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Résumé Le Provencal

du 24 octobre 1973

 

LA VICTOIRE DE L'O.M.

DE CLASSE INTERNATIONALE 

 Le stade vélodrome avait retrouvé hier soir sa parure des jours de fête et la chaude ambiance des galas internationaux, dont son fidèle public avait été privé depuis la venue d'Ajax.

Depuis cette foule, d'abord sceptique, mais rapidement conquise par l'allant de ses favoris, l'O.M. a réussi son meilleur match officiel de la saison contre un adversaire dont la qualité, si elle n'atteint pas les plus hauts sommets de la hiérarchie européenne, n'en est pas moins indiscutable.

Après un début timide et qui firent redouter le pire, l'O.M. a joué le coup avec beaucoup de sang-froid, de méthodes et de talent aussi.

Cette victoire, à laquelle on ne peut s'empêcher de trouver une saveur internationale rappelant l'épisode glorieux de Gornick, confirme le redressement du football français, plus que la baisse du football allemand.

Elle fut celle de la meilleure équipe de la soirée, celle qui se créa le plus grand nombre d'occasions de buts et sut résister avec une belle lucidité aux terribles contre attaques de l'équipe allemande.

Nous ne savons pas si ces deux buts seront suffisants pour le match retour. Ils n'en constituent pas moins une substantielle avance, et avec ce que nous avons vu samedi à Cologne, nous pensons que l'O.M. a encore une chance sérieuse de se qualifier pour le match retour.

Quoi qu'il en soit, le déplacement du 6 novembre à Cologne voudra la peine d'être fait. Quel magnifique piment pour ce choc en retour que la nette avance prise par les Olympiens !

 Cologne : un quart d'heure d'illusion

La première mi-temps fut essentiellement tactique. Cologne, très décontracté, s'appliqua à faire circuler le ballon sous la direction d'Overath redevenu magistral, et dont certaines passes furent un régal pour les connaisseurs.

De temps en temps, comme me la foudre dans un ciel serein, une montée offensive de Cullmann crevait le grand écran vert du stade vélodrome.

Pendant le premier quart d'heure, O.M. parut pétrifié. Le trac sans doute.

À l'issue de cette première période, Cologne menait largement aux points, mais le football n'a rien de commun avec la boxe et Carnus n'avait pas encore touché le ballon.

 Le réveil de l'O.M.

Le réveil de l'O.M. se manifesta timidement dès la 15e minute. Une passe haute de Keruzore et un coup de tête de Skoblar. Mais le ballon était passé franchement au-dessus.

Puis le jeu commença à s'équilibrer, encore qu'il eut fallu attendre la 39e minute pour voir le premier but de la partie dans l'encadrement. Il fut l'oeuvre de Kuszowski, mais à dire vrai, il ne représenta pas un véritable danger réel pour Welz.

Cependant, on avait pu constater un changement. Déjà à la 30e minute, un franc dégagement en touche de Weber prouva que les Allemands perdaient un peu de leur insolente assurance.

Puis l'athlétique Hein se mit à naviguer un peu à la voile devant Magnusson, lequel encore que trop peu servi, jouait avec autant de cirtuosité que de volonté.

Enfin, comme pour ponctuer cette remontée des actions olympiennes, la meilleure action offensive de cette mi-temps, un centre de Keruzore sur lequel Franceschetti faillit tromper le gardien de Cologne d'un remarquable coup de tête.

 La Saint-Lopez

On n'avait encore rien vu.

En deuxième mi-temps, l'O.M. se mit soudain à appuyer ses actions et l'on vit l'équipe allemande, le plus souvent replié devant son but, subir la rencontre, sans trop oser contre-attaquer.

Ce fut la grande période olympienne et le triomphe d'un joueur ordinairement qualifié de modèle : Lopez. Il devait marquer le premier but de son équipe, par un tir aéré, qui trompa complètement le gardien allemand. Puis, en fin de rencontre, il sauva deux fois son but sur la ligne, alors que les Allemands étaient sur le point de réduire le score.

