d'ailier. On a noté aussi, de part et d'autre, quelques coups défendus et inutiles.

Quoi qu'il en soit, l'O.M. a gagné.

Alors, à chaque jour suffit sa peine.

Jean FERRARA

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Jules Zvunka : "Un bon résultat

qu'il faudra maintenant confirmer"

Une joie mesurée mais bien réelle régnait dans le vestiaire olympien ou l'on sablait le champagne pour fêter la première victoire de la saison.

"Que l'on n'espère évidemment pas sans lendemain commentait le président Meric. Nous avons obtenu ce soir un résultat positif qui nous fait regretter évidemment le temps et des points perdus devant Strasbourg et Lille. Mais, ne boudons pas notre plaisir. Ces deux points, qui nous ramène à la 9e place, nous font le plus grand bien. L'ensemble a fait preuve de beaucoup plus de cohésion. Le milieu de terrain est désormais beaucoup plus tranchant. On peut donc espérer prendre rapidement l'habitude de la victoire plutôt que de la défaite. Cela dit, je suis parfaitement conscient que beaucoup de travail nous reste encore à accomplir. Mais, je crois que l'amélioration ressentie est indiscutable".

Le président Meric, par ailleurs, nous expliquait que la présence au stade de Charly Loubet accompagné d'ailleurs de plusieurs autres niçois, n'avait aucun rapport avec son éventuelle venue à l'O.M.

Encore marquée par la tension nerveuse du match Jules Zvunka savourait dans un coin son plaisir en silence : "Nous avons encore un problème d'équilibre à résoudre. Néanmoins, j'ai noté beaucoup plus de disponibilité chez les gars. Nous perdons beaucoup moins souvent de ballons. Et, il faudrait maintenant confirmer ces progrès. Quant aux Sochaliens et m'ont paru plus redoutable en première quand seconde mi-temps ou ils étaient beaucoup moins bien organisés".

CHARRIER : "GRÂCE À ALBERT"

Charrier, le héros du jour, dont son président venait de dire qu'il avait été le meilleur homme du match, était très entouré. Il expliquait ainsi son exploit sur le penalty tiré par Lechantre : Albert (Vanucci) qui le connaît bien m'a indiqué qu'il avait le tiré sur ma gauche, là où les gardiens aiment le moins aller chercher le ballon. Mais Maier l'a vu et est allé parler à l'oreille de Lechantre. J'en ai conclu qu'il est changé de côté et tiré sur ma droite. J'ai eu en outre la chance que la balle parte en air et non pas à ras de terre."

Vanucci, l'ex-Sochalien était doublement heureux : "On est toujours content de triompher devant ses anciennes couleurs. Et puis, nous avions vraiment besoin de cette victoire". L'autre Albert, Emon, avait été lui aussi l'un des meilleurs acteurs de cette rencontre : "Cette fois, la confiance m'est revenue. Mais, vous savez lorsque l'équipe flambe, tout le monde forme.

Enfin, Georges Eo, le bleu de cette équipe en quelque sorte, s'estimait lui aussi satisfait ; non pas tant de sa performance personnelle, mais de celle de l'équipe : "Il nous fallait gagner et c'est chose faite.

Il faut dire que ce but de Paulo César, bien que tardif, nous a décontractés. On peut être un peu déçu que nous n'ayons pas réussi ce fameux bonus, mais lorsqu'on pense au penalty raté de Lechantre, je crois qu'il faut finalement s'estimer satisfait.

Quant à savoir si j'ai gagné ma place de titulaire ce n'est pas à moi de le dire. L'essentiel est bien et que l'équipe marche. Car, à partir de ce moment-là on peut procéder à n'importe quelle modification".

PAUL BARRET : "LE PENALTY A ÉTÉ

LE TOURNANT DU MATCH"

L'atmosphère était évidemment bien différente dans le camp sochalien. N'oublions pas que c'est là la troisième défaite consécutive des Francs-Comtois. L'entraîneur Paul Baret déclarait en hochant tristement la tête : "J'estime que le résultat tenait vraiment à très peu de choses. À 1-0 les Marseillais n'étaient pas maîtres de la situation et c'est nous qui, au contraire, les pressions dans leurs buts. Sans ce penalty raté est bien difficile de dire ce qui sera arrivé. Mais je pense que nous aurions fort bien pu ramener au moins un point de ce déplacement.

De plus j'ai à déplorer une nouvelle fois quelques erreurs individuelles au sein de ma défense ainsi que sur le dernier deuxième but, Battmann a boxé la balle dans le vide. Une maladresse de plus après le but stupide que nous avons concédé vendredi chez nous. Et puis, nos attaquants se sont montrés beaucoup trop maladroit".

Roland Courbis, enfant du pays n'était pas moins déçu et un peu en colère aussi il faut bien le dire. C'est ainsi qu'il nous a montré son dos sanguinolent, résultat d'une friction des crampons signée Skoblar : "Josip n'a vraiment pas été très correct sur ce coup là. Ce qui se comprend moins encore c'est qu'il n'ait pas reçu un avertissement alors que je m'en suis vu infliger un moi-même pour une béquille pecadille.

Quant au penalty de Paulo César en première mi-temps, je peux vous assurer qu'il n'y avait aucune faute sur lui. Il est tout simplement perdu le contrôle du ballon et s'est laissé tomber dans la surface.