Entre-temps, une admirable combinaison amorcée par Magnusson, devait se terminer par un centre ras de terre de Keruzore et une reprise acrobatique de Kuszowski, laquelle devait assurer à l'O.M. son deuxième but.

 Félicitations générales

Toute l'équipe olympienne, sans exception aucune, mérite d'être félicitée après cette victoire nette et de qualité.

Depuis le début de la saison, exception faite des premières rencontres amicales, nous n'avions jamais vu l'O.M. jouer avec autant de calme et de détermination.

Le grand mérite des Olympiens, à notre avis, fut d'avoir suivi les conseils de Joseph Bonnel, c'est-à-dire de ne s'être jamais énervés.

S'ils étaient tombés dans ce travers, la réplique allemande eut été telle que le match se fut terminé de façon houleuse.

Mais à ce sujet, nous devons ajouter que l'arbitre gallois M. Jones, fut absolument remarquable. Dès le début de la partie, par des décisions énergiques et rapides, il sut faire comprendre aux joueurs qu'il ne tôlèrerait pas des brutalités.

Parfaitement aidé par ses arbitres de touche, il contribua grandement à donner à cette rencontre un caractère essentiellement sportif. Les quelques algarades que l'on put constater, furent bénignes à ce niveau.

Il faut bien le dire, nous avons déjà vu pire.

Maurice FABREGUETTES

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Une grande espérance

Il y a longtemps, fort longtemps que nous n'avions plus assisté à un tel spectacle. Entendu ces grandes orgues retentir dans la cathédrale du football. Retrouvé cette chaleur humaine, ces "Allez l'O.M." scandés par toute une foule reconquise.

Là-haut, tout là-haut dans le virage, la trompette annonçait la corrida et les "ollé" ponctuaient ses notes aiguës. La fiesta recommençait, flamboyante, enivrante, celle que seul Marseille put donner.

Et quand les Allemands firent leur apparition sur le rectangle inondé de lumière, ils eurent chacun un long regard circulaire sur l'arène de béton.

Ils savaient alors que l'affaire serait chaude. Elle le fut et cette première manche s'est terminée en apothéose.

Ah, quelle deuxième mi-temps nous avons vécue ! Et avec nous les quarante mille spectateurs, conquis comme aux plus belles heures de gloire de ces dernières années lorsque le match se transforme en un véritable spectacle.

Overath et ses camarades n'en revenaient pas. Eux qui avaient adopté une excessive prudence, tentant d'arracher un score nul qui leur eut permis d'aborder le seconde round en toute quiétude, les Germaniques, donc, se trouvaient soudain pris au piège.

Tchaikowski, sur son banc de touche, se faisait plus petit. Les "grands" d'Europe prenaient la leçon.

Ici, comment ne pas souligner l'omniprésence Jean-Pierre Lopez qui, non seulement alluma l'incendie, mais sut, par la suite, sauver son équipe de l'égalisation.

Merci, "Diego", pour ces 90 minutes de bonheur ! Dans deux semaines, l'O.M. prendra la route de la Rhénanie, la tête haute. Et sans complexe. Car, désormais, tous les espoirs sont permis.

Mieux, les supporters marseillais ont trouvé leur choix de vivre.

Gérard PUECH

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Ils disent

BONNEL : "Un grand bravo à tous"

Nous avons retrouvé, dans les vestiaires marseillais, l'ambiance des grandes victoires.

Il y avait là de nombreux journalistes, photographes et même M. Calabro, le président de Nîmes-Olympique, qui était venu féliciter les Marseillais en compagnie de Jacky Novi.

Le premier à nous livrer ses sentiments fut Mario Zatelli : "Eh bien, nous a dit le directeur sportif, pour une fois l'O.M. a fait un grand match devant une bonne équipe étrangère. On prétendait que les équipes françaises n'étaient pas au niveau de leurs concurrents des autres pays. Nos joueurs, ce soir, ont certes démontré le contraire.

LOPEZ : un héros de du match réellement

Nous avons ensuite demandé l'opinion de Lopez, qui était félicité de toutes parts pour sa formidable partie.