On ne peut lui en vouloir car disons qu'il a bien joue le coup, mais on peut regretter que l'arbitre s'y soit laissé prendre".

Cela dit, Roland quitté momentanément ses camarades, ayant obtenu de son entraîneur la permission de passer la nuit chez ses parents à Marseille.

Alain PECHERAL

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Les réponses aux questions

que vous vous posez

Histoire des penalties

Quel a été le rôle de Victor Zvunka ?

Il était certainement chargé de marquer étroitement Klijnan. Tâche dont il s'inquiéta avec un bonheur inégal. Néanmoins, le numéro 15 olympien a plutôt joué en milieu de terrain en sa qualité présumée de stoppeur (c'est Buigues qui l'a remplacé à ce poste). Et il faut bien dire que Victor n'a guère été convaincant. Le travail qu'il n'a pas accompli à l'arrière est loin d'avoir été compensé par celui qu'il a fourni en milieu de terrain.

Pourquoi la faille que constituait le côté droit de la défense sochalienne n'a pas été exploitée plus systématiquement ?

Ce n'est évidemment pas à nous de donner une réponse exacte. Nous ne pouvons que constater et regretter pour l'O.M. car au vu de la première mi-temps c'était un champ d'attaque idéale aussi bien pour Bracci que pour Emon.

Pourquoi tant d'occasions elles furent nombreuses, manquées ?

Le phénomène qui était apparu à Lille s'est prolongé, hier contre les Sochaliens bien faibles. Si le quart des occasions avait été transformé en but, nul doute que l'O.M. aurait empoché le bonus. Il semble que ce phénomène en ce qui concerne la rencontre d'hier soir, résulte d'une part à la maladresse de Skoblar qui, hélas, se confirme au fil des matches et d'autre part de l'effacement relatif de Paulo César, surtout après sa sortie momentanée du terrain. Le Brésilien a semblé préoccupé par les agressions dont il était l'objet ce qui l'a sûrement handicapé.

Enfin et surtout la victoire de l'O.M. sur Sochaux est-elle de nature à rassurer avant le déplacement de Nice ?

Là, il faut être catégorique et surtout ne pas se bercer d'illusions. C'est non. Le match d'hier soir a été d'un niveau médiocre. Et, face à une formation recroquevillée en défense, maladroite, sans ambition, n'opérant qu'avec un seul attaquant, excellent Lechantre, les Olympiens n'ont jamais administré la preuve, en dépit d'incontestables progrès, qu'ils étaient capables de se hisser à la hauteur d'une équipe de premier plan comme Nice. On ne voit pas très bien comment l'O.M. hier soir pourrait ramener ne serait-ce qu'un point de Nice.

Alain BEYER

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Des nouvelles de Georges Carnus

Notre ami Georges CARNUS est actuellement à la Résidence du Parc où il doit subir une greffe, la dernière d'une longue série d'interventions chirurgicales.

Entouré de l'affection et de l'amitié de tous, Georges reprend petit à petit goût à la vie. Il a pu prendre son premier repas solide après avoir été nourri de liquide pendant plus d'un mois.

Il nous a également parlé de ses projets professionnels : il effectuera son stage de huit jours chez Adidas dès que sa convalescence sera terminée puis prendra aussitôt après son poste de représentant général de cette firme dans le Sud-Est.

Nous sommes d'ores et déjà certain qu'il connaîtra dans ce nouveau métier une réussite éclatante que celle qui fut la sienne sur le terrain.

OPÉRATION RÉUSSIE

Pour Georges Carnus, tout va bien. La greffe qu'a tentée, hier, le docteur Tion, a parfaitement réussie. Georges restera à la Résidence du Parc, où s'est déroulée l'opération, jusqu'à la fin de la semaine.

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Le fait du match

Histoire des pénalties

De ce match qui ne sortit jamais de la médiocrité. On se doit essentiellement de retenir les deux tournants qui contribuèrent à donner au score son aspect définitif.

Nous voulons parler bien sûr des deux penalties sifflés le plus justement du monde par l'arbitre M. Besory. Celui réussi par Paulo César intervint à un moment où les Marseillais commençaient à se décourager devant l'inutilité de leurs efforts pour venir à bout du bastion sochalien.

Il leur rendit donc cette sérénité dont ils avaient tant besoin. L'importance du second penalty sifflé en faveur des Sochaliens est encore plus grande si l'on considère qu'il se situait au point culminant d'une période d'intense domination sochalienne.

L'échec de Lechantre ou plutôt le brillant arrêt de Charrier, qui se confirme être un gardien de grand talent, brisa presque totalement l'élan des Doubistes, lesquels totalement découragés furent dès lors une proie facile pour des Marseillais qui sentaient bien qu'hier soir au Stade Vélodrome la chance était de leur côté.

Le remarquable plongeon de l'ex- Sedanais avait réellement fait la décision car on peut se demander avec inquiétude ce qui serait advenu des Olympiens si leurs adversaires les avaient rejoints au score.

La peur faisant sa traditionnelle oeuvre de démolition psychologique, hypothèse d'un succès sochalien aurait alors pu être considérée comme tout à fait plausible sinon probable.

Gérard EJNES

 

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