Nous lui avons demandé quelques explications au sujet de ce premier but qui fit littéralement exploser le Stade Vélodrome : "Je dois avouer, répondit-il, que j'ai éprouvé une drôle de sensation quand j'ai vu trembler les filets. J'avais l'intention de centrer, mais le vent a donné de l'effet à la balle.

"D'ailleurs, après mon tir, je me suis retrouvé à terre et j'ai été tout surpris, en me relevant, de voir que le ballon avait échappé au gardien allemand.

"J'ai donc eu pas mal de réussite, mais je suis tout de même content de moi.

Nous avons fait remarquer au sympathique Diego qu'il avait également réussi à sortir de ses propres buts deux balles extrêmement dangereuses des attaquants allemands. Là encore j'ai eu de la chance, avouait-t-il modestement. Je me suis trouvé au bon endroit quand le ballon est arrivé".

Joseph Bonnel, que nous avons interrogé ensuite, a tenu, pour sa part, à englober tous ses joueurs dans les mêmes éloges. "Ils ont été magnifiques ce soir, nous déclarait l'entraîneur. Chacun s'est battu avec conviction, ils ont vraiment fait le match que j'attendais de leur part, d'autant, il faut le souligner, que la partie n'avait pas tellement débuté à notre avantage, avec une domination assez sensible de nos adversaires.

Je suis vraiment heureux pour Jean-Pierre Lopez, qui a réussi ce soir un de ses plus grands matches depuis qu'il joue sous le maillot olympien. On peut lui accorder, je crois, un large coup de chapeau.

M. GALLIAN : "Voilà un O.M.

comme je le souhaitais"

M. Gallian, de son côté, savourait bien entendu l'heureux dénouement de cette rencontre : "Oui, nous dit-il, tous les gars ont été vraiment formidables ce soir. Je pense que le public du Stade-Vélodrome a retrouvé son équipe. Vous savez, depuis le début de la saison nous avons eu pas mal de difficultés à nous mettre en train. Mais, désormais, l'O.M. peut donner enfin sa pleine mesure. C'est une telle équipe que je souhaitais pour le public marseillais".

- 2 à 0, est-ce que le score paraît suffisant ?

- Puisque vous demandez mon avis, a poursuivi le président en souriant, je vous dirai que j'aurais accepté volontiers un troisième but. À 2-0, toutefois, nous avons une marge confortable, mais, ne l'oublions pas, une rencontre de Coupe d'Europe se joue en deux ans. Il s'agit maintenant de tenir bon à Cologne. Pour ma part, je fais confiance à mes joueurs.

La souffrance de SKOBLAR

Josip Skoblar, lui aussi, a été satisfait mais faisait plutôt la grimace avant de passer sous la douche : "J'ai encore beaucoup souffert de ma blessure, nous a dit Josip. En fin de partie je ne pouvais presque plus respirer. Je crois qu'il faudrait que je me repose pendant une dizaine de jours. Je ne sais pas si je pourrais me rendre samedi à Bastia".

- Que pensez-vous de l'équipe allemande ?

- Ma foi, nous répondit Josip, elle est moins redoutable que nous l'avions supposé. À mon avis, nous avons eu tort d'être plus ou moins impressionnés par le F.C. Cologne. Nous sommes aussi entrés sur le terrain quelque peu contractés, ce qui nous a peut-être privés d'une victoire plus large. Mais enfin, le résultat est bon. Espérons qu'il sera suffisant pour permettre à l'O.M. de disputer le troisième tour !

L'opinion de Josip était partagée par Georges Franceschetti : "C'est exact, nous a dit le capitaine. Si nous avions abordé le match comme en deuxième mi-temps, je crois que nous aurions pu remporter un succès plus large. Comme tous mes camarades, toutefois, je suis satisfait de ce résultat.

L'opinion de François Bracci, a qui l'arbitre M. Jones n'avait rien pardonné lors de ses interventions : "Je n'ai absolument rien à reprocher à l'arbitre, nous a déclaré le grand François. Il est très bien dirigé le jeu. Mais, dans une telle partie, il faisait jouer un football de contact, c'est à ce prix, je pense, que nous avons tenu tête d'abord et ensuite battu notre adversaire allemand.

"Au match retour, je suis persuadé qu'il faudra employer la même tactique".

Enfin le point de vue de Magnusson, qui tenait une véritable conférence de presse sous les projecteurs de la télévision.

"Vous voyez, lança-t-il en allant au devant de notre question, on dit que je ne suis pas très bon contre les équipes étrangères. Ce soir, tout au moins, j'ai pu prouver le contraire. Comme quoi, quand un joueur est en condition, il peut s'exprimer devant n'importe quel garde du corps.

Jean FERRARA

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Tchaikowski : "Nous ferons la différence

au match retour"

Malgré la défaite, les joueurs allemands n'avaient pas perdu leur belle assurance, à l'image de leur entraîneur Tchaikowski. Le responsable du F.C. Cologne nous disait en effet qu'il conservait toujours une entière confiance dans l'issue de cette double manche.

"L'O.M., a-t-il dit, a fait ce soir une très belle partie. Mais je suis certain que mon équipe saura inverser le résultat lors de la deuxième manche ; cela fait deux ans et demi que Cologne n'a plus perdu sur son terrain et vous verrez que sa réussite continuera devant Marseille.

"Chez nous, nous jouerons d'ailleurs d'une façon tout à fait différente, et ce sera à notre adversaire français de connaître alors pas mal de difficultés.

"Je dois même ajouter que nous avons manqué de réussite ce soir, notamment sur le premier but, qui est du à une faute de notre gardien.

- Vos joueurs ont donné l'impression de jouer le match nul.

- En effet, nous étions venus à Marseille pour partager les points ou à défaut nous incliner sur un but d'écart, car, je vous le rappelle, nous sommes certains de remporter la deuxième manche par une marge très confortable. Le sort a voulu que notre adversaire puisse marquer deux buts. Je serais étonné, je vous le répète, si nous étions éliminés. De toutes façons, comme il s'agit du sport, je serais le premier à féliciter les joueurs marseillais s'ils parvenaient à arracher la qualification. Pour commencer, je m'empresse de leur dire un grand bravo pour leur victoire de ce soir. Franchement, je ne m'attendaiss pas à trouver devant moi un adversaire aussi valable".

J.F.

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Le fait du match

LOPEZ donne l'élan

Qui pouvait supposer, après une première période extrêmement calme et contrôlée longtemps par les Allemands, que nous allions assister par la suite à une telle escalade d'événements ? Il n'y a que le football pour réserver de pareilles surprises.

Et l'O.M., que l'on avait souvent, dans le passé, accusé de "mal terminer", nous offrit une seconde mi-temps échevelée ! Bien malin, cependant, qui pourrait dire ce qui serait arrivé si Jean-Pierre Lopez n'avait pas donné l'élan décisif... Kuszowski - qui allait se rattraper par la suite - et Victor Zvunka, venaient d'échouer à quelques centimètres du gardien allemand, quand l'excellent Diego, qui avait d'ailleurs joué jusqu'alors de façon remarquable, délivra, depuis le côté droit de la surface, un tir que Welz ne put que repousser dans ses filets...

Dès lors, rien ne pouvait plus arriver à l'O.M., qui obtenait immédiatement un second but, en même temps que le score espéré...

Mais Lopez n'est pas fini de jouer ! Sur une vive réaction rhénane qui suivit, on le vit sauver, coup sur coup, son camp à deux reprises, en allant chercher de la tête, dans une détente prodigieuse, une balle dans la lucarne, avant d'en repousser une autre sur sa ligne.

Ainsi, ce modèle d'équipier, discret à l'extrême, joua-t-il un rôle de tout premier plan dans la performance de son équipe. Il était juste qu'il reçoive un jour, de façon éclatante, la récompense de plusieurs saisons de dénouement à la cause commune. C'est fait avec ce triple exploit qui permet à l'O.M. d'aller à Cologne avec une chance sérieuse !

Louis DUPIC

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